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31 mars 2010 3 31 /03 /mars /2010 11:00

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Paul Jorion fournit dans Comment la vérlité et la réalité furent inventées le concept d'analyse du moment actuel de crise de la connaissance

Comment les activités économiques ont assèché l'intelligence humaine.
Comment sera reconstruit un cap universel de civilisation.


Quatre axes de causalité réciproques

Depuis le 4ème siècle avant Jésus Christ, l'humanité dispose d'une théorie complète de la connaissance, de l'observation et du raisonnement. Aristote a produit sur la philosophie et la science grecques la première synthèse théorique du fonctionnement de l'activité d'entendement humain dans le monde sensible. L'homme interagit avec la matière du monde auquel il appartient. Il comprend les effets de sa vie terrestre par l'élaboration de formes dans son intelligence ; des images de raison par lesquelles il s'explique les effets de sa matière en conséquence de ses décisions. Aristote pose l'homme comme un être décisif du monde terrestre ; un sujet qui choisit ses fins à l'intérieur d'un contexte matériel objectif mathématiquement limité. L'homme connaît et façonne son univers par la matière qui s'impose à lui. Elle produit des effets qu'il veut ou ne veut pas en choisissant la forme qui relie l'effet à la cause matérielle.

Aristote a fondé l'intelligibilité de la vie humaine dans l'univers des quatre dimensions causales : la matière, l'effet, la forme et la fin. La fin est un problème religieux : comment et par quoi les hommes sont ils réunis en société et civilisation ? Quelle est la nature de leur relation au monde matériel ? A la Renaissance, les savants qui théorisent la connaissance humaine s'insurgent contre le pouvoir politique religieux. L'exploration de la diversité du monde implique de forger de nouveaux concepts non inscrits dans les écritures saintes. La cohérence verbale de la société européenne est menacée. L'occident choisit de poursuivre le mouvement d'individuation de la connaissance. Le pouvoir politique perd sa dimension religieuse et la science s'émancipe du vocabulaire canonique des clercs. Le système causal d'Aristote éclate : le monde sublunaire renvoie au Ciel le questionnement des causes finales. La matière, l'effet et la forme sont les problèmes exclusifs de la société terrestre et de la science objective.

Depuis la Renaissance, la révolution politique, économique et industrielle se développe sur un système cognitif à trois natures de causes. La production humaine de richesses matérielles a explosé ; mais la civilisation n'a plus de cause finale. Le triomphe actuel de l'individualisme exprime une causalité finale propre à chaque individu, non partageable avec quiconque. Jusque dans les années soixante-dix du vingtième siècle, la base culturelle de la modernité est restée unifiée par la domination politique de grandes puissances de civilisation européenne. Depuis une génération, l'émergence économique d'un monde multipolaire produit une concurrence de civilisations non coordonnées par une communauté de fins. La rupture épistémologique de la Renaissance exhale la plénitude de ses effets. La société humaine mondiale n'a plus de principe d'unité.

Les choix non assumés de l'économie mondialisée

Nous sommes entrés dans une phase d'instabilité aiguë d'un système financier international sans forme établie. L'unification de l'économie mondiale multipolaire n'a pas de cadre politique adapté. En causalité aristotélicienne, l'économie mondiale est une matière sans forme. Les effets économiques ne sont pas intelligibles par rapport à des fins compréhensibles. Les économies nationales sont en concurrence sans en partager les règles financières. Les taux de change comptant, à terme et optionnels ne traduisent pas d'anticipation ordonnée, intelligible en économie des échanges internationaux. Les critères d'équilibre futur des échanges physiques et financiers ne sont pas partagés. Les marchés ne produisent aucune mesure claire des risques sous-jacents aux équilibres macro-économiques. Les autorités politiques n'ont pas de base objective pour ordonner leurs décisions de régulation.

Dans le système actuel d'échange, l'économie internationale est appréhendée uniquement sous sa dimension matérielle. Les choix humains ne sont pas mesurés en réalité de leur risque et de leur crédit. La non-réalité des investissements engagés n'est pas systématiquement mesurée ni imputée à ses sujets opérateurs. Les crédits s'accumulent sans preuve internationale objective de la solvabilité des emprunteurs. Sans étalon monétaire international intelligible en droit, le calcul économique est en lui-même informe, non rationalisable. Il fournit des indications erronées en projection d'offre et de demande dans le temps. Le concept juridique et financier de l'option qui contient l'expression aristotélicienne de la finalité le démontre.

L'option est forme d'intelligibilité de la mesure financière ; forme financière de la décision humaine des objets de valeur sous la contrainte de la réalité. L'option quantifie la valeur nominale des effets à venir d'une décision économique. La prime cotée d'une option indique en temps réel l'appréciation par le marché du risque positif ou négatif de la décision d'un certain objet à un certain prix. Un marché unifié par une même définition de l'option comme responsabilité des prix en risque et en crédit d'un objet dans la durée future. L'option est forme universelle de production du crédit stable. Le crédit s'y définit comme engagement du prix futur d'un objet anticipé par un gérant. Le gérant porte le risque du crédit dans la durée de l'option. Il réduit le risque mesuré dans la prime par l'information de la matière sous-jacente au nominal de l'option. Il est personnellement garanti, c'est à dire controlé, par les propriétaires de sa prime de risque ; prime qui constitue le capital de l'anticipation de l'objet qu'il gère. La définition universelle donc régulable du crédit stable, est formellement un étalon international de la valeur économique ; étalon du droit des personnes à l'économie de la valeur indépendamment de leur nationalité ; étalon dont l'inexistence matérielle déforme l'économie.

Le prix du choix

Ce concept d'option est d'une extraordinaire fécondité, intuitivement assimilé par toute culture. Tout homme engage sa production future dans les limites quantifiables de la réalité mesurée par la société constituée en marché. Tout crédit est le nominal d'une option. Tout risque est prime d'un crédit sous-jacent à une option. Toute option est choix d'un objet de valeur ; choix vendu aux propriétaires de son capital. L'option structure toute responsabilité financière réciproque de l'individu par la société, de l'opérateur privé par l'opérateur public de droit. Elle articule toute responsabilité vendeuse d'un objet futur de valeur à la disposition monétaire à terme de son prix nominal ; à l'achat par une responsabilité acheteuse du capital de sa plus-value en risque à l'origine. Toute prime d'option rémunère la régulation d'un engagement par le droit nommé dans les limites de la réalité.Le droit est matière nominalement formée des effets d'une fin choisie dans une même société.

Le concept d'option est utilisé et partagé par toutes les cultures qui s'affrontent aujourd'hui dans la régulation de l'économie moderne. Il contient la notion de marché et d'autonomie de l'individu chère aux anglo-saxons ; la notion de bien public garantie par l'autorité publique chère aux latins ; la notion de rationalité de la limite matérielle chère aux germains. L'option est la matière financière de la décision individuelle d'un objet de valeur future définie en droit commun. Une matière sans effet en l'absence de marché. Le vrai marché de l'option confronte les sujets d'un même droit sous l'arbitrage public ; arbitrage de l'intérêt commun à l'objet des décisions individuelles particulières.

Sous l'hypothèse d'un droit universel de l'option de responsabilité de tout objet d'anticipation financière, les monnaies apparaissent non gouvernées dans l'économie mondialisée. La valeur du Droit de chaque zone monétaire est instable, non objectivement mesurable à ses étrangers. Les débiteurs internationaux d'actifs en dollar ou en toute autre monnaie ne possèdent aucune mesure stable en droit de leurs engagements. Depuis octobre 2008, la masse des anticipations financières mondiales s'est irréversiblement décrochée de la réalité qu'elles mesurent. La mesure internationale du capital et du crédit n'a plus de réalité. Les État développés accumulent plus de dette publique en valeur absolue qu'ils n'obtiennent de croissance économique réelle dans le monde entier.

Le multiplicateur de la confiance

L'application du modèle de l'option aux politiques économiques des pays développés signifie qu'ils paient en primes d'importations la décision implicite des droits de douane massifs qu'ils vont appliquer aux pays émergents. Or les pays émergents ne reconnaissent pas la nature incertaine de leurs exportations. Non seulement la croissance mondiale réelle est désormais négative, mais elle est achetée par le gel en puissance des échanges entre zones monétaires différentes. A l'intérieur-même des zones monétaires, le maintien d'un semblant de croissance se règle par la vente cachée d'options de fiscalité aux États. Il est désormais trop évident que la pression fiscale va devenir écrasante ou que les services publics minimaux ne seront plus financés. Les États sont en cours de démantèlement financier. L'internationalité détruit la nationalité

La crise financière grecque annonce des souffrances redoutables. Le système financier international est maintenu à flot par un accord tacite de garantie réciproque avec les grands États. L'accord tient tant qu'il demeure un espoir que la croissance future restaure la solvabilité publique. Cet espoir exige une rigueur financière qui ne peut pas être autre chose que la mesure des pertes latentes accumulées et leur imputation sous forme de prime de risque à des agents économiques identifiés. Tous les débiteurs physiquement infaillibles, les États et les personnes physiques, von avoir le choix entre se retrancher des marchés financiers ou entrer en négociation réellement réciproque. Sans critère international de solvabilité, l'incertitude des choix et de l'égalité de traitement entre tous les acteurs implique des primes de risque exorbitantes pour les emprunteurs les plus faibles. La matière financière internationale va se contracter par l'exclusion de ses opérateurs quantitativement trop marginaux.

La fécondité de l'option est de rationaliser l'autodestruction économique sous-jacente aux équilibres financiers en cours ; rationalité homogène à la modélisation de la décision possible de surmonter la crise de civilisation. L'option en instance de négociation est la réappropriation légale du système financier international par les États ; Etats compromis dans le renflouement formel mais non matériel et donc non réel du système financier non régulé par une fin. Le nominal en arbitrage est un système juridique de régulation internationale des marchés monétaires et financiers. Sans l'achat de l'option, les marchés non régulés achèteront la prime de risque de l'effondrement systémique non dissimulable en cours de matérialisation. Une société d'États de droit peut acheter l'option d'un étalon international de la valeur. Elle fournirait aux marchés l'engagement de gérance du réalignement du calcul économique sur la réalité humaine et physique. La prime achetée par la seule décision de refondation légale d'un système international d'équité est le prix de la responsabilité publique internationale de la réalité des équilibres économiques.

La liquidité limitée par le risque

L'économie de marché ne peut pas maîtriser l'incertitude de la réalité future sans égalité de droit à s'engager dans la décision des objets futurs de la valeur. La confrontation internationale marchande des intérêts particuliers de toute nature n'a pas de forme ni de rationalité sans l'investissement de l'État de droit dans la transnationalité équitable. La matérialité économique de l'État de droit transnational est sans réalité en l'absence d'une monnaie internationale gérée à égale distance de tout intérêt particulier, fût-il des nations les plus puissantes. La création d'une monnaie internationale matérialise ipso facto l'intérêt d'une civilisation mondiale distincte des nations ; d'une civilisation d'intérêts monétaires nationaux distincts et articulés au droit de la personne universelle. Le nominal de l'option du droit universel de la valeur économique choisie est par nature définition de l'unité de compte transnationale de tout engagement financier.

L'option de l'étalon monétaire international est la réponse du droit à la nécessité économique exprimée par Keynes et Mundell d'un outil de régulation des échanges internationaux. Il constitue ipso facto la trame de régulation du crédit par le capital ; une option de régulation souveraine du marché par la solidarité de tout État ; une option gérée par un système bancaire dédié exclusivement à cet effet indépendant des intérêts nationaux. Dès sa mise en œuvre, un tel système garantirait les réserves de change des pays émergents ; mutualiserait par le marché le risque des objets de la masse monétaire mondiale porté par les monnaies de réserve actuellement nationales ; autoriserait la fluctuation ordonnée des monnaies selon l'anticipation marchande des équilibres commerciaux et financiers.

Les techniques financières de marché sont désormais abouties pour une gestion parfaitement stable du risque, du crédit et de la monnaie. Un ordre est latent dans les marchés financiers modernes qui attend une régulation par un droit commun endossé par les États. Il n'est aucune nécessité à créer un gouvernement mondial pour émettre une monnaie internationale stable. Il suffit de créer un marché transnational de la liquidité des contrats financiers fondé sur une stricte séparation du prix en risque et du prix en crédit de tout objet d'anticipation de la valeur économique ; séparation nécessaire dans l'ordre international mais que les États nationaux peuvent librement renier dans leur espace monétaire propre sans rien changer à leur régulation actuelle.

Le crédit séparé du risque

Une monnaie transnationale de marché implique un système bancaire extra-national implanté dans les pays fondateurs ; mais soumis à une banque centrale internationale contrôlée par une banque de régulation publique multinationale. L'équilibre du marché du capital et du risque distinct du marché de la liquidité de crédit implique une stricte séparation entre quatre activités fondamentales en régulation les unes des autres : le courtage marchand, le crédit, l'investissement et l'assurance. Un principe d'achat de la prime de risque de toute cause de crédit assure l'adossement d'une monnaie absolument stable à des crédits exempts de tout risque. Une monnaie dont l'émission est strictement limitée par le capital investi dans la couverture des emprunts et rémunéré par la plus-value ; une plus-value mesurable en intelligence du recyclage garanti de toute épargne internationale.

La monnaie transnationale dont la stabilité ne dépendrait pas des économies et politiques monétaires nationales reconstituerait, sans l'or abandonné en 1971, l'étalon monétaire des échanges internationaux. Le marché des changes dans une unité de compte mondiale serait soustrait aux manipulations de parité hors de la transparence des équilibres de risque et de crédit. Aucun État n'impose ses intérêts sans se soumettre au jugement économique du marché de la communauté internationale. Les États fondateurs du nouveau système sont propriétaires de son capital de stabilité issu de la réduction permanente des risques par l'intelligibilité active de tout objet de valeur. Une régulation rentable et rémunérée par la cotation systématique des primes de tous les risques des objets régulés. Le marché international du risque s'articule au marché de la liquidité du crédit par la cotation des options de tout nominal de crédit.

L'adhésion de seulement deux États significatifs à un étalon monétaire international suffit à la régulation de toute dette internationale. L'alliance de la Grande Bretagne avec la zone euro peut en être la fondation. Il suffit de séparer juridiquement les opérateurs financiers transnationaux des opérateurs nationaux. La sûreté du système transnational auto-régulé dans la communauté de mesure des intérêts nationaux abaisserait le coût systémique du risque. La liquidité sans forme matérialisée par les banques centrales retrouverait les limites du choix humain de la réalité telle qu'elle est. Nous sortirions de la déflation du réel produite par l'inflation incontrôlables des risques non assumés de la vie humaine. Notre subjectivité entamerait sa réconciliation avec le monde objectif. Nous retrouverions la responsabilité de notre avenir.

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Pierre Sarton du Jonchay
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