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20 février 2019 3 20 /02 /février /2019 13:13
Chambre numérique de compensation multinationale des titres universels de capital et de crédit

Ce post reproduit le formulaire d'enregistrement de la chambre numérique de compensation dans le recensement des projets reposant sur la technologie blockchain de la Direction Générale des Entreprises du Ministère français de l’Économie et des Finances.

Recensement des projets reposant sur la technologie blockchain

Les technologies de registre distribué, notamment celles de type blockchain, recèlent des opportunités d’usages innovants, tant au plan économique que financier ou social, en particulier en matière de sécurisation de transactions et de traçabilité. Ce potentiel se manifeste par un foisonnement de projets très divers, dont le stade de développement est variable.
Dans le cadre de la construction d'une stratégie nationale sur les technologies de registre distribué, la Direction Générale des Entreprises souhaite disposer d’une vision aussi exhaustive que possible de l'écosystème français. C'est pourquoi nous lançons ce recensement des projets fondés sur des technologies de registre distribué lancés en France, leur domaine d'application, leur positionnement sur la chaîne de valeur et leur niveau de maturité.
Cette démarche a notamment pour objectif d’identifier les obstacles qui peuvent gêner la mise en œuvre de ces initiatives de lever les freins au développement d’usages innovants, au bénéfice des consommateurs et des entreprises.

Présentez votre projet, le domaine d'application et la façon dont il intègre des technologies de registre distribué (la description de votre projet pourra être utilisée dans les communications du Ministère à titre de promotion de l’écosystème)

Description projet

Le projet est de transformer l'Internet en chambre de compensation universelle des titres de crédit sur le modèle multinational de crédit garanti par les États de J.M. Keynes présenté préalablement à la conférence monétaire de Bretton Woods. Le principe est de normaliser et algorithmiser les processus marchands de comptabilité analytique d'entreprise afin de les rendre monétairement convertibles dans n'importe quel contexte technologique et juridique par les techniques actuelles d'option de change.

Une option de change est posée comme un rapport de prix nominal variable dans le temps moyennant négociation d'une prime entre deux personnes morales représentant l'occurrence d'état de son registre. Un enregistrement est un prix mettant en rapport l'ensemble des personnes morales et physiques liées par l'engagement de livrer une même chose à une échéance commune.

Le registre identifie à l'intérieur d’État formant un contexte de juridiction, des propriétés d'objet à des personnes physiques liées par des personnes morales. Le registre contient tous les liens contractuels entre personnes nécessaires à la véridicité d'un prix. Un jeton monétaire est le prix d'un objet dans un Etat qui est une personne morale convertible dans un autre État. Un État titulaire dépositaire d'un registre admis en compensation est une personne morale garante de l'existence réelle de toutes les personnes physiques contribuant à la production de la chose dans son prix.

Dans quel cadre travaillez-vous sur ce projet ?
  • Association
  • Fondation
  • Projet de consortium
  • Projet d'entreprise
  • Projet d'ONG
  • Projet public
  • Recherche académique

→ Start-up

  • Autre
La blockchain sur laquelle vous travaillez est :

→ Publique

  • Privée
  • de Consortium
Dans quel(s) secteur(s) d'activité votre projet a-t-il des applications ?

→ Études, Conseil

→ Services

  • Métiers de bouche, industrie agroalimentaire
  • Tourisme, hébergement, restauration
  • Automobile, machines, équipements

→ Commerce, distribution

→ Communication, édition, culture

→ Transport, logistique

→ Fabrication, sous-traitance

→ Métiers d’art

→ Énergie, Environnement

→ Bâtiment, Matériaux de construction

  • Chimie
  • Imprimerie, Papier, Carton

→ Santé, Sanitaire et social

→ Textile, Habillement

→ Éducation, Formation, Recherche,

  • Agriculture

→ Banque, Assurance

→ Informatique, Internet, Télécom

  • Autre
Quel est le niveau de maturité de votre projet ?
  • Concept, livre blanc
  • PoC en cours
  • PoC terminé

→ En cours de transition du PoC à la mise en production

  • En production
Avez-vous obtenu des financements pour votre projet ?
  • ICO
  • Levée de fonds
  • Aides de l’État français (subvention, avance remboursable, …)
  • Aides de l'Union Européenne

→ Non

  • Autre
Avez-vous des partenaires sur ce projet ?

→ En France

  • Dans l'UE
  • Hors UE
  • Non
Quels sont les obstacles qui freinent la mise en œuvre / limitent le potentiel de votre projet ?

Les obstacles à surmonter sont de nature culturelle, politique et scientifique. La compensation des titres de crédit est un processus de délibération morale entre des personnes physiques reconnues dans leur responsabilité subjective par une conscience commune et partageable de ce qu'elles font et produisent réellement. A toutes les étapes du projet, il faut un espace de confiance clair et sûr quant aux finalités, aux méthodes et aux résultats mis en commun.

Quelles sont les mesures qui pourraient selon vous renforcer l’attractivité de la France pour les projets fondés sur la blockchain ?

Il faut restaurer une souveraineté monétaire française à l'intérieur d'une souveraineté financière européenne (euro-franc à l'intérieur de la zone euro). L'efficience économique des techniques de blockchain est indissociable du contexte juridique de leur mise en œuvre. L'atout de la France dans la technologie blockchain est sa culture juridique fondée sur la responsabilité personnelle physique assurant le crédit des personnes morales par quoi se matérialise les prix, les règlements et la monnaie qui permettent l'échange et la production de la valeur.

Le crédit qui quantifie la valeur nécessite la responsabilité libre des personnes physiques par rapport aux personnes morales qu'elles font exister. Or la fonction de l’État est en France de protéger et d'assurer les personnes physiques qui produisent des objets de valeur commune par des personnes morales issues de sa juridiction. La fiscalité prélevée sur les revenus distribués par les personnes morales finance l'assurance des personnes physiques.

Renationaliser la souveraineté monétaire consistera à intégrer systématiquement un prix fiscal (TVA) dans tout règlement par la blockchain de manière à financer la prime d'intégrité effective de toutes les personnes physiques impliquées dans l'existence et la production d'une valeur définie par la culture juridique politique des Français. La blockchain devient alors une véritable technologie de la confiance fondée sur un espace identifié d'un certain droit des personnes.

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20 septembre 2018 4 20 /09 /septembre /2018 16:01

Ce texte a été publié par Paul Jorion le 18 octobre 2010 sous le titre L’appel de Zhou Xiaochuan, dix-huit mois plus tard.

Il y a dix-huit mois

Le 23 mars de l’année dernière, dans un texte intitulé : « Réformer le système monétaire international », Zhou Xiaochuan, le gouverneur de la Banque Populaire de Chine (PBC), la banque centrale chinoise, établissait un bilan précis et étayé de la crise mondiale dans sa dimension monétaire. Il expliquait que l’actuel système international, fondé sur l’utilisation d’une monnaie nationale, le dollar américain, est inédit dans l’histoire monétaire mondiale.

Jusqu’en 1971, le dollar a été admis par les accords de Bretton Woods comme unité de compte et de réserve internationale équivalente à un poids constant d’or à raison de 35 dollars pour une once. En aout 1971, le Président Nixon décidait unilatéralement de suspendre la convertibilité du dollar en or à un prix fixe. À partir de cette date, la monnaie a changé de nature, en rupture avec la conception multi-séculaire qui avait prévalu jusque là. La Réserve Fédérale des États-Unis ne garantit plus la conversion de ses crédits contre une quantité certaine de métal. Le dollar n’est plus alors que la représentation comptable d’un crédit auprès de la Fed, échangeable contre n’importe quel bien ou service réel mais à un prix flottant au gré du marché.

Dans sa déclaration, le Gouverneur de la Banque Centrale de Chine constate qu’une expérience multi-séculaire de la monnaie a enseigné la nécessité d’aligner la circulation de signes monétaires sur l’offre de biens et services disponibles à la vente. La monnaie doit être émise selon des règles qui ajustent la comptabilité des revenus de toute nature à l’équilibre de l’offre et de la demande. Sans entrer dans le détail du mécanisme de la création monétaire par le crédit, Zhou Xiaochuan pose que l’adossement de la monnaie au crédit n’est pas intelligible sans des règles explicites préalables. Si donc une banque centrale peut piloter l’émission monétaire par sa politique d’allocation de crédit, cette capacité n’existe pas hors de son périmètre de souveraineté. Sans nommer le dollar, Zhou Xiaochuan dénonce la contradiction dans laquelle se retrouve un banquier central qui prétend gérer avec un seul instrument deux équilibres différents, celui de son économie nationale et celui de l’économie mondiale.

Une monnaie sert à exprimer des prix d’équilibre instantané d’offre et de demande pour un bien. Elle sert également à comptabiliser à partir de ces mêmes prix les dettes qui résultent des délais de règlement accordés aux acheteurs par les vendeurs. Quand les prix internationaux sont fixés avec une monnaie nationale, la même banque centrale se retrouve responsable de la liquidité des prix internationaux, de la liquidité des prix domestiques et de la liquidité des crédits entre le marché domestique et le marché international. Elle accorde des crédits selon les besoins anticipés de transaction sur son marché domestique. Elle intègre les transactions des opérateurs domestiques  avec l’étranger. Mais elle ignore toutes les transactions des opérateurs étrangers réglées avec sa monnaie hors de son propre champ de régulation. Le banquier central d’une monnaie « de référence », c’est-à-dire utilisée hors de son marché domestique, n’a pas de vision fiable ni du besoin de liquidité des étrangers entre eux ni du crédit réel de son économie nationale face au reste du monde.

Zhou Xiaochuan dénonçait donc l’année dernière l’absurdité objective du système monétaire international en vigueur. Il conclut logiquement à la nécessité de dissocier l’unité de compte, de règlement et de dette internationale de toute unité de compte nationale. La banque centrale responsable de la liquidité internationale des prix et des dettes ne peut en aucun cas être une banque centrale nationale. La stabilité de la valeur de l’unité de compte internationale doit dépendre d’un système bancaire spécifique dont la gouvernance doit nécessairement être multinationale. Les institutions fondées par les accords de Bretton Woods, le FMI et la Banque Mondiale, répondent en fait à cette exigence et Zhou Xiaochuan note qu’elles ont été dotées à partir de 1969 d’une nouvelle unité monétaire, le Droit de Tirage Spécial (DTS), définie comme un panier de plusieurs monnaies. La valeur du DTS est la moyenne pondérée des taux de change des monnaies nationales qui la composent. Elle est déterminée par les politiques monétaires de plusieurs pays. Mais le FMI n’a aucun pouvoir d’émission autonome lui permettant de gérer la liquidité mondiale.

Zhou Xiaochuan voit dans le FMI les prémices d’une banque centrale mondiale capable de gérer la liquidité mondiale avec un objectif de stabilité globale des prix en DTS. Mais cela implique l’autonomie d’émission de crédits en DTS et une cotation minimale d’actifs en DTS pour fournir au FMI un référentiel de prix qui mesure la valeur du DTS. Le Gouverneur de la PBC réclame le retour au schéma proposé par Keynes d’une monnaie internationale distincte dans sa définition des monnaies nationales et il propose en conséquence une redéfinition du DTS par des actifs réels négociables en DTS. La définition rigide par un panier fixe de monnaies est abandonnée. Les contreparties de l’émission du DTS ne sont plus des droits fixes alloués aux États qui engagent leur monnaie dans la composition du DTS mais les réserves de change déposées en fonction de l’activité économique réelle. Zhou Xiaochuan pose donc la règle d’un jeu financier international gagnant-gagnant ajusté au poids et au rôle réels des économie nationales dans le monde.

Un an et demi après

Constatons qu’un an et demi après la prise de position du Gouverneur de la BPC, aucune analyse économique étayée et argumentée n’est venue contredire la demande chinoise. Bien au contraire, la politique de relance budgétaire et monétaire menée avec une certaine concertation au sein du G20 a fait long feu. La croissance s’est maintenue dans les pays émergents – dont la Chine – mais s’est éteinte dans les pays développés après un faible redémarrage. Les dysfonctionnements du crédit à l’origine de la crise des subprimes sont toujours à l’œuvre. La dette publique s’est substituée à la dette privée pour nourrir l’allocation du crédit. Les actifs sous-jacents aux titres subprimes ne sont plus des emprunts ou du capital privé mais des passifs d’État et de banque centrale. Les règles de liquidité du crédit restent opaques pour dissimuler qu’aucune richesse ne s’est créée entretemps en contrepartie de la monnaie créée. Le moteur monétaire de la croissance mondiale est l’endettement des États et il est plus difficile de définir et démontrer la solvabilité des emprunteurs en 2010 que ce n’était le cas en 2008. La Chine et les autres pays émergents ont accumulé des créances internationales en dollar, euro, yen et franc suisse, alors que l’incertitude accrue sur la valeur réelle de ces monnaies nationales.

L’instabilité des monnaies, latente au printemps 2009, est explicite à l’heure qu’il est. L’inondation de dollars ne peut plus être déclarée temporaire puisque la croissance ne redémarre pas aux Etats-Unis et que l’on se prépare à une nouvelle inondation. Les déposants internationaux en dollar cherchent à détenir leurs réserves de change dans d’autres monnaies. Ils poussent le dollar à la dévaluation et les monnaies-refuge à la réévaluation. Mais une réévaluation dégrade la compétitivité extérieure et menace la croissance domestique à proportion de l’intégration nationale dans les échanges mondiaux. Les banques centrales nationales, submergées par des afflux de capitaux en quête de protection, ont le choix entre laisser leur change se réévaluer, à l’instar de la Banque Centrale Européenne, et accroître leur émission monétaire, comme la Fed, et noyer leur économie domestique dans l’inflation et les bulles spéculatives sur les actifs domestiques. La liquidité mondiale est de moins en moins contrôlable. Les masses de capitaux circulantes génèrent des plus-values fictives et des capacités d’endettement hors de toute appréciation réaliste de la rentabilité. Des bulles de plus en plus grosses peuvent se créer n’importe où et provoquer la mise en faillite au choix d’un État ou d’une méga-banque.

L’économie réelle est à la recherche de repères fiables pour diriger et mesurer ses investissements. Le calcul économique est entaché d’une telle incertitude que les investisseurs réels limitent leur risque à des perspectives de rentabilité très élevées ou s’abritent sous la garantie publique. Ils accroissent la dette publique latente et la charge fiscale potentielle. Le recul des services publics et des protections sociales, le désendettement public, sont anticipé dans l’épargne de précaution. Le diagnostic esquissé par Zhou Xiaochuan est amplement confirmé par les faits. Les gouvernements et opérateurs financiers  connaissent ces faits, les intègrent dans leur anticipations et par là en amplifient les conséquences. Aucune logique collective de substitution ne se forme d’une rationalité monétaire internationale. L’instabilité monétaire engendre la volatilité des prix. Cette volatilité oblige l’économie réelle à mobiliser plus de capital pour ses investissements ou bien à acheter plus cher les instruments financiers de couverture du risque. Dans l’un et l’autre cas l’industrie financière accroît ou maintient sa captation de valeur sur l’économie réelle et se donne l’illusion de sa solidité et de sa rentabilité. Mais la richesse réelle se dérobe derrière l’apparente résistance des prix nominaux. L’épaisseur du plancher sur lequel gouvernements et banques occidentales spéculent et discutent n’a jamais été si mince.

Faut-il attendre une catastrophe pour que les propositions du Gouverneur de la PBC soient sérieusement étudiées ? La puissance militaire des États-Unis permettra peut être de continuer à imposer un prix forcé du dollar au monde entier mais ne parviendra pas à lui restaurer une valeur qu’il n’a pas. Aucune argumentation politique ou financière ne pourra forcer les banques à prêter au consommateur américain dont le déclin des revenus est irréversible. La croissance est morte dans tous les pays développés émetteurs de monnaie de réserve ou de monnaie refuge contre le dollar. La mutualisation des contreparties mesurées réellement à la masse monétaire internationale est  indispensable. L’exportateur de valeur réelle réduit ses investissements dans une production future s’il constate que les clients étrangers qui le financent le règlent avec une monnaie dont la valeur est intrinsèquement imprévisible. L’unité de compte des échanges commerciaux et financiers n’a plus de stabilité visible sans la concertation explicite intelligible des États nationaux.

La transformation du DTS en monnaie et du FMI en banque centrale mondiale serait bien l’un des moyens de créer le bancor. Mais il implique de lever l’hypothèque du veto de fait dont disposent les États-Unis dans son fonctionnement, conséquence de la logique censitaire de son mécanisme décisionnel, où le nombre de voix est proportionnel à la contribution à son financement. Ce serait là un des moyens de rationaliser la monnaie et la croissance dans une économie mondialisée. Le moyen d’affirmer aussi que les règles du crédit stable ne peuvent pas rester entre les mains des acteurs publics et financiers intéressés en eux-mêmes au crédit dont ils ont besoin.

Zhou Xiaochuan introduit sa démonstration de mars 2009 par l’affirmation capitale de la possibilité de monétiser le crédit pour autant qu’existent des règles explicites et transparentes de calibrage du crédit. Calibrage macro-économique à l’échelle du monde et micro-économique à l’échelle de chaque débiteur. Il pose implicitement que les règles du crédit monétisable doivent pouvoir être soustraites aux juridictions nationales soumises à leurs propres besoins de financement par le crédit. Pour que des dettes soient monétisables, il ne faut pas que l’emprunteur puisse d’une quelconque manière modifier les règles qui mesurent sa propre dette. C’est probablement le verrou logique qui bloque les gouvernements occidentaux dans l’adoption d’une réforme monétaire internationale. Ils espèrent préserver leur solvabilité au moins nominale en gardant la maîtrise des lois qui définissent la nature de leurs engagements. Adhérer à un étalon monétaire international consiste en réalité à tomber d’accord sur des critères fondamentaux universels de solvabilité. Un étalon monétaire international est un étalon de régulation universelle de la stabilité du prix et du crédit.

Pour être étalon de stabilité financière et monétaire, le DTS peut et doit se définir par des actifs réels. Ces actifs réels doivent pouvoir varier en volume et en prix dans la composition du DTS. Un poids invariable des monnaies nationales dans la définition de l’unité de compte international présuppose une contribution figée des économies nationales dans la croissance mondiale. Cette hypothèse est visiblement contredite par l’évolution actuelle des échanges internationaux. De même, une identification figée des actifs entrant dans la valeur d’une monnaie mondiale présuppose une explication immuable des origines de la croissance. L’enjeu d’un étalon monétaire international est le renouvellement permanent des hypothèses d’anticipation des prix et des volumes de la production future. La valeur propre d’une unité de compte internationale est d’engager une mesure du prix de n’importe quelle cause de valeur dans la durée. Cela impose un marché organisé transparent à l’intérieur duquel toutes les anticipations sont possibles à la condition que leur réalisation soit lisible et vérifiable à une échéance engagée.

Le marché spécifiquement international sans privilège de nationalité ni de droit fournit l’équilibre en DTS comptant et à terme de l’offre et de la demande des biens qui s’y négocient. La responsabilité du banquier central de la liquidité mondiale est d’anticiper les prix et les volumes négociés sur le marché en DTS. Si par rapport à son objectif de composition cible de l’étalon monétaire, il achète à terme les actifs qu’il juge correctement évalués ou sous-évalués et vend les actifs sur-évalués, il offre au marché une hypothèse de stabilité qui fait référence commune. La production effective de signes monétaires est alors directement indexée sur la vérification par le marché de l’hypothèse centrale de stabilité monétaire. Le marché génère de la liquidité par lui-même sur la valeur effectivement échangée. Le banquier central produit cette même liquidité par le règlement de ses achats à terme et la restitution au marché des plus-values sur effectivement réalisées sur les anticipations en volume et en prix. Le banquier central absorbe de la liquidité par ses ventes à terme et par la livraison effective des actifs achetés à terme.

Par un marché organisé à cette fin, l’émission de la liquidité internationale est effectivement alignée sur la production réelle de valeur négociée hors des systèmes monétaires nationaux. La solvabilité publique des États nationaux est l’un des actifs négociables sur le marché en DTS comme contrepartie de la liquidité mondiale. Il en résulte la possibilité de caler les parités de change nationales à la fois sur le prix international des dettes publiques et privées et le prix des biens et services échangés dans les flux commerciaux. Offrir par le DTS un outil de garantie des dettes publiques internationales est un argument d’adoption d’un système monétaire régulé que les États-Unis et l’Europe ne peuvent pas récuser devant leurs opinions publiques. Le programme des prochains G20 est là : poser les conditions de réalisation d’un étalonnage mondialisé de la valeur économique qui réponde à la demande chinoise.

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10 mars 2018 6 10 /03 /mars /2018 18:31

Par Pascal

Une économie qui concerne tout le monde n'est pas forcément compréhensible par tout le monde ... sauf dans une économie partitionnée en communautés restreintes quasi-isolées. Une autre époque.

Concernant les élucubrations libertariennes sur l'intelligence collective

En science et en logique :

  • valider le général valide le particulier,
  • invalider le particulier invalide le général.

En pseudoscience : valider le particulier valide le général.

La physique a compris depuis un siècle qu’un modèle valide au niveau microscopique ne l’est pas nécessairement au niveau macroscopique et vice versa.

L'économie est-elle une science du complexe ?

En économie, la compréhension est plus lente. Divers ordres de grandeur de la taille d’une population :

- 10 (rang 1) : équipe de foot,

- 10 000 (rang 2) : communauté d’Elinor Olstrom ( reçoit le « prix Nobel » d'économie 2009)

- 10 000 000 (rang 3) : nation,

- 10 000 000 000 (rang 4) : Humanité.

La suite est géométrique de raison 1000.

Aucun scientifique sérieux n’imaginerait que les modes organisationnels efficaces puissent être simplement transposés d’un rang à l’autre (de haut en bas ou de bas en haut). Il y a assez peu de pertinence scientifique (sinon par curiosité anecdotique) à demander à des spécialistes de l’organisation des rangs 1 et 2 (Elinor Olstrom, Pep Guardiola, Didier Deschamps, etc.) leur avis sur la gestion des rangs 3 et 4. Pourquoi pas un prix Nobel à Aimé Jacquet pour son titre à la coupe du monde 1998 ?

En général, les fanatiques de l'intelligence collective prennent conscience des limites de ce concept à la mode "intelligence collective". J'y ajouterais des considérations sur la répartition statistique des niveaux d'intelligence individuelle (grossièrement le QI pour faire simple).

Trois observations :

  1. Plus le réseaux relationnel (en gestion politique, sociale, économique, etc.) concerne un grand nombre d'individus, plus il est complexe.
  2. Le QI est réparti approximativement selon une courbe statistique normale autour du  QI 100. Un niveau de 110 est nécessaire pour un cursus universitaire. Un niveau minimum de 130 concerne 1 % de la population. Etc.
  3. Un QI minimum est nécessaire pour comprendre un certain niveau de complexité.

Conclusions : plus la taille d'une population augmente et plus le pourcentage qui en comprend la complexité diminue.

La démocratie au défi de la complexité

Les solutions démocratiques peuvent encore concerner les problèmes relatifs à une population de 10 000 citoyens (municipalité semi-rurale, communauté d'Elinor Olstrom, etc.). Cette taille semble être la limite de l'intelligence collective répertoriée par les théories bobos actuelles.

Au degré de complexité suivant, un système de représentativité devient nécessaire (mais pas toujours suffisant car la corruption et l'individualisme peuvent ruiner l'entreprise) car la complexité n'est compréhensible directement que par une proportion réduite de la population. La traduction des problèmes en termes populaires reste encore possible.

A un autre degré, la représentativité bascule dans le populisme (nos nations actuelles) car la complexité n'est comprise que par une trop petite minorité de spécialistes (de pans particuliers de la vie sociale et pas toujours de tous : problèmes de cohérence de gérance) et ne peut plus être traduite en termes simples pour le peuple. Le peuple ne comprend alors que des présentations réductrices tronquées : le populisme.

Encore plus loin dans la complexité : la mondialisation actuelle. Plus personne (sinon l'un ou l'autre extraterrestres, généralement reclus et peu impliqués dans la vie collective) ne comprend la complexité. Le tout part en vrille de manière anarchique.

Cela n'empêche pas certains puissants lobbies ou des opportunistes isolés de profiter du système, souvent en aggravant les crises (Goldman Sachs, etc.). Mais plus personne, ni aucun procédé connu, n'est apte à le gérer intelligemment.

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2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 10:42

Par Pascal

La grammaire porte-t-elle l'essence du sujet parlant ?

L'intelligence animale la plus proche de la nôtre serait sans doute celle du dauphin. On n’en trouve pas à chaque coin de rue. Le poulpe non plus mais l’aquarium est moins encombrant.

Mais un élément peut vous intéresser pour vos recherches sur le langage intelligent. Les diverses grammaires du langage humain se modulent sur 3 éléments de base, sujet/verbe/objet en variant l’ordre selon les langues (SVO, VSO, etc.) :

  • « La pomme tombe » pour le verbe intransitif (SV)
  • « L’enfant mange la pomme », verbe transitif (SVO).

Il me semble que cela soit la conséquence de particularités de survie biologique. L’homme doit cerner un objet dans le décor pour le saisir avec sa main puis le porter vers la bouche pour l’estomac.

L’objet (qui devient sujet grammatical) à saisir par la main est découpé (par le processus perceptif et cérébral) dans le décor : le sujet grammatical (pomme). Puis la relation spatiotemporelle entre cet objet (sujet grammatical) est exprimée par le verbe (tomber). Parfois l’action nécessite un second objet du décor (verbe transitif). Cela donne l’objet grammatical : L’enfant (S) mange (V) la pomme (O).

Certains phénomènes comme la pluie fusionnent en une même action l’objet et le décor. La grammaire usuelle est alors inadéquate. On invente un sujet creux qui n’a qu’une nécessité grammaticale. « Il pleut ». Le pronom « il » est sujet grammatical mais ne veut rien dire. Cela vient des limites de la grammaire du langage usuel.

C’est comparable dans « Je pense ». Le « je » et la « pensée » ne font qu’un. La formule exprime surtout une contrainte grammaticale plus qu’une nécessité philosophique. C’est la grossière méprise du cogito. « Je pense donc je suis » n’a pas plus de valeur ontologique que « il pleut donc il est ». Il s’agit de sophismes grammaticaux, des pièges logiques auxquels beaucoup se font prendre.

Mais ceci reste anecdotique pour vos recherches en IA (même si c’est fondamental en ontologie de la conscience humaine). Tout ceci pour vous faire remarquer qu’un animal qui n’a pas besoin, comme l’homme, de découper cognitivement un objet dans un décor pour s’en nourrir, n’emploiera pas forcément une grammaire comparable à la nôtre.

Grammaire, verbe et nature humaine

Par dérision, j’appelle notre langage verbal « la langue de l’estomac ». Pour moi, cette langue n’est pas pertinente pour la philosophie et l’ontologie car comportant trop de travers grammaticaux. Elle est utile pour manger et d’autre actions quotidiennes mais pas pertinente pour tous les registres culturels.

D’ailleurs le grand boom des sciences depuis Newton vient surtout de la recherche d’un langage spécifique aux sciences, les mathématiques mais pas seulement.

Certains animaux ont pourtant besoin de reconnaître des formes dans les relations de prédation mais la préhension manuelle chez l’homme a selon moi développé à l’excès ce formatage grammatical ... qui se retrouve dans la pensée elle-même (et correspond probablement au fonctionnement spécialisé de notre cortex qui traite majoritairement les infos visuelles, primordiales pour notre survie).

Car même au niveau des concepts, notre mental a repris ces automatismes : le verbe « com-prendre » est révélateur. Ceci pour vous mettre en garde à l’encontre de la forte tendance humaine à reporter ces automatismes naturels humains dans nos tentatives de compréhension du monde et des autres formes de vie. Essayez d’ouvrir vos recherches sur le langage à d’autres articulations, d’autres approches, plus indépendantes de la grammaire verbale usuelle. Pas facile !

Les cétacés qui se nourrissent de plancton, par exemple, ont nettement moins besoin d’une telle grammaire. Les baleines ont une intelligence qui n’a rien à envier à la nôtre mais leur langage ne se structure probablement pas sur nos habitudes grammaticales. Pour d’autres animaux, la dominance des émotions sur le mental peut aussi y modifier fortement la structure linguistique car les émotions ne répondent pas aux mêmes logiques que le mental rationnel.
Le langage des oiseaux semble répondre à des impératifs plus émotionnels que rationnels (comme la musique humaine d’ailleurs).

Même chez l’être humain, certaines chansons sonnent merveilleusement malgré un texte lui-même resté à un stade assez débile. Certains animaux communiquent probablement plus pour partager des émotions que des infos rationnelles. Anthropocentrisme, quand tu nous tiens ...

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23 septembre 2017 6 23 /09 /septembre /2017 07:54

Mise au point sur l'intelligence artificielle par Pascal

Pascal m'a adressé ce commentaire que je reprends comme hypothèse de représentation efficace de la fonction monétaire décrite dans ce blog.

Il serait ici fastidieux de vous exposer mon arsenal de critiques sur l'émergentisme et la pensée de John Searle (et ses théories sur l'intelligence artificielle (IA) forte). Cela nous mènerait vers un autre registre de réflexion, moins "technique" : l'ontologie au sens métaphysique (attention à la récupération sémantique du terme, justement dans le contexte émergentiste actuel de l'IA). On entre alors plutôt dans le registre des sciences cognitives, d'abord, puis de la philosophie plus abstraite.

Je vous invite toutefois, à vos loisirs, à vous pencher, dans ces registres, sur la problématique quanta/qualia. Problématique qui échappe totalement à Searle. Il confond la structure physique d'une perception avec la perception qualitative elle-même. En physique, cela correspondrait à confondre la longueur d'onde d'un faisceau monochromatique vert avec la sensation de couleur verte apparaissant à la conscience.

Corrélation et causalité

Il existe évidemment des corrélations (pour faire simple car il y en a toute une chaîne dans chaque processus cognitif) entre l'onde lumineuse (fréquence et quanta d'énergie déjà) et les capteurs activés de la rétine. Entre les capteurs et le massage électronique du nerf visuel. Entre le message électronique et le traitement cérébral.

Toutes ces corrélations relèvent du monde physique et correspondent à des structures spatiales (pour faire simple en omettant le temps). En sciences cognitives, ces aspects physiques sont classés dans le registre global des "quantas". C'est du domaine de la mesure et de la structure. Le tout est en théorie soit copiable précisément, soit imitable par une autre structure remplissant des fonctions similaires. Ces structures correspondent au domaine d'étude et de recherche en IA. Les infos visuelles physiques peuvent alors être traitées par la structure cérébrale pour élaborer des réponses (en langage ou en action) à ces infos. Cela concerne aussi l'IA.

Graduations ontologiques

Mais il y a un saut ontologique (au sens philosophique) entre ces structures physiques et la sensation qualitative de couleur verte - un "qualia" - au niveau subjectif de la conscience. Et ce saut n'a rien à voir avec le registre de l'IA. Il ne peut pas être modélisé par une structure physique (quanta). On peut tordre dans tous les sens une structure spatiale physique (du cerveau ou d'un ordinateur), cela restera dans le registre du quanta.

Le saut ontologique au qualia ne peut être modélisé par une structure quantique (au sens métrique physique). L'IA ne concerne que les quantas. Elle pourra modéliser toutes les corrélations possibles au niveau physique (quanta) cela ne créera pas « nécessairement » (importance logique de ce terme précis !) par magie (comme le génie de la lampe d’Aladin) du qualia. Même si la copie est suffisamment efficace (voire plus), il lui manquera la relation au qualia.

« Nécessairement » : en fait, personne ne sait actuellement « pourquoi et comment », cette « création de qualia » se manifeste. Point. L’émergentisme théorique pose abusivement que ce serait le niveau de complexité lui-même qui détiendrait ce pouvoir magique. Il s’agit d’une monstruosité logique. D’abord, l’émergentisme observe que de nouvelles « propriétés » émergent (d’où le nom de cette option philosophique) d’une structure matérielle à partir d’un certain niveau de complexité.

Remarques :
1. déjà, corrélation n’est pas cause (voir la critique de David Hume : la science explique le comment et non le pourquoi) ;
2. les qualias ne sont pas des « propriétés » structurelles (et plus globalement, la conscience non plus) ;
3. les « propriétés » ne participent pas forcément de la structure matérielle elle-même, elles n’apparaissent peut-être qu’au niveau de la conscience de l’observateur qui interprète cette structure plus complexe en termes de « propriétés ».

Conclusion : l’émergentisme ressemble plus à une manifestation archaïque de la pensée magique qu’à une démarche philosophique et épistémologique. Son dogme est truffé de sophismes grossiers (typiquement anglo-saxons et surtout californiens). Ce saut ontologique quanta/qualia reste de l'ordre du mystère et nulle science (étude des quantas) ne pourra jamais résoudre cette problématique car cela ne relève pas de son domaine.

Les qualias ne se réduisent pas aux sensations (visuelles, auditives, ...), elles concernent aussi les émotions, sentiments, pensées, concepts abstraits, etc. Il existe bien une certaine corrélation entre ces qualias et les quanta du cerveau. Mais l'émergentisme confond corrélation et fusion ontologique. Pour l'émergentisme, les qualias se réduisent aux quantas auxquels ils sont corrélés. Simpliste grossier.

Il y a alors trois niveaux ontologiques distincts à poser en théorie.
1. Les quanta du monde physique et du cerveau : c’est le registre de l’IA (faible, forte, sucrée, salée, blabla, ..).
2. Les qualias de la conscience, qui sont corrélés aux quantas du cerveau. Certains de ces qualias ont aussi des aspects quantitatifs (formes visuelles, géométrie, nombres, notions physiques et mathématiques, ...)
3. La corrélation elle-même ... en évitant ici de s'égarer dans des interprétations mystiques comme l’occasionnalisme de Malebranche ... et en se contentant d'une approche ontologique et fonctionnelle.

Chaque niveau a sa propre complexité. Et il ne serait pas pertinent de fusionner conceptuellement (comme dans l'émergentisme) ces trois complexités car elles ne sont pas comparables.

Chaque niveau a aussi sa nature ontologique propre.

Le physique

Le niveau 1 est le monde physique dont on ne sait rien sinon par l’intermédiaire de représentations par modèles. Il peut se structurer géométriquement. Chaque élément y a une forme et une position ... bien que la physique contemporaine développe des géométries bien plus complexes et que certains éléments n'y aient plus une position bien déterminée. Jusqu’à preuve du contraire, le « monde physique » reste un noumène ! Oui.

Les abstractions physiques contemporaines l’ont dépecé de toute connotation de substance ou de matière pour ne garder que la notion de « stock d’informations quantiques ». Pour la physique actuelle, il ne s’agit plus d’un monde « matériel ». Cette position reste ontologiquement abusive mais il serait trop long de développer ici un exposé de la critique de cette position, qui ne reste en fait qu’une option paradigmatique technique, un modèle.

La conscience

Le niveau 2 est le contenu de la conscience humaine (et hypothétiquement animale mais cela nous conduit à interroger nos mécanismes mentaux utilisant le principe d’analogie ; une autre fois ...). Seules les sensations visuelles y ont une forme ... pas les autres qualias (le son d’une cloche n’est pas carré, la peur n’est pas triangulaire, ...).

Ils n'ont pas non plus de position : ils ne sont pas "dans le cerveau", ils sont bien corrélés à la structure cérébrale mais ne sont pas des éléments physiques situés "quelque part". Ils n’entretiennent aucune relation métrique ni même géométrique avec les quanta de l’univers physique. Cette corrélation n’est pas métrique. Les notions « dedans », « dehors », « ailleurs », « autre dimension », etc., ne sont pas pertinentes pour aborder cette corrélation.

Les éléments de ce niveau 2 ne sont pas « quelque part ». Nos habitudes psychiques nous incitent à leur affecter automatiquement une position alors qu’ils n’en ont pas, ce ne sont pas des êtres du monde physique. Le monde physique et l’espace n’englobent pas la totalité ontologique. Cela demande un effort psycho-intellectuel pour se libérer de ce blocage paradigmique réducteur (dont Kant, entre autres, était victime).

On situe alors abusivement ces éléments dans le cerveau mais c’est absurde car si l’on cherche à préciser cette position, aucun point particulier du cerveau n’y correspond. Les structures cérébrales (quantas) corrélées ont bien une position car elles font partie du monde physique mais les qualias subjectifs et la conscience elle-même qui les synthétise n’ont aucune position, ni dans le monde physique ni ailleurs (comme dans le monde des idées de Platon, bricolage ad hoc exprimant ce blocage paradigmique).

Cette obsession psychique à affecter une position à tout être reste pertinente pour les quantas (bien que la physique nuance cette option, notamment par la notion de probabilité en mécanique quantique mais aussi par des géométries non conventionnelles) mais cette obsession est inadéquate pour les qualias (et la conscience dans sa globalité : la conscience n’est pas quelque part !). Une sensation visuelle, par exemple, comme un carré rouge, se situe d’autant moins « dans le cerveau » que, d’abord, « dans le cerveau, il fait tout noir », mais ensuite, aucune portion de la structure neuronale synaptique corrélée n’a la forme d’un carré. Bref.

La logique

Le niveau 3, celui des corrélations assez complexes entre les qualias et les quantas est un niveau fonctionnel pur (au sens quasi mathématique mais impliquant aussi des aspects de temporalité, contrairement aux fonctions mathématiques usuelles). Ces éléments sont de « nature » nouménale, ni physique, ni consciente. Ce ne sont ni qualias ni des quantas. En outre, ces êtres n’ont ni forme ni position.

Une étude ontologique plus poussée invite à les considérer comme « méta-temporelle » mais avec un aspect de temporalité dans la connexion aux qualias, lesquels s’inscrivent dans la temporalité subjective humaine (ou animale). Ces corrélations sont probablement à la base de ce que le discours non scientifique (religion, occultisme, ...) conceptualise abusivement comme « âme », « purusha », etc., selon une fantaisie bien connue mais assez grossière et réductrice, surtout dans son réductionnisme paradigmique spatio-temporel.

La liste des registres ontologiques n’est pas exhaustive mais elle ouvre a priori la porte au grand n’importe quoi, ce sort du présent objectif qui cherche à mieux cerner le fonctionnement de la conscience (humaine dans un premier temps). Le propos se limitera donc ici aux 3 niveaux évoqués. On évitera ici de s’égarer dans des élucubrations comme le « purushottama », l’hypothétique (et peu crédible) « conscience cosmique » (une critique suivra en dehors de la présente approche), etc.

Trois plans différents de complexité

Les complexités propres à chacun de ces 3 niveaux ontologiques sont d’ordres différents et difficilement comparables. Le niveau 1 relève sommairement de la complexité spatiale. Il est modélisable par des structures spatiales pouvant exercer des fonctionnements similaires. Cette complexité est le domaine d’étude et de recherche pratique de l’IA. Ces structures (fonctionnelles ou non) plus ou moins complexes peuvent dans certains cas être modélisées par l’IA ... dans d’autres, c’est plus improbable.

Nous n’en sommes qu’aux balbutiements de cette recherche. Les possibilités d’avenir sont a priori infinies mais il ne faut pas se laisser impressionner par le sensationnalisme médiatique qui met la charrue avant les bœufs. Chaque chose en son temps.

Le niveau 2 fait intervenir parfois des concepts très complexes et parfois suffisamment abstraits pour être difficilement traductibles par une structure cérébrale. Certains chercheurs en mathématique et logique présentent d’ailleurs des thèses qui tendraient à démontrer que certaines fonctions mentales (au niveau subjectif de la conscience, le niveau 2) transcendent par principe les possibilités connectiques synaptiques (niveau 1).

La structure cérébrale corrélée à ces concepts a elle aussi sa propre complexité (pas seulement celle des synapses, qui relève d’un réductionnisme paradigmique du fonctionnement cérébral), parfois plus grande pour des idées simples, parfois non, mais ces deux complexités ne sont pas comparables, même si elles sont corrélées. L’écueil scientifique et philosophique serait de faire l’amalgame entre ces deux complexités. Ces complexités ne sont pas plus importantes l’une que l’autre, elles sont différentes.

Le niveau 3 possède par contre un niveau de complexité qui dépasse largement les deux autres car il doit corréler ces deux registres complexes par une corrélation qui n’est pas une simple identité mais inclut des transformations fonctionnelles extrêmement élaborées (par exemple, lors de l’observation d’une carte électronique ou d’une carte routière, cette complexité fonctionnelle consiste à corréler une structure synaptique arborescente complexe en une sensation visuelle géométrique extrêmement structurée) ... et cela à une fréquence qui dépasse de très loin les performances tant du cerveau que de la conscience intelligente.

Aucune IA, présente (et probablement à venir) ne peut rivaliser avec cette corrélation tant en complexité qu’en fréquence temporelle. Le domaine de recherche et d’application de l’IA concerne pour l’avenir proche (et même lointain) la complexité du niveau 1. Même un superordinateur ne peut réaliser les performances de la complexité fonctionnelle du niveau 3. S’émerveiller devant l’émergence prochaine d’une « singularité » de complexité anime la bigoterie transhumaniste (comparables aux bigoteries religieuses usuelles) mais cela n’arrivera jamais à la cheville de l’émerveillement envers cette complexité de niveau 3, laquelle sort du cadre de recherche des bigots de l’IA, de Palo Alto, du Japon ou d’ailleurs.

Animisme techniciste

Mais surtout, un superordinateur ne gérera jamais que des quantas, contrairement à l’intelligence fonctionnelle du niveau 3 qui met en relation de manière infiniment complexe, les quantas du niveau 1 aux qualias du niveau 2.

J’espère vous avoir ici laissé entrevoir à partir de quelle réflexion je me permets de considérer un agité omniscient du profil de Ray Kurzweil comme un pitre suffisant. A partir de cette « petite » introduction à l’ontologie, j’espère vous avoir aussi permis de relativiser l’importance historique de l’IA ou du moins de la situer dans un cadre culturel plus large. Cela n’enlève rien à la pertinence du développement de cette IA, maintenant et à l’avenir. Au contraire.

Mais j’espère vous avoir ainsi apporté un certain regard panoramique sur la situation, regard qui vous permettra d’aborder à l’avenir le phénomène de l’IA avec le recul philosophique nécessaire. Recul qui vous évitera, je l’espère, de vous laisser séduire par les déclarations intempestives des gourous de Palo Alto, de leurs suiveurs aveugles et de la presse à sensation.

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4 septembre 2017 1 04 /09 /septembre /2017 15:42

L'assimilation vicieuse de la valeur au prix qui prévaut actuellement est un détournement réductionniste pseudo-scientifique de la révolution galiléenne. A des fins d'économie cognitive et de mathématisation de la science, la matière à connaître a été tout entière concentrée dans l'objet indépendant du sujet. Si l'on regarde le prix comme une propriété de l'objet et si l'objet existe en tant qu'objet du sujet, alors la valeur est la rationalité du sujet en lui-même qui donne des propriétés à l'objet dont le prix. C'est dans le contexte pré-galiléen d'une objectivité dépendante du sujet qu'il faut comprendre la relation posée par Albert Legrand et la scolastique entre la valeur et le prix.

Valeur dans la réalité subjective et prix de la réalité objective

Le lien entre prix et valeur est utile si l'on pose la formation du prix dans une double rationalité du sujet à l'objet du prix et du sujet à lui-même dans sa multiplicité personnelle et dans sa liberté d'interprétation de la réalité objective. La relation distinctive syllogistique entre valeur et prix non seulement permet d'exploiter toute la causalité aristotélicienne dans ses quatre dimensions de matière, forme, effet et fin mais rationalise la variabilité et la pluralité du prix d'un même objet entre des individus et des sociétés distinctes. Autrement dit, la valeur est ce qui permet la liberté et la responsabilité dans la fixation du prix de l'objet.

Le prix représente la valeur de l'objet s'il existe un accord effectif entre quatre personnes dans la subjectivité desquelles se synthétise identiquement et séparément la matière, la forme, la fin et l'effet de l'objet. Autrement dit la valeur du prix est en réalité un accord entre un acheteur et un vendeur sur la chose équivalente par un certain nombre associé à un intermédiaire nommant et reconnaissant la chose et le prix comme l'acheteur et le vendeur au sein d'une société incarnée dans une quatrième personne garante de l'égale existence des quatre personnes dans la réalité de la chose et du prix. La valeur du prix est dans les quatre rôles sociaux personnels qui font l'objet réel et vrai pour ses sujets.

La valeur au sens d'Albert le Grand rend le syllogisme du prix discutable en vérité distincte et séparable de la réalité. La valeur établit la subjectivité du prix dans une loi morale qui en solidarise les acteurs personnels. Les acteurs du prix sont solidaires par la valeur mise en commun de l'objet. Pour cela, il ne suffit pas que l'objet existe avec un prix calculable ; il faut aussi que l'objet réponde justement à l'humanité et à la réalité des sujets en acte. La valeur est donc l'objet politique et moral nécessaire de la science économique qui fixe la rationalité objective des prix entre des personnes réellement libres.

Si l'on s'en tient au réductionnisme post-galiléen de l'économisme libéral, la valeur est bien un argument rhétorique pour tuer la liberté du sujet et le réduire à une matière prévisible totalement manipulable. Si la valeur indifférencie la matière et la forme, l'objet et le sujet, l'individuel et le collectif, alors elle est un simple outil de dénaturation du prix pour éluder toute discussion sur la fonction économique du sujet qui reconnaît, nomme, évalue et partage.

La valeur donne le sens de la gratuité. La gratuité n'est pas le prix nul en réalité ou l'absence de valeur mais la relation entre les sujets et l'objet du prix qui garantit l'existence libre des personnes même si le prix est quantitativement nul ou négatif. Le gratuit est la valeur garantie pour toute personne indépendamment de la nullité ou de la négativité du prix sous un certain angle de calcul.

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2 septembre 2017 6 02 /09 /septembre /2017 10:56
Capitalismes et inégalités : quels outils pour mieux comprendre ?

Commentaire au billet de Madeleine Théodore sur le Blog de Paul Jorion.

Le capitalisme libéral fabrique la misère en fixant des règles comptables qui ne certifient que la croissance nette du capital au bénéfice des propriétaires nominaux du capital. Cet angle de vue a pour « intérêt » d’indiquer directement et explicitement aux créanciers du capital la part de la valeur ajoutée calculée d’entreprise qu’ils peuvent revendiquer en rémunération immédiate de la liquidité monétaire « prêtée » à la communauté de travail d’entreprise, à ses fournisseurs et à la société de droits qui permet l’entreprise et le calcul de la valeur ajoutée.

Le capitalisme libéral est une gnose simple et directe pour expliquer aux gens que leur bonheur dépend exclusivement du solde comptable inscrit sur leur compte en banque. Le pouvoir d’achat individuel ne dépend pas d’une quelconque production objective par un travail personnel efficient et effectif mais bien d’un calcul mystérieusement efficace du banquier qui a financé des actionnaires ; qui ont financé des entrepreneurs ; qui ont « créé » de la valeur. La valeur existe en soi par un solde bancaire créditeur non rattachable à un capital concret effectivement transformé par des gens qui travaillent à ce qu’ils désirent et touchent.

La focalisation du calcul de rentabilité des entreprises sur le bénéfice net du propriétaire du capital plutôt que sur la valeur ajoutée spécifique du travail dans le chiffre d’affaires a un motif pratique et une utilité politique. En pratique, il n’y a pas de règle absolue pour séparer le prix du travail du prix des matières dans les achats et dans la production de l’entreprise. De fait, la décomposition transactionnelle de chaque prix s’établit par un rapport de force entre chef d’entreprise et salariés pour la valeur ajoutée d’entreprise ; entre chef d’entreprise et fournisseurs pour le prix des intrants ; entre propriétaires du capital et puissance de l’État de droit pour le contexte et les critères de négociation des forces relatives engagées dans le partage de la valeur ajoutée de chaque production rentable.

L’utilité politique d’un débat public polarisé sur la seule rentabilité du capital nominal en garantie de la solvabilité liquide d’entreprise, est d’effacer dans la conscience des citoyens-consommateurs-travailleurs les prémisses du calcul de répartition de la valeur ajoutée. Les conditions du rapport de force qui fixe le prix collectif du Droit, le prix des ressources naturelles et les prix du travail de production effective sont le point de départ du procès de répartition de la valeur ajoutée. Quand en toute fin du procès, vient le calcul du solde d’exploitation brute de l’entreprise, plus personne ne peut se souvenir du détail des argumentaires de négociation des salaires et des prix de chaque transaction intermédiaire.

Précisons que le capitalisme pose la spécificité et la nécessité du facteur capital dans le procès de répartition de la valeur ajoutée par les prix. C’est la pratique du capitalisme libéral qui exclut de fait le travail des facteurs nécessaires de la valeur ajoutée finale qui n’aurait plus vraiment besoin pour exister réellement de la valeur formelle et matérielle intermédiaire du travail. Le libéralisme économique oublie délibérément le temps laborieux qui passe pour ne considérer que la marge nette de l’actionnaire propriétaire du capital. La société politique et le droit des gens qui sont à l’origine du calcul possible de la valeur ajoutée réaliste sont refoulés dans un inconscient non transformable. La raison des personnes qui se parlent ne dit plus rien.

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8 août 2017 2 08 /08 /août /2017 08:42

Déficit public : une solution technique.

Par Marc Timsit

Une évolution des structures de la monnaie capable de financer les budgets de l’État.

Nous vivons sans doute dans le meilleur environnement que l’homme ait jamais connu, nous contrôlons suffisamment notre milieu pour ne pas subir les aléas de la nature et nous avons élaboré la civilisation la plus puissante de notre histoire.

Notre société a considérablement évolué depuis 35 ans : en 1980 il fallait 3 mois pour obtenir le téléphone contre quelques secondes aujourd’hui, on est passé du minitel à l’internet, les voitures consommaient et polluaient plus, elles étaient plus dangereuses et moins intelligentes. A cette époque le sida faisait son apparition, on ne savait rien sur cette nouvelle maladie, et presque tous les cancers tuaient. Aujourd’hui, la majorité des cancers guérissent et on ne meurt plus systématiquement du sida.

Ces progrès extraordinaires sont les résultats de la recherche scientifique, pourtant les chercheurs qui nous permettent d’accéder à ces technologies ont à ferrailler contre une nature qui ne leur fait pas de cadeaux.

Dans le même temps on est passé de 1 à 3,5 millions de chômeurs et de 200 milliards de dette publique à 2 000 milliards aujourd’hui.

On constate de ces observations que les scientifiques cherchent et trouvent des solutions, ce qui ne semble pas être le cas en matière économique. On pourrait en déduire que les solutions en économie n’existent pas, et que nous devons nous résoudre à gérer au mieux une faillite annoncée et inéluctable.

Pourtant la réalité est exactement l’inverse : il est très difficile de comprendre et de contrôler la nature car ses lois mystérieuses nous sont inconnues; alors que l’économie et toutes ses règles ne concernent, ne dépendent et ne sont établies que par les hommes. Dans la mesure où tout dépend des hommes en matière économique, il y a la possibilité d’organiser les choses pour que l’économie fonctionne mieux. Ce qui n’aurait pas été le cas si l’économie subissait une contrainte physique naturelle.

On peut penser que notre système d’organisation ne fonctionne pas tout à fait bien car depuis très longtemps les crises succèdent aux crises, et si toutes les solutions connues ont été essayées sans succès nous devons explorer de nouvelles voies. L’économie est une structure essentielle de notre société, elle est le siège de beaucoup de nos problèmes, mais elle abrite aussi les solutions qui nous font défaut.

Au cœur de l’économie se trouve un objet particulier, son vecteur : la monnaie. La monnaie n’a rien de naturelle, elle ne pousse pas aux arbres, elle est le résultat de la longue histoire des hommes qui l’ont façonnée à leurs besoins. Aujourd’hui, et depuis très longtemps, est considéré comme de la monnaie tout ce qui remplit les trois fonctions de la monnaie, pour rappel : « permettre les échanges économiques », « indiquer les prix » et «  pouvoir être une réserve de valeur ».

Une brève histoire de l’évolution de l’économie et de la monnaie :

Notre histoire a débuté il y a 200 000 ans, et pendant les 130 000 premières années, la survie était assurée par les capacités de chacun ou du petit groupe auquel il appartenait. Les hommes vivaient uniquement de ce qu’ils pouvaient se procurer directement dans la nature; à l’époque, il n’y avait pas d’activité économique.

Puis avec l’homme moderne, il y a 70 000 ans, naît la première économie : le troc. La monnaie n’existait pas vraiment puisqu’elle n’avait pas de support, mais le troc fonctionnait en autorisant les échanges économiques, chaque bien échangé devenant vecteur de l’économie en étant une monnaie d’échange. Même sans support monétaire représentatif, le troc était une économie qui fonctionnait car on utilisait déjà la première fonction de la monnaie : permettre les échanges économiques.

Le troc a été le système économique le plus longtemps utilisé par les hommes, cette économie a évolué en se complexifiant, mais elle ne permettait pas l'apparition d’un système bancaire par exemple.

Puis les évolutions techniques augmentèrent la diversité et la valeur des biens produits, comme les outils ou les armes. L’acquisition de ces biens par échanges directs, en utilisant le troc, devint alors très compliquée. La progression de la société humaine mena le système économique de l’époque au bout de ses possibilités, le troc atteignant ses limites quand les biens échangés ne sont pas de valeur équivalente.

La période qui suivit, avec l’apparition de l’agriculture il y a 10 000 ans, fût beaucoup plus riche, complexe et ambitieuse que l’époque paléolithique. Les hommes eurent la possibilité de faire évoluer le système économique en utilisant comme vecteur un objet intermédiaire, une valeur fixe comme une mesure de blé ou de riz, pour évaluer chaque bien échangé. La notion de prix était née. Il devenait alors aisé d'acquérir des biens : il suffisait de payer avec la quantité de riz, de monnaie, nécessaire à cet achat. La monnaie de l’époque assurait alors deux fonctions : elle autorisait les échanges économiques et permettait de fixer les prix.

Le monde a pu tourner avec une monnaie à deux fonctions pendant longtemps, mais les échanges économiques restaient limités. En effet, utiliser le riz, le blé, ou encore le sel ou la bière qui sont périssables et volumineux, contient l’activité économique à un usage domestique. Une monnaie à deux fonctions rend inconcevable la notion d’épargne. Il est alors impossible d’acquérir des biens de grande valeur comme une terre, une maison ou un navire.

L’économie était plus complexe car elle utilisait une monnaie avec un support, mais celui-ci ne permettait pas à la monnaie de remplir ses fonctions actuelles, il manquait alors la fonction de réserve. L’économie de l’époque offrait plus de possibilités que le troc mais ne pouvait pas non plus conduire à l'élaboration d’un système bancaire.

Ce sont les Grecs de l’Antiquité qui ont imaginé la monnaie qu’on utilise encore aujourd’hui. On était à l'âge du bronze et parce que le support de la monnaie était devenu métallique, elle pouvait désormais être une réserve de valeur et nous permettre, plus tard, d’élaborer un système bancaire. Notre monnaie, qui nous vient de cette lointaine époque, est, de fait, une monnaie antique.

On est passé d’une monnaie qui ne permettait pas la fonction de réserve ni l’établissement d’un système bancaire à une monnaie qui peut être une réserve et qui permet un système bancaire. Cette évolution de la monnaie est le fait du changement du support utilisé pour la véhiculer. On peut faire une réserve avec des pièces de monnaie, pas avec de la bière...

Même si, aujourd’hui, les supports de la monnaie sont très divers (pièces, billets, chèques, etc...), les fonctions de la monnaie n’ont pas changé. On pourrait développer un système bancaire en sesterces, mais toujours pas en bière.

Cette dernière évolution de la monnaie nous a permis d’imaginer des systèmes d’échanges et de circulation des biens très complexes. Grâce à elle, l’économie a changé de dimension, et ainsi l’utilisation d’une monnaie antique à trois fonctions a permis de bâtir toutes les civilisations qui nous ont précédés. Il s'agit de la même monnaie antique que nous utilisons aujourd'hui, et c’est grâce à l’usage d’une monnaie à trois fonctions que le monde économique que nous connaissons existe. De l’épargne à l’emprunt en passant par la fiscalité, rien ne serait possible sans une monnaie antique à trois fonctions.

De la même manière qu’on est passé d’une économie de type néolithique à une économie moderne en changeant le support de la monnaie, on pourrait aujourd’hui faire un pas de plus en changeant une nouvelle fois de support pour passer à une monnaie exclusivement électronique qui deviendrait, de ce fait, contrôlable. Elle pourrait ainsi remplir une quatrième fonction.

Une monnaie à quatre fonctions sera donc exclusivement électronique, elle ne circulera que dans le cadre d’un réseau informatique contrôlé. Il n’y aura plus de pièces ni de billets pour la véhiculer, et ce support exclusivement numérique et sous contrôle nous permettra d’ajouter une fonction à la monnaie. Et on pourrait définir librement cette fonction.

La quatrième fonction :

N’ayant pas de contrainte physique à respecter, nous sommes libres d’imaginer et de définir cette nouvelle fonction à notre convenance. Il faut néanmoins que cette monnaie à quatre fonctions soit compatible avec notre système économique, qu’elle soit utile au développement de notre société et qu’elle soit facile à utiliser.

On peut considérer que la société dans son ensemble est constituée d’individus et que son organisation repose sur l’expression de forces. Parmi ces forces, on peut identifier une force politique, une force économique, une force religieuse, et encore quelques autres. Si on considère l’économie comme une force d’organisation, on constate qu’elle s’exprime par l’intermédiaire d’un vecteur : la monnaie.

Il existe un système qui est organisé par des forces, qui utilisent des vecteurs, et qui fonctionne plutôt bien, c’est la nature. En effet, la physique quantique décrit l’univers comme étant constitué de particules qui sont organisées entre elles par des forces. Ces forces sont au nombre de quatre : la force de gravité, la force électromagnétique, la force nucléaire faible et la force nucléaire forte. Ces forces utilisent des vecteurs (les bosons) pour s’exprimer.

Pour aller droit au but, la force nucléaire forte est responsable de la cohésion des nucléons (les protons et les neutrons sont des nucléons, ils constituent le noyau atomique). Les nucléons sont constitués de trois quarks liés par des gluons (de la famille des bosons) qui sont les vecteurs de la force nucléaire forte.

Si on observe un proton au repos, il n’y a pas de gluon car les quarks n’en ont pas besoin pour conserver la cohérence du proton. Si on tape sur ce proton pour le casser, pour disperser ses quarks, des gluons apparaissent, et plus on va taper fort, plus il y aura de gluons; c’est cet étrange et bien réel comportement de la matière qui permet à la force nucléaire forte d’assurer la cohésion de ce proton. On peut dire que le besoin de gluons crée des gluons, et que lorsqu’ils ne sont pas nécessaires ils disparaissent. L’énergie investie pour casser le proton se transforme en gluons qui assurent sa cohésion.

On sait que la force nucléaire forte fonctionne correctement puisque l’univers existe, mais on constate que ce n’est pas le cas de la force économique qui participe à l’organisation de notre société. On observe l'efficacité du gluon qui répond à la nécessité de cohésion des nucléons, et on constate qu’aucune propriété équivalente n’existe pour la monnaie. Le gluon et la monnaie sont pourtant tout les deux des vecteurs de forces.

Serait-il possible d’utiliser une monnaie qui se comporterait comme les gluons, qui répondrait à la nécessité économique par création monétaire; une monnaie qui serait capable de transformer la nécessité économique en monnaie ? Probablement pas, car il suffirait à n’importe qui d’exprimer une nécessité économique pour que la monnaie dont il a besoin soit créée. On peut aisément admettre qu’une économie qui utiliserait une telle monnaie ne pourrait pas fonctionner car les agents économiques étant ce qu’ils sont, chacun cherchant naturellement son propre intérêt, la situation serait tout de suite ingérable.

Il y a cependant un agent économique particulier qui utilise déjà la création de monnaie lorsque cela lui est nécessaire. Il s’agit de l’État qui créé de la monnaie quand il en a besoin, mais cette création monétaire s’accompagne d’un endettement sans fin qui ne peut pas être remboursé. Si, seulement pour l’État, la monnaie fonctionnait comme le gluon et adoptait un comportement quantique, l’État continuerait à créer de la monnaie quand il en aurait besoin, mais sans le déficit assorti de l’énorme dette qui va avec.

On utilisera alors une monnaie qu’on qualifiera de quantique et qui remplira quatre fonctions : permettre les échanges économiques, indiquer les prix, pouvoir être une réserve de valeur et couvrir les budgets de l’État.

Pour rendre possible l’utilisation d’une monnaie quantique à quatre fonctions, il faut qu’elle soit exclusivement électronique et qu’elle évolue sur un réseau informatique contrôlé par l’État. Ce réseau informatique ne sera pas exactement celui que nous utilisons aujourd’hui pour notre monnaie antique élaborée il y a plus de vingt cinq siècles.

La Banque deviendra un organisme unique intégré à l’État, elle rassemblera l’ensemble des institutions financières : toutes les banques, les succursales, les agences, etc... Tous les intervenants agissant sur la monnaie seront sous le contrôle de l’État. Il ne s’agira pas de nationaliser les banques, mais de les intégrer à l’État. Il y aura un ministre de la Banque comme il y a un ministre de l’Éducation Nationale. Les banques dépendront de la Banque comme les écoles de l’Éducation Nationale.

La Banque assurera toutes les missions de toutes les banques que nous connaissons aujourd’hui : l’épargne, l’emprunt, les placements, les mouvements, les paiements, etc... Elle gérera tous les comptes bancaires : ceux de l’État, des particuliers, des entreprises, etc...

Il n’y aura donc qu’une seule Banque qui contiendra et gèrera la totalité de la monnaie quantique sur son propre réseau informatique. Toutes les banques existantes seront toujours là, avec les mêmes agences, le même personnel, les mêmes activités et mêmes les enseignes pourront être conservées pour préserver les repères de la clientèle. Par contre la gestion de la Banque ainsi que la politique économique seront définies et menées par l’État. La motivation de l’État devra être l'efficacité de l’économie pour servir les gens et leurs activités.

Aujourd’hui, avec notre monnaie antique, le financement des budgets de l’État est assuré par la perception d’impôts et de taxes en tous genres et, comme cela ne suffit pas, l’État est contraint d’emprunter tous les jours pour couvrir ses budgets.

Une monnaie quantique couvrira les budgets de l’État, cela signifie que l’État sera financé par la quatrième fonction de la monnaie. Concrètement, la quatrième fonction permettra de créer toute la monnaie nécessaire au financement de l’État et imposera de détruire toute celle entrant dans ses caisses par analogie avec le comportement quantique des gluons.

STOP : « créer toute la monnaie nécessaire au financement de l’État » donc inflation et hyper inflation comme en 29 !

C’est sûr qu’avec une monnaie à trois fonctions on aurait ce scénario. Car avec une monnaie antique les risques d’inflation et d’hyper inflation sont induits par la perte de la confiance qu’on peut avoir en la monnaie dont on ne peut contrôler, évaluer en fait, que le nombre.

Mais avec une monnaie quantique les choses seront sensiblement différentes car on aura sur la monnaie un contrôle total et absolu. On connaîtra en permanence et en temps réel son nombre, ses mouvements, sa localisation, et même l’historique de chaque partie de monnaie depuis sa création. A tel point que, schématiquement, si en 1929 on avait utilisé une monnaie quantique, on aurait pu réinstaller la sauvegarde du mercredi 23 octobre et ainsi éviter la catastrophe du jeudi noir.

Les contraintes :

Pour remplir ses fonctions, la monnaie quantique n’existera que par l’information, elle n’aura pas de support physique. Les pièces de monnaie et les billets de banque sont des supports physiques, ce n’est pas le cas des autres modes de paiement que nous utilisons comme les chèques, les cartes bancaires et autres virements qui ne font que transmettre de l’information.

Du fait de la disparition de la forme numéraire de la monnaie, on ne pourra régler nos factures et nos achats que par virements, chèques, cartes bancaires, téléphone, clics de souris, etc... Mais cette évolution de nos habitudes de paiement est déjà en marche et ne devrait pas présenter de difficulté.

Quelques applications d’une monnaie quantique :

Prenons le cas d’une société où toutes les personnes et les entreprises produisent 1 000 de richesse, l’État prélève 300 pour assurer ses missions (santé, éducation, sécurité, etc...). Il reste 700 que les gens vont consommer, et l’État va dépenser son budget de 300. On aura donc 700 + 300 de consommation pour 1 000 de production.

Pour schématiser cet exemple avec notre monnaie antique actuelle, on a :
- production = 1 000
- fiscalité = 300
- consommation = 700
- dépense publique = 300

On a donc : production = 1 000 et demande = 1 000 (700 + 300)
Tout va bien.

La même situation avec une monnaie quantique :
- production = 1 000
- fiscalité = 300
destruction des 300 perçus par l’État (la quatrième fonction impose de détruire la monnaie qui entre dans les caisses de l’État)
- consommation = 700
création de 300 versés à l’État (la quatrième fonction permet la création de toute la monnaie nécessaire à la couverture des budgets de l’État)
- dépense publique = 300

On a là aussi : production = 1 000 et demande = 1 000 (700 + 300)
Tout va bien.

Mais nous savons que les choses ne se passent pas ainsi, les 300 prélevés par l’État ne suffisent pas car il a besoin de 350.

Avec une monnaie antique on a :
- production = 1 000
- fiscalité = 300
- consommation = 700
- emprunt = 50
- dépense publique = 350

On a alors : production = 1 000 et demande = 1 050 (700 + 350)
- déficit = 50
- dette = 50

On ne peut pas dire que tout aille bien, car pour rembourser cet emprunt de 50 avec intérêts (emprunt A), l’État contractera un emprunt B plus important, puis un emprunt C encore plus important pour rembourser l’emprunt B, etc...

D’après les critères européens de bonne gestion, tout irait bien avec un déficit de 3%. Or 3% de déficit fait doubler la dette tous les 25 ans. En 2015 on avait 2 000 M de dette, si on a une bonne maîtrise de nos budgets on aura 4 000 M de dette en 2040, et si on poursuit nos efforts de bonne gestion on aura 8 000 M de dette en 2065, etc... Pour ajouter au problème, il convient de rappeler que depuis des années le déficit est supérieur aux 3 % tant espérés, et que rien ne semble pouvoir le réduire.

La même situation avec une monnaie quantique :
- production = 1 000
- fiscalité = 300
destruction des 300 perçus par l’État (la quatrième fonction impose de détruire la monnaie qui entre dans les caisses de l’État)
- consommation = 700
création de 350 versés à l’État (la quatrième fonction permet la création de toute la monnaie nécessaire à la couverture des budgets de l’État)
- dépense publique = 350

On a alors : production = 1 000 et demande = 1 050 (700 + 350)
- déficit = 0
- dette = 0
Tout va bien.

L’utilisation d’une monnaie quantique permettra à l’État de dissocier ses recettes de ses dépenses ce qui autorisera des stratégies économiques nouvelles car il n’aura pas besoin d’ajuster ses prélèvements pour financer son action.

Prenons le cas d’un salarié qui touche un salaire net de 2 000. Les charges salariales, patronales, sociales, etc... représentent 2 200. Le coût de ce salarié pour l’entreprise est donc de 2 000 + 2 200 = 4 200.

Avec une monnaie quantique on pourrait avoir :

Salaire net = 2 100 (5 % d’augmentation) et charges = 1 900. Le coût de ce salarié devient  alors 2 100 + 1 900 = 4 000 (5 % moins cher pour l’entreprise).

On aura donc une situation où les salariés auront une augmentation du salaire net de 5 %, les entreprises une baisse du coût du travail de 5 %, et il va de soi que la couverture sociale sera assurée par l’État grâce à la quatrième fonction de la monnaie quantique. Une situation où les salaires nets sont augmentés, les charges des entreprises baissées, et la couverture sociale assurée semble bien plus confortable que ce que nous connaissons aujourd’hui.

De plus, nos entreprises supportent 65 % de prélèvement quand on additionne la fiscalité, les charges sociales et les taxes. Avec une monnaie quantique, l’État n’ayant plus un besoin impératif de ces financements, il pourra réduire la charge des entreprises à 50 % comme en Allemagne ou même à 20 % comme au Luxembourg.

Par ailleurs, le temps de travail devrait être envisagé du point de vue de la biologie. Il est évident que lorsqu’on est jeune on a une plus grande capacité de travail qu’en fin d’activité professionnelle. Le travail devrait être apprécié sur la totalité du temps d’activité. Une monnaie quantique permettrait de financer une retraite qui conserve le niveau de vie après 35 ans de travail, et la durée du travail évoluerait suivant le temps déjà travaillé. On pourrait travailler 40 heures par semaine les 10 premières années d’activité, puis 35 heures par semaine les 10 années suivantes, puis 30 heures par semaine pendant encore 10 ans et enfin 25 heures par semaine les 5 dernières années d’exercice. Soit une moyenne de 33,5 heures par semaine.

Les applications proposées ici ne sont qu'un aperçu de ce que pourrait réaliser notre société si elle utilisait une monnaie quantique, ces principes peuvent se décliner pour toutes les activités humaines.

Quelques remarques :

Les échanges internationaux :

Changer le support de la monnaie pour lui conférer une quatrième fonction n’impose pas forcement de changer d’unité monétaire, nous conserverons l’euro comme monnaie nationale et nous la doterons simplement d’une quatrième fonction. Pour cela, nous n’utiliserons plus les supports numéraires de l’euro. Cela signifie qu'en France, personne ne pourra utiliser d’euro, ni aucune autre monnaie, en pièces et billets, ni les français ni les étrangers de qui nous accepterons les transactions numériques.

En ce qui concerne les échanges avec les autres pays, ils se feront dans la continuité, les mouvements financiers se dérouleront, comme aujourd’hui, sur des réseaux informatiques qui sont l'environnement naturel d’une monnaie quantique. Sur les comptes gérés par la Banque une monnaie électronique remplira quatre fonctions, mais seulement trois sur les comptes des banques étrangères. Ce qui ne changera rien, ni pour les étrangers ni pour nous.

Les relations économiques que nous avons avec nos partenaires qui utilisent l’euro ne se font pas en espèces, elles se poursuivront sans raison de changer. Néanmoins le fait d’utiliser la même monnaie nous permettra de les aider à boucler leurs budgets; de plus, comme l’État n’aura pas de contrainte budgétaire, il pourra financer les budgets européens pour alléger la pression fiscale de nos partenaires, y compris de ceux qui n’utilisent pas l’euro.

Concernant les taux de change, il n’y a pas de raison pour qu’ils soient influencés par l’utilisation d’une monnaie quantique, car la valeur d’une monnaie n'est pas liée à ses structures mais à l’économie dont elle dépend. Néanmoins, le fait d’utiliser une monnaie quantique renforcera notre économie et pourrait entraîner une évolution des taux de change que l’État veillera à encadrer pour déranger le moins possible l’ordre économique mondial.

Les riches :

On pourrait penser que l’utilisation d’une monnaie quantique risque de desservir une partie de la population, ce ne sera pas le cas. Mais les plus riches pourraient s’inquiéter sur l’avenir de leur fortune et être tentés par un exode économique.

Aujourd’hui, avec notre monnaie antique, on risquerait un ralentissement de l’activité économique par manque de financement. Mais avec une monnaie quantique les problèmes de financement disparaissent pour l’État qui contrôle la monnaie et la Banque. Donc s’il y a fuite des capitaux par crainte d’une évolution de la monnaie, notre économie ne sera pas touchée car l’État injectera la monnaie nécessaire à sa stabilité.

Cependant, au moment de la transition d’une monnaie antique à une monnaie quantique, on changera directement l’ancienne monnaie antique en monnaie quantique sans prendre en compte l’origine des fonds car le principe sera de changer la monnaie et rien d’autre. Une fois ce changement fait, il est très probable qu’il faudra justifier l’origine de toute monnaie antique qu’on voudrait introduire sur le réseau de la Banque pour la convertir en monnaie quantique.

Reportons nous à la dernière évolution de la monnaie, à l’époque de la Grèce Antique, quand elle a acquis sa fonction de réserve avec l’apparition des pièces de monnaie. Jusque là, la monnaie était supportée par des graines de céréales, du sel, de la bière, etc... Il y a certainement eu des riches en monnaie à deux fonctions qui ont refusé de changer leurs réserves de sel en pièces de monnaie, et ils se sont probablement ruinés. On peut supposer un scénario équivalent lors du passage à une monnaie quantique.

Si on n’a rien à craindre d’une fuite de monnaie antique avant la conversion monétaire, on risque de voir plutôt le mouvement inverse, les riches étrangers tenteront de détenir le plus de monnaie dans notre économie pour conserver un accès à celle-ci en utilisant une monnaie quantique.

Les pauvres :

Concernant les plus pauvres de notre société, l’utilisation d’une monnaie quantique les obligera, comme tout le monde, à avoir un compte bancaire, une carte de paiement, un carnet de chèque, un téléphone, et un accès à tous les modes de paiements numériques. La Banque fonctionnera probablement sans frais pour tous ses clients, qu’ils soient riches ou pauvres, l’utilisation d’une monnaie quantique se fera sans restriction pour personne.

Ceux qui ont des difficultés financières :

Il y a tous ceux qui aujourd’hui sont interdits bancaires, ou qui risquent de l’être, ou qui n’ont pas accès aux banques. Une monnaie quantique ne proposant pas d’alternative à l’utilisation de la forme électronique de la monnaie, il ne pourra pas y avoir d’interdiction bancaire. La Banque fonctionnera comme nos agences bancaires d’aujourd’hui, les incidents de paiement auront des conséquences : aujourd’hui on exclut les mauvais clients du système bancaire, avec une monnaie quantique on ne pourra pas le faire. Ils seront mis sous une forme de tutelle financière et ne pourront dépenser que ce qui leur permettra de boucler leurs fins de mois. Il faut garder à l’esprit que l’État aura les moyens d’augmenter la protection sociale afin d’éviter les situations personnelles dramatiques.

Les étrangers :

Il y a chaque année des millions de touristes qui visitent notre pays. Ils sont généralement équipés de cartes de paiement, de chèques, de smartphone, etc... Ils pourront utiliser leurs moyens de paiement chez nous sans problème et sans frais. Mais ils devront veiller à ne pas détenir de monnaie sous forme numéraire car les monnaies antiques étant incontrôlables, elles ne sont pas compatibles avec une économie qui utilise une monnaie quantique.

Les entrepreneurs étrangers qui souhaiteront investir dans notre économie seront les bienvenus, ils pourront utiliser de la monnaie quantique qu’ils auront déjà ou se financer par des investissements venant de l’étranger sous réserve d’indiquer l’origine de leurs fonds. Mais une économie avec une monnaie quantique n’aura pas besoin de rechercher des financements dans un système économique ancien pour être florissante, le contrôle que nous aurons sur la monnaie nous permettra de conserver notre économie saine et propre.

Il convient de remarquer aussi que les gens qui viennent clandestinement, sans compte bancaire, n’auront aucune chance d’interagir avec qui que ce soit. Ils ne pourront ni se nourrir ni se loger, encore moins trouver un emploi ou avoir accès à un service public. Ils seront très vite localisés. L’utilisation d’une monnaie quantique interdit l’anonymat, si on n’est pas identifié on ne pourra utilisé aucun moyen de paiement.

Les impôts :

Avec une monnaie quantique, l’État n’aura pas besoin des taxes et des impôts pour se financer, et on pourrait s’interroger sur l’opportunité de supprimer purement et simplement la fiscalité.

Les multiples prélèvements que nous impose l’usage d’une monnaie antique sont une forte pression économique mais aussi autant de liens entre l’État et ses citoyens. L’État influence, quelque fois sans le vouloir, les comportements des gens en usant de la fiscalité. Quand il taxait les fenêtres on a construit des bâtiments plus sombres, mais quand il détaxe les panneaux solaires il augmente l’activité économique du secteur et favorise l’utilisation d’une énergie renouvelable.

Supprimer la fiscalité priverait l’État de la possibilité d’agir sur les comportements de ses citoyens. Par exemple, la disparition des taxes sur les carburants ne conduirait pas nécessairement à des comportements très responsables.

En fait, entre une économie sans aucun prélèvement et la situation fiscale actuelle il y a une très grande différence, et rien ne peut nous assurer que nous optimiserons le développement de notre société avec une fiscalité nulle. Par contre, ce que nous savons, c’est qu’une baisse de la fiscalité des entreprises et des particuliers sera salutaire.

Il sera donc prudent de réduire la pression fiscale avec retenue pour inscrire notre économie dans une croissance ferme, maîtrisée et raisonnable. On simplifiera et utilisera la fiscalité comme un tableau de commande de notre stratégie économique, mais elle ne devra pas disparaître.

L’économie :

L’État est au centre de deux importants flux financiers qui concernent des sommes gigantesques et qui représentent, chacun, pratiquement la moitié de notre activité économique. Il y a un flux qui part des caisses de l’État vers tous les agents économiques à travers les salaires versés aux fonctionnaires, les prestations sociales, les aides et commandes passées aux entreprises, etc... Et il y a un deuxième flux qui se dirige vers les caisses de l’État et qui est alimenté, sous forme de taxes et impôts, par tous les agents économiques. 

Théoriquement, avec une monnaie antique, ces deux flux doivent être strictement de même valeur pour que les choses se passent bien. Ce qui n’est évidemment pas le cas, car le flux sortant des caisses de l’État est toujours plus important que le flux entrant. Comme ils sont totalement liés l’un à l’autre, pour tenter d’atteindre l’équilibre comptable il faut régulièrement augmenter le flux entrant en alourdissant la pression fiscale et promettre de réduire le flux sortant, sans jamais y parvenir. Mais cela ne suffit pas et l’État emprunte pour couvrir ses budgets.

Avec une monnaie quantique, ces deux flux ne seront plus dépendants l’un de l’autre, ce qui autorisera des stratégies sociales et économiques très différentes de ce que nous connaissons aujourd’hui. L’augmentation de la protection sociale deviendra alors compatible avec une politique économique libérale et une fiscalité allégée. Il deviendra possible de protéger mieux tout en baissant les charges et les impôts.

La liberté est le fondement de notre société, elle doit concerner toutes les activités humaines, et bien sûr l’économie. L’économie libérale n’aime pas le vide, elle explore en permanence de nouvelles possibilités, et elle s’adapte au mieux à son environnement. C’est la liberté de l’activité économique qui permet de créer les richesses et c’est elle qui pousse à les distribuer. La liberté de l’économie sera toujours plus efficace qu’une économie dirigée, et l’État, bien qu’ayant le contrôle sur la monnaie, risquerait de scléroser le système s’il ne veillait pas à encourager le libéralisme économique.

La confiance :

Au cœur du système économique se trouve la monnaie, et à la base de l’économie il y a la confiance. Aujourd’hui nous utilisons l’euro, preuve que nous avons confiance en l’économie de la zone euro. Pourtant notre économie est pratiquement à l’arrêt, sans croissance, avec un chômage très élevé depuis longtemps, les caisses de l'État sont déficitaires, nous avons accumulé une dette colossale, etc...

Mais nous avons confiance en notre économie, car les gouvernements successifs nous promettent la reprise, la croissance qui va avec et enfin une réduction du chômage, beaucoup d’incantations sans résultat. Et même si tout se mettait à aller bien et qu’on respecte les critères de déficit prévu, nous continuerons à accumuler de la dette. 

Alors si nous avons confiance avec une monnaie antique qui n’offre aucune perspective, nous pourions avoir confiance avec une monnaie quantique qui nous permettra de cesser l’endettement de l’État, de diminuer la fiscalité sur les particuliers et les entreprises, d’augmenter les salaires nets, de renforcer la protection sociale, etc... 

Utiliser une monnaie quantique qui s'appuiera sur une économie libérale dynamique et innovante, soutenue par un État providentiel, pourrait bien recueillir la confiance des gens et permettre de construire une nouvelle économie pour une société mieux adaptée à nos besoins.

Conclusion :

Étant donné notre aptitude aux progrès scientifiques, si difficiles à obtenir, on peut s’interroger sur l’absence de solutions à nos problèmes économiques. Pourtant, tout ce qui fait l’économie est purement et exclusivement humain à commencer par son vecteur : la monnaie.

A chaque étape de l'évolution de la monnaie il y a eu la nécessité de répondre à un besoin réel, et à chaque fois un changement du support de la monnaie et l'évolution psychologique des utilisateurs ont permis l'acquisition d’une fonction supplémentaire à la monnaie.

Au début de notre histoire la monnaie n’existait pas, puis l’humanité s’est organisée en société et le troc est né. Avec l’agriculture, la monnaie s’est dotée d’une fonction supplémentaire, puis avec la métallurgie d’une troisième. Aujourd’hui nous entrons dans l’ère de l’information et comme la monnaie n’a plus besoin de support physique pour exister, elle pourrait remplir une quatrième fonction.

Nous avons créé la monnaie pour qu’elle réponde à nos besoins, et comme nous l’avons déjà faite évoluer plusieurs fois dans l’histoire, rien ne nous impose ses limites actuelles. Utiliser une monnaie exclusivement numérique nous permettra de la contrôler et de lui attribuer une quatrième fonction pour en faire une monnaie quantique qui couvrira les budgets de l’État.

On peut considérer que l’État utilise déjà la fonction de création monétaire pour couvrir ses budgets, mais il doit s’endetter pour le faire avec une monnaie antique, ce qui n’arrivera plus avec une monnaie quantique. L’utilisation d’une monnaie quantique permettra à l’État de se financer sans dépendre des impôts et des taxes.

La monnaie quantique est parfaitement compatible avec notre système actuel car la presque totalité de nos euros est déjà sous forme numérique. Elle est facile d’utilisation et l’État, libéré de ses contraintes budgétaires, pourrait enfin mener des politiques cohérentes pour améliorer la vie de ses citoyens.

La monnaie quantique n’est pas une théorie économique, elle ne s’appuie sur aucune idéologie, c’est une évolution technologique de la monnaie. Elle règle le problème des déficits publics et autorisera l’État à mener des politiques qui répondront au principe de nécessité plutôt qu’à des exigences comptables.

Devant la succession de crises que nous ne réglons pas, ceux qui pensent qu’on a tout essayé se trompent car ils ont la faiblesse de croire que, ne connaissant pas de solution, il n’y en a pas; et pire, que ce n’est même pas la peine d’en chercher. Si les scientifiques avaient eu ce comportement on continuerait à subir des famines, à se déplacer à cheval et à avoir une espérance de vie de 25 ans.

Étant donné la qualité des résultats obtenus par notre personnel politique, il n’y a rien d’étonnant à ce que le peuple exprime son mécontentement de diverses façons. Notre société semble prête à faire évoluer ses structures politiques, économiques et sociales pour sortir d’un système que nous savons voué à l’échec. Si elle ne l’a pas encore fait c’est parce qu’elle n’a pas de nouveau modèle pour remplacer l’ancien, mais les choses pourraient changer...

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12 avril 2017 3 12 /04 /avril /2017 08:33

Les discussions actuelles sur la « la sortie des traités européens » sont proprement surréalistes. Les traités européens sont actuellement nominalement appliqués tout en étant réellement inappliqués si l'on considère le sens objectif des textes. Il suffit de considérer la politique de quantitative easing de la BCE qui gonfle le bilan central avec du collatéral dont le prix est arbitraire hors du droit commun européen et dénoncé comme tel par les Allemands eux-mêmes. Ou les normes de déficit et d'endettement public qui sont tordus dans tous les sens selon les pays pour afficher un semblant de cohérence.

Le programme de France Insoumise consiste à ne pas appliquer les textes d'une autre manière que l'actuelle afin de revenir dans la finalité d'une construction possible de l'Europe politique. Il s'agit de changer des faits contradictoires avec les traités par des faits alternatifs qui posent une réalité cohérente et acceptable aux peuples européens. De cette nouvelle réalité doit émerger les conditions politiques de possibilité économique d'une matière commune formalisable dans une délibération politique de la réalité européenne.

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4 avril 2017 2 04 /04 /avril /2017 17:38

La proposition de matérialiser l'empreinte écologique dans le calcul économique par la modulation des taux de TVA est puissante et concrète. Elle repose sur les principes et constats :

  1. 1. que le prix de revient à la consommation des biens et services doit provisionner le coût de régénération par produit de ce qui a été prélevé dans la nature ;

  2. 2. que le consommateur doit régler sur ses revenus le financement fiscal de l'effort nécessairement collectif à protéger le milieu naturel du bien vivre de tous ;

  3. 3. que la préservation du milieu naturel passe nécessairement par un budget public de recettes fiscales et de commandes à l'économie réelle pour investir et réparer dans des projets sur des domaines qui appartiennent aux biens communs publics collectifs ;

  4. 4. que l'économie des échanges privés entre particuliers et intérêts privés doit s'intégrer totalement sans aucune échappatoire possible dans le cadre négociable délibéré des lois, normes et actions communes publiques de préservation globale mondiale du milieu naturel.

La mutation de la TVA en impôt du bien commun naturel physique n'est rien moins que l'abandon à l'échelle de la souveraineté nationale puis de la souveraineté mondiale du non-système de pouvoir virtuel du capitalisme libéral. Si on est sincèrement et sérieusement désireux de régénérer la planète livrée au pillage libéral ainsi que nos sociétés anéanties par les intérêts oligarchiques, comment peut-on éviter un travail constitutionnel de remise à plat de l’État au moins français du vivre ensemble ?

Il faut poser objectivement la responsabilité économique politique de la nation sur le territoire naturel étatique ; lequel doit lui être attribué et reconnu par la société mondiale des nations. Il faut que les normes de protection de l'homme dans son milieu naturel de vie fassent système opératoire imposable à tout intérêt ; que les intérêts particuliers soient négociables dans une loi commune indépendante de l'économie des individus ; que la force publique de contrôle et de régulation des échanges ne soit pas financièrement capturable par un calcul économique décontextualisé de la réalité naturelle universelle.

L'enjeu est évidemment de remettre la circulation et l'accumulation du capital dans les frontières de la loi des hommes et des sociétés de nature commune. Juridiquement cela signifie que le pouvoir financier est du pouvoir judiciaire : il mesure le crédit pour émettre la liquidité monétaire de règlement des prix justes selon la loi commune professionnellement vérifiée. Le pouvoir judiciaire étant un attribut de la souveraineté ne peut pas être exercé en dehors de la personne morale d’États constitués par une même loi applicable sur un périmètre défini limité. Par conséquent, toute banque dont la prime de capitalisation n'est pas la propriété publique d'un État constitué internationalement solvable doit être mise en faillite par la constitution française.

Tout banquier doit avoir le statut de magistrat contrôlable par un organe judiciaire responsable devant le peuple souverain par un capital d'assurance fiscale. Le capital d'assurance fiscale des banquiers ne sera détenu et souscrit que par des personnes physiques qui soient citoyens de plein droit ; débiteurs de leur travail pour le bien commun et créanciers de la collectivité pour leur existence personnelle. Concrètement, le développement durable est un non sens si financé par des sociétés bancaires anonymes mais une réalité probablement vraie si financé par des compagnies (structure juridique) de citoyens ingénieux libres et responsables.

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Pierre Sarton du Jonchay
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Le Blog de Paul Jorion

 

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