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13 janvier 2021 3 13 /01 /janvier /2021 10:57

Arnaud Ramponneau et Pierre Sarton du Jonchay

L'argent anticipe la valeur ajoutée transformée du capital

Il n’y a pas de fonctionnement du capitalisme sans que l’argent ne vienne matérialiser  l’anticipation collective de la valeur à produire à partir du capital disponible. L’anticipation de la valeur ajoutée en argent permet de calculer un prix actuel en argent au capital transformable. Le prix actuel du capital transformable s’adosse au prix actuel de la valeur ajoutée qu’il permet de produire. D’où il résulte que les propriétaires du capital évalué en argent deviennent débiteurs de la valeur ajoutée anticipée envers leurs futurs clients ; lesquels sont débiteurs à terme du paiement en argent de la valeur ajoutée qui leur sera livrée par les propriétaires du capital.

Le capitalisme est donc une technique d’adossement quantitatif et temporel du prix de la valeur ajoutée à produire au prix du capital à investir pour opérer la transformation de la valeur actuelle disponible en valeur ajoutée future. Le calcul de mise en équivalence de la valeur ajoutée future promise et due à des clients au capital actuellement investi s’opère par les prix en argent. C’est à dire par une unité de compte qui ait globalement à l’échelle d’un marché, la même valeur pour les propriétaires du capital qui promettent la valeur ajoutée, que pour les clients garants de la monnaie qui l’utiliseront à régler la valeur ajoutée effectivement livrée et reçue.

L'argent doit matérialiser le droit des gens

L'argent-dette du capital contre la valeur ajoutée est donc un outil de transformation par le temps de la valeur du capital en valeur ajoutée ; de la valeur du capital pour ses propriétaires, en valeur réelle pour les acheteurs de la valeur future que sont les citoyens consommateurs. La mise en équivalence de la masse monétaire en circulation avec le prix actualisé de la production en cours dans le capital disponible, est le travail des banques et de l’État. L’État produit les lois et les régulations qui déterminent et délimitent la valeur ajoutée réelle conforme aux droits des gens. Les banques émettent les signes monétaires qui traduisent l’équilibre permanent entre l’offre et la demande de valeur ajoutée capitalisée dans le droit des gens.

Pour que l’équilibre des dettes en nature aux dettes en monnaie soit calculable, il faut un espace commun délimité de superposition de la société garante de la valeur monétaire, à l’État qui la représente et aux banques qui négocient les dettes et la valeur de l’unité de compte. Cet espace a été délimité par les zones monétaires nationales jusqu’à ce que la dérégulation financière de la décennie 1980 supprime les frontières financières ; donc la possibilité de négociation publique transparente des équilibres financiers nationaux par les taux de change entre devises nationales.

Réintégrer l'argent de la finance dans le réel

La dissolution des espaces juridiques, économiques et financiers nationaux a rompu le lien rationnel entre l’espace de calcul des prix en monnaie et l’espace d’échange des biens et services réels ; biens et services réels parce que régis par le droit des gens et le gouvernement public de la transformation du capital en valeur ajoutée. Le pouvoir économique a été détaché de la Loi et de la délibération politique à l’intérieur des sociétés nationales. La politique économique des nations est devenue une pure mécanique pilotée par les acteurs financiers privés mus par leurs intérêts pécuniaires détachés de l’intérêt général et de la justice sociale. L’exercice du pouvoir se réduit à la finance hors sol : celui qui décide de l’ampleur de la dette va faire semblant d’en être le garant sans aucune prise sur l’économie réelle. Dans une économie de la rareté abstraite, l’homme puissance est celui qui contrôle les mécanismes de la dette.

La crise financière mondiale a renforcé le besoin pour les citoyens de se réapproprier l’instrument de mesure du bien public : la monnaie. La monnaie comme ressource commune car elle permet la circulation de la richesse sociale réelle délimitée par la loi commune. La monnaie représente le projet de prospérité des sociétés réelles ; la monétisation des projets de société est la condition du changement de paradigme économique qui remet la finance au service de l’économie des vraies gens. L’euro et le dollar sont des monnaies déconnectées des enjeux socio-environnementaux.

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commentaires

M
Je me souviens des débats à n'en plus finir sur le blog de Paul Jorion ???? Le succès du documentaire de Paul Grignon (Money as debt) à sa sortie avait popularisé la notion d'« argent dette » auprès de cercles plus larges que le milieu des économistes, et tout le monde paraissait vouloir en discuter. On mesure aujourd'hui à quel point l'effet multiplicateur de crédit est intrinsèquement mauvais.
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P
Merci Michel pour cette mention du documentaire de Paul Grignon.

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