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2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 10:42

Par Pascal

La grammaire porte-t-elle l'essence du sujet parlant ?

L'intelligence animale la plus proche de la nôtre serait sans doute celle du dauphin. On n’en trouve pas à chaque coin de rue. Le poulpe non plus mais l’aquarium est moins encombrant.

Mais un élément peut vous intéresser pour vos recherches sur le langage intelligent. Les diverses grammaires du langage humain se modulent sur 3 éléments de base, sujet/verbe/objet en variant l’ordre selon les langues (SVO, VSO, etc.) :

  • « La pomme tombe » pour le verbe intransitif (SV)
  • « L’enfant mange la pomme », verbe transitif (SVO).

Il me semble que cela soit la conséquence de particularités de survie biologique. L’homme doit cerner un objet dans le décor pour le saisir avec sa main puis le porter vers la bouche pour l’estomac.

L’objet (qui devient sujet grammatical) à saisir par la main est découpé (par le processus perceptif et cérébral) dans le décor : le sujet grammatical (pomme). Puis la relation spatiotemporelle entre cet objet (sujet grammatical) est exprimée par le verbe (tomber). Parfois l’action nécessite un second objet du décor (verbe transitif). Cela donne l’objet grammatical : L’enfant (S) mange (V) la pomme (O).

Certains phénomènes comme la pluie fusionnent en une même action l’objet et le décor. La grammaire usuelle est alors inadéquate. On invente un sujet creux qui n’a qu’une nécessité grammaticale. « Il pleut ». Le pronom « il » est sujet grammatical mais ne veut rien dire. Cela vient des limites de la grammaire du langage usuel.

C’est comparable dans « Je pense ». Le « je » et la « pensée » ne font qu’un. La formule exprime surtout une contrainte grammaticale plus qu’une nécessité philosophique. C’est la grossière méprise du cogito. « Je pense donc je suis » n’a pas plus de valeur ontologique que « il pleut donc il est ». Il s’agit de sophismes grammaticaux, des pièges logiques auxquels beaucoup se font prendre.

Mais ceci reste anecdotique pour vos recherches en IA (même si c’est fondamental en ontologie de la conscience humaine). Tout ceci pour vous faire remarquer qu’un animal qui n’a pas besoin, comme l’homme, de découper cognitivement un objet dans un décor pour s’en nourrir, n’emploiera pas forcément une grammaire comparable à la nôtre.

Grammaire, verbe et nature humaine

Par dérision, j’appelle notre langage verbal « la langue de l’estomac ». Pour moi, cette langue n’est pas pertinente pour la philosophie et l’ontologie car comportant trop de travers grammaticaux. Elle est utile pour manger et d’autre actions quotidiennes mais pas pertinente pour tous les registres culturels.

D’ailleurs le grand boom des sciences depuis Newton vient surtout de la recherche d’un langage spécifique aux sciences, les mathématiques mais pas seulement.

Certains animaux ont pourtant besoin de reconnaître des formes dans les relations de prédation mais la préhension manuelle chez l’homme a selon moi développé à l’excès ce formatage grammatical ... qui se retrouve dans la pensée elle-même (et correspond probablement au fonctionnement spécialisé de notre cortex qui traite majoritairement les infos visuelles, primordiales pour notre survie).

Car même au niveau des concepts, notre mental a repris ces automatismes : le verbe « com-prendre » est révélateur. Ceci pour vous mettre en garde à l’encontre de la forte tendance humaine à reporter ces automatismes naturels humains dans nos tentatives de compréhension du monde et des autres formes de vie. Essayez d’ouvrir vos recherches sur le langage à d’autres articulations, d’autres approches, plus indépendantes de la grammaire verbale usuelle. Pas facile !

Les cétacés qui se nourrissent de plancton, par exemple, ont nettement moins besoin d’une telle grammaire. Les baleines ont une intelligence qui n’a rien à envier à la nôtre mais leur langage ne se structure probablement pas sur nos habitudes grammaticales. Pour d’autres animaux, la dominance des émotions sur le mental peut aussi y modifier fortement la structure linguistique car les émotions ne répondent pas aux mêmes logiques que le mental rationnel.
Le langage des oiseaux semble répondre à des impératifs plus émotionnels que rationnels (comme la musique humaine d’ailleurs).

Même chez l’être humain, certaines chansons sonnent merveilleusement malgré un texte lui-même resté à un stade assez débile. Certains animaux communiquent probablement plus pour partager des émotions que des infos rationnelles. Anthropocentrisme, quand tu nous tiens ...

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Pierre Sarton du Jonchay
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