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15 novembre 2010 1 15 /11 /novembre /2010 00:00
Les causes profondes de la crise

La crise que nous connaissons est celle du capitalisme anglo-saxon que le monde entier a adopté. Ce capitalisme est incomplet parce qu’impérialiste et étouffant pour les nouvelles cultures qui émergent et pour la culture latine que les anglo-saxons ont rabaissée et que les Latins n'ont pas ancrée dans la réalité du monde. Or ce qui manque au capitalisme anglo-saxon est justement latent en Orient et dans l’Occident latin : c’est le concept de lien social. Les individus existent autant par eux-mêmes que par la société dont ils sont issus. Si on ne cultive pas sa société matériellement et conceptuellement, on sombre dans l’individualisme et la guerre de tous contre tous. La concurrence n’est pas la compétition. La concurrence suppose une société et une règle du jeu. Si la société n’est pas réinventée en permanence, la règle du jeu disparaît et la concurrence dégénère en compétition où il faut sortir les gens du jeu pour survivre. Nous sommes dans cette phase du capitalisme anglo-saxon.

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14 novembre 2010 7 14 /11 /novembre /2010 23:47

A Pierre Sarton du Jonchay, à propos de vos billets invités

Valeur et capital : commentaire sur le billet de Paul Jorion

Sont reproduits ici, le commentaire de Paul Jorion à mon billet sur son Blog et ma réponse à son commentaire


Paul Jorion

J’ai lu votre réponse. J’apprécie vos tentatives de clarification et je soutiens toujours votre effort d’intégrer la dimension temps dans notre compréhension des mécanismes économiques mais il me semble que ce que vous intégrez dans cette dimension temps reste inanalysé – ou reprend simplement ce qu’en dit la « science » économique (= idéologie de la classe financière), ce qui pour moi revient au même. Il me semble que ce que Schizosophie, Pierre-Yves D. et moi-même vous disons – chacun à sa façon – est que vous êtes parvenu à cantonner la « soupe refroidie » de la « science » économique dans une partie circonscrite de votre modèle mais qu’elle y est toujours, infectant l’ensemble. Il s’agit maintenant de l’en faire sortir une fois pour toutes.

PSJ : utilité de l'effet dans le système aristotélicien de valeur

Nous sommes confrontés au minimum aux limites du langage. Notre langage est à la fois la conséquence (l’effet dans le temps humain) de notre histoire collective et de notre histoire individuelle. Comme nous employons tous les mêmes mots de la même langue pour échanger, c’est vraiment compliqué de voir dans chaque propos ce qui vient de l’individu et ce qui vient de la collectivité. Je crois notre vie plus importante que les mots que nous employons pour la communiquer et la comprendre. En même temps notre vie est communication et ne peut pas se passer du langage des mots. L’utilité du modèle aristotélicien du langage est pour moi de représenter le plus simplement possible cette part de la vie humaine qui échappe à la détermination nécessaire mais non suffisante du langage. A la matière, à la forme et à la fin qui expriment des vérités hors du temps et des individus qui doivent les assumer, l’effet ajoute une explication non analytique de ce qui est simplement donné à notre observation.

L’effet sépare la réalité du langage pour que la formation de la réalité reste ouverte. Ouverte à chaque personne, à chaque individu vivant en relation avec d’autres vivants qui évoluent dans le temps qui n’est pas fini. Sans l’effet, l’individu se fige dans les déterminations de son langage ou du langage des autres. Sans l’effet, l’individu est totalement analysé et n’a plus de liberté à exercer, de fin à choisir, de réalité à comprendre. L’effet conceptualise la valeur qui vient de la matière, de la forme et de la fin, en offrant à chaque individu le temps et la liberté d’en choisir le sens. L’effet est rassurant parce qu’il permet une liberté non analysée mais inquiétant parce qu’il livre la liberté à l’analyse.

En supposant acquise l’existence de l’effet pour nos interlocuteurs sur ce blog, je prends les mécanismes économiques tels qu’ils nous font effet actuellement pour en déconstruire l’analyse actuelle, c’est à dire l’analyse qu’en produisent ce qui en parlent actuellement pour une quelconque raison. En le faisant sur ce blog je suggère que je partage des fins identiques aux vôtres et à celle de la communauté du Blog de Paul Jorion. Il en résulte que nous confrontons les fins et les formes que nous n’avons pas en commun qui nous révèlent réciproquement dans nos différences. Pour moi, l’expérience est formatrice. Mon intelligence et mon langage s’enrichissent de nouvelles formes qui me donnent valeur à moi-même qui soient valeur pour d’autres. L’existence de l’effet fait qu’il n’y a pas de nécessité à ce que mon jugement s’impose à qui que ce soit et réciproquement.

Les fins que nous partageons sur le Blog sont de sortir du mal être où nous plongent l’expérience et le spectacle de la vie politique, sociale et économique actuelle. Nous supposons que nous ne sommes pas seuls à éprouver ce mal être ce qui nous pousse à l’analyser ensemble pour en proposer des solutions. Des solutions que nous pressentons collectives puisque le problème posé est la destruction du lien social par la disparition de la valeur commune. Ma proposition est bien d’analyser le problème par la conceptualisation de la valeur et du capital dans la causalité d’Aristote. Cet exercice est motivé par la fin à atteindre que nous partageons et non par les formes, capital et valeur, que justement nous ne partageons pas par l’effet de la « science économique » et de sa pratique financière.

J’enferme la soupe froide de la science économique et financière actuelles dans un effet qui s’impose comme fait que nous sommes nombreux à ne pas approuver ; c’est à dire à lui dénier de la valeur. Ce qui ne me conviens pas dans la science économique actuellement appliquée c’est l’absence de considération des effets. C’est une religion (mise en relation) de la matière qui exclut la religion des fins. Nous sommes des individus et pas des personnes. Nous sommes déterminés par les objets qu’on nous vend et qu’on nous force à produire à un prix dont les arguments ne nous sont pas lisibles car sans alternative. Ce système s’impose par l’idée que la liberté, la valeur et le capital sont des fictions non discutables maîtrisées par quelques experts qui connaissent le secret de la main invisible. Pour que ces fictions redeviennent des réalités que nous sachions maîtriser, je ne vois pas d’autre moyen que de les axiomatiser selon des finalités que nous discutons et choisissons.

Je reste enthousiasmé par Comment la réalité et la vérité furent inventées : l’invention de la réalité est toujours en cours par le langage qui est formé dans les fins que nous envisageons. La science économique et financière qui est en train de s’effondrer est celle qui se refuse à considérer les fins humaines pour capter les réalités au profit de quelques privilégiés. Si ce système dont les vices ont été analysés par Marx et bien d’autres a perduré jusqu’à nous, c’est qu’il doit aussi avoir des vertus. S’il s’effondre aujourd’hui comme jamais, c’est que certaines de ces vertus ont été récemment escamotées et certains vices promus par la finance moderne. Parmi ces vices, il y a les paris sur le fluctuations de prix ; des prix qui ne sont plus liés à aucune réalité par la fragmentation des marchés et des lois applicables. Le crédit de l’économie réelle est capté pour générer des gains fictifs prélevés sur ceux qui travaillent effectivement.

La soupe refroidie est-elle la science économique qui ne contient aucune fin humaine ? Elle explique le chômage et la baisse des revenus salariaux par l’inutilité des hommes à la production d’équilibres économiques et financiers qui ne les concernent pas. La neutralisation des fins humaines par la négation de la valeur des effets n’est-elle pas une axiomatique qu’on ne peut combattre que par une autre axiomatique ? Aristote doit subvertir Platon non pas parce que Platon est méchant mais parce qu’il ampute le langage de la réalité humaine de sa liberté et de sa capacité à grandir. Si la fin donne un sens à la liberté humaine dans le temps, si les fins individuelles sont identifiables qui prélèvent la valeur dans la réalité au lieu d’en produire, n’est-il pas possible que la monnaie, le crédit et le capital soient des outils de valeur par la responsabilité des effets ?

L’outil financier de responsabilité de la certitude et de l’incertitude de la valeur ne pourrait-il exister dans l’option négociée dans un marché de transparence des engagements ? C’est l’option qui relie dans un système un nominal contrôlable par la démocratie, un prix déposé dans le marché, un dirigeant responsable de la réalité à terme du nominal et une prime. La prime ne donne-t-elle pas le prix de l’incertitude du prix nominal à l’origine de l’option ? N’est-elle pas la reconnaissance des limites d’une analyse et la valeur possible d’une réalité humaine qui peut dépasser ses limites ? La prime devient à l’échéance la plus-value sur le prix réalisé à la condition de la vérification marchande par le client final de la compétence de l’entrepreneur à anticiper le prix de la valeur. Le capital défini par la prime d’un prix stable engagée en réalité devient ainsi la garantie de la mesure du crédit et l’anticipation de la plus-value du travail à transformer le temps par l’intelligence de la réalité. La plus-value identifiée comme résultat de la réalisation effective d’un engagement revient au travail qui produit la valeur.

Le concept d’option désinfecte-t-il l’argumentation économique du phénomène de la valeur ?

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3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 13:25

Frédéric Lordon : Le point de fusion des retraites

Commentaire déposé sur la pompe à phynance au billet de Frédéric Lordon


Comment le débat de la retraite dissimule la misère de la spéculation financière

L’échec du système de la capitalisation à garantir les retraites est sans appel dans la crise actuelle. Mais c’est le processus de la capitalisation qui est en faillite. Pas la finalité de la retraite ni la capitalisation qu’elle implique ni la répartition qu’elle suppose. Le capitalisme est en échec parce qu’il s’est affranchi de la Loi. Les États et les sociétés démocratiques ayant renoncé à délimiter les intérêts humains laissent les opérateurs financiers fixer eux-mêmes les prix des actifs financiers qui expriment ces intérêts. Le capitalisme financier est devenu un système auto-référencé. Il mesure lui-même la valeur qu’il prétend créer. Lui confier la capitalisation des retraites revient donc à lui remettre un chèque en blanc contre une promesse de valeur future de retraites financièrement indéfinies.

La duplicité d’un système de capitalisation de n’importe quel système de retraite fut-il exclusivement fondé sur la répartition est de ne produire aucun résultat concret en matière de retraite. Tant que la finance n’est pas régulée, c’est à dire totalement encadrée par des définitions et des obligations juridiques fondées sur la réalité et non abstraites par les mathématiques et le juridisme, la capitalisation est un trou noir non seulement pour les retraites mais pour toute production de valeur future. Le capitalisme ne peut être efficient dans la valorisation du futur que si les modalités de répartition de la richesse qu’il peut produire sont définies en dehors de lui-même.

La réforme des retraites en France est tragique car elle prend acte de la perte d’un futur impossible à arracher à la spéculation. Comme le prélèvement de la finance sur l’économie réelle n’est pas délimité par une loi de répartition, non seulement la croissance réelle est définitivement perdue mais elle sera sanctionnée par un âge de départ à la retraite qui va s’éloigner indéfiniment. La capitalisation primant sur la répartition, il faut désormais repousser indéfiniment l’âge de la retraite pour éviter la mise en faillite d’un système financier et monétaire qui n’a pas pour finalité de mesurer la satisfaction présente et future des besoins humains.

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8 juillet 2010 4 08 /07 /juillet /2010 18:00

ImageJorion

Nouvel ordre mondial de vérité financière, suite

Réponses aux commentaires du billet paru le 26 juin sur le blog de Paul Jorion


Objectivité et subjectivité de la négociation financière

@VB 26 juin 2010,

Nous sommes apparemment d’accord sur le fait qu’une négociation de prix mobilise la subjectivité. Ce qui fait la différence entre une négociation financière et un troc, c’est l’introduction du futur dans l’échange. Dans un troc non financier, ’objectivité de l’échange vient de l’existence physique sous une forme ou une autre de ce qui s’échange. Cette objectivité associe les sujets par la matière physique. Dans un échange contenant de la monnaie ou n’importe quel actif financier, les objets physiques disparaissent. Un paiement en monnaie d’une baguette de pain implique le transfert au boulanger d’un titre de créance sur une banque. Si le tiers bancaire n’existe pas, la monnaie ne vaut rien car il n’y a pas de débiteur dans le titre de créance. Une transaction financiarisée implique nécessairement un tiers dans l’échange bilatéral.

C’est la nécessité logique du tiers non nécessairement présent qui introduit la possibilité de spéculation, c’est à dire la manipulation de la subjectivité. Le tiers peut certifier ou non le moyen de paiement, la réalité de l’objet échangé et l’égale compréhension que les échangistes en ont. Les limites que tout sujet connaît sont la réalité physique et la présence d’autres sujets exprimant des vues différentes. Un prix peut résulter d’un rapport de force en l’absence d’arbitre si les parties le conçoivent comme tel. Elles peuvent aussi choisir de se respecter même quand l’une des parties est faible par rapport à l’autre. L’arbitrage sert à garantir la volonté des parties à se respecter. Il crée de l’objectivité entre les parties qui ne perçoivent pas leurs limites réciproques surtout quand l’objet de négociation n’est pas physiquement matérialisé au présent.

Vous citez justement l’État comme tiers arbitre dont c’est la raison d’être. L’État est l’expression d’une société qui réglemente l’égalité de droit entre ses membres. La projection des États de droit nationaux dans une autorité multinationale commune de régulation est la seule possibilité d’un marché international réel qui mette les négociateurs à égalité de droit. Sinon la spéculation est libre sur la réalité de l’équilibre des prix.

La couverture systémique du crédit

@pvin

Votre réponse à Crapaud Rouge m’éclaire sur votre position. Je suis tout à fait d’accord avec vous. Le sens des réglementations exprimées en mots est fuyant ; sujet à une infinité d’interprétations. La proposition du bancor consiste à disposer d’une monnaie qui matérialise en soi une réglementation simple et fondamentale : toute mesure du crédit doit avoir une contre-réalité à l’échéance identique à sa négociation d’origine.

Au lieu de supposer objective et intangible a priori la définition réglementaire ou contractuelle de l’objet d’anticipation financière, on crée l’identité de valeur entre l’origine et l’échéance par un marché et un garant. Le marché fournit le prix de tout objet par confrontation de l’offre et de la demande. Et le garant achète la variation de prix entre l’origine et l’échéance. Le prix garanti est la preuve du crédit, valeur stable dans la durée entre le prêteur et l’emprunteur ; ainsi l’objectivité de la mesure du crédit naît-elle de l’acheteur de la prime de crédit. La prime de crédit est la variation potentielle réelle du prix de l’objet entre l’origine et l’échéance.

Pour que la règle de la couverture effective du crédit par la réalité soit effectivement appliquée, il est nécessaire que les crédits soient originés dans un marché où règne la concurrence entre les emprunteurs vendeurs de risque et les investisseurs acheteurs de risque indépendamment des épargnants monétaires qui veulent conserver leur capital à sa valeur nominale. La monnaie utilisée indique de l’origine à l’échéance la règle appliquée au crédit : à tout crédit en bancor se rattache un acheteur identifiable et solvable de son risque.

Si la garantie d’un crédit est introuvable dans le marché du bancor, cela signifie que l’emprunteur n’est pas couvert et que le crédit n’est pas adossé à un prêt en bancor mais tout au plus à un capital dont la valeur n’est pas garantie. Il n’y a pas en bancor de spéculation juridique du fait de l’objectivité du prix d’équilibre entre l’offre et la demande. La monnaie s’adosse au crédit qui n’est que crédit. Le crédit est crédit par l’achat systématique de son risque. Le risque est le risque par l’obligation de combler à l’échéance l’écart entre le prix négocié à l’origine et le prix de marché à l’échéance. L’obligation est réelle par un sujet engagé identifiable par le marché.

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27 juin 2010 7 27 /06 /juin /2010 17:24

Oui au fédéralisme financier de l'Europe

Jean Peyrelevade prône le fédéralisme en réponse aux menaces financières qui pèsent sur l'Europe. Ce fédéralisme ne peut être qu'un système de régulation européen de la sûreté du crédit et de la monnaie. Les conditions de la régulation multinationale du crédit ont été définies par Keynes à Bretton Woods.

L’Europe est bien en faillite latente. Les Etats à part l’Allemagne et à cause de l’Allemagne courent tout droit au défaut de paiement. Les conceptions économiques et budgétaires sont radicalement différentes. Le fédéralisme est financièrement une bonne solution mais politiquement intenable. Les économies européennes divergent parce que les Européens sont différents les uns des autres. S’ils sont tous attachés à la démocratie, ils apprennent chacun à leur manière à la construire. Les cultures nationales de partage du revenu national, de civisme fiscal, de consommation et d’investissement sont bien différentes. Les marchés se contentent de constater ces différences et de les transformer en anticipations de dette publique et d’équilibre commercial.

Le fédéralisme est indubitablement l’avenir de l’Europe ; mais pas sa réalité présente. La finance interprète les équilibres politiques. Elle ne peut pas en être le motif. La réponse appropriée à la demande de sécurité des marchés d’épargne et d’investissement est une régulation budgétaire et monétaire qui traduise l’effort réel
des Européens à harmoniser leur vivre ensemble. Cela signifie un équilibre négociable et permanent entre les efforts engagés, la mesure qui en est donnée et la mobilisation effective des solidarités européennes ; donc la substitution d’un vrai marché à la confrontation anarchique d’intérêts particuliers sans nationalité.

La vraie mission de l’Europe dans le monde présent est la construction de la régulation financière et monétaire entre nations qui se savent différentes dans leurs intérêts économiques communs. Le premier fondement de la régulation financière est de n’engager envers les épargnants nationaux et internationaux que des promesses qu’on puisse tenir. Comme il est très difficile de mesurer tout seul sa capacité à rembourser ce qu’on emprunte, l’Europe doit être un système politique de garantie internationale réciproque de la mesure des crédits.

Tout crédit consenti en Europe au profit de quiconque et spécialement des États doit être garanti par les autres États. Tout emprunteur doit payer une prime de crédit à celui qui accepte de le garantir. Tout crédit non garanti par l’achat du CDS de l’emprunteur (Credit Default Swap, prime de caution d’un emprunteur) doit être interdit. Tout emprunteur dont la prime de CDS cesse d’être positive pour le montant déjà emprunté, cesse d’emprunter davantage et se retrouve à la charge de ses garants. Au lieu d’appliquer ces règles par l’ingérence politique et la déresponsabilisation économique des citoyens, les Européens instaurent un vrai marché financier où les prêteurs et emprunteurs sont identifiés et la certitude de leurs engagements mesurés par l’offre et la demande organisées de garanties financières (cds).

La régulation n’est rien d’autre qu’une responsabilité publique internationale de l’achat par le marché du risque de la mesure du crédit ; une responsabilité dont l’Europe a déjà l’expérience par la Commission Européenne, autorité politique multinationale d’économie de marché. Il faut que l’Europe ose affirmer que la liberté des échanges n’est pas une anarchie où le plus fort impose sa propre définition de la valeur et du prix économique. Un tel système de responsabilité est le bancor qu’avait proposé Keynes à Bretton Woods en 1944.

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25 juin 2010 5 25 /06 /juin /2010 16:38

Des réactions à un nouvel ordre mondial de vérité financière

Paul Jorion a bien voulu accueillir mon billet sur son blog. Voici les réponses aux questions et commentaires des blogueurs

Monsieur Pierre Sarton du Jonchay,

Jolie cette idée d’un achat et vente du futur avec du pouvoir d’achat présent. Vous introduisez le temps dans les calculs économiques. C’est la première fois que je vois formuler cette relation. Elle est pratiquée dans le fameux « High Frequency Trading » et naturellement dans les opérations à découvert. Elle vous permet de conclure à un vol d’un objet futur pour le rendre avant qu’il soit présent.

Que l’opération soit au mieux amorale, je suis d’accord. J’ai de la peine à suivre votre idée qu’il s’agit d’un vol. L’asymétrie d’information entre les domaines régulés et non régulés permet des opérations douteuses. Le délit d’initié rôde dans ce secteur. L’argent quasi gratuit de la BCE fournit les munitions. Tout cela est, dans le meilleur des cas, pas reluisant. Mais voler un objet dans le futur n’est pas clair.

Il est vrai que votre ligne d’approche du problème implique le temps. Dans les opérations boursières, c’est pour moi une nouveauté. Prendre un objet dans le futur est pour moi vraiment bizarre. L’idée d’échapper aux conséquences de ses actes parce qu’elles tombent après son temps de responsabilité est claire. C’est pourquoi j’accepte votre idée. je ne la comprends quand même pas.

Je crois qu’il y a là quelque chose de très gros à creuser.

Cher DidierF,

Prenons un exemple pour illustrer ce que serait le « vol financier » c’est à dire la vente-rachat à découvert. Vous projeter de planter un pommier dans votre jardin et prévoyez de récolter 100 kg dans deux ans. Vous savez quelle catégorie de pommier vous allez cultiver et comment vous allez vous y prendre. Vous vous dites que vous vendrez vos pommes 100 euros dans deux ans. Vous êtes propriétaire de 100 euros dans deux ans en culture de pommes.

Imaginez que vous n’êtes plus cultivateur de pommes mais seulement investisseur dans le risque de cette culture. Vous vous adressez à un intermédiaire financier qui vous déclare que pour acheter la vente à terme de 100 euros de pommes dans deux ans : il faut régler immédiatement 90 euros. Cela vous semble raisonnable et vous investissez 90 euros dans la culture de pomme. La vérité d’une telle opération est que l’intermédiaire financier investisse immédiatement les 90 euros chez un cultivateur de pomme. Si ce que vous avez négocié avec l’intermédiaire est un risque véritable, vous n’avez pas acheté que des mots mais l’engagement d’investir 90 euros dans la culture réelle de pommes.

Vous aurez compris que ce qui se passe sur les marchés financiers n’est pas vraiment cela. Les intermédiaires financiers travaillant de gré à gré ne remplissent pas systématiquement leurs engagements réels d’investissement. Les promesses s’adossent aux promesses et ils n’est nullement certain que votre versement de 90 euros soit effectivement investi dans la culture de pommes. C’est là où est le vol temporaire non pas d’un objet réel concret mais de sa mesure. On vous a vendu un certain prix de quelque chose à terme ; mais l’intermédiaire s’approprie la contre-réalité à terme de cet objet pour spéculer à votre place sur la réalité.

La négociation financière à découvert est possible par l’absence réelle de marché qui est l’absence d’arbitre impartial de la réalité. Si personne ne vérifie que le prix d’une anticipation financière se rattache effectivement à un objet de réalité, alors on peut vendre et acheter n’importe quelle mesure de quelque chose qu’y n’existe que verbalement dans le futur. Ainsi un opérateur financier par le crédit qu’il inspire dans les masses financières qu’il transforme peut négocier des prix qui ne renvoient à aucune réalité humaine et physique. La pomme-papier se confond avec la pomme réelle dans le futur.

S’il existe un vrai marché, aucune anticipation financière ne peut être vendue ou achetée sans qu’elle ne soit confrontée à une réalité engagée, c’est à dire couverte au sens financier du terme. Un investissement de 90 dans 100 euros de pommes dans deux ans est couvert si votre versement de 90 va effectivement à un producteur de pommes. Le producteur de pomme est alors acheteur du crédit nominal de 90 emprunté pour produire 100 de pommes dans deux ans. L’intermédiaire financier est vendeur de la prime de risque de crédit à hauteur de 10 et vous êtes prêteur de 90 euros et propriétaire d’une prime d’option de pomme à terme de 10 euros. Bien sûr, l’intermédiaire financier vendeur de la prime est tenu par la réalité : au terme des deux ans, il paie 10 au producteur de pomme qui n’aura pu vendre ses pommes que pour 80 euros de manière à ce que les 90 euros soient effectivement remboursés selon la mesure anticipée du crédit. Une option est bien plus que la mesure d’un nominal de crédit et d’une prime de risque : c’est un engagement humain entre trois personnes pour produire deux mesures financières et une réalité à terme. Sans un marché de réalité à terme pour cadrer la négociation d’option, la négociation financière se centre sur elle-même au mépris de toute réalité et donc de toute vérité.

Vraiment trapu comme article… Je note seulement que la notion de règlementation y joue un rôle aussi important qu’inattendu. Intuitivement, on dirait que, aux yeux des acteurs financiers et des spéculateurs en particulier, cette réglementation est en fait la réalité-même, celle qui sert de référence aux calculs, donc un terrain naturel pour la spéculation. Ce n’est donc pas tant la notion de risque qui est à revoir de fond en comble, mais son contexte, de type sémantique, que constitue la réglementation. La « vraie » réalité, celle du « crédit engagé », s’en trouve comme masquée, et expulsée des calculs spéculatifs.

Il est fort possible que j’ai mal compris, mais il me semble qu’il y a là-dessous une idée originale et forte, parce que la réglementation, au départ, est censée rappeler les acteurs à la réalité.

Crapaud Rouge,

Je suis d’accord. Cet article est trapu. Je n’ai pas non plus tout compris. Vous me faites remarquer que dans cet article la règlementation est la réalité des financiers. C’est une idée fort séduisante.

Elle rejoint ce que je comprends de l’article. Il y a la partie règlementée de la finance et une partie non règlementée. Cela produit deux réalités entre lesquelles il est possible de jouer. La partie règlementée sous estime le prix de l’actif et permet de vendre avec un paiement sûr. La partie non règlementée surestime ce même prix et permet de s’imaginer gagner beaucoup plus que ce qui est possible si on l’achète. Ensuite par besoin d’argent, il faut vendre et là la partie règlementée entre en jeu. La différence est fournie par la planche à billets US ou les prêts quasi-gratuits de la BCE. Elle disparaît dans les poches des opérateurs financiers jouant sur les deux tableaux. Nous, on paie.

Par la rigueur, par l’accusation que nous vivons au dessus de nos moyens, par l’optimisation des systèmes sociaux, par le chômage, etc… Beurk

J’ignore si cette image correspond à la réalité. Mais elle est très plausible et utilise votre idée de la réalité des marchés définies par la régulation. Vous m’ouvrez la porte d’univers virtuels distincts entre lesquels des financiers effectuent des échanges. Nous sommes les gisements de matières premières pour ces échanges. Nous payons.

Cela m’ouvre des perspectives de jeux financiers infinis par créations d’univers virtuels.

@DidierF et Crapaud Rouge,

C’est exact : la réglementation est la réalité des financiers. L’anticipation des prix du futur ne se fait pas sur des réalités physiques tangibles mais sur des définitions de réalité. La définition d’objet financier renvoit à quelque chose qui doit pouvoir exister à un prix qui s’approche de celui anticipé. L’anticipation financière porte autant sur le prix que sur l’objet sous-jacent au prix. Et la matière du risque n’est pas l’incertitude du prix mais bien la pluralité d’interprétation d’une même définition d’un objet d’investissement et la possibilité que la réalité future n’existe pas dans la forme ou elle a été mesurée. Il y a une troisième cause matérielle de risque, celle qui créé l’aléa moral : l’absence d’intention d’anticiper des réalités et de les mesurer à leur vraie valeur à terme entre les mains de leur acheteur final. La mesure du risque résulte de ses trois causes matérielles dont l’une tient strictement à l’éthique du financier.

Comme toute activité économique est faite d’anticipation, la finance crée sa propre réglementation pour tout objet de valeur à terme non défini par la collectivité. Un objet de négociation financière défini par la collectivité constitue un vrai marché : tout échangiste sait ce qu’il négocie et le négocie en lui attribuant une valeur collectivement reconnue. Un objet défini par un intermédiaire financier hors de toute régulation publique échappe facilement à une compréhension collective qui garantisse la réalité de sa valeur.

Quand plusieurs nationalités et plusieurs sources de réglementation publiques ou privées se confrontent dans l’espace économique mondial hors la présence d’une autorité commune de définition de la valeur, toutes les mystifications sont possibles et financièrement rentables.

@ Pierre Sarton du Jonchay

Je suis un peu long, désolé, la grève m’offre du temps.

Votre article fera sans doute plaisir à P. Jorion, puisque dans sa conclusion il propose la mise en place du bancor. Néophyte en ces matières, votre article reste pour moi abscons.

Denis Guedj avait dit « Une affirmation mathématique n’est pas vraie parce que c’est un « chef » qui le dit, mais parce que tout un chacun peut en vérifier la justesse ! ».

C’est le pari de la raison, encore faut-il que le « tout un chacun » ait acquis le savoir qui permet d’être dans le coup de la vérifiabilité. Entre 2 avis opposés dans un domaine où j’entrave que pouic, je penche vers l’expert qui a les mêmes penchants politiques que moi, ça ne garantit rien pour autant.

Vous présentez sur votre blog le coup de gueule du regretté Guedj, Merci, c’est une excellente lecture plus accessible au commun.

Je crois comprendre que ce bancor malgré son inconvénient de cumuler dans sa sonorité la banque et l’or, serait un nouvel étalon universel offrant une gamme de convertibilité à toutes les monnaies en usage, or inclus dans une chambre de compensation avec une exception notable pour l’or qui serait convertible en bancor et pas l’inverse. Bref une sorte de mètre, référent ultime pour des monnaies ayant entre elles des rapports schtroumpfés via ce bancor qui devient un équivalent général. Pourquoi pas !

Néanmoins à lire P. Jorion (note sur le bancor) la proposition de Keynes vise à « assurer la pacification des relations économiques entre les nations » et Keynes pense « Il n’y a en réalité que deux [idéologies] : les états totalitaires… et les états libéraux ».

Sous réserve des changements de « valeur » linguistique des mots utilisés dans le passage d’une langue à l’autre, je note que Keynes use du terme « Nation » et de celui d’ « État ». Le troisième larron de la sainte trinité fictionnelle « Peuple » n’est pas explicite et sa volonté chère à Mirabeau pas plus. On ne trouvera jamais de présence de l’un et de l’autre que biaisée par un système complexe de représentation quel qu’il soit et pas neutre du tout quant au « faire valoir » des intérêts divergeants en jeu.

En dépassement de la Nation et ses impasses fut proposé au 19ème la notion d’internationalisme qui subvertit les calculs égoïstes des représentants de la Nation qui s’avèrent pour la plupart les représentants des privilégiés de la Nation comme les fils de ce blog ne cessent de le montrer.

On sait que l’élan de cet internationalisme fut cassé par les ambitions nationalistes en jeu dans la dite première guerre mondiale. (Cf Jaurès). Un évènement contingent s’en produisit en 1917 qui tout en déplaçant le sens d’internationalisme, ordonna par la suite autrement qu’au 19ème l’ordre du monde et son désordre pendant tout le 20ème et jusqu’à ce jour puisque malgré les paradoxes sensibles de la République Populaire de Chine, elle reste un effet de l’évènement contingent.

Si Keynes dans les 30’ usait déjà de l’opposition totalitaire/libéral c’était déjà comme aujourd’hui encore, sans distinguer que le fascisme n’a jamais été qu’une forme violente de réaction du pouvoir des possédants à la violence du projet socialiste de leur couper les bourses.

La loi Monory de 1978 était aussi une réponse politique plus soft au PCG, et favorisa fiscalement la création d’un capitalisme populaire (dans tous les sens du terme !) et l’identification idéo-logique aux possédants. Cette identification suscite plus « d’envie » que la théorie des ensembles version 2 classes définissant les appartenances (même croisées de fait).

Vous employez l’expression de « réglementation non totalitaire ».

Le réel par définition échappe à toute tentative de réglementation si on entend par là une tentative symbolique de la tentation imaginaire de l’incarcérer. Par hypothèse toute règle suppose la possibilité de sa transgression. La sanction est le témoin de cette potentialité en puissance. Donc une règlementation est par essence totalitaire bien que trouée. Qu’il s’agisse de la notion de vide juridique ou des cohortes de juristes qui se précipitent aux services d’intérêts qui les rémunèrent jusqu’à satiété pour trouver les failles des limites imposées par l’État de droit, la fuite est toujours déjà là.

Aussi pourriez-vous m’éclairer sur votre syntagme de « réglementation non totalitaire » qui suppose alors une réglementation qui soit totalitaire. Une réponse là-dessus m’importe.

Votre billet/analyse semble proposer une solution technique comme remède à une situation économique issue de choix politiques. Je crois lire que toute l’affaire que vous articulez tient à la décorrélation entre un signe et son référent. Là où Magritte propose son « ceci n’est pas une pipe » les MAF achètent et vendent la pipe, avec le bénéfice virtuel du rapport de cette féelation réelle promise à quelques fortunes.

Ce serait donc une sorte de bulle de la valeur de la signification comme telle (un délire initié par quelques « économistes » embarquant le monde entier ? – on en a connu d’autres ; le petit dernier, Kerviel « Donc, si j’ai continué, ce n’était pas pour l’argent, mais j’étais complètement déconnecté de la réalité »). Cette valeur de la signification (la fameuse réalité) est toujours en discussion à la bourse des échanges langagiers quotidiens qu’on appelle pourparlers.

Personnellement je ne pourparle plus sur l’opportunité de mettre fin à la propriété privée des grands moyens de production, ni sur la fin du secret bancaire. Après ça peut pourparler sur « un programme partagé » incluant le bancor, qu’ensuite viennent s’en mêler la dite extrême gauche jusqu’aux villepinistes, l’important me parait d’isoler les terroristes et les totalitaristes du capital et de « desseiner » une alternative, mondiale bien sûr.

Cher pvin,

Permettez-moi d’avoir pris le temps de réfléchir avant de vous répondre. Mon expression de réglementation (non) totalitaire est effectivement à éclairer. J’entends par totalitaire le fait de couvrir par un discours tout un champ du réel de sorte qu’il ne reste aucune incertitude sur la description complète de ce réel. S’agissant du domaine financier, la réglementation n’est pas totalitaire puisque la partie du champ non couverte est beaucoup plus importante que la partie couverte. J’affirme que ce fait pose problème parce que générateur de risque non mesurable donc illimité.

Comme l’échange financier porte sur le futur, ses objets ne sont pas mesurables physiquement mais dans leur définition verbale. La réglementation est un moyen indispensable de l’activité financière en figeant des définitions d’objet financier. Sans une définition commune entre les contreparties de l’objet qu’elles négocient, le risque est total qu’elles ne négocient pas la même chose. L’absence de réglementation financière d’origine publique dans le champ international laisse aux acteurs le soin d’annoncer par eux-mêmes la réglementation qu’ils s’appliquent entre eux. Ils le font à l’intérieur de leurs contrats sans lesquels il n’y a pas d’objet financier.

La réglementation publique plus les contrats privés constituent donc globalement et nécessairement une description totale de la réalité des engagements financiers. Mais c’est une totalité invisible à la collectivité du fait des contrats de gré à gré qui ne laissent aucune trace extérieure aux parties. Entre les parties-mêmes, rien ne prouve ni ne garantit l’interprétation commune des engagements échangés. Il en résulte que les prix ne sont pas l’expression d’un équilibre entre une offre et d’une demande. Ni à l’échelle de la collectivité financière à cause des contrats inconnus ; ni à l’échelle individuelle où l’offre d’un contrat n’est pas objectivement ce qui est demandé par la contrepartie.

Précisons à ce stade qu’une négociation financière étant nécessairement une pure confrontation de subjectivités sans objet physique, la seule présomption objective d’objectivité entre des parties est l’intervention d’une troisième partie responsable de l’équité. Elle n’a pas d’intérêt dans l’objet négocié mais seulement à l’équilibre d’information entre les parties sur la réalité de leurs engagements réciproques. On découvre que ce tiers ne peut venir que du marché ; pas le lieu où l’on négocie mais l’intermédiaire par lequel on négocie. L’intermédiaire de marché incarne littéralement la communauté des objets de négociation financière entre toute partie négociante.

La réglementation financière devient donc réellement totalitaire par l’intermédiation humaine entre sujets humains d’anticipation financière. Pour qu’une réglementation soit totale, elle ne doit pas tout dire mais permettre que tout soit dit sur le plan des engagements humains. Le seul moyen d’y parvenir est l’instauration d’un marché d’intermédiation parfaitement délimitée et identifiable. Identifiable par une monnaie de transaction qui signale l’efficience absolue de l’intermédiation de marché. Délimitée par le fait que sans utiliser la monnaie, on négocie en dehors du marché et de la régulation qu’il contient. Une réglementation financière totalitaire est un marché transparent d’anticipations dont les sujets sont dedans ou dehors selon la monnaie qu’ils utilisent.

Vous affirmez à juste titre que nous sommes dans un problème de tri. Quelle totalité choisissons-nous ? Le bancor est la proposition d’une réglementation de marché distincte de tout autre qui accueille la totalité de l’engagement humain. Le bancor est international car aucune interprétation nationale du droit ne peut y prévaloir ; seulement l’égalité d’information entre des parties engagées garantie par un arbitre commun. Arbitre commun évidemment délégué par les Etats, peuples et nations démocratiques convaincus que la liberté la plus fondamentale est de comprendre à quoi la vie engage.

Qu’en dites-vous ?

J’ai arrêté de lire pour noter ceci : vous associez surprime à crise de liquidité. C’est un point de vue incomplet, stérile et finalement erroné.

La cause est une crise de solvabilité. Il suffit de se rappeler ce que désigne le terme « subprime »: des gens non solvables, parce que sous-payés au nom de théories absconses ( qui ont encore cours), ont été incités à contracter un crédit immobilier supérieur à leur capacité de remboursement. En corolaire,il était admis, au nom d’une théorie ( qui apparamment s’est effondrée) que le marché de l’immobilier étant croissant, la valeur à la revente serait supérieure au crédit contracté.

Là est l’origine des « subprimes »; le reste n’est que littérature de banquiers, car pour eux et eux seuls, le crise est une crise de liquidité. Adaptez le revenu des accédants à la propriété au niveau d’un immobilier raisonnable, vous n’avez plus de crise systémique. C’était la situation prévalant avant les théories absconses.

Pensez aux épicycles de Ptolémé.

@daniel,

Vous êtes au coeur du problème en discutant du lien entre liquidité et solvabilité. La solvabilité, c’est la permanence anticipée de la liquidité future : est solvable celui dont on ne peut pas douter qu’il sera liquide sur tous ses engagements à échéance future. Pour être solvable, il faut être actuellement liquide. Ne pas être mis en faillite signifie acter à tout instant présent la possibilité de régler ses engagements à terme.

L’impasse actuelle du débat sur la liquidité et la solvabilité est dans l’absence de la réalité sous-jacente à la mesure de la liquidité et de la solvabilité. Pour que la liquidité présente et à venir soit réelle, il faut que la contrevaleur des prix financiers soit réelle et vérifiable. Vous avez absolument raison : si les prix de l’immobilier américain n’avaient pas été artificiellement stimulés par des crédits réellement illiquides, il n’y aurait pas eu de crise des subprimes.

Le problème de la liquidité est donc celui de la réalité qui doit être mesurable indépendamment des anticipations financières. Est liquide un prix qui reflète l’équilibre actuel de l’offre et de la demande de son objet sous-jacent réel. Est potentiellement illiquide un prix qui contient les équilibres futurs de marché avant que l’offre et la demande réelles ne soit encore exprimées.

Et qu’est-ce que sont l’offre et la demande réelles ? L’échange de la satisfaction réelle de détenir un objet réel contre un crédit de monnaie liquide dont la valeur réelle correspond exactement au prix de l’objet échangé. La réalité est donc celle de sujets librement engagés dans leur décision d’échanger un objet réel contre monnaie dont la valeur est définie et certaine.

La crise systémique est bien la possibilité de pouvoir produire le signe de la liquidité en dehors de sa réalité.

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Pierre Sarton du Jonchay
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