Le signe monétaire marqué par le temps
Principe de l'intérêt négatif sur la liquidité monétaire
Johannes Finckh est l'auteur de travaux de recherche sur le « signe monétaire marqué par le temps (SMT ou MMT dans la suite de ce billet pour monnaie marquée par le temps) ». Le concept de
SMT est tiré de l'oeuvre de Silvio Gesell qui inspirera la théorie keynésienne de la monnaie. Gesell avait préconisé dès 1916 de forcer la
liquidité des encaisses monétaires par un intérêt négatif sur les dépôts bancaires et la monnaie fiduciaire, pièces et billets en circulation. L'intérêt négatif crée une incitation économique à
l'utilisation rapide des encaisses afin qu'une même masse monétaire produise davantage de transactions et de croissance de la valeur ajoutée.
Keynes reprendra le principe de l'intérêt négatif sur les créanciers de l'économie par la préconisation d'une intervention de l'État dans les mécanismes bancaires d'émission de la monnaie. Dans
la théorie keynésienne, la politique monétaire publique produit un intérêt négatif sur les détenteurs d'avoirs liquides par trois canaux d'efficience :
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le déficit du budget public oblige les banques et les épargnants à financer l'augmentation des dépenses publiques stimulant l'investissement et la production
-
la masse des crédits en cours inscrits dans les comptes bancaires augmente les anticipations de production économique par une demande publique indépendante de la demande privée
-
une encaisse publique se constitue en concurrence avec les avoirs monétaires privés pour stimuler la dépense globale au-dessus de la dépense privée bridée par une épargne monétaire excessive
(«euthanasie des rentiers» par augmentation forcée de la masse monétaire)
L'intérêt négatif du SMT s'applique à toutes les liquidités monétaires scripturales ou fiduciaires ; il est proportionnel au temps comme l'intérêt positif sur les dettes mais indépendant de
l'origine des fonds, salaires, marges sur vente ou rémunération d'investissements. Dans la réalité économique actuelle où les politiques monétaires recherchent la stabilité du pouvoir d'achat du
signe monétaire unitaire, les frais bancaires et la fiscalité font office d'intérêt négatif sur l'épargne monétaire. Mais cet intérêt n'est pas au sens strict proportionnel au temps ; il est
déterminé par l'origine des fonds et par la situation économique et le niveau de revenu du déposant.
Abolir la rente spéculative
La finalité actuelle de l'intérêt négatif prélevé par la fiscalité n'est donc pas la vitesse de circulation de la monnaie mais la redistribution des revenus et le financement de la consommation
et de l'investissement public. Dans la proposition de Johannes Finckh, l'intérêt négatif revient à une taxation de la liquidité du capital financier ; c'est à dire du capital conservé en monnaie
qui n'est ni prêté, ni investi mais conservé liquide à des fins de spéculation sur la variabilité des prix indépendante de l'offre et de la demande réellement exprimées des biens et services
produits ou à produire.
Dans la crise financière et monétaire actuelle, le SMT est une solution potentielle à trois ruptures systémiques :
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l'effacement des États de droit par l'évasion fiscale non maîtrisable issue de la libre circulation monétaire du capital
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la fuite de la liquidité de l'économie réelle dans l'économie financière spéculative métaphysique
-
l'explosion des pertes systémiques de liquidité empruntée disproportionnée à la liquidité réellement prêtée issue des engagements effectifs de production réelle
La convertibilité des monnaies d'une zone monétaire à l'autre est totalement prise en charge par des opérateurs privés ; ces opérateurs pratiquent le secret face à la puissance publique
susceptible de réclamer des taxes en vérifiant la destination légale des mouvements de fonds. Les États financés par les crédits directs ou indirects des banques centrales sont donc asphyxiés par
des taux d'intérêt réels réclamés par les épargnants défiant des débiteurs. Les dettes publiques apparaissent radicalement disproportionnées aux ressources fiscales limitées qui rembourseront des
crédits en croissance illimitée.
L'intérêt négatif du SMT est donc le moyen :
-
de rééquilibrer les comptes publics par une ressource prélevée sur le capital monétaire spéculatif
-
de faire exister le prix de la stabilité systémique sur les acteurs économiques accumulant des avoirs monétaires
-
de racheter par le système monétaire les déséquilibres que les acteurs économiques peuvent ignorer entre leurs investissements et leur épargne réelle
Une monnaie express sans sortie de l'euro (Johannes Finckh)
La mise en oeuvre du SMT impose pratiquement la délimitation d'un espace numérique par un espace physique en dehors duquel le SMT n'a aucune valeur. L'espace physique d'échange définit l'espace
virtuel de la loi appliquée par les acteurs économiques pour attribuer une valeur positive à ce qu'ils s'autorisent légalement à négocier. L'utilisation du SMT requiert un espace juridique
numérisé où la libre circulation du capital est concrètement subordonnée à la légalité vérifiable de son emploi ; donc au prélèvement de l'intérêt par la collectivité publique de marché chargée
de vérifier la légalité des paiements en SMT. L'intérêt négatif finance la régulation financière par le fonctionnement-même du marché. La régulation financière devient un élément de la politique
économique de régulation de la croissance par l'autorité publique.
Johannes Finckh illustre la mise en oeuvre du SMT en solution de la crise de liquidité de la zone euro à partir de l'expérience du Chiemgauer initiée en Bavière. Dans « une monnaie express sans sortie de l'euro », le SMT est proposé aux pays membres de la zone euro soumis à des
restrictions d'emprunt auprès du marché financier et de la BCE. La proposition revient à restaurer des monnaies nationales ou locales exclusivement convertibles en euro. Le prélèvement d'un
intérêt sur les détenteur des nouvelles monnaies est complété d'une prime de change réglée par les importateurs de liquidité en euro dans les systèmes de paiement locaux.
La prime de change de conversion de l'euro en SMT est versée dans la réserve collective du système de paiement. L'autorité publique de régulation du marché SMT qui peut être une filiale de la
banque centrale nationale constitue une réserve de change en SMT pour assurer la convertibilité en euro. La liquidité et la solvabilité extérieures des nouveaux systèmes de paiement SMT sont donc
explicitement garantis par un capital systémique alimenté par la collectivité des exportateurs en SMT dont la production est financée par des échanges en SMT.
Discussion du fonctionnement économique et technique du SMT en résolution de la crise de la zone euro
PSJ
Nos amis bavarois expérimentent donc avec succès un SMT. Je suis personnellement arrivé à la conclusion que l’intérêt négatif est nécessaire et pertinent comme prix collectif de l’asservissement
de la monnaie à sa finalité d’échange et de liquidité du temps. Je constate que l’intérêt négatif est bien prélevé dans le système actuel mais pas par la puissance publique. L’intérêt négatif est
prélevé par les banques et inscrit comme créances sur les États détenues à partir des paradis fiscaux pour les obliger à forcer un partage de la valeur ajoutée en faveur des rentiers et des
spéculateurs. Pour que l’intérêt négatif soit efficace, il doit être prélevé par les États et les collectivités locales qui soient effectivement contrôlés par la démocratie comme cela peut être
le cas dans les expériences de Sociétés d'Echange Local (SEL). Et l’intérêt négatif doit opérer une redistribution des revenus au bénéfice des plus faibles et des salariés en rapport d’asymétrie
avec leurs employeurs sur le marché du travail.
JF
En effet, l'"intérêt négatif", comme vous l'écrivez, est destiné à neutraliser la dite rente du capital. Cela part du constat que fait Gesell et qui est repris par Keynes (il a copié sur Gesell
et Wicksell notamment, sans vraiment le reconnaître) sur la prime de (renonciation à la) liquidité.
Pour Gesell, la monnaie telle qu'elle est, est le capital originel comme tel, et tout le régime capitaliste en découle nécessairement. En suivant son analyse, il n'est pas tenable que la monnaie
puisse ainsi devenir d'emblé un système rentier du temps comme tel.
En langage "lacanien", je dirais que la monnaie "ex-siste" au temps, et l'exclusion (ou la forclusion) du temps, s'ajoute donc à la monnaie comme venant de l'extérieur sous forme d'intérêt
monétaire net qui impose sa marque à la totalité de ce qui se présente alors comme "capital".
Tous les biens, services et biens d'équipement (sauf, sans doute les terres et le richesses du sous-sol), tout ce qui s'échange contre de la monnaie se fait en devant prendre en compte le temps
qui passe et qui dégrade ces choses, alors que la monnaie, le billet tel qu'il est fait, ne comporte pas cette dégradation temporelle. Il en découle donc nécessairement que ceux qui disposent de
capital sous forme de liquidités se font payer cet avantage parfaitement rentier.
La monnaie dite fondante (que j'ai rebaptisée signe monétaire marqué par le temps) corrige cette anomalie, ce péché originel de l'ordre monétaire tel que nous le subissons depuis l'invention de
la monnaie or et qui n'est pas modifié par le régime de monnaie en papier tel qu'il est.
L'effondrement systémique et les faillites liées aux surendettements sont dès lors inéluctables et interviennent à peu près tous les 50 ans depuis la nuit des temps, avec les destructions
massives (crises et guerres) qui vont avec.
La croissance du capital monétaire suit toujours une courbe de croissance exponentielle, le capital monétaire double en moyenne tous les sept à dix ans, quelles que soient les choix politiques,
fiscales et budgétaires. Même sans déficit public, cette loi s'applique, et même en cas d'excédents !
Dans ce cas, ce seraient les dettes privées qui augmenteraient davantage. Car qui dit accumulation ou doublement de l'avoir monétaire d'un coté dit aussi, nécessairement, que la dette en face
(avec les intérêts dus) augmente d'autant, l'addition des deux (au niveau mondial) est toujours nulle.
Encore une chose : l'intérêt négatif exposé dans la "monnaie express" n'agit pas, selon mon analyse, par la petite recette supplémentaire qu'il engendrerait en tant que "taxe sur la monnaie" ;
cet effet est marginal selon mon analyse, car la masse de monnaie dite fondante nécessaire serait assez faible pour opérer les transactions, et 8% d'une masse faible ne serait pas beaucoup.
L'effet principal obtenu serait la neutralisation de la rente du capital (les revenus du capital représentent, selon l'analyse de Piketty et de l'INSEE, au moins 25% du revenu national, soit 400
milliards d'euros annuels en France), et cette rente réapparaîtrait au niveau des revenus redistribués dans le travail productif.
La monnaie ainsi "accélérée" obtiendrait, de par les transactions plus nombreuses, des revenus plus élevés pour tous ceux qui travaillent, et les recettes fiscales qui s'attachent à ces revenus
du travail équilibreraient rapidement les finances publiques qui pourraient alors se désendetter sans problème.
PSJ
Je constate que nos convergences d’analyse sont très fortes. Je voudrais éclaircir avec vous des points techniques en suspens qui rendraient les MMT irréprochables sur le plan logique de la
stabilité :
-
Comment l’intérêt négatif sur les dépôts de monnaie liquide et sur l’épargne non investie par le système est-il ajusté et dépensé pour favoriser et soutenir la production réelle qui fasse
monter le niveau de vie de la population ?
-
Comment l’accroissement des recettes fiscales procuré par le prélèvement de la prime de liquidité systémique de la monnaie est-il réparti dans le temps entre le financement de la croissance
et le désendettement extérieur en euro ?
-
Subsidiairement à la question 2, comment la parité de conversion de la MMT en monnaie non-MMT est-elle fixée pour que les acteurs du système MMT puissent échanger en dehors du système MMT ?
-
Comment calculer la quote-part de la prime de liquidité du système MMT qui doit être capitalisée par la banque centrale gestionnaire du système afin de préserver la confiance et l’efficacité
du système MMT par rapport au système non-MMT ?
J’ai commencé à aborder ces questions avec Bernard Lietaer (A new money for a new world) qui les met de coté en disant que la MMT doit être inconvertible en
monnaie non-MMT. Il me semble que cette position a pour conséquence de différer l’avènement des MMT par la perte trop élevée qu’elle fait subir aux rentiers de l’actuel système. Les rentiers de
l’euro qui sont encore très nombreux refuseront les MMT s’ils ne peuvent pas convertir leurs avoirs non-MMT en MMT. A mon avis, le principe MMT est tout à fait compatible avec une indexation des
parités MMT-non-MMT sur l’équilibre des échanges financiers à long terme.
Outre que dans le système MMT le passif créditeur est nécessairement égal à tout instant à l’actif débiteur, rien n’empêche d’introduire dans cet équilibre structurel une anticipation des
transactions à terme par laquelle on fixe au présent le prix comptabilisé entre une promesse de livraison réelle créditrice et une promesse de paiement débitrice. Il suffit pour cela qu’un tiers
à l’acheteur et au vendeur à terme achète la différence de prix entre le terme et le comptant quoiqu’il arrive. Cette différence de prix réelle venant de l’écart toujours possible entre une
anticipation juridiquement engagée et sa réalisation effective devient la définition du capital dans le système MMT.
Je crois qu’en introduisant le financement du capital MMT par l’intérêt négatif de la prime de liquidité systémique, on a un système économique totalement efficace progressivement substituable au
système non-MMT au fur et à mesure de son effondrement. Pouvons-nous discuter ce point ?
JF
J'essaye de vous répondre:
1. Comment l’intérêt négatif sur les dépôts de monnaie liquide et sur l’épargne non investie par le système est-il ajusté et dépensé pour favoriser et soutenir la production réelle qui fasse
monter le niveau de vie de la population ?
Je vais essayer de répondre comme je peux à ces points en tenant compte de notre conversation téléphonique et de l'article de Gelleri & Mayer sur la "monnaie d'État régionale" ou "Régio":
l'échange avec Gelleri m'apprenait que la participation des entreprises à l'expérience du "Chiemgauer" nécessitait l'instauration de comptes bancaires en "Régio" (ou appelé "Chiemgauer" dans leur
expérience fonctionnant bien depuis 2004 au moins).
Les banques locales acceptaient donc l'ouverture de comptes courants en Chiemgauer donc les dépôts des billets timbrés. Ce faisant, la banque prenait le risque de perdre 2% sur ses encaisses aux
quatre dates de timbrage d'actualisation : 1er janvier, 1er avril, 1er juillet et 1er octobre. Cela l'obligeait logiquement et nécessairement
d'appliquer un taux négatif de 8% annuels sur tous les dépôts sur ces comptes, histoire de fonctionner au moins sans perte ! Ce taux annuel négatif est donc appliqué aux montants positifs des
comptes courants au jour le jour et débité mensuellement sur ces mêmes comptes.
En conséquence, les entreprises et les particuliers disposant de ce compte doivent donc accepter le principe de "perdre" quelques "chiemgauers" tous les mois comme frais de tenue de compte. Il
n'est pas sûr, du reste, que cela soit plus que ce que l'on paye en euros pour un compte courant pour les frais bancaires classiques. mais il est certain que cette perspective n'est pas
spécialement excitante.
La banque a, par ailleurs, intérêt et envie de remettre en circulation le plus vite possible les billets chiemgauer en dépôt, histoire de filer le "mistigri" aux usagers de la monnaie liquide...
L'usager, aussi bien la banque que le particulier ou l'entreprise, a intérêt à réduire autant que possible ses dépôts courants et ses encaisses liquides. Pour cela, il y a en fait deux solutions
:
1) l'usager dépense le plus possible ses liquidités ainsi définies en achetant tous les biens et services et biens d'équipement préférentiellement avec du chiemgauer, et l'observation a prouvé
que le chiemgauer opérait près de douze transactions par unité pendant que l'euro n'en opérait que quatre. Cette vitesse de circulation accélérée soutient puissamment la production réelle et
favorise, par le biais de davantage de salaires distribués, l'élévation du niveau de vie des usagers du chiemgauer. Cet État de fait compense largement l'impact de l'intérêt négatif. De plus,
l'intérêt négatif appliqué à l'unité liquide (sur le CC ou le billet) est d'autant plus faible que la vitesse de circulation est plus élevée, car la quantité circulante en chiemgauer est très
modeste, compte tenu de l'intensité de sa circulation et de son fréquent changement de détenteur : 8% d'un volume faible est peu...
2) N'ayant pas forcément l'usage immédiat de ses revenus, la possibilité d'épargne longue d'au moins un an est offerte par la banque. Et la banque n'applique pas d'intérêt négatif sur les comptes
d'épargne d'un an et plus. Il faut en convenir, la préservation du montant épargné sans perte constitue une rémunération acceptable dans ce contexte. On peut même imaginer une rémunération
positive dans certaines conditions. En effet, cette épargne des uns ne fait sens que parce qu'elle permet à la banque d'allouer des crédits en chiemgauers aux entreprises ou aux particuliers
souhaitant faire un achat important sans en avoir les ressources. Il se passe ainsi ce qui se passe toujours : l'argent épargné est dépensé par les emprunteurs, histoire de maintenir la demande
effective de biens, services et biens d'équipement au niveau de ce qui est effectivement produit à tout moment. La totalité du marché est ainsi (en théorie) constamment écoulée, et il n'y aura ni
invendus ni chômage, tout simplement parce que l'argent ne peut plus dormir sous forme de liquidités thésaurisées.
2. Comment l’accroissement des recettes fiscales procuré par le prélèvement de la prime de liquidité systémique de la monnaie est-il réparti dans le temps entre le financement de la
croissance et le désendettement extérieur en euro ?
Une remarque : l'accroissement des "recettes fiscales" lié au prélèvement de la "prime de liquidité systémique" est probablement assez faible et devrait, pour l'essentiel, être utilisé pour
financer les frais de gestion bancaire et les frais de fabrication de ces billets. Les éventuels excédents devront être utilisés pour des financements sociaux et culturels, histoire de maintenir
constante la quantité de chiemgauers circulants (sinon, elle diminuerait de 8% par an !) L'émetteur du chiemgauer (ou du Régio) qui a déposé la contrevaleur en euros à la banque veillera à ce que
la quantité reste identique à ce dépôt.
L'essentiel des recettes fiscales supplémentaires proviennent évidemment, pas de mystère sur ce point pour moi, du fait que les transactions sont plus nombreuses, ce qui génère des recettes de
TVA et des recettes liées aux impôts sur le revenu en augmentation, etc..., et ces recettes supplémentaires pourront être affectées au désendettement de deux façons :
1) les recettes accrues en Régios assumeront toujours davantage les dépenses courantes, et les recettes en euros restants pourront être alloués aux remboursement des dettes extérieures en euros.
2) Si les recettes en Régios sont très élevées (c'est une possibilité), le débiteur (en euros) (l'État ou le particulier) qui en reçoit pour son travail ou comme recette fiscale etc. pourra
toujours procéder à l'échange de ses Régios en excès contre des euros à la banque pour rembourser sa dette (en acceptant le paiement du frein anti-évasion sous forme de prime de change payée
à ses créanciers en euro) : et la banque pourra alors, pour se refinancer, retourner ces Régios à l'État ou aux particuliers contre des euros en payant ce même frein.
L'euro servira donc de plus en plus et d'une façon privilégiée au paiement des dettes extérieures et des "importations" venant du dehors de la zone Régio, par contre, son usage interne reculera.
Mais est-ce un problème, dans la mesure où cela favorisera la production locale (les importations se trouveraient "taxées" de 10% : taux de la prime de change de l'euro en régio). Pour
ma part, il me semble que ces 10% sont élevés, et il me semble évident que cette mesure ne se justifie qu'au démarrage et devra être ramenée peu à peu à 0%, car le redressement de l'économie
locale avec le Régio sera rapide et spectaculaire et ne justifiera plus, après un ou deux ans, ce traitement de faveur. Passons.
Plus avant, les rentrées en euros dans la zone Régio augmenteront néanmoins par le biais de la production locale redressée quand ces producteurs (favorisés) réalisent des recettes d'exportation
conséquentes et encaissent des euros, histoire de se désendetter ainsi via les recettes d'exportation. En ayant des recettes en euros, ces ressources s'ajouteront aux recettes en Régios
(intérieures) , et l'État pourra alors les reprendre contre des Régios provenant de ses recettes accrues et s'en servir pour se désendetter ! Cela pourra générer des recettes pour les entreprises
via le frein anti-évasion que l'État leur versera dans ce cas (en achetant ces euros contre des Régios, il doit ce frein !).
Fondamentalement, le désendettement d'un pays ne peut venir que d'un travail supplémentaire et d'une balance commerciale excédentaire, comme l'article le rappelle aussi.
3. Subsidiairement à la question 2, comment la parité de conversion de la MMT en monnaie non MMT est-elle fixée pour que les acteurs du système MMT puissent échanger en dehors du système MMT
?
La réponse me semble simple : de par la loi, 1 Régio = 1 Euro s'agissant de son pouvoir d'achat ; et le commerçant est tenu d'accepter indifféremment le Régio ou l'euro. Cela n'est pas gênant au
quotidien et pour la totalité des transactions internes au pays.
Le frein anti-évasion proposé implique que l'euro vaut 10% de plus que le Régio (9 euros déposés pour 10 Régios émis) pour les échanges extérieurs à la zone. Et un tel taux de conversion fixé
officiellement est sans doute le meilleur moyen de limiter la naissance d'un marché noir. Quand des tensions apparaîtront, on pourra toujours charger la banque centrale du pays émettant des
Régios d'État de varier à la baisse (ou à la hausse?) ce taux officiel. Là, je pense qu'à terme, cette mesure devra disparaître ; le Régio tiendra rapidement son "rang" sans problèmes" vis-à-vis
de l'euro, simplement parce son pouvoir d'achat intérieur dans une zone devenue prospère lui confèrera une vigeur insoupçonnée. Son usage peut se réveler si avantageux que les exportateurs des
pays voisins pourraient l'accepter tel quel pour échapper à l'inconvénient de la conversion, car cela leur permet de vendre au même prix que les producteurs de la zone Régio. Et je suis convaincu
qu'il envahira peu à peu toute l'Europe et marginalisera l'usage de l'euro ! Mais, c'est encore futuriste...
4. Comment calculer la quote-part de la prime de liquidité du système MMT qui doit être capitalisée par la banque centrale gestionnaire du système afin de préserver la confiance et
l’efficacité du système MMT par rapport au système non-MMT ?
J'y ai répondu d'une certaine façon. Brièvement, disons que la faible quantité de MMT nécessaire du fait de la grande disponibilité et de la grande vitesse de circulation de cette monnaie
implique que 8% de peu reste très peu. Et ces 8% de recettes (du fait de "fonte") serviront aux frais de gestion pour une bonne partie, et s'il y a des excédents, ceux-ci doivent sans
contestation possible être versés en recettes au budget de l'État, car la monnaie existe parce qu'elle génère et organise l'économie sous l'autorité de l'État. Il n'y a aucun besoin de
"capitaliser" pour la MMT pour déployer son efficacité.
Il n'est pas possible, du reste de la "capitaliser", du fait de l'impulsion à circuler ! La "capitalisation" (à distinguer ici de l'épargne!) n'est que nocive, déjà maintenant ! La confiance et
l'efficacité du système MMT résulte de sa présence permanente ! Les dits "capitalistes" ne voudront pas l'accumuler, c'est évident, mais libre à eux de s'en tenir aux euros et d'obtenir encore
des intérêts, s'il trouvent des "clients" pour ça !
Comme nous disions au téléphone, l'Argentine a bien pu se passer du FMI pour s'en sortir !
Pour finir, j'ajoute, qu'à terme, l'impulsion à circuler de 8% me semble sans doute trop forte, et ce taux trop fort pourrait trop "chauffer" la conjoncture, il me semble que 5% pourraient
suffire, mais ce sera à la banque centrale de mener au mieux sa politique monétaire, sans doute.
Ai-je répondu?
PSJ
Dans toutes les réponses que vous me faites, vous supposez une adhésion du pouvoir politique au système MMT et une connaissance du bon fonctionnement de la MMT par le pouvoir politique. Or je
crois que les pouvoirs politiques de la zone euro communautaire, nationaux et régionaux sont majoritairement indifférents ou opposés à la MMT. Il faut expliquer quel est le rôle de la puissance
publique dans le système MMT et quelles sont les politiques qui peuvent être menées par la MMT.
JF
Vous avez malheureusement raison, sans conviction d'une partie au moins des politiques et des économistes influents, les chances de voir un tel projet se réaliser n'existent guère. Si vous pouvez
de votre côté obtenir des prises de position et des adhésions à ces idées, j'en serais bien sûr très content ! J'ai beaucoup essayé. Jérôme Blanc connaît bien ces questions, ainsi que Bernard Liétaer que je connais à travers ses publications et qui m'a écrit un mot
encourageant il y a quelque temps.
PSJ
La MMT est un système d’échange et de paiement qui doit être géré par un pouvoir bancaire spécifique, lequel doit être gouverné par des lois et des décisions politiques qui règlent l’équilibre
juridique des échanges et préservent la stabilité du système ainsi qu’une croissance économique saine et véritable. Si les MMT se développent dans la zone euro, il faudra préciser comment les
lois en vigueur par l’euro s’appliquent par les MMT. Comme vous le signalez, l’intérêt négatif sur la liquidité sera modulable : pas trop fort pour éviter une surchauffe des prix ni trop faible
pour inciter à l’emploi rapide des liquidités. De plus, si l’intérêt négatif n’est pas une destruction de monnaie réduisant « magiquement » les soldes débiteurs des emprunteurs de monnaie qui
dépensent avant d’avoir produit, il faut comme vous le soulignez capitaliser l’intérêt négatif dans une réserve systémique collective. Cette réserve systémique a pour contrepartie, dans la
comptabilité des échanges, les débiteurs monétaires du système de qui la collectivité attend des ventes concrètes de bien et services.
JF
Je répète ce que j'ai déjà indiqué dans ma réponse précédente : quand on maintient l'euro comme "couverture" de la MMT (et pourquoi pas, puisqu'il s'agit de respecter le traité !), il suffira aux
pouvoir publics de rendre son usage légal et de dépenser toujours prioritairement toute la MMT qui rentre dans ses caisses pour que le système fonctionne très efficacement. Je ne comprend pas
l'usage du mot "capitaliser" que vous employez. La MMT n'est jamais "capitalisable", tout au plus pourra être obtenu que les épargnants en Régio pour plus d'un an échappent à l'intérêt négatif,
car la MMT ainsi placée servira à générer des crédits bon marché.
Pour ce qui est de la "modulation" de l'intérêt négatif, il faudra charger l'autorité monétaire de s'en occuper, car, effectivement, cet "intérêt négatif" devra être suffisant pour être efficace
et sensible, mais pas trop fort pour ne pas provoquer une surchauffe ou une inflation. Les "débiteurs" du système, expliquez-moi mieux cela ! Il me semble que les détenteurs de MMT se présentent
comme des demandeurs de biens, services et biens d'équipement sans avoir la possibilité d'obtenir l'avantage lié à l'intérêt monétaire net attaché à l'euro. Cela aura pour effet de ne plus
produire la rente du capital en utilisant la MMT.
PSJ
J'emploie le mot "capitaliser" dans le sens de constitution et calcul financier de ce que vous nommez "couverture". La capitalisation est la constitution d'une réserve de couverture. En
l'occurrence, dans le système SMT, le capital liquide ainsi constitué n'est pas distribué en propriété à des capitalistes mais conservé comme propriété collective du système sous la
responsabilité du régulateur public du marché. Juridiquement, la réserve de capitalisation du système se comptabilise comme les provisions techniques que les assureurs doivent constituer en
prévision des sinistres qu'ils auront à dédommager.
Pour stimuler la croissance des échanges, la collectivité systémique qui est donc la puissance publique interne à la MMT doit orienter le réemploi de la réserve systémique dans des
investissements, des dépenses et des assurances bénéfiques à l’ensemble de la collectivité. Si la puissance publique MMT est la même que la puissance publique euro, il faut que les actions
politiques soient différentiables et convertibles de la MMT à l’euro et réciproquement. Du taux de change MMT-euro dépend par exemple la fiscalité effective pesant sur les transactions, sur la
liquidité, sur les crédits et sur le capital garantissant les crédits en MMT.
Le taux de change MMT-euro détermine l’équilibre du marché MMT puisque les biens et services moins chers en euro qu’en MMT seront importés et inversement pour les biens et services moins chers en
MMT. Si le taux de change est mal fixé ou si le coût de conversion lié à la « taxe de convertibilité » est trop élevé, il s’instaure un marché noir avec des primes de change cachées non
fiscalisables pour les importateurs-exportateurs qui deviennent des spéculateurs.
JF
Vous voyez des choses compliquées, j'ai du mal à suivre. Le mode même d'émission de la MMT fixe la valeur de l'unité du régio comme 1 Régio=1 euro ! Dès lors,tous les détenteurs de régio n'ont
qu'une seule chose à faire avec les régios, et ce qu'ils feront, n'en doutons pas ! Acheter ! Il en résulte avant tout un usage moindre de l'euro, ce qui est souhaitable, car l'intérêt à payer et
attaché à l'euro diminuera aussi dans ce cas. Je ne me suis pas prononcé (Gelleri non plus!) sur la fiscalité, TVA ou impôts sur le revenu. Il suffit de dire et de rappeler que les impôts sont
payables indifféremment en régios ou en euros dans les conditions prévues par les lois.
Quant au "taux de change", à savoir le "frein anti-évasion" proposé par Gelleri et Mayer, il s'agit d'une aide à la production dans la zone (le pays) où le régio sera mis en place. Ce frein
favorisera la production nationale et renchérira les importations. Comme le disent les auteurs, ce taux pourrait sans doute varier et baisser, et le taux est à fixer par l'autorité monétaire sans
doute. Si ce taux est trop faible, les acteurs convertiront trop, et s'il est trop fort, pas assez. Tant qu'un tel taux officiel existe, je ne vois pas, cependant, la possibilité d'un marché
noir. A mon goût, de toute façon, ce taux devrait totalement disparaître dès que les échanges commerciaux retrouvent un équilibre.
PSJ
La parité du régio en euro n'est qu'un aspect du mode d'émission du SMT. En toute logique, si l'euro n'est pas nominalement SMT alors que le régio l'est, il faut que la parité régio-euro varie.
La parité de 1 régio pour 1 euro est une parité de lancement de la nouvelle monnaie. Dès le lancement de la nouvelle monnaie, la politique d'émission SMT implique que les parités à terme du régio
soient dépréciées par exemple à raison de 1,08 régios pour 1 euro à 1 an si la "fonte" du régio est fixée à 8% l'an. La politique de dévaluation programmée du régio se traduit nécessairement dans
la politique de change du régio en euro.
Comme vous le dites, les détenteurs de régio ont un intérêt matériel à acheter et à anticiper leurs achats. Si la parité euro-régio n'est pas dépréciée à terme du coût de la liquidité en régio,
alors les détenteurs de régio utilisent la parité à terme officielle de 1 pour 1 pour acheter en euro et pas en régio ce qui à terme leur coûtera moins cher avec un régio qui aura été dévalué par
le taux d'intérêt négatif de la liquidité. Concrètement, l'imposition artificielle par la loi d'une parité à terme du régio non dépréciée par rapport au comptant provoque des emprunts massifs de
régio par des gens qui n'achètent pas comptant en régio mais convertissent en euro afin d'acheter la dévaluation programmée du régio. C'est ce processus de spéculation financière qui est
actuellement à l'oeuvre contre le dollar et l'euro aux dépens de l'économie réelle des États-Unis de la zone euro (carry trade).
Pour que les prix soient transparents et justifient un véritable équilibre entre l’offre et la demande en MMT, il faut un marché des changes à l’intérieur de la MMT. Les importateurs et
exportateurs doivent négocier séparément le prix des biens et services et le prix de la liquidité de la MMT en euro. Et il faut des opérateurs de change achetant à l’intérieur du marché MMT les
primes de change qui garantissent la parité MMT-euro aux différentes échéances du temps. Un marché des changes public en MMT permet une égalité des droits entre acheteurs et vendeurs,
importateurs et exportateurs ; cette égalité devant le risque de liquidité est surveillée par l’autorité financière du marché MMT refinancée par une quote part sur l’intérêt négatif. Le pouvoir
politique interne à la MMT doit pouvoir allouer sa quote-part de l’intérêt négatif à l’achat ou à la vente de primes de change pour orienter la parité MMT-euro dans le sens le plus propice à la
croissance économique en MMT.
JF
Je rappelle que vous compliquez les choses inutilement ! Il n'y aura qu'un prix, car, pour tous les biens, services et biens d'équipement, il est établi : 1 régio = 1euro ! Il ne faut pas sortir
de cela, cela compliquerait le système et reviendrait à une sortie de la zone euro avec un taux de change Régio/euro qui n'a pas lieu d'être. Le régio, dans le système proposé, n'est pas
convertible ! C'est en faisant le détour par les biens, services et biens d'équipement que l'acheteur pourra, ensuite, revendre ce qu'il a acheté contre des euros, dollar ou tout ce qu'il veut et
s'il trouve quelqu'un qui lui en propose. Sinon, il se contentera des régios avec lesquels il achetera à nouveau et payera ses impôts. Donc : pas de "prix séparés" ! Si un vendeur négocie une
vente pour moins d'euros que s'il demande des régios, il prendra le risque de payer moins de choses ensuite et d'y perdre, car, dans tous les cas, l'État prendra un euro ou un régio
indifféremment ! L'opérateur de change (la banque) exigera le frein à l'évasion, car il ne peut faire autrement bien sûr, car pour donner des euros, il faudra bien qu'il s'en procure à la banque
centrale ou sur le marché financier par exemple !
Le pouvoir politique interne, comme vous l'indiquez, n'a qu'une chose à faire (et le fera bien sûr) : réaffecter la MMT dans ses dépenses courantes.
Il me semble que vous surestimez très largement le volume et l'apport constitués par l'intérêt négatif et le frein à l'évasion : ces deux recettes seront très très faibles et suffiront sans doute
juste pour les frais de gestion générés par la MMT et la fabrication de billets spécifiques. Une recette excédentaire éventuelle est, comme je l'avais déjà dit, à affecter en recette (marginale)
au budget de l'État et à dépenser en dépenses courantes. La "croissance économique en MMT" viendra essentiellement des recettes fiscales générés (tva, impôts sur les revenus, charges sociale,
etc.), car la rente du capital aura disparu et la rapide circulation de la MMT générera des emplois nouveaux !
Je me dois, cependant, de rappeler ici que les échanges en euros diminueront très largement au fur et à mesure que les régios les supplanteront, et les recettes fiscales en euros vont
substantiellement baisser, et elles ne remonteront que si le commerce extérieur se rééquilibre, car il y aura alors des entrées d'euros nouveaux qui pourront arriver dans les caisses de l'État si
les exportateurs les utilisent pour payer les impôts et les taxes dus.
PSJ
Si la puissance publique de la MMT est l’expression d’un État de droit dédié à la justice, elle ne peut pas se passer de « marchandiser » la liquidité, c'est-à-dire de favoriser l’expression
libre d’une offre et d’une demande de liquidité selon la loi collective publique. Le taux d’intérêt négatif sur les dépôts en MMT doit être le prix d’équilibre entre l’offre et la demande de
liquidité. L’élection du gouvernement de la MMT détermine une politique de liquidité dont les deux volets principaux sont le change MMT-euro et la fiscalité qui finance les investissements, les
services publics et la solidarité en MMT. La politique publique de change est confrontée aux anticipations de marché sur la balance commerciale et la balance des capitaux en MMT. La politique
publique de change contient une taxation des entrées de capitaux qui finance la sûreté juridique des investissements et une taxation des sorties qui assure la sécurité juridique de l’exportateur
financier MMT.
JF
Je ne vous suis pas!
L'entrée des euros ne sera aucunement taxée, car l'euro reste la monnaie légale ! Tous l'accepteront ! L'euro pourra et sera utilisé directement par tous ceux qui en ont, pour acheter ce qu'ils
veulent. Si une banque veut les échanger contre des régios, elle aura un régio pour un euro ! Ce serait la loi !
C'est seulement le contraire qui serait couteux : l'importateur qui devra payer son fournisseur extérieur devra donner 10% de régios en plus (frein à l'évasion), histoire de favoriser
(temporairement selon ma perception) le marché intérieur et la production intérieure.
Le gouvernement légitime (comme toujours) fixe ses programmes d'investissements, bien sûr, et il les financera indifféremment en euros ou en régios, toujours selon la règle 1 régio = 1 euro.
Les anticipations, je ne sais pas trop ce que c'est dans ce système! Si on constate que le commerce extérieur s'équilibre plus ou moins vite, il me semble nécessaire, voir urgent, de diminuer le
frein à l'évasion, ou même le supprimer totalement.
PSJ
Johannes, la loi n'est pas seulement un fait établi une fois pour toutes. C'est aussi une décision renouvelée à chaque instant des acteurs économiques. Et le sens des décisions économiques va
toujours vers le moindre coût et la plus grosse marge entre l'achat et la vente de tout objet. La décision économique intègre à chaque instant le prix des dépenses publiques nécessaires pour que
chaque acteur applique la loi conformément à son intérêt rationnel. La rationalité économique de l'échange dans l'espace ouvert de la zone euro admettant des régios nationaux ou locaux ne peut
pas ne pas inscrire le calcul des prix dans le temps en incluant :
-
les anticipations de prix d'achat et de vente de toute production
-
les anticipations de rentabilité des prix en régio et en euro
-
les anticipations de l'incertitude d'application des lois en régio, en euro ou dans toute autre monnaie
Un troisième rôle de la liquidité en MMT participe au prix de l’intérêt négatif en plus de la puissance publique et des opérateurs de change : c’est l’assureur. L’assureur garantit les personnes,
les services, les biens et les normes professionnelles de production des biens et services. Il calcule des primes prélevées sur les soldes créditeurs à terme des acteurs économiques. Ces primes
sont réglées par prélèvement sur l’intérêt négatif puisqu’elles financent la confiance des acheteurs et vendeurs en MMT garantis sur leur personne et sur leurs biens. L’assureur privé calcule les
primes de garantie du prix à terme d’objets définis par la loi et par les acteurs du marché MMT. L’assureur privé est contraint à l’objectivité des risques par une réglementation qu’il ne
contrôle en aucune manière ; il est encadré par l’assureur public en dernier ressort propriétaire de la réserve de liquidité systémique de la MMT.
Ces propositions s’articulent-elles logiquement et réellement avec votre vision de la MMT ? Vous semblent-elles de nature à favoriser la transition de l’euro à la MMT voire la mutation de l’euro
en MMT multinationale européenne ?
JF
Je ne comprends rien du rôle des assureurs ici. Les assureurs, comme les autres, doivent accepter la MMT pour les paiements des primes, tout au plus faudra-t-il qu'ils proposent des rémunérations
(d'intérêts) à la baisse ou suppriment toute rémunération d'intérêts, car la MMT n'en produit pas ! pour le reste, l'assureur vit des primes encaissées pour payer les risques qui se présentent et
pour faire des profits comme toute entreprise. Il se pourrait que les assureurs baisseront dès lors les intérêts aussi pour les primes versés en euros, car, comme déjà dit, les régios auront
valeur légale de par la volonté du gouvernement ! Tous devront s'y faire !
S'agissant en général d'épargne longue, il n'y aura pas, a priori, d'intérêts négatif pour les assurés, bien sûr, tout comme pour les placements longs en banque.
Je ne comprends pas bien ce que vous entendez par "réserve de liquidité sytémique de la MMT"! Il n'en a aucune, jamais! La couverture est en euros, comme défini dès le départ, et l'assureur
obtiendra, tout comme l'assuré, neuf euros pour dix régios, conformément à la loi ! Si un assuré veut être payé en euros, il perdra 10% (en pouvoir d'achat intérieur).