Dessin du serveur de compensation
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La personne, le nombre, le texte et le temps
- Une machine d'indexation par le texte pointé
- Représenter les relations entre les personnes et les choses
- Comptabilité du temps en texte parlé
- Le nombre et le temps de la réalité comptable
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Construction de l'enfer numérique
- Enfer de la spéculation, damnation par le travail
- Le travail en crise dans l'intelligence refermée sur soi
- Délocalisation des données de modélisation de la réalité
- Le chaos de la virtualité indéchiffrable
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Travail, prix, monnaie et loi commune
- Le sens inversé du travail par la monnaie falsifiée
- Réunir la chose au prix par la loi du travail
- Dessiner l’État par les fins personnelles qu'il réunit
- Adossement numérique de la propriété aux droits consignés des personnes
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Financement de la réalité par la parole engagée
- Assurance numérique de transformation de la parole en réalité
- Le prix décomposé en primes par les sociétés garantes des personnes
- Les choses décomposés en prix par la propriété sociale des personnes
- La pensée de quelque chose assurée par le prix de quelqu'un
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Monnaie de compensation en prix de la vie humaine
- La monnaie convertible en tout argument de prix de quelque chose
- Unité monétaire de quantification temporelle du travail
- Humanisation de la personne par le prix contextualisé des choses
La personne, le nombre, le texte et le temps
Une machine d'indexation par le texte pointé
Il était une fois une tribu qui n'avait pas de nom. Elle adorait une table interactive produisant des images et des sons. N'importe qui pouvait se pencher sur la table et
l'activer avec le doigt. La table s'illuminait et répondait à son utilisateur : « je pense donc je suis ». Personne ne savait ce que cela voulait dire mais la phrase sonnait
joliment. Les membres de la tribu aimaient bien répéter pour eux et entre eux : « je pense, donc je suis ».
La table était le lieu de rassemblement et d'activité collective quand les gens disaient ne pas travailler. Personne ne savait d'où provenait l'objet magique. Mais il était
amusant. Quand quelqu'un disait des choses, des écritures apparaissaient sur la table à coté des doigts posés. Quand un seul doigt était posé sur la table, tout le
monde pouvait voir que la machine magique écrivait ce qui était dit. L'écriture était reliée à celui qui parlait par le propriétaire du doigt posé et par les
témoins présents autour de la table.
A la longue, la tribu avait appris qu'en nommant celui qui posait son doigt avant que la table n’interprète ce qui était dit, cela suffisait par la suite à ce que les noms et les choses soient
automatiquement associés en écriture autour d'un même doigt attaché ùécaniquement au même nom personnel. Si la règle était respectée de ne dire que des choses concernant le
titulaire du doigt posé, la machine restituait en écriture ce qu'elle avait enregistrée de la même personne déterminée par le contexte.
A force de jouer sur la table, la tribu avait aussi compris que l'attribution de texte aux mêmes personnes par le doigt fonctionnait pour toute chose désignée visiblement par un doigt. Si on
désignait un nez en prononçant « nez », tout le monde pouvait constater que la table affichait le mot « nez » à coté du doigt posé sur la table. Par un
ensemble quelconque de membres de la tribu assemblés physiquement autour de la table, il était possible de s'entendre sur une relation unique entre des objets
cernés par les cinq sens et des objets identifiés par l'écriture de la machine magique.
Représenter les relations entre les personnes et les choses
L'indexation de tout objet par des mots et par le nom de celui ou ceux à qui appartenait la chose sous le nom était facilitée par un doigt dextre. Un jour, quelqu'un avait
entouré un nom avec son doigt et avait dessiné un trait jusqu'à un autre texte accolé à un autre doigt posé sur la table. A la suite de ce geste, la machine avait associé le nom et la chose sans
que les paroles n'eussent été prononcées conjointement.
Excitée par la capacité de la table à relier le nom des personnes au nom des choses, la tribu avait rapidement joué à réunir les choses entre elles et les noms entre eux. Ainsi
pouvait-on demander à un groupe nommé et repérable de personnes, de pointer du doigt autour de la table les choses que le groupe désignait solidairement par les textes déposés
dans la machine à écrire la réalité de la tribu.
La tribu occupait beaucoup de temps libre à jouer avec la table. Mais la négociation des textes par les choses et par les personnes qui nomment butait toujours sur des événements
qui cassaient le plaisir du jeu. A chaque fois, des joueurs quittaient le jeu alors qu'on avait besoin d'eux pour poser leur doigt sur les mots qui leur étaient attribués à eux seuls ou sur les
choses dont ils étaient seuls à pouvoir répondre.
Le retrait des gens au fil d'une partie appauvrissait les enjeux avant que tout le monde fût d'accord pour vaquer à d'autres occupations. Il arrivait aussi que le jeu perdît tout intérêt parce
que personne ne se souvenait qui avait bien pu prononcer un certain mot que la machine avait mémorisé. Si personne ne revendiquait la relation d'un nom à une écriture, la chose
n'existait plus. Autre déconvenue : des mots avaient été prononcés et retenus dans la table magique mais personne ne parvenait à montrer quelque chose de
visible ou de palpable.
Comptabilité du temps en texte parlé
La tribu avait longtemps discuté pour trouver un moyen d'autoriser quiconque à rentrer ou sortir du jeu sans gâcher le plaisir des autres. Il était apparu que tout ce qui se
jouait avec la table magique dans la tribu n'était pas nécessairement visible et palpable. Il fallait que des choses nécessaires au jeu fussent identifiées seulement par un texte et par les noms
qui se portaient garants de quelque chose qui convînt à tous.
Ces choses nécessaires mais invisibles furent encerclées sur la table et attachées au mot « lois ». Chaque loi devait appartenir à au moins une personne, à un groupe strictement nommé
de personnes voire à la tribu toute entière. La tribu s'était finalement donnée un nom : « compensation ». Les participants au jeu de la tribu s'étaient nommés
« compensateurs ». Pour être compensateur il fallait vouloir mettre son temps sur la table de compensation.
Après moulte expérimentations, la tribu avait établi une loi convenable à tous selon laquelle le temps n'avait pas de réalité s'il n'était pas nommé par la personne ou les personnes qui
l'utilisaient. Il fallait aussi que l'utilisation du temps par une ou des personnes fût qualifié par des textes qui désignassent quelque chose ou quelqu'un qu'on pût montrer du doigt à la
fin du temps considéré.
On inscrivit sur la table magique que la fin du temps de quelque chose pour quelqu'un par quelqu'un était une « échéance ». Mais alors comment distinguait-on deux échéances de la même
chose pour les mêmes personnes ? Après de longues discussions où chacun éprouvât le temps invisible, on finit par dire que le début du temps était le point où l'on avait
commencé à parler de la mesure du temps. L'origine commune à tous du temps de chacun était la date où la tribu toute entière avait délibéré d'un décompte du
temps orienté vers des fins partageables du temps.
Le nombre et le temps de la réalité comptable
Mais comment inscrire dans la table de compensation le lieu du temps où l'on se trouvait personne par personne entre le début et la fin de toute chose nommée par un texte ? Quelqu'un
remarqua que jusqu'à présent, les compensateurs n'avaient joué qu'avec leur index. Mais tout le monde avait dix doigts ! On dessina sur la table un signe différent pour
cardinaliser les dix doigts de chacun. Ces nouveaux signes furent assemblés sous le texte « nombres ».
A la différence des textes nommant, les textes comptant avaient une signification universelle immédiate. Tout un chacun avait dix doigts comme tout le monde ! Le nombre 5
dessiné sur la table valait cinq sans qu'il fût nécessaire de préciser par qui, pour qui et pour quoi. On s'avisa que le nombre fixait un temps commun à tous à partir d'une origine du temps
connue de tous. La connaissance partagée du temps était les finalités textuelles déposées dans la table de compensation.
Du jour où fut posée une comptabilité du temps par rapport à des textes de choses fixées dans des lois, le jeu de compensation devint permanent même quand la table était éteinte
du fait que personne n'y posât son doigt. Chacun méditait « je pense, donc je suis » et travaillait à réaliser ce qu'il avait posé dans la table en promettant de
montrer à l'échéance ce qu'il avait marqué par une quantité de temps.
Le miracle de la transformation des textes dans la réalité du temps hors de la table de compensation ne dura pas longtemps. Certains jouèrent avec l'intelligence de leur
contrepartie. Ils ne laissèrent pas celui qui achetait une chose par un nombre à une échéance, le temps de lire tous les mots qui étaient attachés au prix. Comme la compensation
de la chose par le prix était la raison parfaitement invisible du jeu hors de la table de compensation, il était facile de faire croire par les paroles et des nombres ce qui
pouvait ne jamais exister dans un futur perpétuellement invisible.
Construction de l'enfer numérique
Enfer de la spéculation, damnation par le travail
Par la parole orale, la tribu s'était divisée entre compensateurs et non-compensateurs. Les non-compensateurs devaient consacrer tout leur travail à produire les choses que les
compensateurs ne produisaient pas à cause de la rareté soudaine du temps de tous. Comme les gens qui travaillaient n'avaient plus le temps de venir à la table de compensation,
ils ne pouvaient plus travailler le prix de leur travail. Ainsi les compensateurs jouaient librement avec le temps de travail des exclus de la compensation.
La tribu « compensation » s'était muée en tribu des compensateurs. Les compensateurs s'étaient regroupés dans une caste distincte du « peuple » chassé de la table de
compensation. Tout le monde obéissait en parole à la même loi de compensation écrite sur la table. Mais seuls les gens de la caste lisaient et interprétaient les textes de la compensation avant
qu'ils fussent transformés en choses livrables.
Le régime de la compensation privée dura tellement longtemps que le mot « compensation » ne désigna plus la vie-même à l'intérieur de la tribu mais l'activité des dieux
de la tribu qui dirigeaient par des textes et des prix de la caste. Ceux qui travaillaient ne pouvaient plus rien faire ni décider sans demander à la caste la signification et le sens réel de
leurs actes.
Le temps de travail de chacun à produire ce qu'il demandait par le texte et par le prix ne fut plus apprécié selon la même loi. Pour les non-compensateurs le temps n'était que du
travail. Pour les compensateurs, le temps n'était que du crédit dont la finalité livrable n'était pas partageable avec les non-compensateurs. Pendant que les non-compensateurs
devaient travailler parce que telle était leur condition, les compensateurs devaient « emprunter » les produits du travail sans rien connaître de l'utilité réelle du
travail.
Le travail en crise dans l'intelligence refermée sur soi
Pour les non-compensateurs, le travail était une activité sans finalité dicible par le texte donc sans prix vérifiable. Pour les compensateurs, la chose était seulement un texte avec le prix du
temps qu'ils y avaient mis sans qu'il fût nécessaire de livrer effectivement la chose commandée. La compensation avait été privatisée par dissociation matérialiste entre le texte
et la chose. Compensateurs et non-compensateurs se vautrèrent dans la fatalité du travail insensé de la réalité impalpable.
L'enrichissement de jadis se transforma en stagnation. Mais comme la tribu travaillait de plus en plus pour essayer de conserver sa qualité de vie d'antan, elle détruisit de plus en plus son
milieu de vie naturel qui était transformé sans qu'aucune finalité ne fût vraiment servie dans la loi économique en vigueur. La foi entre les
personnes capables de penser à soi par l'autre disparut. Le crédit s'effondra : plus personne ne croyait la caste des compensateurs.
Quand les compensateurs s'avisèrent que leur compensation des choses par les prix ne leur permettait plus de défendre leur propre qualité de vie, ils s’adressèrent à ceux qui travaillaient encore
ou qui cherchaient quelque chose à faire. Les discussions fusèrent de partout sur la crise générale. Les compensateurs gardaient le doigt posé sur la table de compensation qui
enregistrait tout. Des compensateurs zélés traçaient des cercles pour assembler les mots qui faisaient consensus dans un même regroupement identifié de personnes.
Des travailleurs du texte et du nombre se mirent à examiner la table de compensation. Ils découvrirent que la table « pensait » comme eux. Tous les textes et les nombres étaient
décomposés en choses allumées ou éteintes selon qu'on faisait passer un courant électrique ou non. La machine utilisait des matériaux sensibles au courant électrique capables de
mémoriser dans le temps leur état allumé ou éteint à l'échelle d'une particule élémentaire de matière.
Délocalisation des données de modélisation de la réalité
Des travailleurs du sens du texte et du sens du nombre se mirent à comparer les sens dans la table de compensation et hors de la table de compensation. Ils comparèrent chaque
chose déterminée par un regroupement de noms, par un nom, par un texte et par un prix, à toutes les réalités que les « données » de la compensation rendaient montrables par un index de
main humaine. Les données stockées dans la compensation explosèrent avec tous les nouveaux textes inventés pour comprendre la compensation.
Des travailleurs de la mécanique de compensation trouvèrent le moyen de démultiplier la table de compensation entre toutes les mains. La table centrale où toutes les
opérations de calcul avaient été concentrées fut accessible par des tables attachées à chaque personne. N'importe qui put regarder à distance les textes et les
prix compensés ; n'importe qui put transférer des paroles et des offres de prix par une tablette qui lui était propre et qui l'identifiait de façon unique et quasi certaine
dans le calcul central.
Le nouveau système de compensation gardait en théorie sa base unique de mots, de nombres et de noms propres à la tribu. Les interfaces d'interaction de chaque personne avec
chaque autre, et avec le contenu de la table centrale, étaient complètement délocalisées par rapport aux lieux de conservation des données numériques. Pour donner un sens à
n'importe quel texte attaché à des noms par des prix, il fallait juste savoir lire et compter.
Écrire restait plus difficile : pour être lu et compris dans la compensation, il fallait ne pas ré-inventer des mots déjà existant, ni désigner par les mots des choses différentes de celles
désignées par les groupes déclarés dans la compensation. Le piège de la tablette était de s'imaginer que toute la réalité s'y trouvait sans qu'il fût nécessaire de partager des finalités, des
actes et des dénominations avec les semblables.
Le chaos de la virtualité indéchiffrable
Les membres de la caste des compensateurs ne manquèrent pas de se leurrer et de leurrer les autres en simulant toute réalité indépendamment de la relation interpersonnelle. Les
« tablettes » furent connectées à des bases de données miroir désynchronisées de la base centrale : des mots s'y glissèrent dont la signification appartenait exclusivement à des
compensateurs privés. On tenta ainsi de « relancer » le crédit par de nouvelles données sans obligation identifiée de garantir la chose derrière le texte et le prix.
Au cours de la très longue histoire de la compensation, la tribu avait grandi. Quand les tablettes étaient apparues, la caste des compensateurs s'était immédiatement ingéniée à faire passer les
tablettes plus grosses que d'autres pour la table centrale. Il y avait tellement de tablettes que plus aucun compensateur ne pouvait prouver qu'il fournissait une image
réelle des données centrales.
Étaient vraiment centrales les données partageables par toute la tribu. Or les lois avaient été rattachées à des groupes différents et plus aucun groupe ne pouvait plus représenter toute la
tribu. La division de la tribu entre compensateurs et non-compensateurs avait abouti à ce qu'entre deux personnes quelconques, il n'y avait plus égalité certaine
devant une loi effectivement partagée.
Sans loi commune de partage des choses par les mots, il n'était plus possible de comparer le travail de l'un et de l'autre à une même chose. Le prix de tout travail à la livraison d'une même
chose à même échéance n'était plus réductible par une même mesure. Le travail n'informait plus la réalité.
Travail, prix, monnaie et loi commune
Le sens inversé du travail par la monnaie falsifiée
L'invention des tablettes de compensation avait divisé la tribu entre « zones » qui s'échangeaient toujours plus de mots et toujours plus de prix mais toujours moins de choses qui
rendissent vraiment service aux gens qui travaillaient. A l'intérieur de chaque zone, les compensateurs tenaient une double comptabilité de leurs
ventes et de leurs achats pendant que les non-compensateurs ne voyaient dans leur travail que l'une des deux comptabilités. Les mêmes choses avaient des prix
différents à l'intérieur et à l'extérieur d'une même zone selon que les compensateurs privés achetassent ou vendissent.
L'intérieur d'une zone était le lieu du travail selon les lois officiellement adoptées par le groupe. Un langage explicitement commun délimitait la souveraineté
de tous sur les mêmes choses à fabriquer. Mais dans chaque groupe, des compensateurs pouvaient librement s'extraire de la zone pour s'installer notionnellement dans le « paradis
fiscal » où les ventes et les achats pouvaient s'interpréter selon les intérêts exclusifs des compensateurs du prix ou du texte sans la chose.
A l'intérieur d'une même zone de compensation, la « monnaie » d'échange était le travail qui produisait effectivement les services vendus et réglait effectivement les services commandés
dans le passé. Cette monnaie et le prix qu'elle exprimait étaient infalsifiables puisque notés en texte et en prix dans la compensation. Tout membre du groupe
social constitué dans la compensation était garant de la chose et du prix par la loi commune.
Dans l'extériorité virtuelle d'une zone de compensation, la monnaie d'échange des choses de la zone était le prix des mots seuls sans le travail qui les fabriquait. Les prix étaient donc plus bas
à l'extérieur pour les compensateurs qui assuraient à l'intérieur la conversion du travail en monnaie. Dans la virtualité numérique désincarnée, l'extérieur n'est pas discriminable de
l'intérieur.
Réunir la chose au prix par la loi du travail
Dans le paradis fiscal invisible en travail, il était inutile de régler le travail qui faisait exister la chose dans le texte et dans le prix. Les personnes ne fabriquaient ni ne
livraient ce qu'elles avaient cru vendre. L'invention des tablettes avaient servi à simuler une compensation centrale qui n'existait plus.
La caste des compensateurs avait feint l'ignorance d'une disjonction possible entre le discours et la réalité par le nombre et le texte. Ainsi
était-il possible de faire travailler les non-compensateurs pour moins que ce qu'ils produisaient ; et de laisser mourir en paix ceux qui ne savaient, ne voulaient ou ne pouvaient travailler
contre rien.
N'ayant plus rien à perdre, les exclus de la compensation se regroupèrent pour essayer d'appliquer les recommandations d'un illuminé de la compensation qui était mort avant d'avoir été
compris : il s'appelait Keynes. Keynes avait dit devant témoins que la compensation fonctionnait à n'importe quelle échelle à la condition « d’États » solidaires.
Un État était un regroupement de personnes obéissant aux mêmes lois dans une langue de travail commune.
Un corps de lois compensables contre travail des choses dans un même État, était matérialisé par une même unité de temps personnel. Cette unité d'être livrable
dans une loi commune redéfinissait la monnaie. Pour que toute chose productible par le travail fût échangeable contre du temps de travail des personnes d'un même groupe, il
fallait un État textuellement identifié de lois, d'autorité et de justice.
De l'adossement des textes à des choses dans un même État par des prix compensables sourdait le crédit. Le crédit était bien le prix du temps des personnes individuelles réunies
dans le travail d'un objet de loi commune. Le crédit ne pouvait pas se mesurer sans l'application égale à tous les travailleurs d'un même système de prix de la chose, de la loi
et du gouvernement des choses.
Dessiner l’État par les fins personnelles qu'il réunit
Keynes avait parlé avant que l'informatique ne représentât le fonctionnement réel de la table de compensation. Pour comprendre la rationalité du discours analytique de la réalité par le texte
synthétisable dans le nombre, il fallait faire un exercice de pensée qui demandait du travail. La caste des compensateurs n'avait pas d'intérêt direct à en faire l'effort.
Maintenant que l'informatique pouvait attribuer au travail de chaque donnée la sujétion de personnes identifiées, quelques travailleurs pouvaient consigner la responsabilité de
milliards de données sans se méprendre sur ceux qui les avaient produites. Il suffisait de tenir un fichier central de l'identité de chaque personne et de l'identité de chaque
groupe propriétaire d'un même ensemble de données.
Le regroupement des noms des personnes responsables solidairement d'un même ensemble de données selon les mêmes lois de travail était un État scalable à la responsabilité des
prix dans une même monnaie. L'échelle de la monnaie n'était plus une abstraction textuelle mais une réalité délimitée par l'identification infalsifiable des citoyens dépositaires de
l’État.
A tout état monétaire numérique local des personnes sur les choses au présent, correspond une gamme d’États de droit. Les États sont spécifiables par leurs produits pour les personnes qui les
portent. Les productions d'un État sont particulières ou générales. Le produit le plus général d'un groupe est l’État qui défend l'échange de toute chose entre les personnes du
groupe partageant les droits identiques de leur travail.
Adossement numérique de la propriété aux droits consignés des personnes
La propriété numérique des données par les personnes reconstruisait le sens des mots et des théories. Dans un État national quelconque, le prix
compensé des réserves de change en monnaie locale est la garantie de tout travail interne commandé contre les choses à livrer à toutes les échéances du futur. Il n'était plus
nécessaire que l'enfer fût pavé de bonnes intentions improbables dans le réel visible.
Une chambre numérique de compensation interdisait le paradis fiscal qui la vidait de sa « liquidité ». Toute personne identifiée y est responsable par un code unique à quoi se rattache
le corps et les biens physiques déclarés dans la compensation. Le crédit trouvait une contrepartie réelle systématique par la monnaie numérisant toute relation entre la chose et les personnes qui
en répondissent.
Le risque avait désormais une substance objectivement quantifiable dans les mots de ses propriétaires obligés. Tout écart entre la chose réelle et le prix de règlement à
l'échéance était le risque acheté par le texte vendu par des assureurs. La dénomination à n'importe quelle échéance de toute chose textuelle était la propriété
de sociétés solidaires de l'équilibre des achats et ventes de toute chose réelle à toute échéance.
La compensation est « fermée » par l'obligation numériquement faite à tout acteur d'y déposer son nom propre, le prix à terme de ses avoirs et ses appartenances aux sous-groupes par
lesquels il travaille et agit. La ségrégation des non-compensateurs par les compensateurs est rendue impossible. L'autorité formelle de tout compensateur est l'autorité réelle disposant du
monopole de la contrainte physique sur les personnes et les biens selon les lois déposées dans la compensation.
Financement de la réalité par la parole engagée
Assurance numérique de transformation de la parole en réalité
Par la localisation des prix dans des textes communs d'une même compensation, tout compensateur, y compris les agents de l’État de droit garant des lois applicables, règle ses achats par la
monétisation de son travail. Les prix réglés aux agents de la force publique contre la garantie de légalité et d'équité des transactions sont prélevés sur les prix demandés par les vendeurs pour
livrer le produit de leur travail à l'échéance convenue. Toute fiscalité est une assurance de liquidité du prix en monnaie de droit du travail.
Dès lors que l'identité unique d'une personne est une donnée négociable comme le nom des choses, la relation entre les personnes est également une donnée
négociable ; ainsi que toutes les relations entre un ensemble de personnes sur la même chose livrable à l'échéance. Ainsi le travail est négociable non par le corps
physique de la personne mais par toutes les relations interpersonnelles qui font exister le travail destiné à livrer un produit sous le texte qui le nomme.
Dans un espace de compensation numériquement fermé avec identification obligatoire unique de toute personne physique et de toute société formée sur un objet à produire, la liquidité des
transactions est une prime d'assurance. Les primes sont allouées à des personnes individuelle ou collective pour engendrer tout le travail nécessaire à la production des choses
vendues à un prix positif à l'échéance.
L'accès aux données d'un prix est concrètement limitable par la tablette à la propriété de la chose par les personnes et par les lois. Pour acheter un objet dont le nom et la description sont
offerts par l'écran de la compensation fermée, il faut acquérir la monnaie de compensation des droits des vendeurs qui travaillent pour produire. Donc il faut s'inscrire dans le marché de
compensation en y déposant son propre travail et ses propres biens qui sont mis en vente sous la caution de la société de compensation.
Le prix décomposé en primes par les sociétés garantes des personnes
S'inscrire dans la compensation keynésienne requiert quatre transactions d'initialisation du corps et du nom personnels. Premièrement : assurer la probité de son nom par
l'inscription dans un registre public d'identité assuré par l’État. L'inscription est compensée par l'attribution du prix de 1 au code d'identification du nom personnel. La
société qui garantit le nom de la personne est débitée de 1 par la société de compensation.
Deuxièmement : l'intégrité personnelle physique et nominale est assurée par un crédit d'achat en monnaie contre un dépôt de travail engagé. Au crédit du prix du travail déposé de la personne
s'adosse le débit du prix en capital du travail décrit. Le capital est la garantie textuelle du travail et du prix en crédit qui lui est attribué en compensation.
Le nouveau compensateur individuel ou collectif paie une prime d'assurance de sa personne par le débit du travail qu'il met en vente. Le prix déposé du travail et du capital
nominal qui le garantisse s'adosse au prix du pouvoir d'achat immédiat en monnaie couvert par la prime d'assurance portée par l’État de droit. L’État de droit associe dans des primes
distinctes la société garante du travail, la société assurant la personne physique et la société bancaire assurant le prix.
L'équilibre des prix entre les transactions de nom, les transactions de travail et les transactions de chose est assurée par une société bancaire. La société bancaire n'assure ni
le nom, ni la personne, ni le travail du nouvel inscrit mais le prix des choses qui seront fabriquées par son travail spécifique. Une banque est une société d'assurance de la
monnaie par les textes descriptifs de la réalité à produire.
Les choses décomposés en prix par la propriété sociale des personnes
Toute nouvelle capacité de travail offerte est par l'algorithme de compensation investie dans les processus de transformation dessinés par les chaînes de transactions déjà
engagées. Mieux un travail est décrit dans la compensation, mieux il enrichit l'augmentation du prix des choses offertes par les textes compensés en prix. Les ordres de texte et de prix des
personnes physiques investissent l'augmentation de la réalité.
La nature des sociétés achetant les primes d'assurance du nom, de la personne, du travail et des produits du travail définit la propriété par l'usage compensé des données par les
personnes physiques. S'approprier la donnée d'un autre signifie régler la responsabilité dans l'utilisation. Régler le prix de la donnée signifie assurer par son travail la
société qui répond de la donnée.
L'achat de la chose résultant de la donnée est l'acte de la personne physique dans une société. Intrinsèquement la société est placée en position vendeuse des réalités qu'elle assure au nom des
personnes physiques qui y travaillent pour acquérir du pouvoir d'achat et au nom des personnes physiques qui lui règlent des prix pour acquérir des services. Une
personne physique ne vend rien par elle-même mais par les sociétés qui l'assurent.
Une société n'achète rien par elle-même mais par la décision compensée des personnes qui la composent. Pour acheter en compensation, il faut dévoiler les données personnelles de
son travail à la société qui achète le travail pour en revendre les produits. La compensation discriminante du nom, du travail, de la chose et du prix interdit toute
transformation sans rémunération compensée du travail entre tous les acheteurs et tous les vendeurs d'une même finalité de travail.
La pensée de quelque chose assurée par le prix de quelqu'un
Chaque contribution personnelle inscrite en compensation est extérieur et intérieur à la société qui produit par la présence compensatrice des sociétés garantes des noms, assureur des corps et
caution des personnes. Le modèle algorithmique de séparation dans le temps de la chose, du travail et de la décision oblige la rémunération par le prix de tous
les droits de la personne par la société qui assure.
La compensation interpose un prix et un texte possédés symétriquement à l'achat et à la vente par deux sociétés distinctes. Une troisième société relient les personnes par la Loi qui produit la
Justice. Le texte et le nombre publiquement compensés dans une société politique délimitée par la monnaie compensatoire interdisent toute possession d'une personne par une autre.
Il y a systématiquement au moins trois sociétés différentes dans tout travail accompli dans un livrable compensable : la société qui assure, la société qui fait le crédit du travail et la
société qui garantit la livraison d'un service réel à celui qui achète. La société bancaire qui couvre un achat quelconque assure systématiquement trois conséquences de la vente :
l'intégrité de l'acheteur, le crédit des vendeurs et la liquidité des choses à livrer par la société de compensation à toutes les échéances du futur.
Enfermée dans le dogme du libre échange, la caste des compensateurs s'était interdit la liquidité de ses transactions. La liberté réduite par le prix des mots sans
responsabilité matérielle des personnes n'avait aucun sens dans la réalité. La caste des compensateurs avait révélé qu'elle ne pensait rien ; que son travail ne pouvait pas
être dévoilé soit parce qu'il n'existait pas, soit parce qu'il ne produisait rien qui fût visible, soit qu'il n'y eut rien de rationnellement dicible.
Monnaie de compensation en prix de la vie humaine
La monnaie convertible en arguments de prix de quelque chose
Pour que les compensateurs conservassent leur asymétrie d'information sur les non-compensateurs au travail, il fallait qu'ils pussent accéder sans le moindre frais à tout texte et à tout prix. Il
ne fallait pas que la responsabilité des données eût un prix réglé par la prime d'assurance de l'usage improductif ou destructif de l'information. Il ne fallait pas payer l'impôt
de réalisation des droits au service des personnes qui crussent travailler pour quelque chose.
La numérisation de la compensation keynésienne avait cet avantage étonnant de retourner l'argumentation de la caste hors d'elle-même. Comme la monnaie était numériquement gagée
par l'achat intégral des textes vendus, toute personne ou société se tenant hors de la compensation n'avait aucune possibilité d'y introduire des textes invendus ou des
prix inachetables.
Si un anonyme voulait acheter des choses réelles ou vendre un quelconque crédit d'une chose ou d'une personne dans la compensation, il fallait qu'il se déclarât à une société qui engageât son
crédit sur le nom caché de l'anonyme. La prime de crédit de l'anonyme était compensable : cela autorisait celui qui savait quelque chose à vendre au moins le prix d'une information qui fût
l'espérance de gain à l'échéance d'un crédit causé accordé à l'anonyme.
La monnaie numérique de la compensation keynésienne était convertible contre des noms, des textes, des nombres ou des choses. La société de compensation était témoin de toute livraison. Toute
autre monnaie venant de l'extérieur pouvait avoir son prix à toute échéance à la seule condition que quelqu'un fît une offre d'achat de la prime de change à l'échéance livrable d'une
chose déposée contre le crédit de la monnaie de la chose à la même échéance.
Unité monétaire de quantification temporelle du travail
Par la convertibilité de tout prix y compris dans une autre unité de compte que la monnaie compensée en équité des droits personnels, il fut possible
d'expérimenter la compensation keynésienne numérique. Une table de compensation numériquement fermée fut intégrée au réseau des tablettes mobiles personnelles.
Aucun signe monétaire ne circulait en espèce physique : il fut impossible de falsifier les signes, ni le crédit qu'ils mesuraient, ni les choses qu'ils réglaient, ni les consciences
personnelles qui décidaient. La caste des compensateurs se vida de tous ses travailleurs. Les chambres de compensation se multiplièrent pour stocker les données d'information de la réalité dans
tous les domaines de connaissance travaillable.
Chaque chambre était la chambre centrale de toutes les autres puisque chaque monnaie pouvait être compensée par l'achat et la vente de la prime de change de toute importation et
de toute exportation entre deux marchés régis par des lois politiques différentes. La compensation était le travail de toute réalité personnelle par la loi commune des sociétés
librement constituées sur les textes compensés.
Ce qui s'achetait et se vendait n'était plus la matérialité physique des choses mais leur matérialité temporelle librement définie et assujettie aux personnes
réunies en sociétés. Sur leurs tablettes, les compensateurs négociaient leurs tâches avec leur agenda numérique. Pour obtenir quelque chose, il fallait placer un ordre d'achat à
l'échéance de livraison de la chose désirée au prix maximum où l'on voulait ou pouvait la régler.
Humanisation de la personne par le prix contextualisé des choses
Pour obtenir un pouvoir d'achat monétaire garanti stable, il fallait poser ses savoir faire dans les banques de données professionnelles où l'on croyait pouvoir se valoriser. Par le dépôt de son
nom et de ses savoirs dans une société professionnelle, on acquerrait le droit de négociation du prix du travail des autres coopérateurs pour financer et investir sa propre
production en assurant ses offres de prix.
A l'intérieur d'une société professionnelle, le règlement d'un achat de travail s'opère en capital de la société professionnelle. On est souscripteur du capital professionnel
pour accéder aux offres de ses coopérateurs de même profession. Le règlement d'une vente de travail livrable à une certaine échéance vient par la compensation à l'intérieur de la société
professionnelle de toutes les offres et demandes d'une même tâche.
Tout travailleur est un portefeuille de savoirs, de décisions, de tâches et de désirs placés dans plusieurs sociétés professionnelles. Toute société
professionnelle est assureur des savoirs et des tâches vendus aux autres professions. Les travailleurs assurent les sociétés par leurs tâches vendues et par le capital professionnel acheté. Les
sociétés assurent les personnes par les tâches achetées et par les garanties vendues.
Tous les systèmes d'information comptable du travail sont interfacés par la même structure de prix. La compensation de la compensation s'opère par le fichier d'état
civil des personnes. Tout service livré en compensation est réglé par l'infinité de ses causes rationalisées dans l'unicité monétisée des personnes. La tribu des
compensateurs décida de se nommer « humanité ».