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4 juillet 2019 4 04 /07 /juillet /2019 13:28

1.1 Capitaliser la différentiation positive de la réalité objective à la réalité subjective

Au sens le plus courant, le capital est une richesse non consommable nécessaire à la production de richesse consommable. Le capital est un moyen de production ; il n’est pas ce qu’il produit. Mais il requiert une production spécifique qui l’entretienne, l’accumule et l’améliore pour engendrer des bénéfices. Le capital en lui-même n’a pas d’effet ni n’en produit s’il n’est dirigé et activé par des propriétaires. Le capital est un moteur disposé par une subjectivité intelligente directrice pour transformer la réalité. La subjectivité est condition d’existence matérielle du capital ; elle lui donne une finalité par une argumentation verbale rationnelle négociée à l’intérieur d’une société.

Les individus agissent par les sociétés. Le régime de la propriété fixe dans la subjectivité sociale les arguments et les modes d’argumentation des objets et des usages du capital. Un capital est un ensemble d’objets dont les propriétaires mettent en commun la finalité. La propriété d’un objet est la finalité que lui donnent le ou les sujets personnels qui en font usage. Une finalité objective détermine le prix au sujet de cette finalité. Une finalité commune partagée entre les propriétaires est le motif social du capital par son prix. En comptabilité pratique, le capital est formellement le prix de ce qui doit être délibérément immobilisé et investi par une collectivité constituée pour une certaine production de biens à servir.

1.1.1 De l’existence passive à la transformation active

L’existence du capital est signifiée par une quantité comptable en monnaie. Le capital est passif en ce qu'il lui suffit d'exister au prix minimum où il est inscrit dans le livre comptable pour signifier que ce qui doit être produit puisse l’être effectivement. Le capital comptable subjectivise une entreprise en quantité : il renvoie à l’objet juridique stipulé dans le contrat qui motive l’association d’intérêts personnels. Pour constater le capital à un prix positif signifiant son existence réelle, il faut un motif d’association qui est plus qu’une volonté commune de s’enrichir. Les propriétaires du capital sont des personnes qui disent ensemble ce qu’elles vont produire et comment elles vont le produire. La consistance du contrat social facteur de capital engage bien des personnes physiques : des sujets individuels libres dans leur corps physique en interaction avec la réalité objective.

La réalité subjective du capital impose que chaque associé à l’ouvrage commun ait son intelligence propre de la richesse à produire pour les autres et pour lui-même. Sans la liberté de dire et de comprendre de chaque associé, sans l’intégrité subjective des personnes physiques solidaires dans l’existence-même du capital, le capital devient une matière morte. Le capital est actif en ce qu’il se matérialise dans des biens utilisables par le travail de personnes physiques. Le capital est motion de biens matériels par la subjectivité du travail pour une certaine production objective ; une production délibérée et nommée dans les mêmes termes par un ensemble de personnes physiques.

Juridiquement, le capital est un moteur de production que des personnes physiques mettent en commun par une personnalité morale pour produire des biens et des services selon l'objet de leur contrat social d'entreprise. Le capital est stérile ou fictif s’il est détaché des droits et devoirs de toutes les personnes physiques qui contribuent à son existence et à son exploitation. Le capital est illicite ou nul si l’objet social et le projet d’entreprise ne s’inscrivent pas dans les lois civiles qui définissent et protègent la personnalité physique dans la liberté et le besoin moral d’association solidaire. Le contrat d’entreprise est inopérant, inactif, s’il ne s’inscrit en réalité dans un contrat politique qui rende possible le sens commun.

1.1.2 Responsabilité libre du sujet du capital

Non seulement les propriétaires exploitants du capital doivent être garantis et protégés dans leur capacité individuelle propre à posséder et transformer la richesse produite, mais ils doivent aussi avoir la faculté de s’accorder sur ce qu’ils mettent en commun et sur ce qu’ils en font ensemble. Le contrat d’entreprise qui comptabilise un capital est illisible s’il ne fait référence à un même droit des personnes physiques ; donc à un droit commun des biens, à un droit des échanges et à un droit politique du gouvernement des biens. Le capital d’entreprise n’obéit à la raison juridique et comptable que par le capital politique. La politique est ce qui lie les subjectivités individuelles dans une définition déterminante commune des biens à produire pour chacun en tous.

Si l’objet d’une association particulière ne s’inscrit pas dans ce que la société politique reconnaît comme bien pour chacun de ses membres, alors il n’y a plus de différenciation certaine entre produire et détruire dans l’espace commun d’échange. Les subjectivités individuelles sont virtuellement antagoniques. Une même chose peut avoir un prix positif pour certains quand il signalera la négation et la destruction pour d’autres. Une même chose peut être échangée à un prix positif entre deux individus alors que le capital commun est visiblement amputé par l’existence de la chose particulière. Isolée de son contexte subjectif, une chose peut être déclarée bonne pour quelques individus sans que la destruction induite dans l’espace naturel commun ne soit identifiable ni réparable.

Le capital est une réalité à la condition de sa mesure en trois dimensions non réductibles : l’intégrité des personnes physiques individuelles, l’organicité du projet social et la conformité à des principes politiques d’humanité dans l’espace naturel physique. Mais ces trois conditions de réalité du capital sont juste objectives. Elles n’engagent pas nécessairement ni le sujet, ni tous les sujets, ni la solidarité des sujets. Il y a une conditionnalité du capital dans l’ordre de la subjectivité, de l’intelligence et de la raison. Pour que le capital soit vraiment efficace, c’est à dire réel subjectivement et objectivement, il faut distinguer la socialité économique de la socialité politique. Il faut que le capital soit clairement divisible et calculable entre son nominal objectif et sa prime subjective ; c’est à dire réciproquement, entre son nominal subjectif et sa prime objective.

1.1.3 Condition politique du capital

L’économie du capital efficace à générer la richesse est en réalité politique. Si la richesse n’est pas juste une matière qui se compte mais une réalité qui se nomme, se dessine et s’effectue, alors le capital est le fait des humains incarnés, libres, intelligents et volontaires. Le contrat d’entreprise n’a de sens et d’application que par le contrat politique ; le contrat politique, que par la multiplicité des objets capitalisables dans les sociétés d’entreprise. De cette réalité rétablie dans son objectivité économique subjectivement politique, résulte le principe de la comptabilité double actif-passif ; où les actifs sont les primes du capital nominal sur chacun des objets sous-jacents au capital ; et où les passifs sont les primes des prix nominaux des actifs.

Le premier service rendu par le capital est la représentation intelligible de l’existence réelle à un prix positif au présent pour l'avenir, d'un ensemble de biens mis en commun et transformés par une société. Le capital est la preuve morale positive qu’une collectivité humaine constituée se donne à elle-même de la réalité durable possible du bénéfice de ses projets. Le capital prouve la réalité bénéficiaire possible pour chaque personne, pour la société et pour l’humanité dans son milieu naturel temporel terrestre. La preuve ne doit pas seulement valoir pour la collectivité qui veut produire mais pour toute humanité. S’il n’est de richesse que par la socialité, la réalité et le prix du capital doivent valoir pour quiconque.

Le capital prouve et mesure une capacité sociale à produire durablement de la richesse selon un certain objet particulier d’objets universels. Si les objets du capital ne sont pas universels, ils ne sont pas reconnaissables comme source de bénéfice pour tout acheteur et tout vendeur. Sans la positivité universelle, les propriétaires du capital nominal peuvent détruire l’existence et les conditions d’existence des propriétaires du capital réel. Et les propriétaires juridiques peuvent imposer un objet de capital en contradiction avec le droit de tous ; en négation des solidarités qui motivent l’échange ; et en destruction objective du milieu physique commun qui porte la vie.

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Pierre Sarton du Jonchay
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Le Blog de Paul Jorion

 

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