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2 septembre 2017 6 02 /09 /septembre /2017 10:56
Capitalismes et inégalités : quels outils pour mieux comprendre ?

Commentaire au billet de Madeleine Théodore sur le Blog de Paul Jorion.

Le capitalisme libéral fabrique la misère en fixant des règles comptables qui ne certifient que la croissance nette du capital au bénéfice des propriétaires nominaux du capital. Cet angle de vue a pour « intérêt » d’indiquer directement et explicitement aux créanciers du capital la part de la valeur ajoutée calculée d’entreprise qu’ils peuvent revendiquer en rémunération immédiate de la liquidité monétaire « prêtée » à la communauté de travail d’entreprise, à ses fournisseurs et à la société de droits qui permet l’entreprise et le calcul de la valeur ajoutée.

Le capitalisme libéral est une gnose simple et directe pour expliquer aux gens que leur bonheur dépend exclusivement du solde comptable inscrit sur leur compte en banque. Le pouvoir d’achat individuel ne dépend pas d’une quelconque production objective par un travail personnel efficient et effectif mais bien d’un calcul mystérieusement efficace du banquier qui a financé des actionnaires ; qui ont financé des entrepreneurs ; qui ont « créé » de la valeur. La valeur existe en soi par un solde bancaire créditeur non rattachable à un capital concret effectivement transformé par des gens qui travaillent à ce qu’ils désirent et touchent.

La focalisation du calcul de rentabilité des entreprises sur le bénéfice net du propriétaire du capital plutôt que sur la valeur ajoutée spécifique du travail dans le chiffre d’affaires a un motif pratique et une utilité politique. En pratique, il n’y a pas de règle absolue pour séparer le prix du travail du prix des matières dans les achats et dans la production de l’entreprise. De fait, la décomposition transactionnelle de chaque prix s’établit par un rapport de force entre chef d’entreprise et salariés pour la valeur ajoutée d’entreprise ; entre chef d’entreprise et fournisseurs pour le prix des intrants ; entre propriétaires du capital et puissance de l’État de droit pour le contexte et les critères de négociation des forces relatives engagées dans le partage de la valeur ajoutée de chaque production rentable.

L’utilité politique d’un débat public polarisé sur la seule rentabilité du capital nominal en garantie de la solvabilité liquide d’entreprise, est d’effacer dans la conscience des citoyens-consommateurs-travailleurs les prémisses du calcul de répartition de la valeur ajoutée. Les conditions du rapport de force qui fixe le prix collectif du Droit, le prix des ressources naturelles et les prix du travail de production effective sont le point de départ du procès de répartition de la valeur ajoutée. Quand en toute fin du procès, vient le calcul du solde d’exploitation brute de l’entreprise, plus personne ne peut se souvenir du détail des argumentaires de négociation des salaires et des prix de chaque transaction intermédiaire.

Précisons que le capitalisme pose la spécificité et la nécessité du facteur capital dans le procès de répartition de la valeur ajoutée par les prix. C’est la pratique du capitalisme libéral qui exclut de fait le travail des facteurs nécessaires de la valeur ajoutée finale qui n’aurait plus vraiment besoin pour exister réellement de la valeur formelle et matérielle intermédiaire du travail. Le libéralisme économique oublie délibérément le temps laborieux qui passe pour ne considérer que la marge nette de l’actionnaire propriétaire du capital. La société politique et le droit des gens qui sont à l’origine du calcul possible de la valeur ajoutée réaliste sont refoulés dans un inconscient non transformable. La raison des personnes qui se parlent ne dit plus rien.

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commentaires

P
Bonjour Pierre,<br /> Vous trouverez ci-dessous, en introduction à une approche de l’IA, philosophiquement plus fouillée que l’émergentisme, une copie de deux posts (commentaires) proposés à une personne intéressée par la recherche en IA.<br /> Désolé pour la longueur et pour l’encombrement de votre blog. J’espère que la gêne inhérente à ce volume de caractères est compensée par votre hypothétique intérêt pour mon présent verbiage ...<br /> Bonne lecture.<br /> Cordialement,<br /> pascal<br /> <br /> « <br /> (...)<br /> Premier post ...<br /> <br /> Il serait ici fastidieux de vous exposer mon arsenal de critiques sur l'émergentisme et la pensée de John Searle (et ses théories sur l'IA forte). Cela nous mènerait vers un autre registre de réflexion, moins "technique" : l'ontologie au sens métaphysique (attention à la récupération sémantique du terme, justement dans le cadre de l'IA).<br /> On entre alors plutôt dans le registre des sciences cognitives, d'abord, puis de la philosophie plus abstraite.<br /> <br /> Je vous invite toutefois, à vos loisirs, à vous pencher, dans ces registres, sur la problématique quanta/qualia. Problématique qui échappe totalement à Searle. Il confond la structure physique d'une perception avec la perception qualitative elle-même. En physique, cela correspondrait à confondre la longueur d'onde d'un faisceau monochromatique vert avec la sensation de couleur verte apparaissant à la conscience.<br /> <br /> Il existe évidemment des corrélations (pour faire simple car il y en a toute une chaîne dans chaque processus cognitif) entre l'onde lumineuse (fréquence et quanta d'énergie déjà) et les capteurs activés de la rétine. Entre les capteurs et le massage électronique du nerf visuel. Entre le message électronique et le traitement cérébral.<br /> Toutes ces corrélations relèvent du monde physique et correspondent à des structures spatiales (pour faire simple en omettant le temps). En sciences cognitives, ces aspects physiques sont classés dans le registre global des "quantas". C'est du domaine de la mesure et de la structure. Le tout est en théorie soit copiable précisément, soit imitable par une autre structure remplissant des fonctions similaires. Ces structures correspondent au domaine d'étude et de recherche en IA.<br /> Les infos visuelles physiques peuvent alors être traitées par la structure cérébrale pour élaborer des réponses (en langage ou en action) à ces infos. Cela concerne aussi l'IA.<br /> <br /> Mais il y a un saut ontologique (au sens philosophique) entre ces structures physiques et la sensation qualitative de couleur verte (un qualia) au niveau subjectif de la conscience. Et ce saut n'a rien à voir avec le registre de l'IA. Il ne peut pas être modélisé par une structure physique (quanta).<br /> On peut tordre dans tous les sens une structure spatiale physique (du cerveau ou d'un ordinateur), cela restera dans le registre du quanta.<br /> Le saut ontologique au qualia ne peut être modélisé par une structure quantique (au sens métrique physique).<br /> L'IA ne concerne que les quantas.<br /> Elle pourra modéliser toutes les corrélations possibles au niveau physique (quanta) cela ne créera pas « nécessairement » (importance logique de ce terme précis !) par magie (comme le génie de la lampe d’Aladin) du qualia. Même si la copie est suffisamment efficace (voire plus), il lui manquera la relation au qualia.<br /> <br /> « Nécessairement » : en fait, personne ne sait actuellement « pourquoi et comment », cette « création de qualia » se manifeste. Point.<br /> L’émergentisme théorique pose abusivement que ce serait le niveau de complexité lui-même qui détiendrait ce pouvoir magique. Il s’agit d’une monstruosité logique. D’abord, l’émergentisme observe que de nouvelles « propriétés » émergent (d’où le nom de cette option philosophique) d’une structure matérielle à partir d’un certain niveau de complexité.<br /> Remarques :<br /> 1. déjà, corrélation n’est pas cause (voir la critique de David Hume : la science explique le comment et non le pourquoi) ;<br /> 2. les qualias ne sont pas des « propriétés » structurelles (et plus globalement, la conscience non plus) ;<br /> 3. les « propriétés » ne participent pas forcément de la structure matérielle elle-même, elles n’apparaissent peut-être qu’au niveau de la conscience de l’observateur qui interprète cette structure plus complexe en termes de « propriétés ».<br /> Conclusion : l’émergentisme ressemble plus à une manifestation archaïque de la pensée magique qu’à une démarche philosophie. Son dogme est truffé de sophismes grossiers (typiquement anglo-saxons et surtout californiens).<br /> <br /> Ce saut ontologique quanta/qualia reste de l'ordre du mystère et nulle science (étude des quantas) ne pourra jamais résoudre cette problématique car cela ne relève pas de son domaine.<br /> <br /> Les qualias ne se réduisent pas aux sensations (visuelles, auditives, ...), elles concernent aussi les émotions, sentiments, pensées, concepts abstraits, etc. Il existe bien une certaine corrélation entre ces qualias et les quanta du cerveau. Mais l'émergentisme confond corrélation et fusion ontologique. Pour l'émergentisme, les qualias se réduisent aux quantas auxquels ils sont corrélés. Simpliste grossier.<br /> <br /> Il y a alors trois niveaux ontologiques distincts à poser en théorie.<br /> 1. Les quanta du monde physique et du cerveau : c’est le registre de l’IA (faible, forte, sucrée, salée, blabla, ..).<br /> 2. Les qualias de la conscience, qui sont corrélés aux quantas du cerveau. Certains de ces qualias ont aussi des aspects quantitatifs (formes visuelles, géométrie, nombres, notions physiques et mathématiques, ...)<br /> 3. La corrélation elle-même ... en évitant ici de s'égarer dans des interprétations mystiques comme l’occasionnalisme de Malebranche ... et en se contentant d'une approche ontologique et fonctionnelle.<br /> <br /> Chaque niveau a sa propre complexité. Et il ne serait pas pertinent de fusionner conceptuellement (comme dans l'émergentisme) ces trois complexités car elles ne sont pas comparables.<br /> <br /> Chaque niveau a aussi sa nature ontologique propre.<br /> <br /> Le niveau 1 est le monde physique dont on ne sait rien sinon par l’intermédiaire de représentations par modèles. Il peut se structurer géométriquement. Chaque élément y a une forme et une position ... bien que la physique contemporaine développe des géométries bien plus complexes et que certains éléments n'y aient plus une position bien déterminée.<br /> Jusqu’à preuve du contraire, le « monde physique » reste un noumène ! Oui.<br /> Les abstractions physiques contemporaines l’ont dépecé de toute connotation de substance ou de matière pour ne garder que la notion de « stock d’informations quantiques ».<br /> Pour la physique actuelle, il ne s’agit plus d’un monde « matériel ».<br /> Cette position reste ontologiquement abusive mais il serait trop long de développer ici un exposé de la critique de cette position, qui ne reste en fait qu’une option paradigmique technique, un modèle.<br /> <br /> Le niveau 2 est le contenu de la conscience humaine (et hypothétiquement animale mais cela nous conduit à interroger nos mécanismes mentaux utilisant le principe d’analogie ; une autre fois ...).<br /> Seules les sensations visuelles y ont une forme ... pas les autres qualias (le son d’une cloche n’est pas carré, la peur n’est pas triangulaire, ...).<br /> Ils n'ont pas non plus de position : ils ne sont pas "dans le cerveau", ils sont bien corrélés à la structure cérébrale mais ne sont pas des éléments physiques situés "quelque part". Il n’entreteinnet aucune relatin métrique ni même géométrique avec les quanta de l’univers physique. Cette corrélation n’est pas métrique. Les notions « dedans », « dehors », « ailleurs », « autre dimension », etc., ne sont pas pertinentes pour aborder cette corréaltion.<br /> Les éléments de ce niveau 2 ne sont pas « quelque part ».<br /> Nos habitudes psychiques nous incitent à leur affecter automatiquement une position alors qu’ils n’en ont pas, ce ne sont pas des êtres du monde physique.<br /> Le monde physique et l’espace n’englobent pas la totalité ontologique. Cela demande un effort psycho-intellectuel pour se libérer de ce blocage paradigmique réducteur (dont Kant, entre autres, était victime).<br /> On situe alors abusivement ces éléments dans le cerveau mais c’est absurde car si l’on cherche à préciser cette position, aucun point particulier du cerveau n’y correspond.<br /> Les structures cérébrales (quantas) corrélées ont bien une position car elles font partie du monde physique mais les qualias subjectifs et la conscience elle-même qui les synthétise n’ont aucune position, ni dans le monde physique ni ailleurs (comme dans le monde des idées de Platon, bricolage ad hoc exprimant ce blocage paradigmique).<br /> Cette obsession psychique à affecter une position à tout être reste pertinente pour les quantas (bien que la physique nuance cette option, notamment par la notion de probabilité en mécanique quantique mais aussi par des géométries non conventionnelles) mais cette obsession est inadéquate pour les qualias (et la conscience dans sa globalité : la conscience n’est pas quelque part !).<br /> Une sensation visuelle, par exemple, comme un carré rouge, se situe d’autant moins « dans le cerveau » que, d’abord, « dans le cerveau, il fait tout noir » mais ensuite, aucune portion de la structure neuronale synaptique corrélée n’a la forme d’un carré.<br /> Bref. <br /> <br /> Le niveau 3, celui des corrélations assez complexes entre les qualias et les quantas est un niveau fonctionnel pur (au sens quasi mathématique mais impliquant aussi des aspects de temporalité, contrairement aux fonctions mathématiques usuelles). Ces éléments sont de « nature » nouménale, ni physique, ni consciente. Ce ne sont ni qualias ni des quantas. En outre, ces êtres n’ont ni forme ni position.<br /> Une étude ontologique plus poussée invite à les considérer comme « méta-temporelle » mais avec un aspect de temporalité dans la connexion aux qualias, lesquels s’inscrivent dans la temporalité subjective humaine (ou animale).<br /> Ces corrélations sont probablement à la base de ce que le discours non scientifique (religion, occultisme, ...) conceptualise abusivement comme « âme », « purusha », etc., selon une fantaisie bien connue mais assez grossière et réductrice, surtout dans son réductionnisme paradigmique spatio-temporel.<br /> Bref.<br /> <br /> La liste des registres ontologique n’est pas exhaustive mais elle ouvre a priori la porte au grand n’importe quoi, ce sort du présent objectif qui cherche à mieux cerner le fonctionnement de la conscience (humaine dans un premier temps). Le propos se limitera donc ici aux 3 niveaux évoqués.<br /> On évitera ici de s’égare dans des élucubrations comme le « purushottama », l’hypothétique (et peu crédible) « conscience cosmique » (une critique suivra en dehors de la présente approche), etc.<br /> <br /> Les complexités propres à chacun de ces 3 niveaux ontologiques sont d’ordres différents et difficilement comparables.<br /> Le niveau 1 relève sommairement de la complexité spatiale. Il est modélisable par des structures spatiales pouvant exercer des fonctionnements similaires. <br /> Cette complexité est le domaine d’étude et de recherche pratique de l’IA. Ces structures (fonctionnelles ou non) plus ou moins complexes peuvent dans certains cas être modélisées par l’IA ... dans d’autres, c’est plus improbable.<br /> Nous n’en sommes qu’aux balbutiements de cette recherche. Les possibilités d’avenir sont a priori infinies mais il ne faut pas se laisser impressionner par le sensationnalisme médiatique qui met la charrue avant les bœufs. Chaque chose en son temps.<br /> <br /> Le niveau 2 fait intervenir parfois des concepts très complexes et parfois suffisamment abstraits pour être difficilement traductibles par une structure cérébrale.<br /> Certains chercheurs en mathématique et logique présentent d’ailleurs des thèses qui tendraient à démontrer que certaines fonctions mentales (au niveau subjectif de la conscience, le niveau 2) transcendent par principe les possibilités connectiques synaptiques (niveau 1).<br /> La structure cérébrale corrélée à ces concepts a elle aussi sa propre complexité (pas seulement celle des synapses, qui relève d’un réductionnisme paradigmique du fonctionnement cérébral), parfois plus grande pour des idées simples, parfois non, mais ces deux complexités ne sont pas comparables, même si elles sont corrélées.<br /> L’écueil scientifique et philosophique serait de faire l’amalgame entre ces deux complexités. Ces complexités ne sont pas plus importantes l’une que l’autre, elles sont différentes.<br /> <br /> Le niveau 3 possède par contre un niveau de complexité qui dépasse largement les deux autres car il doit corréler ces deux registres complexes par une corrélation qui n’est pas une simple identité mais inclut des transformations fonctionnelles extrêmement élaborées (par exemple, lors de l’observation d’une carte électronique ou d’une carte routière, cette complexité fonctionnelle consiste à corréler une structure synaptique arborescente complexe en une sensation visuelle géométrique extrêmement structurée) ... et cela à une fréquence qui dépasse de très loin les performances tant du cerveau que de la conscience intelligente.<br /> Aucune IA, présente (et probablement à venir) ne peut rivaliser avec cette corrélation tant en complexité qu’en fréquence temporelle. <br /> <br /> Le domaine de recherche et d’application de l’IA concerne pour l’avenir proche (et même lointain) la complexité du niveau 1.<br /> Même un superordinateur ne peut réaliser les performances de la complexité fonctionnelle du niveau 3.<br /> S’émerveiller devant l’émergence prochaine d’une « singularité » de complexité anime la bigoterie transhumaniste (comparables aux bigoteries religieuses usuelles) mais cela n’arrivera jamais à la cheville de l’émerveillement envers cette complexité de niveau 3, laquelle sort du cadre de recherche des bigots de l’IA, Palo Alto, du Japon ou d’ailleurs.<br /> <br /> Mais surtout, un superordinateur ne gérera jamais que des quantas, contrairement à l’intelligence fonctionnelle du niveau 3 qui met en relation de manière infiniment complexe, les quantas du niveau 1 aux qualias du niveau 2.<br /> <br /> J’espère vous avoir ici laissé entrevoir à partir de quelle réflexion je me permets de considérer un agité omniscient du profil de Ray Kurzweil comme un pitre suffisant.<br /> A partir de cette « petite » introduction à l’ontologie, j’espère vous avoir aussi permis de relativiser l’importance historique de l’IA ou du moins de la situer dans un cadre culturel plus large.<br /> Cela n’enlève rien à la pertinence du développement de cette IA, maintenant et à l’avenir. Au contraire.<br /> Mais j’espère vous avoir ainsi apporté un certain regard panoramique sur la situation, regard qui vous permettra d’aborder à l’avenir le phénomène de l’IA avec le recul philosophique nécessaire. Recul qui vous évitera, je l’espère, de vous laisser séduire par les déclarations intempestives des gourous de Palo Alto, de leurs suiveurs aveugles et de la presse à sensation.<br /> <br /> Cela vous permettra (ou accentuera) une certaine sérénité intellectuelle propice au travail créatif et intelligent, hors du tumulte stérile des médias.<br /> <br /> (...)<br /> Second post ...<br /> <br /> Je pensais, suite à votre précédent commentaire, que l'intelligence animale la plus proche de la nôtre serait sans doute celle du dauphin. On n’en trouve pas à chaque coin de rue. Le poulpe non plus mais l’aquarium est moins encombrant.<br /> <br /> Mais un élément peut vous intéresser pour vos recherches sur le langage intelligent.<br /> Les diverses grammaires du langage humain se modulent sur 3 éléments de base, sujet/verbe/objet en variant l’ordre selon les langues (SVO, VSO, etc.).<br /> « La pomme tombe » pour le verbe intransitif (SV)<br /> « L’enfant mange la pomme », verbe transitif (SVO).<br /> Il me semble que cela soit la conséquence de particularités de survire biologique. L’homme doit cerner un objet dans le décor pour le saisir avec sa main puis le porter vers la bouche pour l’estomac.<br /> L’objet (qui devient sujet grammatical) à saisir par la main est découpé (par le processus perceptif et cérébral) dans le décor : le sujet grammatical (pomme).<br /> Puis la relation spatiotemporelle entre cet objet (sujet grammatical) est exprimée par le verbe (tomber).<br /> Parfois l’action nécessite un second objet du décor (verbe transitif).<br /> Cela donne l’objet grammatical : L’enfant (S) mange (V) la pomme (O).<br /> <br /> Certains phénomènes comme la pluie fusionnent en une même action l’objet et le décor.<br /> La grammaire usuelle est alors inadéquate. On invente un sujet creux qui n’a qu’une nécessité grammaticale.<br /> « Il pleut ». Le pronom « il » est sujet grammatical mais ne veut rien dire. Cela vient des limites de la grammaire du langage usuel.<br /> <br /> C’est comparable dans « Je pense ». Le « je » et la « pensée » ne font qu’un. La formule exprime surtout une contrainte grammaticale plus qu’une nécessité philosophique.<br /> C’est la grossière méprise du cogito.<br /> « Je pense donc je suis » n’a pas plus de valeur ontologique que « il pleut donc il est ».<br /> Il s’agit de sophismes grammaticaux, des pièges logiques auxquels beaucoup se font prendre.<br /> <br /> Mais ceci reste anecdotique pour vos recherches en IA (même si c’est fondamental en ontologie de la conscience humaine).<br /> Tout ceci pour vous faire remarquer qu’un animal qui n’a pas besoin, comme l’homme, de découper cognitivement un objet dans un décor pour s’en nourrir, n’emploiera pas forcément une grammaire comparable à la nôtre.<br /> Par dérision, j’appelle notre langage verbal « la langue de l’estomac ». Pour moi, cette langue n’est pas pertinente pour la philosophie et l’ontologie car comportant trop de travers grammaticaux. Elle est utile pour manger et d’autre actions quotidiennes mais pas pertinente pour tous les registres culturels.<br /> D’ailleurs le grand boom des sciences depuis Newton vient surtout de la recherche d’un langage spécifique aux sciences, les mathématiques mais pas seulement.<br /> <br /> Certains animaux ont pourtant besoin de reconnaître des formes dans les relations de prédation mais la préhension manuelle chez l’homme a selon moi développé à l’excès ce formatage grammatical ... qui se retrouve dans la pensée elle-même (et correspond probablement au fonctionnement spécialisé de notre cortex qui traite majoritairement les infos visuelles, primordiales pour notre survie).<br /> Car même au niveau des concepts, notre mental a repris ces automatismes : le verbe « com-prendre » est révélateur.<br /> <br /> Ceci pour vous mettre en garde à l’encontre de la forte tendance humaine à reporter ces automatismes naturels humains dans nos tentatives de compréhension du monde et des autres formes de vie.<br /> Essayez d’ouvrir vos recherches sur le langage à d’autres articulations, d’autres approches, plus indépendantes de la grammaire verbale usuelle. Pas facile !<br /> <br /> Les cétacés qui se nourrissent de plancton, par exemple, ont nettement moins besoin d’une telle grammaire.<br /> Les baleines ont une intelligence qui n’a rien à envier à la nôtre mais leur langage ne se structure probablement pas sur nos habitudes grammaticales.<br /> Pour d’autres animaux, la dominance des émotions sur le mental peut aussi y modifier fortement la structure linguistique car les émotions ne répondent pas aux mêmes logiques que le mental rationnel.<br /> Le langage des oiseaux semble répondre à des impératifs plus émotionnels que rationnels (comme la musique humaine d’ailleurs).<br /> Même chez l’être humain, certaines chansons sonnent merveilleusement malgré un texte lui-même resté à un stade assez débile.<br /> Certains animaux communiquent probablement plus pour partager des émotions que des infos rationnelles.<br /> Anthropocentrisme, quand tu nous tiens ...<br /> <br /> (...) <br /> »
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P
Ces considérations sont capitales. Mais j'aimerais les nuancer et les enrichir. En en faisant un billet à votre nom que je commenterai ?
P
Pour le fun ...<br /> A votre avis, quelle pourrait être l’acuité temporelle de conscience d’un cyborg ?<br /> (à supposer qu’un cyborg ait un jour une conscience subjective).<br /> <br /> Je doute qu’un des géniaux techniciens de pseudoscience de Palo Alto se soit déjà posé cette question.<br /> Selon mon humble avis, il est assez probable que nous soyons les deux premiers êtres humains à l’émettre.<br /> J’espère toutefois me tromper ...<br /> Cela vous donne un maigre aperçu de ce que je pense de ce grand foyer cogitatif que constitue la recherche actuelle en IA.<br /> J’ai une formation d’ingénieur et pense être suffisamment bien placé pour avoir observé que ces « chercheurs cherchent et réfléchissent », cela ne fait aucun doute ... mais de là à « penser », il y a une marge.<br /> Alors, un cyborg qui « pense » ...<br /> J’arrête ici ... sinon je vais retomber dans mon ironie suffisante habituelle, ce qui nuirait à l’image du sage qu’un individu accédant à de tels sujets de cogitation serait supposé incarner. Humour !<br /> Cordialement,<br /> pascal
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P
Vous avez raison : le scientisme et le technicisme actuels sont complètement affranchis de la temporalité du commun des mortels...
P
Après un rapide survol de l’article que vous me proposez, je peux déjà dire que j’ai beaucoup à dire ... mais cela va prendre du « temps » ...<br /> <br /> En attendant, une petite question sur laquelle la raison (scientifique ou autre) n’a aucune prise ...<br /> La conscience n’est pas une collection ordonnée d’instants purs figés (de durée nulle ... ou non), sinon les sensations puis les notions liées au changement, au mouvement et in fine à l’abstraction de temporalité resteraient inaccessibles à cette conscience.<br /> Pour avoir accès à ces sensations premières puis aux notions associées, la conscience (au sens large de collection synthétique de sensations subjectives et de mentalisations « en acte », « actuelles ») doit être conscience de « plusieurs instants simultanément ». Ah !<br /> La situation au temps t1, celle au temps t2 ainsi que la transition entre les deux doivent être présentes conjointement à la conscience ... et non, de surcroît, selon une simple juxtaposition.<br /> Cette simultanéité n’a rien à voir avec la simultanéité de deux situations séparées par l’espace, laquelle ne fonde pas de sensation de temporalité (sauf si la conscience passe de l’une à l’autre selon un processus temporel).<br /> Une conscience instantanée pure serait consciente d’un instant à la fois. Puis du suivant (excluant ontologiquement le premier), sans jamais accéder à la notion même de « suivant ».<br /> La trace mnésique de l’instant précédent serait seulement considérée comme une situation « autre », estompée, mais pas « antérieure ».<br /> Et la transition de l’une à l’autre ne serait pas perçue comme une transition temporelle.<br /> <br /> La question : comment expliquer cette observation première de présence à la conscience « instantanée » de « deux instants en même temps » ?<br /> L’instant conscient subjectif ne peut ainsi se réduire à une instantanéité atemporelle pure.<br /> L’instant est une « part temporelle en acte », qui inclut « plusieurs manifestations de la temporalité en même temps ».<br /> <br /> Ce paradoxe reste insoluble par la raison raisonnante ... même s‘il reste appréhendable subjectivement.<br /> <br /> A cela s’ajoute l’approche phénoménologique de « l’acuité temporelle de conscience », qui dépend de contraintes neurologiques ... mais pas seulement. Elles n’expliquent pas tout.<br /> L’instant subjectif vécu n’est pas de l’ordre de la microseconde (d’accord), ni de la minute (d’accord).<br /> Cette « acuité temporelle de conscience » pourrait être comparée à la notion de persistance rétinienne, laquelle reste, elle, déterminée par des contraintes biologiques.<br /> Quant à l’acuité temporelle (phénoménologique et subjective) de conscience, elle ne s’explique par aucune théorie neurologique ... même si des charlatans de pseudoscience (comme il en pullule dans ce domaine à la mode) ont tenté, en vain, de le faire. D’ailleurs, cette notion n’intéresse quasi aucun chercheur.<br /> <br /> Pour en revenir au paradoxe de la conscience se présentant à un niveau méta par rapport à une simple collection ordonnée d’instants purs ... <br /> Ce paradoxe n’est pas pris en compte par « l’ontologie de la vacuité du bouddhisme », ontologie qui, par erreur d’observation phénoménologique, considère la conscience comme une simple collection d’instants successifs.<br /> Faux.<br /> Même le grand Nagarjuna tombe dans le panneau. L’ontologie de la vacuité montre pourtant des fondements rationnels mais ils se trouvent ailleurs et la question est plus complexe.<br /> Ceci nous éloigne de notre propos.<br /> <br /> A plus tard.
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P
Là vous faites de la théologie. Vous nous parler de la personne en tant que sujet individuel et collectif de la connaissance en acte. De la personne qui est au monde et à elle-même dans sa conscience par la relation spatio-temporelle aux autres personnes. La personne prend conscience de son existence connaissante par les images qui naissent de l'interaction subjective entre les corps personnels dans l'espace-temps.
P
Bonsoir,<br /> Cela m'a étonné moi-même après-coup. Je pensais l'avoir posté à la suite de mes premiers commentaires. L'heure tardive me semble être à l'origine de cette erreur de page.<br /> Je n'ai pas encore eu le temps de parcourir votre blog mais je vais le prendre.<br /> Je vais aussi lire le billet que vous me proposez au présent lien.<br /> <br /> Pour revenir à l’intrication abusive (selon mon opinion) entre circuits de validation sociale de l’activité (par la monnaie en l’occurrence) et circuits consuméristes, cette grossièreté logistique et juridique « impose à l’Etat d’imposer », pour financer la validation (monétaire par défaut culturel) de ce qui est capitalistiquement non rentable.<br /> Je considère, selon une argumentation sommaire que vous trouverez en commentaire à un billet de Jean Gadrey (j’ai un peu brusqué ce brave homme avant l’été, surtout après son dernier billet sur les inégalités) au premier lien suivant, que cette « taxation des riches par principe » (dites-vous bien que je n’ai aucun parti pris dans la dialectique des classes, je reste observateur neutre sans statut social personnel) relève (à mon avis donc) d’une barbarie populiste inadaptée (et surtout non civilisatrice) en réponse à une autre barbarie, élitiste et capitaliste, légale (souvent) bien que non légitime (selon mes principes philosophique personnels). Mais alors, c’est la loi qu’il faut changer et évidemment pas selon l’orientation indiquée par cette mascarade du pseudo-Nobel d’économie.<br /> <br /> Je ne suis « ni de gauche ni de droite, bien au contraire » ...<br /> <br /> Pour la barbarie de la taxation arbitraire des riches, une suite de commentaires (dont un plus ciblé) sur<br /> http://blogs.alternatives-economiques.fr/gadrey/2017/04/01/les-francais-sont-bien-plus-%C2%AB%C2%A0progressistes%C2%A0%C2%BB-qu%E2%80%99on-le-dit-selon-un-interessant-sondage-sur-leurs-preferences<br /> <br /> Pour les dernières brusqueries critiques envers le gauchisme candide et autosuffisant, commentaires sur<br /> http://blogs.alternatives-economiques.fr/gadrey/2017/06/29/des-inegalites-de-revenu-et-de-patrimoine-qui-montent-qui-montent%E2%80%A6<br /> <br /> Ce ne sont que des mots ...<br /> Le moteur de ces commentaires acides reste l’objectif de décoller des préjugés naïfs (bobos ou autres) pour passer à une prise en mains plus mature de la réalité sociale, en gardant les utopies candides comme simples sources de réflexion théorique et non comme guides de route vers l’abîme de la dystopie.<br /> <br /> Bonne soirée.<br /> Cordialement,<br /> pascal
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P
La critique analytique philosophique de la théorie de la relativité demanderait des considérations un peu plus affinées que cette présentation sommaire. En fait, chaque référentiel pseudo-euclidien introduit une variable par la définition de son propre étalon de mesure. Cela pourrait être considéré a priori comme l'introduction d'un degré de liberté (relatif à la vitesse du référentiel) mais la relation de la transformation de Lorentz (qui relie entre eux les divers étalons) abolit ce degré de liberté apparent. Bref. <br /> <br /> Cette complexité mathématique (relative) est une des sources des diverses erreurs d'interprétations dans ce cas particulier mais à ceci s'ajoute globalement un manque de rigueur lexicale et d'inventivité de la part des scientifiques, qui se contentent souvent d'emprunter leur vocabulaire au langage courant. Ces emprunts sèment alors la confusion lors des démarches de vulgarisation des théories scientifiques à destination du grand public.<br /> Cette ambiguïté concernant la notion de relativité n'est qu'un exemple parmi de nombreux autres.<br /> A ceci s'joute aujourd'hui le business juteux des pseudosciences, domaine en pleine expansion. Des auteurs assoiffés de gloriole et d'argent facile s'appliquent méthodiquement à jouer sur de telles erreurs d'interprétation et l'ignorance grandissante du public concernant les avancées scientifiques pour propager des théories loufoques qui envahissent les rayons des librairies, avec la complicité du monde de l'édition acculé à ce racolage peu glorieux pour survivre à la concurrence du numérique.<br /> <br /> Pour revenir à la théorie d'Einstein, cette corruption épistémologique concernant la notion de relativité tient en bonne partie au fait que les philosophes contemporains ont une formation scientifique relativement médiocre, même chez les spécialistes (souvent autoproclamés) du registre de la philosophie des sciences.<br /> Einstein lui-même était d'ailleurs initialement un technicien spécialisé (et un excellent mathématicien) plutôt qu'un véritable scientifique ... rares sont les scientifiques eux-mêmes à en prendre conscience. Niels Bohr semble être quasi le seul à relativiser l'aura scientifique d'Einstein ... mais ceci est une autre histoire.<br /> Einstein n'a notamment jamais corrigé explicitement cette méprise épistémologie concernant les interprétations de la relativité dans la culture populaire. Ce brave Albert se montrait d'ailleurs un philosophe peu talentueux (ses publications dans le domaine brillent par leur naïveté).<br /> <br /> Pour ce qui concerne plus particulièrement la philosophie française, elle a aussi placé au siècle dernier des littéraires comme Sartre au rang de philosophe. Fantaisiste (surtout par comparaison à d'autres littéraires comme Nietzsche).<br /> Dès que cet auteur de théâtre populaire (il n'y a pas de sot métier mais chacun son domaine) tentait d'aborder des thèmes plus scientifiques, comme la notion de temps, cela se perdait dans l'absurde (mais cette littérature se vend toujours car le grand public n'y voit que du feu).<br /> En ontologie, l'incompétence de Sartre (comme celle de ses confrères d'hier et d'aujourd'hui) est encore plus patente.<br /> Un philosophe plus inspiré aurait plutôt titré : "L'être et le néant. Tome premier : l'être". Puis il s'en serait tenu là, en omettant volontairement tout second tome.<br /> On lui concèdera d'avoir surtout développé sa philosophie dans les bistrots ... les impératifs du discours y sont pour sûr tout autres.<br /> <br /> Superflu aussi de s'étendre sur le sophisme grammatical de Descartes "je pense donc je suis", lequel n'est évidemment pas plus valide que "il pleut donc il est".<br /> La notion fantaisiste d'ego transcendantal de la phénoménologie (franco-germanique) du siècle dernier relève d'une finesse analytique comparable.<br /> Si les philosophes français (et allemands) avaient eu la chance de déguster au troquet des bières plus savoureuses, probablement auraient-ils raconté moins d'idioties.<br /> Une nouvelle vague de brasseurs français propose désormais des expériences brassicoles de meilleure qualité ... espérons que la philosophie suivra.<br /> <br /> A votre santé !<br /> pascal<br /> <br /> ... texte à transmettre sans modération.
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P
Tout ce que vous dites là me paraît tout à fait instructif et à propos tant par rapport aux textes de ce blog qu'à ceux que Paul Jorion veut bien publier sous mon nom. Question : pourquoi placez-vous ces commentaires et réflexions sous la "dictature nihiliste du capital libéral" ? Question subsidiaire : avez-vous lu ceci : http://www.pauljorion.com/blog/2012/05/31/monetiser-la-relativite-generale-du-physique-par-pierre-sarton-du-jonchay/ ?
P
Salut Michel,<br /> <br /> Amusant ce cher Albert. <br /> Blague à part ...<br /> <br /> La philosophie du siècle dernier n'a jamais réussi à intégrer intelligemment dans son discours les avancées scientifiques.<br /> La formation philosophique reste encore principalement littéraire et son académisme se méprend généralement sur le sens des mots utilisés par le langage scientifique.<br /> La théorie de la relativité (restreinte ou générale) participe de cette méprise, qui a pris des proportions grotesques au regard scientifique.<br /> <br /> En langage commun, relatif signifierait plutôt non fixé, variable avec une connotation de liberté accrue.<br /> Et c'est en ce sens que la culture populaire du 20éme siècle a interprété la portée de cette théorie scientifique de la relativité.<br /> <br /> Mais en s'appliquant à une analyse plus rigoureuse intégrant le sens mathématique des mots et de cette notion de relativité, l'interprétation épistémologique en devient radicalement différente.<br /> <br /> En physique, lorsqu'une grandeur dépend d'une seule variable (x), elle possède 1 degré de liberté ; pour deux variables (x,y), elle possèdera 2 degrés de liberté, etc.<br /> Si ces variables sont par contre reliées (voilà l'acception initiale du mot relatif en physique) entre elles par une relation (dite aussi équation), alors la grandeur perdra un degré de liberté ; pour deux relations, elle perdra deux degrés de liberté, etc.<br /> <br /> Exemple : la position (grandeur physique).<br /> Si la position est définie par 3 variables, appelées coordonnées (x,y,z), cela permettra au mobile de se déplacer dans tout l'espace avec 3 degrés de liberté. Aucune contrainte a priori.<br /> Ces 3 variables sont indépendantes, non liées par une relation. Elles sont donc non relatives.<br /> Cette non relativité offre à la position une liberté totale (3 degrés) dans l'espace, une absence de contrainte.<br /> <br /> Si l'on introduit à présent une relation (relation = contrainte mathématique) entre ces 3 variables, alors la position perdra un degré de liberté.<br /> Par exemple, la relation z = 2x+3y va contraindre la position à se limiter à un plan (2 degrés de liberté et non plus 3 comme au départ).<br /> Une seconde relation formera avec la première un système de 2 équations à 3 variables.<br /> Géométriquement, cela correspondra à l'intersection de 2 plans qui (hors parallélisme) donnera une droite, laquelle n'offrira plus qu'un seul degré de liberté.<br /> Une troisième équation coupera enfin cette droite par un plan pour ne plus offrir qu'une seule possibilité de position : un point fixe, possédant zéro degré de liberté.<br /> <br /> Interprétation scientifique : chaque relation constitue une contrainte, qui fait perdre un degré de liberté à la grandeur (ici la position).<br /> En physique (domaine auquel se réfère la théorie d'Einstein), plus une grandeur est relative et moins elle est libre. <br /> <br /> Cela pourrait se résumer par la métaphore de la chèvre de monsieur Seguin.<br /> Sans corde, la chèvre est non relative. Elle est totalement libre dans le pré.<br /> Si une corde la relie à un piquet, sa position sera relative au piquet. La chèvre sera moins libre.<br /> Si elle est reliée à deux piquets séparés par deux cordes, elle en sera d'autant plus relative donc moins libre.<br /> Chez monsieur Seguin comme en physique, relatif prend le sens de relié donc moins libre.<br /> <br /> La culture populaire a ainsi pris la théorie de la relativité à contresens pour en déduire abusivement une idéologie du flou et de la liberté.<br /> En fait, la théorie physique d'Einstein signifie diamétralement le contraire.<br /> <br /> Avant la théorie de la relativité d'Einstein, le temps était conçu comme une grandeur physique totalement libre : une seule variable t, non liée et complètement indépendante.<br /> Après la théorie de la relativité, le temps devient relié à la vitesse (le temps est alors relatif) par une relation mathématique rigoureuse dite "transformation de Lorentz", du nom du mathématicien à qui Einstein a emprunté ses formules.<br /> Cette relation est d'une rigueur mathématique stricte ... bien plus rigide que la corde de monsieur Seguin !<br /> En déduire concernant le temps une interprétation de flou voire de liberté accrue relève du contresens le plus grossier.<br /> <br /> La critique analytique philosophique de la théorie de la relativité demanderait des considérations un peu plus affinées que cette présentation sommaire. En fait, chaque référentiel pseudo-euclidien introduit une variable par la définition de son propre étalon de mesure. Cela pourrait être considéré a priori comme l'introduction d'un degré de liberté (relatif à la vitesse du référentiel) mais la relation de la transformation de Lorentz (qui relie entre eux les divers étalons) abolit ce degré de liberté apparent. Bref. <br /> <br /> Cette complexité mathématique (relative
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P
Réflexions nocturnes ...<br /> La validation sociale de l’activité créatrice doit-elle s’exprimer en droit d’usage et si oui, lequel ?<br /> Dans le cas d’un entrepreneur, d’un indépendant, d’un collectif producteur, par exemple, le fait que la validation de l’activité donne droit à un accès (exprimé en droit d’usage) aux ressources (matérielles et humaines) pour la poursuivre, cela se comprend ... même pour une activité non spécifiquement marchande (ce que le marché ne permet pourtant pas).<br /> Mais le fait que la validation sociale de l’activité d’un travailleur sous contrat s’effectue sous forme d’accès « libre » au consumérisme large, indépendamment du contexte de son activité, me semble philosophiquement et économiquement non pertinent.<br /> « Tout travail socialement valide mérite validation » tombe sous le sens.<br /> Mais « tout travail mérite salaire », le salaire étant aujourd’hui conçu comme droit d’usage consumériste brut, me fait plus penser au sucre donné au chien docile qu’à un moteur civilisationnel de l’activité humaine et de la société globale.<br /> <br /> Confondre, comme le fait notre fonctionnement monétaire, les circuits de validation sociale de l’activité et les circuits du consumérisme ordinaire mène à des situations d’injustice sociale voire à des situations fondamentalement absurdes.<br /> Une activité à haute valeur symbolique sociale ne récolte pas nécessairement en contrepartie, via le marché (d’autant moins si elle n’est pas marchande, lapalissade), la validation qu’elle mérite. De telles activités étant actuellement alors entretenues par les subventions publiques ou directement organisées dans le cadre de la fonction publique (enseignement, ...) mais ce système s’essouffle du fait que l’amaigrissement libéral du budget de l’Etat, victime du capitalisme, restreint cette validation étatique.<br /> Réciproquement, une forte productivité (et la cybernétique augmentera le phénomène, dans le prolongement du processus industriel d’automatisation) et des gains d’échelle (multinationales), peuvent valider abusivement par le marché une activité sans grand intérêt social ou civilisationnel. Le marketing entretient cette dérive, même à petite échelle (sur ce point, je reste sceptique quant à la panacée de la monnaie locale).<br /> <br /> Valider socialement une activité via le seul marché consumériste (lui-même sombrant dans l’absurde dans nombre de situations) reste fondamentalement un mécanisme peu rationnel et peu civilisateur.<br /> <br /> Sortons à présent de ce cadre économique ...<br /> <br /> P.s.<br /> Je ne suis pas un habitué du blog de P. Jorion. Certains de vos commentaires que j’ai eu l’occasion de lire y utilisent une phraséologie assez dense et, surtout lors de l’usage de termes pointus, je peine à les diluer pour accéder à la pleine compréhension de leur contenu. Ils attirent toutefois mon attention.<br /> Un billet y a récemment abordé le thème de l’intelligence artificielle (il s’inscrit apparemment dans une suite sur le thème) et j’ai été tenté au départ d’y répondre.<br /> Apparemment, ce blog a tendance à prendre régulièrement des allures de café du commerce, notamment par la présence envahissante d’intervenants au propos anecdotique mais qui semblent y voir une opportunité occupationnelle, à défaut de rencontrer dans leur voisinage suffisamment de joueurs de cartes pour organiser une partie. Je me suis ainsi abstenu, ce comptoir numérique étant plus propice à raconter de bonnes (ou moins bonnes) blagues mais je n’en avais ni le temps ni l’envie. C’est dommage pour Paul car même si cela anime son blog, cette situation inconfortable importune et éloigne des commentateurs au propos plus consistant. Le patron reste évidemment libre du choix de sa clientèle.<br /> <br /> Si ce thème d’actualité, l’IA, vous intéresse (comme il me semble l’avoir deviné), je suis disposé à vous présenter ici quelques réflexions atypiques mais suffisamment pertinentes (ma formation scientifique me permet de m’avancer un peu sur cette présomption). Ces réflexions sont également étayées par une certaine habitude des méditations philosophiques dans le registre de l’ontologie, registre que l’émergentisme (référence philosophique principale des idéologies associées à l’IA) aborde actuellement selon moi de manière non pertinente et surtout excessivement réductrice.<br /> Au cas où vous seriez disposé à lire quelques réflexions plus poussées (que ce que l’on peut découvrir dans la presse, même spécialisée) sur le thème de l’IA, je vous invite à me proposer sur votre blog un espace pour vous les présenter. Ici à la suite ou en réponse à un billet plus ciblé.<br /> <br /> En introduction, vous me permettrez ici un (long) copier-coller d’un mail posté récemment à un proche à propos d’une amusante dérive culturelle de pseudoscience du siècle dernier.<br /> Vous conviendrez que cela ne corresponde plus tout à fait à votre billet de départ, sinon pour enfoncer le clou du constat du mésusage des mathématiques dans la culture contemporaine, en économie ou ailleurs.<br /> Je vous transmets la copie sous sa forme brute initiale sans corrections. Désolé pour la longueur.<br /> <br /> Cordialement,<br /> pascal
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P
Si vous avez des choses à dire sur l'IA "atypiques et pertinentes", je me ferai un plaisir de publier votre texte pour ouvrir une bonne discussion.

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