Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 mars 2020 3 25 /03 /mars /2020 11:46
Arnaud Ramponneau (AR) :

Nous avions brièvement échangé par courriel autour de votre projet de monnaie compensatoire. Je me demandais simplement si vous aviez envisagé de le développer sur le réseau Bitcoin ?

Pierre (PSJ) :

Pour être précis, la monnaie compensatoire est totalement matériellement digitale comme le bitcoin. Mais elle ne circulera pas dans le réseau des titulaires de compte bitcoin car elle repose sur un principe d'identification réelle unique et physiquement vérifiable des déposants. L'identification physique est associée à une preuve de travail humain personnel et non à une dépense d'énergie dans une machine de calcul logique.

Le travail humain de certification du crédit en monnaie qui matérialise l'unité de compte est posé non comme un avoir du déposant mais comme une relation de confiance à double sens entre le créancier individuel du dépôt monétaire et le débiteur social des actifs mis en production. Les actifs sont transformés dans les personnes morales au bénéfice des personnes physiques.

La monnaie compensatoire est une monnaie véritable au sens où elle matérialise une valeur par un double flux informationnel : le titre et le prix de la chose nommée dans un sens contre la chose réelle entre un acheteur et un vendeur dans l'autre sens. La monnaie compensatoire digitale adosse la virtualité comptable et financière à la réalité objective des échanges entre des personnes physiques solidaires par les sociétés réelles effectives.

Techniquement, la monnaie compensatoire est un bitcoin en ce qu'elle fonctionne avec un registre virtuel délocalisé de structuration de l'information qui circule entre des déposants identifiés à partir d'un nœud de réseau particulier et spécifié.

AR :

Merci beaucoup pour votre réponse, c’est très intéressant de reprendre notre échange. Je vous posais la question car par sa conception même, Bitcoin est à la fois un protocole monétaire et un protocole de paiement. Il régit l’émission monétaire d’un jeton numérique le bitcoin, mais aussi ses échanges au sein du réseau. Aussi, il démontre chaque jour sa capacité de résilience, par ses évolutions techniques comme Lightning (scalabilité) mais surtout en terme de sécurité puisqu’il n’a jamais été corrompu.

Si ma compréhension est bonne, cette monnaie serait créée par preuve de travail au sens littéral du terme comme du crédit, pour venir équilibrer une autre personne qui serait dans une position de débit social. Mais alors comment définir cette qualité de débit ? Sur quels critères s’appuyer ?

PSJ :

La question de la justification et de la consistance du crédit digital est le point de départ de la possibilité d'une monnaie compensatoire. Concrètement, c'est un problème de cognitivité, de science sociale et de choix moral individuel et collectif. En fait, je retourne aux premières techniques juridiques de matérialisation du crédit entre les personnes physiques à l'intérieur d'une communauté sociale et étatique de valeur : par exemple la cité grecque, l'empire romain ou la principauté médiévale.

La technique juridique que je digitalise est celle de la lettre de crédit et de change. Concrètement, il s'agit d'une parole écrite circulant entre un prêteur de capital et un emprunteur du prix créditeur de ce capital. Le prêteur et l'emprunteur sont deux personnes physiques en rapport de confiance par 3 ordres sociaux de solidarité : une solidarité d'affaire dans la production et la vente d'un certain objet ; une solidarité juridique dans l'appartenance à une même souveraineté étatique ; une solidarité marchande par un même espace de calcul et de livraison de la réalité sous les prix réglés en signe monétaire.

En résumé, la monnaie compensatoire digitale a en plus de la fonction de paiement du bitcoin, la fonction de comptabilité du crédit par la loi ; et la fonction de réserve de valeur par la cambiarité du virtuel en réalité interpersonnelle sensible.

AR :

C’est attentivement lu ! Cette monnaie « médium d’échange » me fait penser à un système de crédit mutuel. Dans le sens où les unités monétaires se créent pour le niveau de transaction donné et où la monnaie est émise par l’échange lui-même (à l’inverse dans le système de monnaie traditionnelle, il faut toujours un niveau de monnaie minimum pour effectuer l’échange avec risque de défaut). Cela s’en rapproche d’après vous ?

PSJ :

Vous avez tout à fait saisi et compris : une mutualisation du crédit et une proportionnalisation exacte de la "création monétaire" à la vérification du crédit par l'échange interpersonnel réel. 😃

AR :

Vraiment captivant ! Cela exigerait de « contrôler » la politique monétaire par une chambre compensatoire (qui peut-être gérée par algorithmie) ?

PSJ :

Exactement ! La chambre de compensation inter-monétaire (donc internationale) a vocation a devenir l'instrument d'une banque centrale multinationale dont les États souverains soient les associés gérants solidaires en tant que personnes morales par un droit financier véritablement international et mondial. La compensation internationale utilisera une unité de compte convertible en dette publique de chaque personne morale étatique identifiée dans la socialité financière mondiale. Et chaque dette publique sera consolidée dans une balance internationale des crédits moyennant la parité de change variable des monnaies nationales localisées.

Dans cette algorithmie marchande et cambiaire, les prélèvements fiscaux sont des souscriptions citoyennes négociables de capital public d'une souveraineté particulière. Les dépenses publiques d'investissement ou de distribution de valeur publique sont les dividendes monétaires de la mutualisation du crédit par les nationalités et transnationalités.

AR :

C’est entendu. Mais puisque chaque personne morale est un État-associé de la banque centrale internationale, cette dernière émettra la monnaie compensatoire en tenant compte de la balance des paiements de chaque État ? Et on serait donc dans un système de change fixe à la manière de l’étalon-or ? J’avoue sécher sur la question des taux de change…

PSJ :

Non pas des changes fixes ; des changes ajustables en temps réel, transaction de crédit par transaction de crédit, sous l'assurance de primes de change qui soient des primes de crédit (CDS) entre zones monétaires érigées en personnes morales étatiques. C'est le système monétaire d'avant l'avènement des "changes flottants" imposés par les États-Unis de Nixon avec l'abandon de la parité en or du dollar le 15 aout 1971 ; mais la monnaie compensatoire n'est pas étalonnée par un poids d'or métal. La matière physique est remplacée par la matière logique : un étalon crédit international dont la parité de change en chaque monnaie étatique est algorithmisée dans la chambre de compensation internationale.

En fait, il s'agit de digitaliser la chambre de compensation proposée par Keynes en 1944. Donc effectivement, de faire un calcul central en temps réel du solde des paiements de chaque monnaie qui soit consolidable  soit par ajustement de la parité nominale sur les paiements futurs, soit par achat ou vente des primes de change-crédit des banques centrales ; dont les personnes morales étatiques sont les associés-gérants ou les créanciers-débiteurs.

AR :

Entendu, je vais creuser davantage de mon côté. C’est bien son plan monétaire international appelé Bancor ?

PSJ :

Oui (le bancor sur le Blog de Paul Jorion).

AR:

Merci pour toutes ces explications. J’espère que les développements du projet avancent bien.

PSJ :

Oui, cela avance bien et les questions que vous me posez me font mesurer le degré de maturation du concept et de maîtrise opérationnelle du projet. Le défi du moment est l'algorithmisation transparente au sens commun du processus de formalisation des chaines de valeur, de calcul des prix et de réalisation des objets livrables contre monnaie.

Partager cet article
Repost0
13 janvier 2019 7 13 /01 /janvier /2019 18:49
La justice à la racine du prix économique

L’impôt est le prix réel de la gratuité et donc la condition de distribution d’un revenu universel réel d’existence garantie à tous. La gratuité n’est pas l’absence de prix mais l’inconditionnalité économique de l’existence humaine individuelle pour tous les membres d’une société. La gratuité est évidemment un vœu pieux donc une aberration économique s’il n’est aucun moyen logique de répartir la consommation des biens vitaux essentiels dans la limite de ce qui est effectivement produit et disponible par la responsabilité des travailleurs. Le revenu universel est évidemment une aubaine pour les prédateurs capitalistes si la contrepartie réelle du revenu distribué n’est pas gérée et garantie par des officiers publics protégés de la corruption de l'égoïsme des intérêts privés particuliers.

Le problème du financement de la gratuité réelle par le revenu universel est donc une question de cloisonnement des financements sociaux alloués à l’existence des personnes physiques et morales par rapport aux financements individualistes des intérêts privés. En termes comptables, il faut rendre impossible la capture par les propriétaires du capital privé de la part de la valeur ajoutée effectivement produite pour satisfaire les besoins vitaux des personnes. Cela signifie que les impôts, taxes et prélèvements sociaux ne doivent pas être calculés et prélevés sous le contrôle direct des propriétaires privés du capital ; donc que le prix des biens et actifs doivent être déposés dans un marché public régulé par du capital public non miscible au capital privé.

La plus-value subordonnée à la valeur ajoutée

Le seul moyen matériel logique de distinguer et séparer le capital public représentant l’intérêt général du capital privé représentant l’intérêt particulier des individus est la monnaie exclusivement indexée sur et par les sociétés politiques. Une société politique est un regroupement de personnes physiques mettant des intérêts en commun sous une même politique collective. L’État est une société politique d’intérêt général dont l’objet est l’existence-même des personnes physiques qui le composent. L’entreprise est une société politique d’intérêt particulier dont l’objet est la production de certains biens au bénéfice matériel de ses parties prenantes.

La séparation économique et juridique entre l’intérêt général et l’intérêt particulier non général ne peut être réalisée que par des unités monétaires distinctes entre des sociétés politiques différentes. Il en découle alors que le prix d’intérêt général d’un bien particulier devient différentiable des prix d’intérêt privé de ce même bien. Alors il devient possible d’interdire concrètement la capture d’un intérêt général par du capital privé représentatif d’un intérêt matériel particulier. A contrario, il apparaît évident que le capitalisme libéral facilite la capture de l’intérêt général dans l’intérêt privé par la dénationalisation des monnaies qui interdit le contrôle public de la légalité des prix ; et par la titrisation anonyme privée des biens qui soustrait le calcul des prix donc le partage de la valeur ajoutée à l’arbitrage fiscal de l’intérêt général.

Assurer l'universalité du revenu par la monnaie

Pour que la gratuité de l’existence soit effectivement financée par un revenu universel d’intérêt général, il faut donc rétablir la subordination des marchés aux États et la subordination des entreprises aux marchés réellement régulés par l’intérêt général. Chaque État et chaque entreprise doit avoir son unité monétaire propre : la fonction du marché est alors de recevoir le dépôt public légal de la propriété des biens échangeables et de répartir la valeur ajoutée par le prix publiquement négocié des biens. Le règlement du prix ne se fait plus par une seule monnaie mais par toutes les monnaies des intérêts généraux et particuliers des personnes physiques impliquées dans la production, la consommation et l’équité en prix du bien.

La différenciation des intérêts par la distinction des unités monétaire implique que le marché des biens soit aussi le marché des changes. Une monnaie est un bien en tant qu’unité de pouvoir d’achat universel de la valeur ajoutée actualisée. Toute unité monétaire doit pouvoir s’acheter ou se vendre dans son prix publiquement négociable dans une autre monnaie. La conversion d’une monnaie dans une autre se règle alors par deux unités de compte distincte qui sont la parité nominale et la prime de change. La parité nominale règle l’équilibre des intérêts privés entre acheteur et vendeur ; la prime de change règle le prix de l’intérêt général à la société politique qui solidarise les intérêts particuliers dans une existence commune. La prime de change est donc la fiscalité qui finance le revenu universel d’existence gratuite dans la société politique qui garantit la réalité et l’universalité d’une même valeur ajoutée.

Le vrai capital comme prix de la réalité légale juste

La régulation de la monnaie et des prix par le droit réel des personnes physiques à exister met un point d’arrêt à l’escroquerie libérale de la libre circulation du soit-disant capital. La détention anonyme déterritorialisée des titres de propriété et leur représentation monétaire détachée de la garantie économique des sociétés politiques effectivement constituées, fait que le capital réel est remplacé par un simulacre financier. La libre circulation financière du capital à l’échelle du monde a pour contrepartie l’écrasement des salaires au profit de la rentabilité spéculative du capital, l’asphyxie de la dépense publique par l’évasion fiscale, la corruption des responsables publics par des intérêts invisibles et la prédation des ressources naturelles aux dépens de l’intérêt général des humains.

L’économie de la gratuité de l’existence humaine n’a pas d’autre réalisation possible que dans la refondation de la monnaie. La matérialisation de la valeur ajoutée dans le prix de marché régi par le droit réel des personnes signifie que le prix de l’existence universelle de chacun est systématiquement inclus dans tout règlement monétaire. Le pouvoir d’émettre, de prêter et de conserver la monnaie ne peut pas être confié à des intérêts particuliers garantis par du capital privé. La gestion des signes monétaires est la prérogative du pouvoir judiciaire séparé dans ses trois pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire qui fondent l’intérêt général effectif.

Une société politique est judiciairement efficace si tous ses membres sont physiquement identifiables dans leurs ventes et leurs achats de valeur ajoutée. La fonction réelle du marché est de garantir par des unités monétaires politiquement différentiables la responsabilité de chaque propriétaire de capital à garantir l’existence gratuite de toute personne humaine.

Partager cet article
Repost0
20 septembre 2018 4 20 /09 /septembre /2018 16:01

Ce texte a été publié par Paul Jorion le 18 octobre 2010 sous le titre L’appel de Zhou Xiaochuan, dix-huit mois plus tard.

Il y a dix-huit mois

Le 23 mars de l’année dernière, dans un texte intitulé : « Réformer le système monétaire international », Zhou Xiaochuan, le gouverneur de la Banque Populaire de Chine (PBC), la banque centrale chinoise, établissait un bilan précis et étayé de la crise mondiale dans sa dimension monétaire. Il expliquait que l’actuel système international, fondé sur l’utilisation d’une monnaie nationale, le dollar américain, est inédit dans l’histoire monétaire mondiale.

Jusqu’en 1971, le dollar a été admis par les accords de Bretton Woods comme unité de compte et de réserve internationale équivalente à un poids constant d’or à raison de 35 dollars pour une once. En aout 1971, le Président Nixon décidait unilatéralement de suspendre la convertibilité du dollar en or à un prix fixe. À partir de cette date, la monnaie a changé de nature, en rupture avec la conception multi-séculaire qui avait prévalu jusque là. La Réserve Fédérale des États-Unis ne garantit plus la conversion de ses crédits contre une quantité certaine de métal. Le dollar n’est plus alors que la représentation comptable d’un crédit auprès de la Fed, échangeable contre n’importe quel bien ou service réel mais à un prix flottant au gré du marché.

Dans sa déclaration, le Gouverneur de la Banque Centrale de Chine constate qu’une expérience multi-séculaire de la monnaie a enseigné la nécessité d’aligner la circulation de signes monétaires sur l’offre de biens et services disponibles à la vente. La monnaie doit être émise selon des règles qui ajustent la comptabilité des revenus de toute nature à l’équilibre de l’offre et de la demande. Sans entrer dans le détail du mécanisme de la création monétaire par le crédit, Zhou Xiaochuan pose que l’adossement de la monnaie au crédit n’est pas intelligible sans des règles explicites préalables. Si donc une banque centrale peut piloter l’émission monétaire par sa politique d’allocation de crédit, cette capacité n’existe pas hors de son périmètre de souveraineté. Sans nommer le dollar, Zhou Xiaochuan dénonce la contradiction dans laquelle se retrouve un banquier central qui prétend gérer avec un seul instrument deux équilibres différents, celui de son économie nationale et celui de l’économie mondiale.

Une monnaie sert à exprimer des prix d’équilibre instantané d’offre et de demande pour un bien. Elle sert également à comptabiliser à partir de ces mêmes prix les dettes qui résultent des délais de règlement accordés aux acheteurs par les vendeurs. Quand les prix internationaux sont fixés avec une monnaie nationale, la même banque centrale se retrouve responsable de la liquidité des prix internationaux, de la liquidité des prix domestiques et de la liquidité des crédits entre le marché domestique et le marché international. Elle accorde des crédits selon les besoins anticipés de transaction sur son marché domestique. Elle intègre les transactions des opérateurs domestiques  avec l’étranger. Mais elle ignore toutes les transactions des opérateurs étrangers réglées avec sa monnaie hors de son propre champ de régulation. Le banquier central d’une monnaie « de référence », c’est-à-dire utilisée hors de son marché domestique, n’a pas de vision fiable ni du besoin de liquidité des étrangers entre eux ni du crédit réel de son économie nationale face au reste du monde.

Zhou Xiaochuan dénonçait donc l’année dernière l’absurdité objective du système monétaire international en vigueur. Il conclut logiquement à la nécessité de dissocier l’unité de compte, de règlement et de dette internationale de toute unité de compte nationale. La banque centrale responsable de la liquidité internationale des prix et des dettes ne peut en aucun cas être une banque centrale nationale. La stabilité de la valeur de l’unité de compte internationale doit dépendre d’un système bancaire spécifique dont la gouvernance doit nécessairement être multinationale. Les institutions fondées par les accords de Bretton Woods, le FMI et la Banque Mondiale, répondent en fait à cette exigence et Zhou Xiaochuan note qu’elles ont été dotées à partir de 1969 d’une nouvelle unité monétaire, le Droit de Tirage Spécial (DTS), définie comme un panier de plusieurs monnaies. La valeur du DTS est la moyenne pondérée des taux de change des monnaies nationales qui la composent. Elle est déterminée par les politiques monétaires de plusieurs pays. Mais le FMI n’a aucun pouvoir d’émission autonome lui permettant de gérer la liquidité mondiale.

Zhou Xiaochuan voit dans le FMI les prémices d’une banque centrale mondiale capable de gérer la liquidité mondiale avec un objectif de stabilité globale des prix en DTS. Mais cela implique l’autonomie d’émission de crédits en DTS et une cotation minimale d’actifs en DTS pour fournir au FMI un référentiel de prix qui mesure la valeur du DTS. Le Gouverneur de la PBC réclame le retour au schéma proposé par Keynes d’une monnaie internationale distincte dans sa définition des monnaies nationales et il propose en conséquence une redéfinition du DTS par des actifs réels négociables en DTS. La définition rigide par un panier fixe de monnaies est abandonnée. Les contreparties de l’émission du DTS ne sont plus des droits fixes alloués aux États qui engagent leur monnaie dans la composition du DTS mais les réserves de change déposées en fonction de l’activité économique réelle. Zhou Xiaochuan pose donc la règle d’un jeu financier international gagnant-gagnant ajusté au poids et au rôle réels des économie nationales dans le monde.

Un an et demi après

Constatons qu’un an et demi après la prise de position du Gouverneur de la BPC, aucune analyse économique étayée et argumentée n’est venue contredire la demande chinoise. Bien au contraire, la politique de relance budgétaire et monétaire menée avec une certaine concertation au sein du G20 a fait long feu. La croissance s’est maintenue dans les pays émergents – dont la Chine – mais s’est éteinte dans les pays développés après un faible redémarrage. Les dysfonctionnements du crédit à l’origine de la crise des subprimes sont toujours à l’œuvre. La dette publique s’est substituée à la dette privée pour nourrir l’allocation du crédit. Les actifs sous-jacents aux titres subprimes ne sont plus des emprunts ou du capital privé mais des passifs d’État et de banque centrale. Les règles de liquidité du crédit restent opaques pour dissimuler qu’aucune richesse ne s’est créée entretemps en contrepartie de la monnaie créée. Le moteur monétaire de la croissance mondiale est l’endettement des États et il est plus difficile de définir et démontrer la solvabilité des emprunteurs en 2010 que ce n’était le cas en 2008. La Chine et les autres pays émergents ont accumulé des créances internationales en dollar, euro, yen et franc suisse, alors que l’incertitude accrue sur la valeur réelle de ces monnaies nationales.

L’instabilité des monnaies, latente au printemps 2009, est explicite à l’heure qu’il est. L’inondation de dollars ne peut plus être déclarée temporaire puisque la croissance ne redémarre pas aux Etats-Unis et que l’on se prépare à une nouvelle inondation. Les déposants internationaux en dollar cherchent à détenir leurs réserves de change dans d’autres monnaies. Ils poussent le dollar à la dévaluation et les monnaies-refuge à la réévaluation. Mais une réévaluation dégrade la compétitivité extérieure et menace la croissance domestique à proportion de l’intégration nationale dans les échanges mondiaux. Les banques centrales nationales, submergées par des afflux de capitaux en quête de protection, ont le choix entre laisser leur change se réévaluer, à l’instar de la Banque Centrale Européenne, et accroître leur émission monétaire, comme la Fed, et noyer leur économie domestique dans l’inflation et les bulles spéculatives sur les actifs domestiques. La liquidité mondiale est de moins en moins contrôlable. Les masses de capitaux circulantes génèrent des plus-values fictives et des capacités d’endettement hors de toute appréciation réaliste de la rentabilité. Des bulles de plus en plus grosses peuvent se créer n’importe où et provoquer la mise en faillite au choix d’un État ou d’une méga-banque.

L’économie réelle est à la recherche de repères fiables pour diriger et mesurer ses investissements. Le calcul économique est entaché d’une telle incertitude que les investisseurs réels limitent leur risque à des perspectives de rentabilité très élevées ou s’abritent sous la garantie publique. Ils accroissent la dette publique latente et la charge fiscale potentielle. Le recul des services publics et des protections sociales, le désendettement public, sont anticipé dans l’épargne de précaution. Le diagnostic esquissé par Zhou Xiaochuan est amplement confirmé par les faits. Les gouvernements et opérateurs financiers  connaissent ces faits, les intègrent dans leur anticipations et par là en amplifient les conséquences. Aucune logique collective de substitution ne se forme d’une rationalité monétaire internationale. L’instabilité monétaire engendre la volatilité des prix. Cette volatilité oblige l’économie réelle à mobiliser plus de capital pour ses investissements ou bien à acheter plus cher les instruments financiers de couverture du risque. Dans l’un et l’autre cas l’industrie financière accroît ou maintient sa captation de valeur sur l’économie réelle et se donne l’illusion de sa solidité et de sa rentabilité. Mais la richesse réelle se dérobe derrière l’apparente résistance des prix nominaux. L’épaisseur du plancher sur lequel gouvernements et banques occidentales spéculent et discutent n’a jamais été si mince.

Faut-il attendre une catastrophe pour que les propositions du Gouverneur de la PBC soient sérieusement étudiées ? La puissance militaire des États-Unis permettra peut être de continuer à imposer un prix forcé du dollar au monde entier mais ne parviendra pas à lui restaurer une valeur qu’il n’a pas. Aucune argumentation politique ou financière ne pourra forcer les banques à prêter au consommateur américain dont le déclin des revenus est irréversible. La croissance est morte dans tous les pays développés émetteurs de monnaie de réserve ou de monnaie refuge contre le dollar. La mutualisation des contreparties mesurées réellement à la masse monétaire internationale est  indispensable. L’exportateur de valeur réelle réduit ses investissements dans une production future s’il constate que les clients étrangers qui le financent le règlent avec une monnaie dont la valeur est intrinsèquement imprévisible. L’unité de compte des échanges commerciaux et financiers n’a plus de stabilité visible sans la concertation explicite intelligible des États nationaux.

La transformation du DTS en monnaie et du FMI en banque centrale mondiale serait bien l’un des moyens de créer le bancor. Mais il implique de lever l’hypothèque du veto de fait dont disposent les États-Unis dans son fonctionnement, conséquence de la logique censitaire de son mécanisme décisionnel, où le nombre de voix est proportionnel à la contribution à son financement. Ce serait là un des moyens de rationaliser la monnaie et la croissance dans une économie mondialisée. Le moyen d’affirmer aussi que les règles du crédit stable ne peuvent pas rester entre les mains des acteurs publics et financiers intéressés en eux-mêmes au crédit dont ils ont besoin.

Zhou Xiaochuan introduit sa démonstration de mars 2009 par l’affirmation capitale de la possibilité de monétiser le crédit pour autant qu’existent des règles explicites et transparentes de calibrage du crédit. Calibrage macro-économique à l’échelle du monde et micro-économique à l’échelle de chaque débiteur. Il pose implicitement que les règles du crédit monétisable doivent pouvoir être soustraites aux juridictions nationales soumises à leurs propres besoins de financement par le crédit. Pour que des dettes soient monétisables, il ne faut pas que l’emprunteur puisse d’une quelconque manière modifier les règles qui mesurent sa propre dette. C’est probablement le verrou logique qui bloque les gouvernements occidentaux dans l’adoption d’une réforme monétaire internationale. Ils espèrent préserver leur solvabilité au moins nominale en gardant la maîtrise des lois qui définissent la nature de leurs engagements. Adhérer à un étalon monétaire international consiste en réalité à tomber d’accord sur des critères fondamentaux universels de solvabilité. Un étalon monétaire international est un étalon de régulation universelle de la stabilité du prix et du crédit.

Pour être étalon de stabilité financière et monétaire, le DTS peut et doit se définir par des actifs réels. Ces actifs réels doivent pouvoir varier en volume et en prix dans la composition du DTS. Un poids invariable des monnaies nationales dans la définition de l’unité de compte international présuppose une contribution figée des économies nationales dans la croissance mondiale. Cette hypothèse est visiblement contredite par l’évolution actuelle des échanges internationaux. De même, une identification figée des actifs entrant dans la valeur d’une monnaie mondiale présuppose une explication immuable des origines de la croissance. L’enjeu d’un étalon monétaire international est le renouvellement permanent des hypothèses d’anticipation des prix et des volumes de la production future. La valeur propre d’une unité de compte internationale est d’engager une mesure du prix de n’importe quelle cause de valeur dans la durée. Cela impose un marché organisé transparent à l’intérieur duquel toutes les anticipations sont possibles à la condition que leur réalisation soit lisible et vérifiable à une échéance engagée.

Le marché spécifiquement international sans privilège de nationalité ni de droit fournit l’équilibre en DTS comptant et à terme de l’offre et de la demande des biens qui s’y négocient. La responsabilité du banquier central de la liquidité mondiale est d’anticiper les prix et les volumes négociés sur le marché en DTS. Si par rapport à son objectif de composition cible de l’étalon monétaire, il achète à terme les actifs qu’il juge correctement évalués ou sous-évalués et vend les actifs sur-évalués, il offre au marché une hypothèse de stabilité qui fait référence commune. La production effective de signes monétaires est alors directement indexée sur la vérification par le marché de l’hypothèse centrale de stabilité monétaire. Le marché génère de la liquidité par lui-même sur la valeur effectivement échangée. Le banquier central produit cette même liquidité par le règlement de ses achats à terme et la restitution au marché des plus-values sur effectivement réalisées sur les anticipations en volume et en prix. Le banquier central absorbe de la liquidité par ses ventes à terme et par la livraison effective des actifs achetés à terme.

Par un marché organisé à cette fin, l’émission de la liquidité internationale est effectivement alignée sur la production réelle de valeur négociée hors des systèmes monétaires nationaux. La solvabilité publique des États nationaux est l’un des actifs négociables sur le marché en DTS comme contrepartie de la liquidité mondiale. Il en résulte la possibilité de caler les parités de change nationales à la fois sur le prix international des dettes publiques et privées et le prix des biens et services échangés dans les flux commerciaux. Offrir par le DTS un outil de garantie des dettes publiques internationales est un argument d’adoption d’un système monétaire régulé que les États-Unis et l’Europe ne peuvent pas récuser devant leurs opinions publiques. Le programme des prochains G20 est là : poser les conditions de réalisation d’un étalonnage mondialisé de la valeur économique qui réponde à la demande chinoise.

Partager cet article
Repost0
19 septembre 2018 3 19 /09 /septembre /2018 15:11
La décision privée emboitée dans la responsabilité publique

Une réalité n’est jamais mentionnée à propos de la capabilité chinoise à mettre en œuvre une politique nécessaire et nominalement profitable à toute une société comptant 19% des 7,2 milliards d’humains. La monnaie des Chinois compte et représente exclusivement les intérêts matériels de la société nationale chinoise. Les Chinois sont effectivement capables d’interpréter rationnellement les politiques qu’ils mettent en œuvre par la masse comptable des crédits en monnaie déposés au nom de chaque centre de décision et d’action économiques. L’émission des signes monétaires est exclusivement contrôlée par le pouvoir politique de l’État chinois à travers la cascade des crédits prenant sa source dans les budgets publics de l’état central puis des collectivités publiques locales et irrigant ensuite toute la micro-économie des entreprises et des personnes physiques privées.

Tout paiement, toute dépense et tout crédit s’inscrit en Chine dans un emboitement des décisions privées particulières dans des politiques et des cadres explicitement intégrés dans un état central unique régi par un même corps de lois, règlements et intérêts. La tutelle nominale du Parti Communiste Chinois sur la société et l’économie pose un cadre unique commun d’interprétation et d’évaluation de toutes les dépenses engagées dans la monnaie commune entre les particuliers et l’état central. Tous les prix s’inscrivent dans un même référentiel de souveraineté où chaque engagement de dépense est associé à un nom d’institution publique et à l’individu qui l’incarne par les écritures bancaires. La représentation des acteurs économiques par des personnes physiques identifiées exclusivement responsables par la monnaie utilisée devant la république des Chinois, fait que le gouvernement est obligé d’assumer effectivement son rôle de régulateur économique et ne peut pas ne pas en rendre compte à son opinion publique.

En-dehors et en-dedans de la souveraineté monétaire

La circulation du capital par la liquidité monétaire entre l’en-dedans et l’en-dehors de la souveraineté chinoise est sous le contrôle des pouvoirs publics, donc de la responsabilité politique par ses instruments monétaires d’arbitrage public. La convertibilité de la monnaie donc des prix chinois entre l’intérieur et l’extérieur de la Chine n’est pas fixée par un marché « auto-régulé » d’intérêts privés mais dans un marché public régi par des banques publiques inféodées au pouvoir politique. La monnaie chinoise a explicitement deux figures : intérieure nommée « yuan » et extérieure nommée « renminbi ». Payer en yuan signifie se conformer à la loi et à l’ordre économico-politique chinois. Payer en renminbi signifie se conformer aux rapports de force et à la concurrence internationaux pour fixer le prix de ses engagements et de ses créances et en obtenir la liquidité. La parité entre yuan et renminbi n’est ni unique, ni universelle : elle est fixée au cas par cas par la puissance publique bancaire chinoise en fonction des individus et des institutions concernés.

Techniquement, la distinction juridique et pratique entre yuan intérieur et renminbi extérieur crée la réalité d’une politique de change chinoise dans l’intérêt explicitable de l’État et de la société chinois. Les primes de change captées par les banques entre les dépôts à terme en yuan et les dépôts à terme en renminbi sont juridiquement des éléments de fiscalité qui alimentent les budgets publics, donc la dépense commune des Chinois intérieurs. Le système financier chinois est isolé de la finance globale anonyme hors sol de sorte que les Chinois gardent quoiqu’il arrive la maîtrise de la mesure, selon leur propre système politique et juridique, de leurs dettes, créances et prix dans leur réalité économique différentiable et séparable du reste du monde. La réalité chinoise peut être pensée, appréciée et activée dans une relative autonomie par rapport au reste du monde ; les intérêts économiques, politiques et culturels chinois sont différentiables des intérêts non chinois.

Monnaie de responsabilité économique contre monnaie de cupidité spéculative

Le système monétaire chinois, qui était aussi celui de l’Occident avant la révolution industrielle libérale des deux derniers siècles, instaure la condition de possibilité d’une réalité objective circonscrite par une subjectivité incarnée, identifiable donc matériellement responsable. La transformation du réel désirable ou constaté n’est donc pas le fait comme en Occident de forces surnaturelles virtuelles seulement décryptables par des génies ou des sur-hommes mais une chose commune portée par une société physiquement constituée qui élabore son gouvernement réel dans l’espace et la durée. Les Chinois parlent et délibèrent moins que les Occidentaux mais ils se gardent la faculté de transformer leurs décisions en actes effectifs sur une réalité subjectivement circonscrite. La monnaie occidentale politiquement et socialement neutre fabrique le chaos individualiste ; la monnaie chinoise instaure une société et une politique qui fait une subjectivité chinoise agissante.

Reste en Chine la question non résolue de la liberté individuelle à avoir un jugement complexe propre, un rôle spécifique complémentaire et une participation négociable à l’œuvre commune du monde réel partagé. Sur ce sujet, les Chinois dépendent de la notion et de l’expérience occidentales de la personne. La personne est l’unicité de l’individu à la fois subjective et objective qui est, qui existe et qui agit par relation avec autrui distinct de soi dans d’autres personnes de même nature et de même statut avec qui la personne fait sociétés pour rendre les réalités transformables à son bénéfice collectif. L’existence effective de la personne physique et morale rend la réalité discutable, donc intelligible, donc transformable, donc adaptable à la vie de toutes les personnes dans les sociétés. La survie de l’espèce humaine exige désormais que le travail de recherche, d’intelligence, de décision et d’action mobilise toute la diversité des personnes dans une même direction acceptable par tous aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières monétaires de la Chine.

Partager cet article
Repost0
25 juillet 2018 3 25 /07 /juillet /2018 10:08

La monnaie est toujours le recto du verso commercial. La question sous-jacente aux équilibres monétaires et commerciaux internationaux est la finalité des échanges et de la production. Le motif de la production et de la vente est-il l'accumulation de créances sur des acheteurs afin de les dominer, de les posséder ou de les exclure ? Ou bien le motif du calcul économique est-il le meilleur bien-être possible à long terme, pour l'acheteur quel qu'il soit, comme pour le vendeur du réel effectivement produit ?

Pour la république impériale des États-Unis, la question se pose plus subtilement. L'hégémonie du dollar élimine de fait la finalité des échanges dans le bien-être universel à long terme. Le souci des États-Unis est de prolonger le plus longtemps possible la fiction d'un dollar aussi valeureux qu'un bien réel. Le capitalisme étasunien ne cherche pas à posséder le monde par l'accumulation de créances réelles sur l'étranger mais par des créances virtuelles des étrangers sur les États-Unis que sont les dépôts en dollar détenus par les étrangers.

Un dépôt étranger en dollar est une créance virtuelle parce que les États-Unis ne peuvent pas la rembourser par un bien réel qu'ils sachent produire, mais par une perte ou une non-valeur qu'ils s'abstiendront d'infliger à leur créancier s'il s'engage à ne pas demander de contrepartie réelle étasunienne aux dollars qu'il détient. La présence mondiale des militaires et espions étasuniens, l'hégémonie du droit anglo-saxon et l'interdiction technologique de la souveraineté informationnelle et financière vise à interdire la monétisation, donc la valorisation par l'échange de tout bien qui ne soit pas produit et contrôlé par l'oligarchie du dollar.

La finalité du système libéral étasunien mondialisé par le dollar est de rendre impensable la production d'un bien universel partageable et négociable qui oblige l'oligarchie mondiale à rembourser ses dettes réelles aux peuples et aux citoyens. La guerre des monnaies est un état de guerre économique intentionnel : elle rend la paix et la justice économiquement impensables afin que les créances virtuelles de tous ne viennent pas réduire la toute-puissance irréelle de quelques-uns.

Partager cet article
Repost0
10 mars 2018 6 10 /03 /mars /2018 09:53

Message de Roberto Boulant

Pour reprendre avec mes mots cette compensation keynésienne numérique des monnaies que tu explores, c’est certainement là la clef de voute d’une future démocratie numérique. Numérique parce que maintenant que des liaisons Q-cryptées peuvent se dérouler sur des centaines de kilomètres, la démocratie directe n’est plus un fantasme. Il devient techniquement possible d’imaginer des assemblées délibérantes de plusieurs dizaines de millions de citoyens ! En ce domaine comme en d’autres, nous en sommes à courir derrière la technologie pour en imaginer les applications.

Si ton idée est la clef de voute d’une démocratie réelle, l’édifice reposerait alors sur trois colonnes porteuses :

- une éducation ayant pour but de faire des citoyens autonomes, aptes à penser par eux-mêmes,

- une architecture informationnelle « intriquant » les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires, actuellement séparés (enfin, plus ou moins suivant les latitudes), où chaque citoyen reconnu apte à exercer sa citoyenneté pourrait participer en temps réel, mais sans obligation aucune,

- une armée de scribes n’ayant pas droit au statut de citoyens. Je veux bien sûr parler des IA faibles* qui sont maintenant les seules à pouvoir maitriser les niveaux de complexités atteints dans tous les domaines de la société des hommes.

Les obstacles pour passer de notre société des égos à la société des égaux pouvant finalement se classer en deux ordres : ceux purement techniques et relevant de nos seules imaginations et désirs (par exemple, comment contrôler les algorithmes), et ceux relevant des cliquets mis en place par les dominants actuels, en n’oubliant surtout pas qu’ils joueront la politique du pire sans aucune hésitation pour empêcher la démocratie directe de se réaliser.

IA faibles et IA forte

* Je ne sais pas si l’IA forte émergera un jour, même si je l’espère. Mais si tel était le cas, et à condition que nous nous rendions compte de son émergence (ce qui implique son désir de communiquer avec nous), je pense qu’il faudra la classer à la différence des IA faibles, dans une nouvelle catégorie du vivant. Et si pour quelques raisons à jamais incomprises, elle désire malgré tout communiquer avec des créatures à la vitesse de pensée inférieure de plusieurs ordres de grandeur, je doute que nous la comprenions vraiment. Dans un multivers informationnel, nous serons à jamais limité par notre toute petite sphère de conscience animale.

Partager cet article
Repost0
8 août 2017 2 08 /08 /août /2017 08:42

Déficit public : une solution technique.

Par Marc Timsit

Une évolution des structures de la monnaie capable de financer les budgets de l’État.

Nous vivons sans doute dans le meilleur environnement que l’homme ait jamais connu, nous contrôlons suffisamment notre milieu pour ne pas subir les aléas de la nature et nous avons élaboré la civilisation la plus puissante de notre histoire.

Notre société a considérablement évolué depuis 35 ans : en 1980 il fallait 3 mois pour obtenir le téléphone contre quelques secondes aujourd’hui, on est passé du minitel à l’internet, les voitures consommaient et polluaient plus, elles étaient plus dangereuses et moins intelligentes. A cette époque le sida faisait son apparition, on ne savait rien sur cette nouvelle maladie, et presque tous les cancers tuaient. Aujourd’hui, la majorité des cancers guérissent et on ne meurt plus systématiquement du sida.

Ces progrès extraordinaires sont les résultats de la recherche scientifique, pourtant les chercheurs qui nous permettent d’accéder à ces technologies ont à ferrailler contre une nature qui ne leur fait pas de cadeaux.

Dans le même temps on est passé de 1 à 3,5 millions de chômeurs et de 200 milliards de dette publique à 2 000 milliards aujourd’hui.

On constate de ces observations que les scientifiques cherchent et trouvent des solutions, ce qui ne semble pas être le cas en matière économique. On pourrait en déduire que les solutions en économie n’existent pas, et que nous devons nous résoudre à gérer au mieux une faillite annoncée et inéluctable.

Pourtant la réalité est exactement l’inverse : il est très difficile de comprendre et de contrôler la nature car ses lois mystérieuses nous sont inconnues; alors que l’économie et toutes ses règles ne concernent, ne dépendent et ne sont établies que par les hommes. Dans la mesure où tout dépend des hommes en matière économique, il y a la possibilité d’organiser les choses pour que l’économie fonctionne mieux. Ce qui n’aurait pas été le cas si l’économie subissait une contrainte physique naturelle.

On peut penser que notre système d’organisation ne fonctionne pas tout à fait bien car depuis très longtemps les crises succèdent aux crises, et si toutes les solutions connues ont été essayées sans succès nous devons explorer de nouvelles voies. L’économie est une structure essentielle de notre société, elle est le siège de beaucoup de nos problèmes, mais elle abrite aussi les solutions qui nous font défaut.

Au cœur de l’économie se trouve un objet particulier, son vecteur : la monnaie. La monnaie n’a rien de naturelle, elle ne pousse pas aux arbres, elle est le résultat de la longue histoire des hommes qui l’ont façonnée à leurs besoins. Aujourd’hui, et depuis très longtemps, est considéré comme de la monnaie tout ce qui remplit les trois fonctions de la monnaie, pour rappel : « permettre les échanges économiques », « indiquer les prix » et «  pouvoir être une réserve de valeur ».

Une brève histoire de l’évolution de l’économie et de la monnaie :

Notre histoire a débuté il y a 200 000 ans, et pendant les 130 000 premières années, la survie était assurée par les capacités de chacun ou du petit groupe auquel il appartenait. Les hommes vivaient uniquement de ce qu’ils pouvaient se procurer directement dans la nature; à l’époque, il n’y avait pas d’activité économique.

Puis avec l’homme moderne, il y a 70 000 ans, naît la première économie : le troc. La monnaie n’existait pas vraiment puisqu’elle n’avait pas de support, mais le troc fonctionnait en autorisant les échanges économiques, chaque bien échangé devenant vecteur de l’économie en étant une monnaie d’échange. Même sans support monétaire représentatif, le troc était une économie qui fonctionnait car on utilisait déjà la première fonction de la monnaie : permettre les échanges économiques.

Le troc a été le système économique le plus longtemps utilisé par les hommes, cette économie a évolué en se complexifiant, mais elle ne permettait pas l'apparition d’un système bancaire par exemple.

Puis les évolutions techniques augmentèrent la diversité et la valeur des biens produits, comme les outils ou les armes. L’acquisition de ces biens par échanges directs, en utilisant le troc, devint alors très compliquée. La progression de la société humaine mena le système économique de l’époque au bout de ses possibilités, le troc atteignant ses limites quand les biens échangés ne sont pas de valeur équivalente.

La période qui suivit, avec l’apparition de l’agriculture il y a 10 000 ans, fût beaucoup plus riche, complexe et ambitieuse que l’époque paléolithique. Les hommes eurent la possibilité de faire évoluer le système économique en utilisant comme vecteur un objet intermédiaire, une valeur fixe comme une mesure de blé ou de riz, pour évaluer chaque bien échangé. La notion de prix était née. Il devenait alors aisé d'acquérir des biens : il suffisait de payer avec la quantité de riz, de monnaie, nécessaire à cet achat. La monnaie de l’époque assurait alors deux fonctions : elle autorisait les échanges économiques et permettait de fixer les prix.

Le monde a pu tourner avec une monnaie à deux fonctions pendant longtemps, mais les échanges économiques restaient limités. En effet, utiliser le riz, le blé, ou encore le sel ou la bière qui sont périssables et volumineux, contient l’activité économique à un usage domestique. Une monnaie à deux fonctions rend inconcevable la notion d’épargne. Il est alors impossible d’acquérir des biens de grande valeur comme une terre, une maison ou un navire.

L’économie était plus complexe car elle utilisait une monnaie avec un support, mais celui-ci ne permettait pas à la monnaie de remplir ses fonctions actuelles, il manquait alors la fonction de réserve. L’économie de l’époque offrait plus de possibilités que le troc mais ne pouvait pas non plus conduire à l'élaboration d’un système bancaire.

Ce sont les Grecs de l’Antiquité qui ont imaginé la monnaie qu’on utilise encore aujourd’hui. On était à l'âge du bronze et parce que le support de la monnaie était devenu métallique, elle pouvait désormais être une réserve de valeur et nous permettre, plus tard, d’élaborer un système bancaire. Notre monnaie, qui nous vient de cette lointaine époque, est, de fait, une monnaie antique.

On est passé d’une monnaie qui ne permettait pas la fonction de réserve ni l’établissement d’un système bancaire à une monnaie qui peut être une réserve et qui permet un système bancaire. Cette évolution de la monnaie est le fait du changement du support utilisé pour la véhiculer. On peut faire une réserve avec des pièces de monnaie, pas avec de la bière...

Même si, aujourd’hui, les supports de la monnaie sont très divers (pièces, billets, chèques, etc...), les fonctions de la monnaie n’ont pas changé. On pourrait développer un système bancaire en sesterces, mais toujours pas en bière.

Cette dernière évolution de la monnaie nous a permis d’imaginer des systèmes d’échanges et de circulation des biens très complexes. Grâce à elle, l’économie a changé de dimension, et ainsi l’utilisation d’une monnaie antique à trois fonctions a permis de bâtir toutes les civilisations qui nous ont précédés. Il s'agit de la même monnaie antique que nous utilisons aujourd'hui, et c’est grâce à l’usage d’une monnaie à trois fonctions que le monde économique que nous connaissons existe. De l’épargne à l’emprunt en passant par la fiscalité, rien ne serait possible sans une monnaie antique à trois fonctions.

De la même manière qu’on est passé d’une économie de type néolithique à une économie moderne en changeant le support de la monnaie, on pourrait aujourd’hui faire un pas de plus en changeant une nouvelle fois de support pour passer à une monnaie exclusivement électronique qui deviendrait, de ce fait, contrôlable. Elle pourrait ainsi remplir une quatrième fonction.

Une monnaie à quatre fonctions sera donc exclusivement électronique, elle ne circulera que dans le cadre d’un réseau informatique contrôlé. Il n’y aura plus de pièces ni de billets pour la véhiculer, et ce support exclusivement numérique et sous contrôle nous permettra d’ajouter une fonction à la monnaie. Et on pourrait définir librement cette fonction.

La quatrième fonction :

N’ayant pas de contrainte physique à respecter, nous sommes libres d’imaginer et de définir cette nouvelle fonction à notre convenance. Il faut néanmoins que cette monnaie à quatre fonctions soit compatible avec notre système économique, qu’elle soit utile au développement de notre société et qu’elle soit facile à utiliser.

On peut considérer que la société dans son ensemble est constituée d’individus et que son organisation repose sur l’expression de forces. Parmi ces forces, on peut identifier une force politique, une force économique, une force religieuse, et encore quelques autres. Si on considère l’économie comme une force d’organisation, on constate qu’elle s’exprime par l’intermédiaire d’un vecteur : la monnaie.

Il existe un système qui est organisé par des forces, qui utilisent des vecteurs, et qui fonctionne plutôt bien, c’est la nature. En effet, la physique quantique décrit l’univers comme étant constitué de particules qui sont organisées entre elles par des forces. Ces forces sont au nombre de quatre : la force de gravité, la force électromagnétique, la force nucléaire faible et la force nucléaire forte. Ces forces utilisent des vecteurs (les bosons) pour s’exprimer.

Pour aller droit au but, la force nucléaire forte est responsable de la cohésion des nucléons (les protons et les neutrons sont des nucléons, ils constituent le noyau atomique). Les nucléons sont constitués de trois quarks liés par des gluons (de la famille des bosons) qui sont les vecteurs de la force nucléaire forte.

Si on observe un proton au repos, il n’y a pas de gluon car les quarks n’en ont pas besoin pour conserver la cohérence du proton. Si on tape sur ce proton pour le casser, pour disperser ses quarks, des gluons apparaissent, et plus on va taper fort, plus il y aura de gluons; c’est cet étrange et bien réel comportement de la matière qui permet à la force nucléaire forte d’assurer la cohésion de ce proton. On peut dire que le besoin de gluons crée des gluons, et que lorsqu’ils ne sont pas nécessaires ils disparaissent. L’énergie investie pour casser le proton se transforme en gluons qui assurent sa cohésion.

On sait que la force nucléaire forte fonctionne correctement puisque l’univers existe, mais on constate que ce n’est pas le cas de la force économique qui participe à l’organisation de notre société. On observe l'efficacité du gluon qui répond à la nécessité de cohésion des nucléons, et on constate qu’aucune propriété équivalente n’existe pour la monnaie. Le gluon et la monnaie sont pourtant tout les deux des vecteurs de forces.

Serait-il possible d’utiliser une monnaie qui se comporterait comme les gluons, qui répondrait à la nécessité économique par création monétaire; une monnaie qui serait capable de transformer la nécessité économique en monnaie ? Probablement pas, car il suffirait à n’importe qui d’exprimer une nécessité économique pour que la monnaie dont il a besoin soit créée. On peut aisément admettre qu’une économie qui utiliserait une telle monnaie ne pourrait pas fonctionner car les agents économiques étant ce qu’ils sont, chacun cherchant naturellement son propre intérêt, la situation serait tout de suite ingérable.

Il y a cependant un agent économique particulier qui utilise déjà la création de monnaie lorsque cela lui est nécessaire. Il s’agit de l’État qui créé de la monnaie quand il en a besoin, mais cette création monétaire s’accompagne d’un endettement sans fin qui ne peut pas être remboursé. Si, seulement pour l’État, la monnaie fonctionnait comme le gluon et adoptait un comportement quantique, l’État continuerait à créer de la monnaie quand il en aurait besoin, mais sans le déficit assorti de l’énorme dette qui va avec.

On utilisera alors une monnaie qu’on qualifiera de quantique et qui remplira quatre fonctions : permettre les échanges économiques, indiquer les prix, pouvoir être une réserve de valeur et couvrir les budgets de l’État.

Pour rendre possible l’utilisation d’une monnaie quantique à quatre fonctions, il faut qu’elle soit exclusivement électronique et qu’elle évolue sur un réseau informatique contrôlé par l’État. Ce réseau informatique ne sera pas exactement celui que nous utilisons aujourd’hui pour notre monnaie antique élaborée il y a plus de vingt cinq siècles.

La Banque deviendra un organisme unique intégré à l’État, elle rassemblera l’ensemble des institutions financières : toutes les banques, les succursales, les agences, etc... Tous les intervenants agissant sur la monnaie seront sous le contrôle de l’État. Il ne s’agira pas de nationaliser les banques, mais de les intégrer à l’État. Il y aura un ministre de la Banque comme il y a un ministre de l’Éducation Nationale. Les banques dépendront de la Banque comme les écoles de l’Éducation Nationale.

La Banque assurera toutes les missions de toutes les banques que nous connaissons aujourd’hui : l’épargne, l’emprunt, les placements, les mouvements, les paiements, etc... Elle gérera tous les comptes bancaires : ceux de l’État, des particuliers, des entreprises, etc...

Il n’y aura donc qu’une seule Banque qui contiendra et gèrera la totalité de la monnaie quantique sur son propre réseau informatique. Toutes les banques existantes seront toujours là, avec les mêmes agences, le même personnel, les mêmes activités et mêmes les enseignes pourront être conservées pour préserver les repères de la clientèle. Par contre la gestion de la Banque ainsi que la politique économique seront définies et menées par l’État. La motivation de l’État devra être l'efficacité de l’économie pour servir les gens et leurs activités.

Aujourd’hui, avec notre monnaie antique, le financement des budgets de l’État est assuré par la perception d’impôts et de taxes en tous genres et, comme cela ne suffit pas, l’État est contraint d’emprunter tous les jours pour couvrir ses budgets.

Une monnaie quantique couvrira les budgets de l’État, cela signifie que l’État sera financé par la quatrième fonction de la monnaie. Concrètement, la quatrième fonction permettra de créer toute la monnaie nécessaire au financement de l’État et imposera de détruire toute celle entrant dans ses caisses par analogie avec le comportement quantique des gluons.

STOP : « créer toute la monnaie nécessaire au financement de l’État » donc inflation et hyper inflation comme en 29 !

C’est sûr qu’avec une monnaie à trois fonctions on aurait ce scénario. Car avec une monnaie antique les risques d’inflation et d’hyper inflation sont induits par la perte de la confiance qu’on peut avoir en la monnaie dont on ne peut contrôler, évaluer en fait, que le nombre.

Mais avec une monnaie quantique les choses seront sensiblement différentes car on aura sur la monnaie un contrôle total et absolu. On connaîtra en permanence et en temps réel son nombre, ses mouvements, sa localisation, et même l’historique de chaque partie de monnaie depuis sa création. A tel point que, schématiquement, si en 1929 on avait utilisé une monnaie quantique, on aurait pu réinstaller la sauvegarde du mercredi 23 octobre et ainsi éviter la catastrophe du jeudi noir.

Les contraintes :

Pour remplir ses fonctions, la monnaie quantique n’existera que par l’information, elle n’aura pas de support physique. Les pièces de monnaie et les billets de banque sont des supports physiques, ce n’est pas le cas des autres modes de paiement que nous utilisons comme les chèques, les cartes bancaires et autres virements qui ne font que transmettre de l’information.

Du fait de la disparition de la forme numéraire de la monnaie, on ne pourra régler nos factures et nos achats que par virements, chèques, cartes bancaires, téléphone, clics de souris, etc... Mais cette évolution de nos habitudes de paiement est déjà en marche et ne devrait pas présenter de difficulté.

Quelques applications d’une monnaie quantique :

Prenons le cas d’une société où toutes les personnes et les entreprises produisent 1 000 de richesse, l’État prélève 300 pour assurer ses missions (santé, éducation, sécurité, etc...). Il reste 700 que les gens vont consommer, et l’État va dépenser son budget de 300. On aura donc 700 + 300 de consommation pour 1 000 de production.

Pour schématiser cet exemple avec notre monnaie antique actuelle, on a :
- production = 1 000
- fiscalité = 300
- consommation = 700
- dépense publique = 300

On a donc : production = 1 000 et demande = 1 000 (700 + 300)
Tout va bien.

La même situation avec une monnaie quantique :
- production = 1 000
- fiscalité = 300
destruction des 300 perçus par l’État (la quatrième fonction impose de détruire la monnaie qui entre dans les caisses de l’État)
- consommation = 700
création de 300 versés à l’État (la quatrième fonction permet la création de toute la monnaie nécessaire à la couverture des budgets de l’État)
- dépense publique = 300

On a là aussi : production = 1 000 et demande = 1 000 (700 + 300)
Tout va bien.

Mais nous savons que les choses ne se passent pas ainsi, les 300 prélevés par l’État ne suffisent pas car il a besoin de 350.

Avec une monnaie antique on a :
- production = 1 000
- fiscalité = 300
- consommation = 700
- emprunt = 50
- dépense publique = 350

On a alors : production = 1 000 et demande = 1 050 (700 + 350)
- déficit = 50
- dette = 50

On ne peut pas dire que tout aille bien, car pour rembourser cet emprunt de 50 avec intérêts (emprunt A), l’État contractera un emprunt B plus important, puis un emprunt C encore plus important pour rembourser l’emprunt B, etc...

D’après les critères européens de bonne gestion, tout irait bien avec un déficit de 3%. Or 3% de déficit fait doubler la dette tous les 25 ans. En 2015 on avait 2 000 M de dette, si on a une bonne maîtrise de nos budgets on aura 4 000 M de dette en 2040, et si on poursuit nos efforts de bonne gestion on aura 8 000 M de dette en 2065, etc... Pour ajouter au problème, il convient de rappeler que depuis des années le déficit est supérieur aux 3 % tant espérés, et que rien ne semble pouvoir le réduire.

La même situation avec une monnaie quantique :
- production = 1 000
- fiscalité = 300
destruction des 300 perçus par l’État (la quatrième fonction impose de détruire la monnaie qui entre dans les caisses de l’État)
- consommation = 700
création de 350 versés à l’État (la quatrième fonction permet la création de toute la monnaie nécessaire à la couverture des budgets de l’État)
- dépense publique = 350

On a alors : production = 1 000 et demande = 1 050 (700 + 350)
- déficit = 0
- dette = 0
Tout va bien.

L’utilisation d’une monnaie quantique permettra à l’État de dissocier ses recettes de ses dépenses ce qui autorisera des stratégies économiques nouvelles car il n’aura pas besoin d’ajuster ses prélèvements pour financer son action.

Prenons le cas d’un salarié qui touche un salaire net de 2 000. Les charges salariales, patronales, sociales, etc... représentent 2 200. Le coût de ce salarié pour l’entreprise est donc de 2 000 + 2 200 = 4 200.

Avec une monnaie quantique on pourrait avoir :

Salaire net = 2 100 (5 % d’augmentation) et charges = 1 900. Le coût de ce salarié devient  alors 2 100 + 1 900 = 4 000 (5 % moins cher pour l’entreprise).

On aura donc une situation où les salariés auront une augmentation du salaire net de 5 %, les entreprises une baisse du coût du travail de 5 %, et il va de soi que la couverture sociale sera assurée par l’État grâce à la quatrième fonction de la monnaie quantique. Une situation où les salaires nets sont augmentés, les charges des entreprises baissées, et la couverture sociale assurée semble bien plus confortable que ce que nous connaissons aujourd’hui.

De plus, nos entreprises supportent 65 % de prélèvement quand on additionne la fiscalité, les charges sociales et les taxes. Avec une monnaie quantique, l’État n’ayant plus un besoin impératif de ces financements, il pourra réduire la charge des entreprises à 50 % comme en Allemagne ou même à 20 % comme au Luxembourg.

Par ailleurs, le temps de travail devrait être envisagé du point de vue de la biologie. Il est évident que lorsqu’on est jeune on a une plus grande capacité de travail qu’en fin d’activité professionnelle. Le travail devrait être apprécié sur la totalité du temps d’activité. Une monnaie quantique permettrait de financer une retraite qui conserve le niveau de vie après 35 ans de travail, et la durée du travail évoluerait suivant le temps déjà travaillé. On pourrait travailler 40 heures par semaine les 10 premières années d’activité, puis 35 heures par semaine les 10 années suivantes, puis 30 heures par semaine pendant encore 10 ans et enfin 25 heures par semaine les 5 dernières années d’exercice. Soit une moyenne de 33,5 heures par semaine.

Les applications proposées ici ne sont qu'un aperçu de ce que pourrait réaliser notre société si elle utilisait une monnaie quantique, ces principes peuvent se décliner pour toutes les activités humaines.

Quelques remarques :

Les échanges internationaux :

Changer le support de la monnaie pour lui conférer une quatrième fonction n’impose pas forcement de changer d’unité monétaire, nous conserverons l’euro comme monnaie nationale et nous la doterons simplement d’une quatrième fonction. Pour cela, nous n’utiliserons plus les supports numéraires de l’euro. Cela signifie qu'en France, personne ne pourra utiliser d’euro, ni aucune autre monnaie, en pièces et billets, ni les français ni les étrangers de qui nous accepterons les transactions numériques.

En ce qui concerne les échanges avec les autres pays, ils se feront dans la continuité, les mouvements financiers se dérouleront, comme aujourd’hui, sur des réseaux informatiques qui sont l'environnement naturel d’une monnaie quantique. Sur les comptes gérés par la Banque une monnaie électronique remplira quatre fonctions, mais seulement trois sur les comptes des banques étrangères. Ce qui ne changera rien, ni pour les étrangers ni pour nous.

Les relations économiques que nous avons avec nos partenaires qui utilisent l’euro ne se font pas en espèces, elles se poursuivront sans raison de changer. Néanmoins le fait d’utiliser la même monnaie nous permettra de les aider à boucler leurs budgets; de plus, comme l’État n’aura pas de contrainte budgétaire, il pourra financer les budgets européens pour alléger la pression fiscale de nos partenaires, y compris de ceux qui n’utilisent pas l’euro.

Concernant les taux de change, il n’y a pas de raison pour qu’ils soient influencés par l’utilisation d’une monnaie quantique, car la valeur d’une monnaie n'est pas liée à ses structures mais à l’économie dont elle dépend. Néanmoins, le fait d’utiliser une monnaie quantique renforcera notre économie et pourrait entraîner une évolution des taux de change que l’État veillera à encadrer pour déranger le moins possible l’ordre économique mondial.

Les riches :

On pourrait penser que l’utilisation d’une monnaie quantique risque de desservir une partie de la population, ce ne sera pas le cas. Mais les plus riches pourraient s’inquiéter sur l’avenir de leur fortune et être tentés par un exode économique.

Aujourd’hui, avec notre monnaie antique, on risquerait un ralentissement de l’activité économique par manque de financement. Mais avec une monnaie quantique les problèmes de financement disparaissent pour l’État qui contrôle la monnaie et la Banque. Donc s’il y a fuite des capitaux par crainte d’une évolution de la monnaie, notre économie ne sera pas touchée car l’État injectera la monnaie nécessaire à sa stabilité.

Cependant, au moment de la transition d’une monnaie antique à une monnaie quantique, on changera directement l’ancienne monnaie antique en monnaie quantique sans prendre en compte l’origine des fonds car le principe sera de changer la monnaie et rien d’autre. Une fois ce changement fait, il est très probable qu’il faudra justifier l’origine de toute monnaie antique qu’on voudrait introduire sur le réseau de la Banque pour la convertir en monnaie quantique.

Reportons nous à la dernière évolution de la monnaie, à l’époque de la Grèce Antique, quand elle a acquis sa fonction de réserve avec l’apparition des pièces de monnaie. Jusque là, la monnaie était supportée par des graines de céréales, du sel, de la bière, etc... Il y a certainement eu des riches en monnaie à deux fonctions qui ont refusé de changer leurs réserves de sel en pièces de monnaie, et ils se sont probablement ruinés. On peut supposer un scénario équivalent lors du passage à une monnaie quantique.

Si on n’a rien à craindre d’une fuite de monnaie antique avant la conversion monétaire, on risque de voir plutôt le mouvement inverse, les riches étrangers tenteront de détenir le plus de monnaie dans notre économie pour conserver un accès à celle-ci en utilisant une monnaie quantique.

Les pauvres :

Concernant les plus pauvres de notre société, l’utilisation d’une monnaie quantique les obligera, comme tout le monde, à avoir un compte bancaire, une carte de paiement, un carnet de chèque, un téléphone, et un accès à tous les modes de paiements numériques. La Banque fonctionnera probablement sans frais pour tous ses clients, qu’ils soient riches ou pauvres, l’utilisation d’une monnaie quantique se fera sans restriction pour personne.

Ceux qui ont des difficultés financières :

Il y a tous ceux qui aujourd’hui sont interdits bancaires, ou qui risquent de l’être, ou qui n’ont pas accès aux banques. Une monnaie quantique ne proposant pas d’alternative à l’utilisation de la forme électronique de la monnaie, il ne pourra pas y avoir d’interdiction bancaire. La Banque fonctionnera comme nos agences bancaires d’aujourd’hui, les incidents de paiement auront des conséquences : aujourd’hui on exclut les mauvais clients du système bancaire, avec une monnaie quantique on ne pourra pas le faire. Ils seront mis sous une forme de tutelle financière et ne pourront dépenser que ce qui leur permettra de boucler leurs fins de mois. Il faut garder à l’esprit que l’État aura les moyens d’augmenter la protection sociale afin d’éviter les situations personnelles dramatiques.

Les étrangers :

Il y a chaque année des millions de touristes qui visitent notre pays. Ils sont généralement équipés de cartes de paiement, de chèques, de smartphone, etc... Ils pourront utiliser leurs moyens de paiement chez nous sans problème et sans frais. Mais ils devront veiller à ne pas détenir de monnaie sous forme numéraire car les monnaies antiques étant incontrôlables, elles ne sont pas compatibles avec une économie qui utilise une monnaie quantique.

Les entrepreneurs étrangers qui souhaiteront investir dans notre économie seront les bienvenus, ils pourront utiliser de la monnaie quantique qu’ils auront déjà ou se financer par des investissements venant de l’étranger sous réserve d’indiquer l’origine de leurs fonds. Mais une économie avec une monnaie quantique n’aura pas besoin de rechercher des financements dans un système économique ancien pour être florissante, le contrôle que nous aurons sur la monnaie nous permettra de conserver notre économie saine et propre.

Il convient de remarquer aussi que les gens qui viennent clandestinement, sans compte bancaire, n’auront aucune chance d’interagir avec qui que ce soit. Ils ne pourront ni se nourrir ni se loger, encore moins trouver un emploi ou avoir accès à un service public. Ils seront très vite localisés. L’utilisation d’une monnaie quantique interdit l’anonymat, si on n’est pas identifié on ne pourra utilisé aucun moyen de paiement.

Les impôts :

Avec une monnaie quantique, l’État n’aura pas besoin des taxes et des impôts pour se financer, et on pourrait s’interroger sur l’opportunité de supprimer purement et simplement la fiscalité.

Les multiples prélèvements que nous impose l’usage d’une monnaie antique sont une forte pression économique mais aussi autant de liens entre l’État et ses citoyens. L’État influence, quelque fois sans le vouloir, les comportements des gens en usant de la fiscalité. Quand il taxait les fenêtres on a construit des bâtiments plus sombres, mais quand il détaxe les panneaux solaires il augmente l’activité économique du secteur et favorise l’utilisation d’une énergie renouvelable.

Supprimer la fiscalité priverait l’État de la possibilité d’agir sur les comportements de ses citoyens. Par exemple, la disparition des taxes sur les carburants ne conduirait pas nécessairement à des comportements très responsables.

En fait, entre une économie sans aucun prélèvement et la situation fiscale actuelle il y a une très grande différence, et rien ne peut nous assurer que nous optimiserons le développement de notre société avec une fiscalité nulle. Par contre, ce que nous savons, c’est qu’une baisse de la fiscalité des entreprises et des particuliers sera salutaire.

Il sera donc prudent de réduire la pression fiscale avec retenue pour inscrire notre économie dans une croissance ferme, maîtrisée et raisonnable. On simplifiera et utilisera la fiscalité comme un tableau de commande de notre stratégie économique, mais elle ne devra pas disparaître.

L’économie :

L’État est au centre de deux importants flux financiers qui concernent des sommes gigantesques et qui représentent, chacun, pratiquement la moitié de notre activité économique. Il y a un flux qui part des caisses de l’État vers tous les agents économiques à travers les salaires versés aux fonctionnaires, les prestations sociales, les aides et commandes passées aux entreprises, etc... Et il y a un deuxième flux qui se dirige vers les caisses de l’État et qui est alimenté, sous forme de taxes et impôts, par tous les agents économiques. 

Théoriquement, avec une monnaie antique, ces deux flux doivent être strictement de même valeur pour que les choses se passent bien. Ce qui n’est évidemment pas le cas, car le flux sortant des caisses de l’État est toujours plus important que le flux entrant. Comme ils sont totalement liés l’un à l’autre, pour tenter d’atteindre l’équilibre comptable il faut régulièrement augmenter le flux entrant en alourdissant la pression fiscale et promettre de réduire le flux sortant, sans jamais y parvenir. Mais cela ne suffit pas et l’État emprunte pour couvrir ses budgets.

Avec une monnaie quantique, ces deux flux ne seront plus dépendants l’un de l’autre, ce qui autorisera des stratégies sociales et économiques très différentes de ce que nous connaissons aujourd’hui. L’augmentation de la protection sociale deviendra alors compatible avec une politique économique libérale et une fiscalité allégée. Il deviendra possible de protéger mieux tout en baissant les charges et les impôts.

La liberté est le fondement de notre société, elle doit concerner toutes les activités humaines, et bien sûr l’économie. L’économie libérale n’aime pas le vide, elle explore en permanence de nouvelles possibilités, et elle s’adapte au mieux à son environnement. C’est la liberté de l’activité économique qui permet de créer les richesses et c’est elle qui pousse à les distribuer. La liberté de l’économie sera toujours plus efficace qu’une économie dirigée, et l’État, bien qu’ayant le contrôle sur la monnaie, risquerait de scléroser le système s’il ne veillait pas à encourager le libéralisme économique.

La confiance :

Au cœur du système économique se trouve la monnaie, et à la base de l’économie il y a la confiance. Aujourd’hui nous utilisons l’euro, preuve que nous avons confiance en l’économie de la zone euro. Pourtant notre économie est pratiquement à l’arrêt, sans croissance, avec un chômage très élevé depuis longtemps, les caisses de l'État sont déficitaires, nous avons accumulé une dette colossale, etc...

Mais nous avons confiance en notre économie, car les gouvernements successifs nous promettent la reprise, la croissance qui va avec et enfin une réduction du chômage, beaucoup d’incantations sans résultat. Et même si tout se mettait à aller bien et qu’on respecte les critères de déficit prévu, nous continuerons à accumuler de la dette. 

Alors si nous avons confiance avec une monnaie antique qui n’offre aucune perspective, nous pourions avoir confiance avec une monnaie quantique qui nous permettra de cesser l’endettement de l’État, de diminuer la fiscalité sur les particuliers et les entreprises, d’augmenter les salaires nets, de renforcer la protection sociale, etc... 

Utiliser une monnaie quantique qui s'appuiera sur une économie libérale dynamique et innovante, soutenue par un État providentiel, pourrait bien recueillir la confiance des gens et permettre de construire une nouvelle économie pour une société mieux adaptée à nos besoins.

Conclusion :

Étant donné notre aptitude aux progrès scientifiques, si difficiles à obtenir, on peut s’interroger sur l’absence de solutions à nos problèmes économiques. Pourtant, tout ce qui fait l’économie est purement et exclusivement humain à commencer par son vecteur : la monnaie.

A chaque étape de l'évolution de la monnaie il y a eu la nécessité de répondre à un besoin réel, et à chaque fois un changement du support de la monnaie et l'évolution psychologique des utilisateurs ont permis l'acquisition d’une fonction supplémentaire à la monnaie.

Au début de notre histoire la monnaie n’existait pas, puis l’humanité s’est organisée en société et le troc est né. Avec l’agriculture, la monnaie s’est dotée d’une fonction supplémentaire, puis avec la métallurgie d’une troisième. Aujourd’hui nous entrons dans l’ère de l’information et comme la monnaie n’a plus besoin de support physique pour exister, elle pourrait remplir une quatrième fonction.

Nous avons créé la monnaie pour qu’elle réponde à nos besoins, et comme nous l’avons déjà faite évoluer plusieurs fois dans l’histoire, rien ne nous impose ses limites actuelles. Utiliser une monnaie exclusivement numérique nous permettra de la contrôler et de lui attribuer une quatrième fonction pour en faire une monnaie quantique qui couvrira les budgets de l’État.

On peut considérer que l’État utilise déjà la fonction de création monétaire pour couvrir ses budgets, mais il doit s’endetter pour le faire avec une monnaie antique, ce qui n’arrivera plus avec une monnaie quantique. L’utilisation d’une monnaie quantique permettra à l’État de se financer sans dépendre des impôts et des taxes.

La monnaie quantique est parfaitement compatible avec notre système actuel car la presque totalité de nos euros est déjà sous forme numérique. Elle est facile d’utilisation et l’État, libéré de ses contraintes budgétaires, pourrait enfin mener des politiques cohérentes pour améliorer la vie de ses citoyens.

La monnaie quantique n’est pas une théorie économique, elle ne s’appuie sur aucune idéologie, c’est une évolution technologique de la monnaie. Elle règle le problème des déficits publics et autorisera l’État à mener des politiques qui répondront au principe de nécessité plutôt qu’à des exigences comptables.

Devant la succession de crises que nous ne réglons pas, ceux qui pensent qu’on a tout essayé se trompent car ils ont la faiblesse de croire que, ne connaissant pas de solution, il n’y en a pas; et pire, que ce n’est même pas la peine d’en chercher. Si les scientifiques avaient eu ce comportement on continuerait à subir des famines, à se déplacer à cheval et à avoir une espérance de vie de 25 ans.

Étant donné la qualité des résultats obtenus par notre personnel politique, il n’y a rien d’étonnant à ce que le peuple exprime son mécontentement de diverses façons. Notre société semble prête à faire évoluer ses structures politiques, économiques et sociales pour sortir d’un système que nous savons voué à l’échec. Si elle ne l’a pas encore fait c’est parce qu’elle n’a pas de nouveau modèle pour remplacer l’ancien, mais les choses pourraient changer...

Partager cet article
Repost0
17 juin 2015 3 17 /06 /juin /2015 07:32

Le krach des subprimes en 2007 et 2008 a, comme l'accident nucléaire de Fukushima, révélé une instabilité systémique des dispositifs de qualification économique et légale des activités humaines. Ni l'industrie financière, ni l'industrie nucléaire n'ont montré leur capacité en elles-mêmes et par elles-mêmes d'assurer la qualité et l'innocuité des services rendus aux sociétés politiques qui les font fonctionner. Les autorités indépendantes de contrôle et de régulation de la stabilité systémique instaurées dans les deux industries ne sont pas efficientes à cause d'une logique libérale nominaliste du tout ou rien où les problèmes ne sont pas décomposables en éléments solubles par une responsabilité humaine réelle et pratique.

Grexit : le chemin inéluctable de la restauration des souverainetés

En pratique, et pour rester dans l'analogie, le grexit équivaudrait à la mise à l'arrêt d'une centrale nucléaire défectueuse. La production d'électricité est amputée mais on soustrait la population aux irradiations et à la mort lente. Les Grecs auraient à gérer la démonétisation de l'euro comme une panne d'approvisionnement électrique. Quelques semaines de pagaille totale mais une renationalisation de la monnaie et un réamorçage progressif de la liquidité sur des fondements domestiques au service de l'économie réelle. L'excédent budgétaire primaire que les prédateurs européens exigent de la Grèce pourrait être immédiatement réaffecté à gager les émissions de liquidité par la Banque Centrale de Grèce selon les lois et les intérêts des Grecs.

En fait le gouvernement grec est véritablement en train de sauver l'Union Européenne plus qu'il ne défend et protège les Grecs de l'hystérie des créanciers. La zone euro est un non-Etat de droit. Les gouvernements et la Commission Européenne n'ont aucun contrôle sur les banques, ni sur les entreprises transnationales, ni sur les gros patrimoines particuliers défiscalisés. Les États nationaux de la zone euro s'euthanasient pour essayer d'afficher des équilibres budgétaires avec des recettes d'impôts inexorablement amputées. La Commission Européenne produit des réglementations de concurrence "libre et non faussée" pour achever de décrédibiliser la puissance publique impartiale de solidarité. A cause de la cupidité des classes politiques nationales, l'Etat de droit est interdit à l'échelon communautaire et réduit à néant à l'échelon national et local.

Le Grexit pour mettre fin à la liberté de mentir

Le Grexit est maintenant ce qui peut arriver de mieux. Elle soulagera le peuple grec et mettra les gouvernements de l'euro devant leur réalité. Les Grecs ne perdront absolument rien en cessant de discuter avec les autistes libéraux pseudo-européistes ; les gouvernements de l'euro seront renvoyés à leurs responsabilités démocratiques devant les peuples qu'ils rackettent. Il sera impossible sous peine de retourner à l'âge de pierre de ne pas remettre à plat à l'échelle de l'ordre monétaire international, le gouvernement de l’État de droit, la régulation des dettes par l'application impartiale des lois, et le financement des charges communes par l'impôt.

Il faudra choisir entre remettre en ordre le financement de la puissance publique chacun chez soi ou avec un État confédéral de l'euro instaurant une solidarité fiscale et judiciaire. Quel que soit le degré de solidarité européenne choisie et assumée, il sera nécessaire de remettre les marchés de capitaux sous l'autorité des États. Il sera nécessaire de mesurer et de financer la responsabilité financière des gouvernements nationaux et supra-nationaux par des parités internes de change et une fiscalité cambiaire. Et il sera nécessaire d'assurer l'égalité devant la Loi et l'impôt par le contrôle des flux de capitaux inter-étatiques. Un État confédéral de l'euro est évidemment le moyen le plus économique et efficace d'arbitrer une politique européenne d'investissement et d'assurance des droits humains.

Reconstituer la condition de possibilité d'une égalité devant la Loi

Plus vite s'effondrera le non-système de la monnaie unique négatrice de l'État de droit commun, moindre seront les pertes financières systémiques à répartir entre les peuples et les citoyens. Aucune dette n'est réellement remboursable si elle n'est pas justifiée par des droits réels garantis par un État de droit disposant de ressources propres adossées à une fiscalité efficiente et juste. Il est impossible d'apurer toutes les fausses dettes accumulées dans le non-droit de l'euro libéral sans puiser dans des ressources fiscales, lesquelles ne seront levées que par des gouvernements responsables par l'économie de la Loi. Il n'a jamais existé de mesure stable et fiable des dettes sans fiscalité financière mise en œuvre par des États justes et impartiaux contrôlables par les citoyens contribuables.

La ré-étatisation des banques et de la monnaie est absolument incontournable dans la zone euro, comme partout ailleurs, s'il existe encore une possibilité humaine d'echapper à la guerre civile généralisée. Le Grexit est en réalité la mesure conservatoire minimale dont se sont dotés les Grecs grâce à Syriza, pour se protéger de la folie meurtrière de leurs créanciers en euro, dollar et franc suisse. Le Grexit équivaudra à un dépôt de bilan de la zone euro qui obligera à une mise sous séquestre de tous les actifs en euro qui sont revendicables par les créanciers de la zone. Il n'y aura que deux issues au dépôt de bilan de la zone euro : plan de continuation de l'activité sous l'autorité d'un gouvernement commun démocratique, transparent et respectueux des gouvernements nationaux ; ou liquidation de toutes les créances par attributions des actifs nationaux aux créanciers nationaux des États nationaux.

Partager cet article
Repost0
16 janvier 2015 5 16 /01 /janvier /2015 17:09

La construction du mouvement "Podemos" en Espagne s'appuie sur un diagnostic d'économie politique produit par deux universitaires espagnols reconnus et réputés. Le "projet économique pour les gens" propose une vision keynésienne de l'économie politique afin d'échapper à l'effondrement de la civilisation provoqué par la globalisation de la technocratie libérale. "Podemos" suggère qu'il soit impossible de penser une économie des gens sans organiser la démocratie entre les citoyens et les peuples. Cette étude veut montrer que la théorie de la démocratie économique existe en pleine cohérence avec l'expérience et le sens communs. Les techniques actuelles d'économie numérique permettent la mise en oeuvre du modèle keynésien de la monnaie multinationale publique contre la ploutocratie financière.

Après sept ans d'agonie monétaire et financière consécutive au krach des subprimes, la démocratie réémerge en Espagne par la mobilisation des citoyens. Les gens de base se regroupent pour reconstruire les services du vivre ensemble délaissés sous l'empire européen du libéralisme spéculatif en monnaie virtuelle. Le mouvement “Podemos” organise la discussion de l'économie politique à reconstruire sur les ruines de l'économie non régulable par l'intérêt général public. Les réformes demandées par Podemos visent à rétablir la finalité des échanges dans le plein emploi de l'offre de travail au financement de la croissance économique de la société politique du bien commun.

La présente analyse veut montrer que la régulation du crédit, de l'épargne et de la liquidité bancaire est réalisable au service des gens par un vrai marché de titrisation du travail ; c'est à dire par un marché du travail politique, entrepreneurial, bancaire et assurantiel, engagé par les citoyens dans des sociétés qui les rendent effectivement solidaires. Les réseaux sociaux numériques en développement constituent l'espace de négociation de toutes les espèces de travail à l'origine des biens demandés par la société civile. Face à la modélisation numérique de l'économie réelle des échanges, l'actuelle monnaie bancaire issue du réseau financier global virtuel n'est adossée à aucune mesure intelligible de la réalité attendue par les gens.

Pour que la rationalité économique retrouve ses fondements réels dans la démocratie, le crédit en monnaie doit être réconciliable au crédit rémunérant le travail. L'offre bancaire de crédit doit égaler strictement la demande de services exprimable par le travail des citoyens personnellement responsables de leurs États communs de droit. Le marché de la monnaie véritable que Podemos revendique est un marché de la titrisation du travail par la puissance publique du bien commun. La société civile refondée par Podemos est aujourd'hui en mesure de reconstruire une économie humaine sociale objective au milieu du vide conceptuel simulé par les élites politiques et financières actuellement au pouvoir.

 

Pas d'économie objective sans démocratie

"Podemos" est un mouvement émergent de la politique espagnole enregistré en mars 2014 comme parti pour offrir une alternative démocrate au Parti Socialiste Ouvrier Espagnol et au Parti Populaire. Le PSOE et le PP qui gouvernent l'Espagne en alternance depuis 1978 ont renoncé à une économie au service de la démocratie. Podemos a obtenu d'emblée 8% des voix aux élections européennes et se trouve en tête des intentions de vote pour les législatives espagnoles de 2015. Les initiateurs de Podemos récusent le libéralisme économique du PSOE et du PP actuellement au pouvoir. Le mouvement se construit en mode participatif sur l'objectif de remettre le système économique de l'Espagne au service du vivre ensemble. En novembre 2014, Podemos a publié un "projet économique pour les gens" afin d'établir une base de discussion des réformes économiques, sociales et politiques qui seront proposées aux suffrages législatifs des Espagnols.

La plateforme de débat économique de Podemos a été établie par deux professeurs d'économie politique d'orientation sociale démocrate, Vicenç Navarro et Juan Torres López. Ils posent le constat de la mise en faillite de l’État de droit par le système apolitique de la monnaie unique européenne ; une monnaie conçue pour soustraire l'économie au contrôle de la démocratie dans le contexte de la globalisation financière et commerciale. La politique des socialistes puis du Partido Popular après la disparition de la liquidité financière depuis 2008, a consisté comme partout ailleurs à renflouer les banques par la dette publique puis à réduire la part des dépenses publiques dans l'économie pour freiner la croissance de la dette. Alors que le chômage a triplé en 6 ans, que les revenus salariaux se sont effondrés, le gouvernement espagnol réduit les services publics et les prestations de solidarité sociale. La politique monétaire et financière de la zone euro contraint l'Espagne à détourner son économie du bien-être pour rembourser des dettes qui n'ont jamais financé une croissance bénéfique à tous les Espagnols. Une partie substantielle du peuple espagnol a été renvoyée à son niveau de vie des années cinquante.

Podemos constate que l'Espagne est dépossédée de son activité économique au profit de créanciers extérieurs, parmi lesquels les Espagnols les plus riches désolidarisés de leurs concitoyens par le régime libéral de la zone euro. Le principe même du marché européen unique de libre circulation du capital financier permet de produire et d'investir en Espagne hors des lois voulues par les citoyens et sans contribuer par la fiscalité aux charges et dépenses communes de l’État de droit espagnol. L'égalité des droits et la solidarité minimale du vivre ensemble n'ont plus cours en Espagne par nécessité de l'euro détaché des États de droit. Les États dépossédés du contrôle de la monnaie sont dans l'incapacité de réguler le crédit et les revenus par la levée des impôts. L'euro produit une dénationalisation déshumanisante du pouvoir de la loi au profit des entreprises et du capital extérieurs à la citoyenneté. Il n'y a plus d'économie en Espagne par l'existence même d'un système européen interdisant la délibération politique des lois applicables à la production et à la consommation. L'économie est réduite au service exclusif des propriétaires du capital financier virtuel aux dépens des droits du travail et de la société politique.

Politique de l'économie au service des gens

Sous l'angle de l'économie du bien commun, la réalité espagnole est corrompue par une liberté absolue des investisseurs et dirigeants de l'économie financière. Non seulement les équilibres sociaux spécifiques de la démocratie sont anéantis mais la solvabilité des banques et de l’État espagnols ne peuvent plus être calculés dans le contexte de l'euro. La suppression des frontières monétaires, financières et juridiques par la monnaie unique induit la captation systématique des efforts nationaux de redressement par des intérêts non nationaux. Focalisant leur diagnostic sur l'économie espagnole, les économistes de Podemos signalent que la liquidation de la réalité de l’État de droit en Espagne n'est nullement rattrapée par l'action d'un gouvernement de la zone euro. Le capital en euro circule par la seule force de l'intérêt financier privé en dehors de toute formation d'un intérêt européen par une communauté publique véritable. Aucun pouvoir politique n'a plus dans la zone euro la capacité financière de réguler le calcul financier du crédit. Le système financier auto-référencé de l'euro ignore absolument l'équilibre économique réel du travail, du crédit et du capital des citoyens à l'intérieur des pays et entre les pays membres.

Le "projet économique pour les gens" est la première analyse d'un mouvement de révolte politique populaire pointant la cause de l'impasse actuelle du capitalisme libéral dans l'absence de gouvernance démocratique du crédit et de la monnaie. Toutes les propositions de Podemos visent à remettre l'économie au service des gens par la régulation politique de la finance. Toutes les propositions tendent à forcer pratiquement l'utilisation des dépôts et de l'épargne au financement d'un équilibre entre production et revenus du travail. Autrement dit, la consommation des gens devrait se financer par le travail des gens plutôt que par un endettement et un déficit d'échanges extérieurs. Podemos demande un vrai marché du travail où les gens puissent négocier leurs revenus aux prix de ce qu'ils demandent par leur production effective et par leurs intentions mesurables en épargne. Un vrai marché du travail engendrerait l'offre des objets d'investissement qui répondent à l'épargne des revenus du travail. Podemos proclame le droit au crédit qui soit la mesure juste du travail actuel et futur engagé par les gens pour satisfaire leurs besoins.

Sur le fond, les économistes de Podemos réclament une réintégration de l'économie dans la règle politique. Le marché financier réglé par la politique signifie que la monnaie négocie des prix entre les citoyens qui tous travaillent, entreprennent, épargnent, consomment et investissent. Pour que les revenus escomptés du travail soient mesurables en crédit bancaire, il ne faut pas que les besoins des gens et le travail nécessaire pour les satisfaire soient définis par des spéculations financières. L'épargne ne peut pas être une abstraction financière déconnectée de l'économie réelle des projets humains. Le financement de la demande des citoyens par le travail des citoyens implique que l'équilibre des prix entre l'offre et la demande de crédit soit déterminé par l'équilibre des finances publiques entre l'offre et la demande de droits civiques ; et que l'équilibre juste de la distribution des revenus de production des biens et services ne soit pas déterminé entre les seuls détenteurs de capital mais entre tous les citoyens qui définissent, transforment et emploient le capital.

Les quatre degrés du travail dans le capital

Le système économique réclamé par Podemos est un capitalisme du travail producteur de la satisfaction des gens en lieu et place d'un capitalisme de la monnaie financière apolitique. Une capitalisation de la demande des gens en travail implique que la monnaie ne soit pas émise par des comités secrets de banquiers mais par un marché de tous les acteurs économiques de la citoyenneté. Le règlement des biens en monnaie doit rendre compte publiquement à la société civile des prix réels de tous les services qu'elle est apte à commander et exécuter. La transparence économique et politique du marché requiert alors quatre degrés différenciés de négociation de l'équilibre des prix. Le premier degré est celui de l'entreprise entre l'offre de travail de chaque citoyen et la demande collectivisée par le gouvernement d'entreprise. L'entreprise est le lieu du calcul économique de toutes les demandes de productions des citoyens en travail, épargne, investissement et assurance.

Dans l'économie de la démocratie, l'entreprise est représentable en titre de capital négociable contre monnaie à la condition de se constituer en sociétés d'intermédiation des objectifs mis en communs. Un enchaînement d'objectifs communs est une entreprise. Mettre en commun des moyens de réalisation collective d'objectifs communs est un second type d'entreprise. Mettre en commun le prix des lois réglant des objectifs communs est une entreprise d'entreprises. Ces trois types d'entreprise sont contenues dans l'entreprise politique qui fédère le travail des citoyens dans l'appréciation de leur demande collective par une même monnaie. Les trois équilibres actuellement détruits des prix du crédit, du capital et de l'assurance du système de l'économie des gens sont réparables dans une économie efficiente à la condition du plein emploi de la demande de travail. La négociation fondatrice de tous les équilibres de l'économie est la combinaison des facteurs de travail à l'intérieur de chaque entreprise et entre les entreprises réunies d'une même politique de production finale.

L'existence effective d'un bien à un certain prix réglé par l'acheteur est nécessairement une combinaison d’œuvres au quatre degrés de nécessité du travail : la transformation de la matière, l'entreprise, la capitalisation du prix et la délibération du règlement des biens en comptabilité de loi commune. Le système libéral, dont Podemos constate la défaillance du point de vue de la démocratie comme de l'économie réelle, est une théorie libérée de la réalité objective du citoyen. L'entreprise est réduite à la spéculation du seul travail financier sur la comptabilité du capital, lequel est défini en fonction du pouvoir d'achat d'un consommateur dont la citoyenneté est niée. Le consommateur libéral est un moteur de transformation mécanique du capital en monnaie. Le capital libéral est monétisé hors de ses causes dans le travail de délibération des biens, dans le travail de coordination des citoyens, et dans le travail d'assurance de la réalité des droits du citoyen. La finalité de l'entreprise libérale n'est pas décomposable ; elle n'a de réalité que dans la croissance du capital en monnaie nominale abstraite de toute loi réelle.

Le crédit véritable indexé sur la rentabilité du travail

Pour qu'une production soit engagée au bénéfice de tous ses contributeurs, il faut nécessairement un accord de prix sur chaque œuvre de travail entre toutes les entreprises pour que le prix de revient final soit inférieur ou égal au paiement en monnaie de l'acheteur final ; lequel acheteur final a nécessairement obtenu la rémunération de sa quote-part d’œuvre du travail commun. Un accord de prix réel est aussi une identification concertée de tous les objets d’œuvre nécessaires à l'existence effective du bien final. Le marché du travail efficient est donc à la fois une confrontation des libertés individuelles et une organisation des coopérations qui mutualisent le risque économique objectif. Le risque objectif est la possibilité d'une offre effective inadéquate, entre toutes les entreprises mobilisées dans la livraison des biens servis à des citoyens qui sont des consommateurs. Par entreprise vendeuse d'emploi, il faut entendre toute société de coopération mutuelle dont le capital ait pour finalité de garantir les droits du travail rentable ; c'est à dire le travail dont les fruits promis sont anticipés par le crédit qui comptabilise l'investissement ; lequel investissement a pour finalité d'assurer la pérennité de la communauté de production à servir la demande réelle effective des citoyens.

La rentabilité n'est rien d'autre en économie réelle que l'efficacité du travail à satisfaire la demande monétisée du consommateur citoyen. La rentabilité définie en travail intègre en soi-même la rationalité économique dans la contrainte de stabilité financière. La rentabilité libérale est au contraire une spéculation financière sur la déstabilisation d'un système dépourvu d'obligation de travail. La crise mondiale de la dette dont l'Espagne est l'une des victimes expiatoires n'est rien d'autre que la liberté des entreprises hors sol (off shore) d'emprunter sans acheter le travail au prix des biens où le travail est prêt à les acheter. Le capital financier est comptabilisé par des banques sur des prêts qui ne sont pas adossés au prix réel d'un travail effectuable par des citoyens incarnés. Ce capital est en nature une dette fictionnelle que personne ne remboursera. Le système de la libre circulation du capital entre des sociétés sans États de droit n'a pas d'autre finalité que d'autoriser des pseudo-élites à emprunter des richesses sans jamais les produire ni les rembourser. L'actuel système mondial de la finance déterritorialisée engendre une économie non proportionnable à la réalité des gens libres.

La première étape d'un processus rationnel réaliste de négociation marchande des prix des biens à produire se déroule nécessairement à l'intérieur des entreprises et entre les entreprises qui rémunèrent le travail ; à l'intérieur des entreprises pour construire l'offre, et entre les entreprises pour agréger la demande. Pour qu'un crédit en monnaie réglant l'achat d'un citoyen consommateur soit réparti entre tous les citoyens organisés en entreprises, il faut des entreprises spécifiques de régulation des échanges par des lois communes. Les entreprises d'assurance de la réalité effective des biens par le Droit sont les États souverains et les associations de souveraineté. En structurant tous les principes d'organisation économique par les degrés locaux, nationaux, européen et mondial de l’État de droit, Podemos rétablit la condition démocratique de possibilité d'un ordre économique réel.

Les lois publiques délibérables de l'économie des prix

Podemos opère la restauration de l'économie dans une réalité qui ne soit plus absorbable dans la virtualité financière. Podemos demande l'asservissement de la politique monétaire de l'euro à la délibération du Parlement Européen ; politique monétaire exécutable à la condition d'un véritable Trésor Public européen contrôlé par le parlement d'un véritable État confédéral. La loi du marché européen ne doit plus porter sur les seuls objets matériels mais sur la législation du travail et des assurances sociales interprétable par les États et les entreprises. Les crédits monétaires de la BCE ne doivent plus être accordés à des banques privées mais à des marchés universels publics dont la politique de crédit soit assurée et contrôlée par les institutions politiques de la démocratie européenne des nations. La liquidité des titres de dette et de capital ne doit plus se calculer sur des objectifs privés de rentabilité statistique mais sur des engagements publics de vente de biens réels vérifiables en droit du citoyen qui travaille pour consommer.

Le projet économique pour les gens pose la raison de formation des prix dans la démocratie monétaire. Le crédit en monnaie au vendeur d'un bien ne peut plus être de la décision privée d'un prêteur financier sous un capital bancaire mais doit réunir ouvertement à l'intérêt de l'acheteur, les intérêts du travail, de l'épargne, de l'entrepreneur et de la société politique d'intérêt général. La monnaie qui règle le prix ne peut être une matière privée mais la matérialisation publique d'un bien échangé par un ensemble de prix entre toutes les parties concernées dans la vente de quelque bonne chose. Si l'euro est arraché aux spéculations privées de banques exonérées de la loi commune, le marché commun de la citoyenneté européenne dévoilera les quatre causes nécessaires à la formation rationnelle des prix entre les citoyens investisseurs entrepreneurs acheteurs consommateurs. Après organisation de la production structurée par le partage du prix de revient entre toutes les œuvres de travail issues des entreprises, la monétisation du prix final des services consommables requiert la conversion de la valeur demandée en crédit bancaire ; puis la couverture du risque économique en capital de vérification par la loi commune ; et enfin la mutualisation par la fiscalité des réparations, des moins-values et des biens communs non distribuables.

L'égalité de puissance entre le travail, l'entreprise, le crédit et le bien commun revient à un marché financier de la liquidité monétaire indexée sur le travail. Il contient quatre catégories d'acteur : l'entrepreneur, le marchand courtier, le banquier et le juge de la puissance publique garante de l'intégrité des acteurs du marché. La liquidité monétaire ne s'adosse au crédit bancaire que convertible dans toutes les tâches de travail achetées qui font la livraison certaine en droit d'un bien réel à un prix donné. La liquidité du crédit est pure fiction en dehors des sociétés politiques de citoyens libres et responsables de leurs entreprises. La mesure du crédit reste virtuelle s'il n'est gouverné par le droit commun propre à des États identifiables ; s'il n'existe un marché commun de la monnaie pour mesurer la responsabilité propre à chaque État de sa souveraineté indivisible.

Le gouvernement du marché par quoi les prix sont garantis en droit des citoyens consiste à assurer continûment l'équilibre des pouvoirs entre l'entreprise qui produit, l'entreprise qui crédite le prix à terme contre promesse de livraison, et l'entreprise qui mesure et réduit le risque économique au bénéfice civil des acteurs engagés. Dans un marché régulé par l'exécution collective de la loi, le paiement en monnaie prouve l'universalité du bien produit et vendu. L'augmentation du capital financier des actionnaires de l'entreprise est strictement conditionnée par l'incertaine rentabilité de l'investissement ; lequel est négociation des œuvres de travail propices à l'augmentation des biens offerts par la loi commune.

Quatre causes d'assurance des biens par la démocratie

La refondation de l'euro suggérée par Podemos implique quatre degrés de souveraineté politique : la confédération, la nation, la région et la commune. La confédération de l'euro serait la société européenne des citoyens partageant une même économie de la démocratie. Les nations membres de l'euro sont des sociétés partageant chacune une même conception des droits du travail sous un capital public commun comptabilisé en euro. Chaque nation et chaque degré d’État dans les nations a son propre capital en euro. Les régions sont des coopératives juridictionnelles assurées par une même fiscalité. Les nations peuvent s'associer dans une même région, par exemple l'Espagne ou l'Allemagne, ou plusieurs régions se regrouper dans une même nation, par exemple la France. Enfin, la commune est la société politique élémentaire où un même pouvoir public gouverne les intérêts économiques fédérés d'une même communauté de citoyens. Chaque degré d’État souverain est repéré par sa propre unité monétaire convertible en une autre unité d'un autre État par le prix fiscal exclusif en euro du droit local.

La discrimination de la souveraineté du bien commun entre les sociétés de la démocratie requiert la séparation des quatre fonctions financières actives dans le prix de tout bien réel. La fonction de dépôt distingue par des titres financiers les différents objets nécessaires à l'existence d'un bien livrable. Le titre déposé d'un bien spécifie la légalité de tout règlement en monnaie à l'échéance négociable par le marché. Le dépôt d'un objet est nécessairement le fait d'un sujet de citoyenneté identifié dans une personne physique représentant une personne morale dans d'autres personnes morales garantes. La personne morale est une association de citoyens solidaires de la réalisation d'un même bien dans des objets communs. Un objet déposé acquiert un prix par la fonction de crédit. Un objet prisé dans un crédit acquiert une existence physique livrable par la fonction de capitalisation. Enfin l'offre du prix d'un bien livrable à une certaine échéance devient service effectivement réalisé d'une personne par la fonction d'assurance. Assurer un bien à un citoyen consiste en la prise en charge par une communauté assurantielle de tous les coûts imprévisibles non réglés dans le prix d'achat. L'assurance est le règlement effectif de toute les réparations qui garantissent les droits de la personne dans le prix qu'elle a réglé.

La mise en œuvre obligatoire à la démocratie des quatre fonctions financières de conversion de l'objet en bien licite réel implique l'intervention séparée et distincte de quatre types de banque : dépôt, crédit, investissement et assurance. Le dépôt est l'enregistrement des contrats, des contractants, des objets et de la responsabilité interpersonnelle de la propriété des objets. Toute transaction relative à un objet déposé est tracée par la banque dépositaire par le transfert du dépôt du prix en monnaie d'un déposant à l'autre. Le crédit est l'anticipation du prix d'un bien déposé négociable dans le futur auprès d'un acheteur final encore inconnu. L'investissement est l'identification des objets, des taches et des prix du travail nécessaire à la livraison effective d'un bien à terme. L'assurance est le prix probable réel à régler en réparations imprévues au consommateur acheteur d'un bien dans la communauté politique qui le protège. Le dépôt est donc l'assurance de l'assurance en travail engagé de la personne physique à faire ce qu'elle dit pour garantir à tout acheteur potentiel la réalité du bien dont elle répond du dépôt-même.

Révolution latente de la démocratie monétaire numérique

Podemos grandit depuis son origine dans la pratique de la démocratie du dépôt. La technologie des réseaux sociaux numériques provoque l'organisation d'un marché des principes politiques et des mesures économiques discutables et interprétables par les citoyens. Technologie de l'échange réticulaire qui est également celle des entreprises et des marchés pour organiser la production et comptabiliser la négociation des prix. Un réseau social numérique matérialise tout autant le dépôt d'un vote pour un dirigeant politique, pour un gérant d'entreprise ou pour un gestionnaire de patrimoine. La cotation d'une idée déposée est la cotation d'un titre d'assurance en titre de capital. La comptabilité déposée d'un crédit budgétaire est la comptabilité d'une prime d'option financière, que la finance actuelle appelle "dérivé de crédit". Le dépôt d'un bulletin de vote ou le règlement d'un prix en monnaie sont de même nature dans un réseau numérique. Moyennant le dépôt et le réseau, voter est synonyme de payer. Le paiement est le vote d'un acheteur pour un vendeur dont l'objet est échangé contre monnaie représentative de tout travail dans un contexte de droits déposés en réseau.

Le réseau social numérique représente les modélisations possibles des liens sociaux ; les acteurs économiques des biens y construisent par le nombre monétisable la formalité de leurs objets communs. Avant d'être mise à disposition de n'importe quelle communauté d'intérêts par le réseau des réseaux, la technologie numérique réticulaire a été l'armature de la finance globalisée en monnaie interbancaire internationale virtuelle. La dématérialisation des titres et des flux monétaires en vigueur depuis plus de trente ans repose sur les réseaux numériques de données bancaires. Les chambres de compensation où s'effectuent actuellement le règlement financier interbancaire des dettes sont des convertisseurs d'obligations juridiques en prix universalible de marché. Mais l'interbancarité mondiale des prix en monnaie a été réalisée par élusion du travail effectivement engagé par les organisations sociales. La virtualité des prix n'est pas réellement transformé en biens servis aux personnes physiques déposant dans les banques. L'effondrement de la liquidité bancaire est depuis 2008 la ruine potentielle des déposants par la spéculation bancaire non réconciliable avec la réalité matérielle tangible.

Un réseau numérique est la convertibilité en mots par les nombres, d'images subjectives de la réalité. La finance moderne est née de la mise en réseau des sociétés par une religion monothéiste de l'économie des biens. Une définition convergente des biens a engendré le crédit commercial international, donc la conversion marchande des mots en prix à terme, donc un système de comptabilité des biens en monnaie. Si un réseau numérique est aligné sur une société politique gouvernée par une interprétation commune d'une même loi, alors les personnes agissant de concert par un même marché deviennent garantes de la conversion en biens réels des mots associés aux prix.

Si les acteurs d'un réseau numérique sont des citoyens solidaires dans des nationalités ; si chaque nation se structure sur une autorité politique commune unique ; si chaque autorité politique est représentée par une unité de compte monétaire propre ; si la convertibilité réelle de l'autorité politique a un prix de change spécifique variable selon la nationalité ; et si les unités de compte sont convertibles moyennant un prix de change variable dans une monnaie de supra-nationalité ; alors un équilibre général des prix peut être négocié qui transforme toute la demande de travail en offre de travail par une production maximale de services véritables.

La théorie éprouvée de la liquidité par le plein emploi du travail

La croissance économique des biens maximisée par le plein emploi du travail par nationalité est théorisée depuis keynes. La représentation keynésienne de l'équilibre économique du plein emploi de l'offre de travail par la demande publique est efficace à la condition d'un mécanisme de fermeture de l'espace marchand de négociation des prix. La fermeture logique du marché virtuel de l'économie réelle est l’État de droit plurinational. Le travail offert peut être intégralement transformé en biens et services vendus et consommés à la condition d'une monétisation du droit commun des citoyens par un seul gouvernement responsable de son marché par sa monnaie.

Le problème non clarifié par l'économie keynésienne qui est devenu l'alibi du libéralisme spéculaire, est l'équilibre multinational des parités de change entre des gouvernements débiteurs les uns des autres soit par des échanges commerciaux, soit par des délégations partielles de souveraineté. La zone euro a imaginé résoudre l'instabilité potentielle du crédit international en récusant son expression financière dans les parités de change. Les faits ont montré que la maîtrise des dettes publiques et des balances commerciales est impossible par une seule unité monétaire entre des souverainetés objectivement plurielles. Par l'euro, la responsabilité politique n'est plus mesurable, ni solidaire, ni convertible entre des nationalités objectivement et réellement différentes de citoyens producteurs, consommateurs et investisseurs.

Pour que les règlements monétaires soient une application du droit des personnes et de la propriété spécifique à chaque système gouvernable de la solidarité économique, il faut et il suffit rendre la monnaie décomposable en États de droit séparables. La monnaie uniciste est négation de la réalité objective. Pour obliger le détenteur d'une créance quelconque à s'inscrire dans le droit d'une citoyenneté réelle, donc à s'acquitter de la fiscalité que le coût commun de citoyenneté impose, il suffit de ne pas représenter la monnaie par des espèces physiques indifférenciantes. Le pouvoir libératoire de la monnaie doit être réservé à l'espèce exclusivement numérique.

Dans la zone euro, les espèces en une quelconque devise seraient intégralement remplacées par des cartes de paiement. La monnaie ne pourrait plus alors se manifester sans que l'identité du porteur physique soit connaissable, garantie par la banque de dépôt, elle-même impérativement couverte par une société politique garante de la légalité des dépôts bancaires. La liquidité de la monnaie ne pourrait plus exister hors du travail identifiable d'une personne physique. Le dépôt en serait couvert par la solvabilité d'une banque dépositaire de la définition des œuvres de travail. La souveraineté politique serait déposée comme garantie du bien commun par les prix en monnaie. Tout paiement monétaire matérialise alors la responsabilité de l'acheteur dans la légalité du bien acquis, donc dans la rémunération de tout travail contenu dans le bien, donc dans le règlement de la dette au vendeur et par conséquent dans l'acquittement de la fiscalité garantissant la conformité de la transaction à l'intérêt général.

La technologie actuelle des réseaux sociaux permet l'identification transaction par transaction de tous les citoyens vendeurs de travail dans un bien. Si la loi commune l'impose, chaque titre de bien est concrètement rattachable à toutes les sociétés, de travail, d'entreprise, de crédit et d'assurance, qui solidarisent la responsabilité des vendeurs et de l'acheteur. Pour réaliser la responsabilité des entrepreneurs, des travailleurs, des épargnants et des États de droit dans les prix, il suffit que la loi monétaire récuse la valeur libératoire d'un dépôt bancaire dont le possesseur, la société garante et la juridiction politique assurantielle ne sont pas physiquement représentés. L'identification physique d'un débiteur en monnaie signifie que les biens réels qui sont la contrepartie du crédit bancaire sont enregistrés comme capital saisissable par un pouvoir judiciaire officiel de souveraineté. La souveraineté rétablie des citoyens sur l'économie implique la responsabilité financière personnelle illimitée de tout représentant exécutif, législatif ou judiciaire d'un quelconque pouvoir. La parole politique personnellement responsable devient la relation officielle obligée de la finance à la réalité.

Contrôle des changes de la liquidité du capital en démocratie

La mission de tout mandataire social d'économie politique est d'assurer l'application de la loi spécifique à son périmètre de souveraineté délimité dans le réseau social numérique où il agit. L'unité monétaire spécifie le prix d'une souveraineté économique dans les autres souverainetés. Chaque souveraineté assure le crédit de ses gouvernants par le prix public négociable de la prime de crédit budgétaire de chaque dirigeant. Le régime de la démocratie implique qu'un dirigeant perd sa délégation de pouvoir dès que le prix d'assurance de son crédit devient négatif sur le marché public du crédit. La prime de crédit d'un dirigeant quelconque est cotée par rapport aux objectifs budgétaires qualitatifs et quantitatifs sur lesquels il est engagé au sein de la société qui l'élit. Le marché financier numérique est un cadastre temporel de tous les engagements politiques déposés par le travail de gouvernance.

Dans un système monétaire purement numérique, la différenciation des unités de compte fait la convertibilité des prix d'un État du droit à l'autre par le régime de fiscalité. La fiscalité est en économie réelle un régime de convertibilité monétaire ; une composante nécessaire du prix des transactions de toute société économique vendeuse des biens qu'elle produit à une société politique. Le prix de la convertibilité des monnaies n'est plus pris en charge par des banques hors sol à capital privé mais par l'autorité publique de marché numériquement territorialisée. Les primes de change restent des primes d'assurance actuelles sur la stabilité du pouvoir d'achat réel de la monnaie. Mais les primes de change sont taxées selon la consommation de services publics imputable aux flux monétaires selon les qualifications légales du capital transféré d'un État à l'autre.

Tout entrepreneur est par définition en tout domaine responsable sur son patrimoine et sa rémunération du dépôt de la nature des biens vendus quelle qu'en soit l'origine. Le capital n'a plus d'existence reconnue sans que des citoyens identifiés en soient gérants obligés à la rémunération de tout le travail qui fait la rentabilité objective des actifs gérés. En monnaie numérique, il n'est plus possible d'importer d'une société exogène sans régler par la taxation des changes les assurances sociales des citoyens consommateurs domestiques. Un marché des changes est un marché d'assurance du bien commun des nationalités différentes.

La numérisation de la monnaie dans un marché délimité par la responsabilité politique publique, a bien pour objectif de mettre la circulation du capital sous contrôle de la loi commune. La circulation du capital est limitée par l'obligation de rémunérer en bien commun public le travail qui produit toute transformation du capital en bien privé. La monnaie numérique impose de rendre la nature des biens verbalement transparente et consistante au citoyen. Les différents degrés de souveraineté se rendent juridiquement solidaires de la réalité des droits de tous les consommateurs finaux. Un paiement en monnaie numérique est l'engagement d'un citoyen dans la souveraineté sous la dépendance de laquelle il se place à garantir le prix du bien-être de la collectivité à qui il achète le bien qu'il consomme.

Le travail qui change le prix en réalité universellement bonne

Le travail de production et d'exécution de la Loi est garanti et vérifiable par la comptabilisation exhaustive dans la monnaie de la société vendeuse de son change. Une société vendeuse quelconque est par le change assurée dans la monnaie de la communauté acheteuse de déposants bancaires. Enfin si le marché des changes est posé comme tel, la monnaie de la société politique, distincte du change acheteur et du change vendeur, garantit la communion de Droit. La monnaie d'une société politique est la prime de liquidité de la garantie du patrimoine, des rémunérations, des décisions et des dépenses communes qui font la réalité sociale des biens par les sociétés intermédiaires.

Le remplacement d'une économie financière de la prédation par une économie de la responsabilité des citoyens à l'échelle de l'euro ou à l'échelle de l'Espagne est l'antinomie du rêve spéculatif actuel. Podemos revendique l'indexation de la monnaie sur le prix des biens en travail capitalisable. La capitalisation du travail par les droits du citoyen en lieu et place de la spéculation bancaire libre signifie l'encadrement des marchés de l'assurance, du capital et du crédit par un marché des changes qui soit également un marché du travail. Le marché du capital monétisé par le crédit bancaire en mesure du travail anticipé, est en nécessité logique enfermé dans un système politique d'assurance intrinsèque du travail. Le capital régulé en travail ne peut plus alors sortir de son espace de régulation sans acquitter le prix fiscal du droit. En économie réelle, la libéralité du non-droit paye une prime de change à l'assurance du travail qui garantit la solvabilité de tout emprunteur.

L'économie de la démocratie de Podemos impose de fixer les frontières de la civilisation soit aux limites de la citoyenneté espagnole, soit à celles de la zone euro. Les frontières financières déterminent la base fiscale d'indexation de la monnaie par le Droit. Si les partenaires de l'Espagne en euro acceptent de revenir dans l'économie réelle de la démocratie, ils formeront une communauté humaine diversifiée en mesure d'affronter la menace spéculative impériale du monde libéral. Si la zone euro préfère le régime de la guérilla financière libre, elle contraindra l'Espagne à organiser seule le contrôle fiscal de ses frontières financières. Dans ce cas, le rétablissement de la peseta dans un marché numérique intégral limité à l'Espagne se résoudra par une dévaluation des prix domestiques entre tous les résidents espagnols. La compétitivité solidaire durablement restaurée du travail espagnol induira le retour rapide au plein emploi, donc le retour des capitaux expatriés, la reprise de l'investissement non spéculatif et la hausse des recettes fiscales sur les remboursements privés de dette extérieure.

La sortie de l'euro libéral par un euro régulé seulement en Espagne induirait une forte dévaluation du pouvoir d'achat des déposants espagnols compensée par une forte réévaluation de la rentabilité du travail et du capital. La fausse accumulation de capital financier serait remplacé par un capital réel reconstitué de croissance des revenus en peseta. La révocation de la corruption financière libre des pouvoirs publics et privés réassigne toute la liquidité monétaire à la croissance réelle solvable du bien-être. Non seulement la dette publique sera rapidement remboursée mais le gouvernement de la démocratie espagnole reconstituera une position de change publique créditrice en euro et en dollar qui soit le prix public de régulation du prix du travail espagnol en peseta contre devise étrangère. L'équilibre interne du marché du travail et de la balance des capitaux extérieurs redevient l'objectif de la politique publique par la politique de change. Les Espagnols bénéficieront alors des mêmes avantages actuels que le Royaume Uni, la Pologne, la Tchéquie et la Hongrie demeurant hors de l'euro. Mais la politique de change espagnole aura pour finalité structurelle le bien-être du citoyen au service de ses concitoyens.

Réalité européenne de la démocratie assurable en euro

Si les citoyens de la zone euro se déclarent solidaires des citoyens espagnols, alors l'euro devient la monnaie de la supra-nationalité de la démocratie entre les nations et les régions d'Europe. Le marché des changes en euro devient le marché public du capital de garantie des juridictions confédérale, nationales et régionales de l'économie du travail des citoyens européens. Tous les flux commerciaux et financiers aux frontières de l'euro et entre les souverainetés locales sont alors taxés par le Trésor Public de la Confédération à hauteur du prix de la garantie de toutes les dettes publiques convertibles en euro. L'endettement public est à nouveau strictement limité à l'anticipation des recettes fiscales résultant des lois votées par les parlements. La corruption financière interdite à l'échelle de la zone euro engendre la fiabilité des bases fiscales et la sûreté du recouvrement fiscal. La dépense publique est strictement calculable à tous les degrés de la souveraineté au prix réel légal des assurances sociales et de l'investissement public garantis par chaque juridiction de la Confédération à la commune.

Comme à l'échelle de l'Espagne, le rétablissement financier de la démocratie détermine la solvabilité des sociétés européennes en plein emploi du travail offert par les citoyens. La définition financière de toute société comme assureur de la rentabilité économique des offres de travail de ses membres implique que la parité de change d'une quelconque société en euro varie selon la compétitivité universelle du travail. Quelle qu'en soit la raison, défaut de la Loi, défaut d'organisation, défaut d'éducation ou erreur de gouvernement, une perte de compétitivité du travail dans une société est compensée par la dévaluation du change. Le prix dévalué en euro du capital généré par une société est rationnellement compensé par une rentabilité collective accrue du travail, donc par l'employabilité supérieure du travail domestique, donc par l'augmentation collective des revenus futurs, donc par la restauration de la capacité sociale et individuelle d'emprunt interne et externe de la réalité des biens économiques.

Inversement la réévaluation d'une unité de compte en euro sur le marché des changes confédéral accroît le pouvoir assurantiel des différentes sociétés identifiées au bénéfice de la citoyenneté européenne. Quand le plein emploi en variabilité des changes en euro provoque des excédents budgétaires, les gouvernements dont l'efficacité économique se trouve confirmée et certifiée, ont objectivement intérêt à exporter le capital de liquidité excédentaire comptabilisé dans les réserves de change en euro. La fermeture de la zone euro au non-droit libertarien oblige toutes les entreprises en rentabilité excédentaire de leur capital de travail à exporter leur savoir-faire en lieu et place de la représentation spéculative indéfinie du pouvoir virtuel de faire. Le contrôle politique de l'économie du capital fait circuler la réalité des biens et non leur irréalité spéculative. La condition de la croissance réelle de l'économie des biens appréciés en euro redevient le plein emploi du travail des citoyens.

Institution de la justice du vivre ensemble par la Confédération de l'euro

La faillite actuelle du gouvernement de l'Espagne est celle de tous les gouvernements de la zone euro. Elle a son origine dans la monétisation de la spéculation non réductible par la réalité objective universellement lisible. La dérégulation du système financier suscité après la décision étatsunienne d'inconvertibilité du dollar en or a détruit la perception de la possibilité du lien rationnel des monnaies à la réalité juridique et politique du travail. L'intelligence des dirigeants politiques et économiques est ontologiquement déconnectée de la réalité par la monnaie qui masque le travail au lieu de le traduire. Le calcul économique a perdu toute consistance dans la démonétisation pseudo-libérale des sociétés. La dématérialisation des biens déguisée en idéologie du libre échange immerge l'humain dans sa négation financière. Le discours politique est contraint au délire rhétorique pour capter la crédibilité de son action auprès d'une finance affolée par destruction de tout repère réel objectif. Podemos propose de rétablir la raison monétaire de la démocratie comme condition d'une économie véritable de l'humain.

L'inévitable retour à la réalité repose sur la conscience que les peuples acquièrent d'eux-mêmes dans l'expérience économiquement interprétable du vivre ensemble. Les concepteurs de la zone euro privés d'expérience réelle de la démocratie par le contexte de la spéculation financière libre en “euro-dollar” ont fabriqué une machine infernale. Cette machine entièrement numérique est reprogrammable par la substitution de l'objectif de financement de la démocratie à celui de la recapitalisation illimitée de la spéculation financière. L'émission de la liquidité bancaire doit dépendre d'un marché européen de titrisation du travail. La BCE, pilote de la monnaie, doit être réintégrée dans les institutions confédérales de la démocratie : un pouvoir communautaire de l'euro indépendant des États nationaux, régionaux et communaux et séparé en lui-même dans les trois ordres du judiciaire, du législatif et de l'exécutif. L'émission de la liquidité fait partie de l'ordre judiciaire. La liquidité centrale interprète la loi commune dans l'économie des cas particuliers de l'intérêt général.

La déréalisation monétaire du vivre ensemble cessera immédiatement le jour où la zone euro sera fermée au capital exogène fictionnel ; et le jour où les allocations de liquidité de la BCE seront subordonnées à la production par les banques de la contrevaleur marchande publique de titres de travail émis par les entreprises légalement déposées. La BCE devient alors le comptable objectif de l'économie européenne des citoyens financièrement rassemblées en sociétés capitalisées. La stabilité du crédit et des dettes publiques fédérées en euro est assurée par le capital confédéral de fiscalité financière voté dans un budget propre à la démocratie de l'euro. La mission propre et spécifique de l’État confédéral de l'euro est l'assurance de la démocratie par la liquidité des titres du travail. Le pouvoir exécutif européen inconsistant dans la machinerie actuelle de l'Union doit émaner des citoyens et non des gouvernements et intérêts nationaux. La monnaie indexée par le travail des citoyens délimite matériellement l'objectivité de tous les sujets de responsabilité et de fabrication commune des biens réels.

Partager cet article
Repost0
27 mai 2014 2 27 /05 /mai /2014 19:39
Etat de droit, république et démocratie

L’État de droit est un régime politique d'arbitrage mais qui n'a pas de consistance sans différenciation à la fois pratique et principielle de l'intérêt général et de l'intérêt particulier. Les conditions de possibilité d'un État de droit réel qui ne soit pas seulement une image esthétique, sont nées de la transformation de la république platonicienne en démocratie aristotélicienne. Le marché aristotélicien des biens est républicanisé par l'éthique de la monnaie.

L’État de droit démocratique qui ne soit pas juste une république, développe la justice par la double discussion du principe et de son interprétation pratique dans la réalité des cas particuliers. L’État de droit est l'existence d'une formulation publique de la loi, discutable par les citoyens autant que sa mise en pratique ajustée à chaque citoyen particulier. L'Etat de droit est l'application égale à tous les citoyens quel que soit leur rôle des principes communs d'une même loi nationale.

L'intérêt général supérieur aux intérêts particuliers élève la république au degré de la démocratie. L'égalité positive en droit des intérêts particuliers est la transformation en réalité démocratique des pouvoirs de la république de l'intérêt général. La publicité de l'intérêt général fait la réalité des intérêts particuliers solidaires par un bien théorique et pratique qui appartienne à tous les citoyens. Dans la démocratie aristotélicienne, la république des droits se réalise selon la loi véridiquement commune par l'échange des biens en monnaie.

Conditions générales de la justice réelle et concrète

Il résulte de la réalité démocratique des lois publiques d'égalité entre citoyens qu'il n'est de justice jugée que sur des cas particuliers parfaitement distincts en principe et en pratique, des principes généraux. Dans notre civilisation de démocratie réelle publique, la justice porte exclusivement sur l'égalité de principe entre des intérêts concrets particuliers posés sur le même plan d'un droit commun de volonté générale. L'égalité est uniment qualitative et quantitative.

Un juge qui arbitre entre des intérêts généraux et particuliers ne peut pas dire la justice dans le bien commun si l'intérêt général ne transcende pas les intérêts particuliers mis en balance ; si donc la représentation de l'intérêt général n'est pas incarnée par des individus "fonctionnaires" physiquement différents des intérêts particuliers qui s'affrontent ; si enfin le juge lui-même n'est pas placé dans la dépendance exclusive de l'intérêt général matériellement immunisé des intérêts particuliers.

Or l'intérêt général matérialisé, individualisé et dirigé au-dessus des intérêts particuliers, c'est l’État. Depuis Platon et Aristote, deux expériences de l’État s'affrontent : l’État comme principe qui ne répond pas de la réalité et l’État comme réalité qui doit répondre de la conformité des intérêts particuliers à un intérêt général public incarné. Aujourd'hui le débat sur l'effectivité de l’État de droit porte sur les modalités d'incarnation du pouvoir politique. Si le droit n'est juste qu'un principe, une bonne norme suffit à la réalité de l’État de droit.

Le libéralisme totalitaire

La pratique du droit comme idéalité réelle désincarnée est la position gagnante de la mondialisation libérale actuelle. Le libéralisme des Lumières fut autant politique, c'est à dire démocratique, qu'économique, c'est à dire républicain. La mondialisation économique menée par la monnaie des républiques anglo-saxonnes, la livre sterling, puis le dollar finalement renforcés par l'euro, a relégué la réalité démocratique dans l'idéalité républicaine. La démocratie n'est plus une question de réalité mais un simple principe qui s'applique tout seul par des normes et des institutions.

Deux expériences de réalité, la production de justice et la monnaie, illustrent l'empire du matérialisme libéral dans le monde moderne. La justice s'est désincarnée dans une prolifération de textes abstraits illisibles par les citoyens. Les normes sont appliquées exclusivement par des administrateurs et des experts qui travaillent des dossiers loin des personnes physiques singulières. Le justiciable ne voit plus son bien par rapport à autrui mais par rapport à son gain ou sa perte en comptabilité monétaire.

La monnaie n'est plus la rémunération d'un effort réel de production de biens pour des citoyens conscients mais la quantification d'une hiérarchisation des individus selon leurs facultés calculatoires. La comptabilité s'abstrait des biens réels par le capital financé en crédit bancaire. La justice n'est plus qu'une affaire de prix quantique ; et le prix n'est plus qu'un classement d'actifs financiers par des règles de pouvoir comptable sur des individus insensibles. Un arbitrage moderne n'est que financier, que réalisation monétaire d'un rapport de force inhumain.

Traité transatlantique et liquidité du néant

La platonisation libérale du monde a la force de la simplicité. La justice est automatique et ne coûte plus rien ; sauf à celui qui doit apprendre par le solde débiteur de son compte en banque à quel point il doit son existence aux sages qui émettent la monnaie et créditent chaque individu selon ses mérites absolus éternels. L'égalité pratique de rang envisagée dans le marché commun transatlantique entre un État particulier et une entreprise publique multinationale a pour but de solidifier la non-distinction libérale entre l'intérêt général et l'intérêt particulier.

La manœuvre est systémique ; elle est conduite en toute transparence par les intérêts particuliers qui possèdent le système libéral de négation des États ; le système de désincarnation de l'intérêt général des personnes morales et physiques dans la démocratie formelle. Si l'on convient que la démocratie n'a rien à voir avec la réalité des personnes, alors l’État de droit n'est effectivement nullement menacé par l'accord transatlantique. Les technocrates de Bruxelles ne font que leur boulot de production de normes qui accroitront la liquidité du grand marché.

Ce n'est effectivement pas la faute de Bruxelles si les pouvoirs politiques nationaux se montrent incapables de réguler la délibération et l'application des lois ; si la politique des personnes est incapable de rigueur budgétaire ; si la démocratie ne trouve pas d'autre financement que dans la dette. Ce n'est pas la faute de Bruxelles si l'inexistence de l'intérêt général dans l’État de droit anglo-saxon permet le financement illimité des équilibres économiques domestiques par l'épargne étrangère, laquelle est miraculeusement drainée par la rentabilité financière du marché des intérêts privés.

De la simplicité du projet européen

Ce n'est pas non plus la faute de Bruxelles si la zone euro a préféré confier à la BCE l'assurance en dernier ressort des équilibres financiers des États de droit nationaux. Le marché unique construit par la Commission Européenne sous le contrôle du Parlement Européen est explicitement un système de normes qu'une entreprise saura toujours mieux interpréter et appliquer dans son intérêt particulier qu'un État divisé par les opinions particulières sur l'intérêt général.

Quoi donc de plus naturel, simple et logique que de mobiliser les intérêts particuliers des deux cotés de l'Atlantique sur des normes communes qui évitent tout enlisement du business dans de coûteux débats sur les états de la justice ? L'intérêt particulier n'est-il pas déjà auto-financé et auto-régulé par des individus visiblement plus raisonnables que les autres ?

Partager cet article
Repost0

Retrouver

Pierre Sarton du Jonchay
chez

Le Blog de Paul Jorion

 

Pierre Sarton du Jonchay

CapitalCreditMonnaieCouverture.jpg

Catégories

Pierre Sarton du Jonchay

Atlantico.fr

LinkedIn

Viadeo