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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 16:47

Réponse de l'auteur du billet paru sur le Blog de Paul Jorion à Gu Si Fang


Capital de responsabilité financière illimitée

Une proposition fondatrice du bancor est la responsabilité illimitée du capital. L’internationalité du bancor suppose que sa valeur ne dépende d’aucun système juridique national. Le bancor ne peut pas avoir un cours forcé par la loi d’une quelconque souveraineté nationale. Le prix en bancor de n’importe quel objet de réalité concrète (or, matière première, dette publique) ne peut être fixé a priori. Il faut qu’il soit le fruit d’une négociation libre entre des parties qui engagent leur réalité subjective et une réalité objective visible par des tiers.

Si la négociation en bancor n’est couverte par aucun droit national particulier, il faut qu’elle le soit par le droit que les négociateurs établissent entre eux par le contrat. Comme la contrevaleur du prix en bancor n’est pas seulement une parole mais la réalité à laquelle la parole renvoie, il faut que la réalité objet du prix soit identifiable par les parties indépendamment du prix à négocier. Ainsi la réalité de la valeur dont le prix n’est pas fixé mais qui couvre la vérité des engagements échangés dans le prix, c’est le capital, responsabilité de la réalité non limitée par le prix. En bancor, contrairement aux régimes de droit nationaux, la réalité précède la définition juridique. La valeur doit être réelle avant d’avoir un prix. Cette réalité indiscutable avant d’avoir un prix et qui vient couvrir le prix une fois qu’il est engagé, c’est le capital en tant que responsabilité illimitée du prix de la réalité.

La conséquence de la responsabilité financière illimitée de tout prix en bancor est qu’en aucun cas, un opérateur engagé de la valeur ne peut se prévaloir d’un manque de réalité pour ne pas fournir la réalité qu’il a vendu contre un prix reçu en bancor. Tout prix comptant ou à terme est objectivé par la confrontation de l’offre et de la demande entre des sujets humains identifiés sur le marché comme producteurs (offre) ou consommateur (demande) de l’objet. Il est interdit de vendre à découvert, c’est à dire de vendre un objet non capitalisé soit dans son existence concrète présente (l’objet est comptant entre les mains du vendeur) soit dans son existence au terme d’un crédit dont la valeur réelle est garantie par du capital de valeur supérieure au prix engagé.

Encadrement de la vente à découvert

L’interdiction de la vente à découvert sans l’existence du capital en couverture du prix engagé, c’est l’interdiction des paris demandée par Paul Jorion. Vendre un prix dont on ne peut pas garantir la contre-réalité par du capital est interdit en bancor : la raison en est qu’il n’est pas possible en justice internationale d’invoquer la raison d’Etat nationale pour justifier une réalité dont l’existence est douteuse. Une autre manière de formuler ce principe est la responsabilité illimitée de la réalité nommée en prix certain de la valeur, c'est à dire en crédit dont l'incertitude à terme soit couverte sans limite par le capital.

Si l’Europe veut sortir du mensonge du faux capital qui ne garantit pas la réalité des prix en euros, il faut qu’elle adopte le bancor au moins pour garantir objectivement la valeur de l’euro. Il lui suffit de créer un marché du capital comme marché du prix de la responsabilité illimitée de tout prix en euro. L'incertitude de la réalité en euro est mesurée par le bancor, unité de mesure de la valeur certaine dont l'incertitude est totalement achetée par le capital international de tout agent économique engagé sur le marché international. Les Etats de la zone euro vendent l’option de leur dette publique en bancor à qui veut l’acheter (par exemple la Chine qui veut couvrir par la réalité objective ses réserves de change placées en euro). Les banques de la zone euro y compris la BCE vendent également l’option du prix des certificats de dépôts émis au profit de tous leurs déposants et prêteurs. Les primes en bancor de toutes ces options sont le capital de la masse monétaire en euro.

Le capital en garantie de la mesure en droit

Le capital en bancor de la valeur réelle de l’euro et des monnaies nationales européenne augmente en prix quand le taux de change en bancor est surévalué par rapport à la réalité engagée. Le capital en bancor des prix européens baisse en prix quand la contre-réalité des monnaies nationales augmente plus vite que la masse des prix en monnaie constante. Ces mécanismes de capital en garantie de la valeur réelle de la monnaie et en contregarantie de la réalité calculée par le prix sont en droit la responsabilité illimitée du capital par rapport au prix. Le vendeur du prix qui ne peut pas fournir toute la réalité qu’il a vendu recours indéfiniment à ses garants en capital à proportion de sa parole engagée envers l’acheteur. Les actionnaires du vendeur du prix n’ont droit à la plus-value de la réalité que s’ils sont capables d’assumer indéfiniment les fausses promesses du vendeur du prix.

La responsabilité limitée du capital a été inventée au XVIIIème siècle en Europe occidentale pour permettre aux pouvoirs politiques et aux capitalistes de gruger les épargnants et les déposants. Elle a permis le développement du faux crédit non garanti par la réalité. Jusqu’au XVIIIème, le capitaliste porte par son capital (sa tête qui produit et engage la valeur) l’incertitude de la valeur future qu’il investit. Si le prix qu’il promet à ses créanciers est supérieur à l’échéance à la réalité effectivement produite, il puise dans ses biens réels mis en réserve la réalité qu’il doit en crédit à ses créanciers. A partir du XVIIIème et plus encore au XIXème et au XXème, un nouveau droit bourgeois vide la parole du capitaliste de toute sa substance.

Politiciens, affairistes et idiots utiles peuvent promettre tout ce qu’ils veulent sans engager personnellement la réalité qu’ils contrôlent effectivement. C’est la surexploitation du principe de l’irresponsabilité camouflée en responsabilité limitée du capital qui permet aujourd’hui la mise en coupe réglée de la réalité. L’euro comme toutes les monnaies fonctionnent sur le faux capital maquillé en crédit et sur le faux crédit non garanti par le capital. L’intérêt du bancor est de mettre fin à une mascarade dont le coût est devenu exorbitant dans la mondialisation.

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Pierre Sarton du Jonchay
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