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16 mars 2012 5 16 /03 /mars /2012 22:05

Bancarisation de l'internet, humanisation de la finance

L'Internet des objets accomplit un saut quantique par rapport au simple réseau des internautes que nous connaissons. Il met en communication directe sans intervention humaine les objets physiques distants des utilisateurs. Les objets deviennent dans une certaine mesure contrôlables à distance comme une extension ubiquitaire du corps humain physique. La chaîne de transformation de l'idée en acte concret s'affranchit de la distance physique et de l'appropriation de l'idée par l'intelligence individuelle.

Cette troisième mutation cognitive s'accomplit derrière la mutation financière qui avait accompli les deux premières délocalisations du contrôle de la chose par l'idée. Le crédit avait en effet décomposé l'utilisation des objets en propriété et possession pour permettre le prêt. Le capital avait ensuite décomposé la disposition des objets entre présent et futur. Le prix en capital d'un objet est sa valeur d'échange au présent indépendamment de la propriété, de la possession et de la disposition ; donc la valeur pour le propriétaire indépendante de l'existence concrète physique de l'objet.

L'Internet des objets permet désormais la connaissance objective indépendante de toute existence concrète dans le temps et dans l'espace pour le sujet qui connaît. La connaissance est concrètement et intégralement décomposable et partageable hors des contraintes du temps et de l'espace. Cette nouvelle liberté humaine de l'être permet dans un premier temps de spéculer sur les divergences d'interprétation du droit humain entre des systèmes politiques en rivalité les uns contre les autres. Ce qui n'est pas autorisé dans un certain espace politique peut être vendu au-delà des frontières sans le moindre coût supplémentaire.

Dans un deuxième temps, il devient possible de décomposer rationnellement toute la comptabilité de l'être. Chaque étape de conception et de fabrication d'un objet a son prix spécifique. La monétisation des objets n'est plus arbitraire avant qu'ils ne soient effectivement produits ; l'anticipation des transactions monétaires n'est plus spéculative entre les mains des initiés du système monétaire international. Dans un troisième temps la discussion transparente par l'Internet des sujets et des objets de toute transformation des besoins en services réels aux personnes va réguler la monnaie, la finance et les techniques par le bien commun délibérable.

Nature numérique du langage humain

Bernard Benhamou, Délégué Général à l'usage de l'internet, a produit en 2009 un texte dans la revue Esprit sur l'Internet des objets (Internet des objets, défis technologiques, économiques et politiques). Cet article annonce les phénomènes critiques qui se déploient actuellement. La connaissance numérique est le foyer de la crise. Les droits humains ne sont plus protégés dans les lois et réglementations ; les réglementations n'établissent pas de différence numérique entre les sujets et les objets ; l'économie numérique ne contient pas de dispositif de séparation des intérêts humains. Or les dérives financières révèlent les clés de l'économie numérique. La virtualité que l'homme produit peut être remise au service de sa liberté.

Depuis que l'homme civilisé parle et compte, il crée une réalité numérique dans l'univers de la réalité sensible. La philosophie aristotélicienne du langage exprime ce constat par l'affirmation du nombre constitué de matière et du nom constituant la matière par la forme. Le nom désigne la matière formée dans un objet réel ; le nombre compte l'objet. De la combinaison du nom et du nombre émerge la finalité du locuteur qui parle et compte. Qui parle pour qualifier et compte pour quantifier afin de hiérarchiser des finalités disponibles dans la subjectivité.

La réalité numérique formée et matérialisée dans la réalité sensible produit la finalité. Le locuteur exprime sa finalité en attribuant des limites aux objets par le nombre ; nombre qui n'a de sens qu'attribué à des formes identifiée dans l'objet, c'est à dire à l'une des qualités choisies par le locuteur dans la matière de l'objet. Par le nom et par le nombre, par la qualité quantifiée, le locuteur assigne des fins aux objets : il s'exprime comme sujet. Un sujet distinct des autres sujets mais en relation avec eux par le langage de la réalité numérisée. La numérisation du réel par le langage sépare les sujets dans une réalité qui alors devient objectivement commune.

La réalité numérique du langage est le lieu de rencontre des sujets individualisé. Les objets de matière formée dans des fins sont échangés par les noms de la réalité dénombrée. Dans le modèle aristotélicien d'expression de la réalité, le langage est structuré par la distinction de la matière, de la forme et de la fin de l'objet ; ainsi l'objet produit-il un effet du sujet sur les autres sujets, du sujet sur la réalité objective extérieure à soi-même et du sujet dans la réalité transformée par le temps. Grâce à l'effet qui s'échappe du nombre par le temps, le sujet est libre.

Le sujet, les relations du sujet et le temps subjectif produisent le changement des objets dans le temps réel. Le changement est inexorable par le temps qui s'écoule ; il est désiré par l'échange entre les sujets ; il est subjectif par l'action du sujet introduite dans la réalité. La réalité numérique connue par le sujet est explicable dans quatre dimensions : matière, forme, fin et effet. L'effet est la conséquence du changement induit par le temps et le langage. La matière est formée dans la fin choisie du sujet.

Numérisation financière de la réalité

L'univers numérique quadri-causal du Stagirite est le lieu de la démocratie, du marché, de la finance et de la monnaie. La démocratie d'Aristote est le régime politique du langage dont le sens est discutable par tout sujet. Le marché est l'espace numérique de transformation des noms en nombres et des nombres en échange de réalités objectives. La finance est la numération des objets dans le temps de la démocratie. La monnaie est la matière du prix quantifiant les objets nommés par le langage. La matière du prix est primée par la négociation de la réalité objective.

Les trois fonctions de la monnaie nommées par Aristote sont la quantification du prix, le règlement du prix par la vérification des fins de l'acheteur et du vendeur et la mise en réserve des prix dans le temps entre la vente et le rachat. Il en résulte trois états de la monnaie : le prix nominal, le crédit entre les sujets du prix et le capital de temps négociable en prix. Les trois états de prix synthétisent la monnaie comme prime d'option ; option financière du prix nominal d'un objet informé par la réalité à terme. La monnaie est la liquidité numérique de la réalité nommée et dénombrée dans le temps.

La finance qui calcule en monnaie la liquidité du prix dans le temps transforme l'objet nommé en prix ; transformation dans la limite de la réalité possible par le capital disponible. La finance actualise au présent la liquidité du capital du sujet sur la réalité à terme des objets qu'il annonce. En matérialisant en monnaie l'actualité des fins objectives du sujet, la finance est une activité informatique du prix des objets dans le temps. Les techniques informatiques ont depuis leur origine des motifs financiers ; d'abord d'accélération du calcul, ensuite de traçage des prix et finalement de description qualitative des objets.

L'informatique finance la réalité du sujet par la transformation du nombre, puis par le stockage des nombres et des noms et enfin par la production d'images numériques dans la réalité virtuelle des nombres et des noms. La perversité de l'informatique et de la finance est de limiter le sujet inattentif aux réalités virtuelles. A des réalités imaginaires qui ne suffisent pas à vivre ou sont contradictoires avec les réalités concrètes nécessaires à la vie.

Destruction spéculative du réel par le nombre sans sujet

Si l'Internet a démultiplié la puissance financière des sujets à échanger par le langage, à calculer et à imaginer, il n'apporte aucune garantie de transformation du virtuel en réel. La spéculation financière a trouvé dans le numérique un extraordinaire terrain de jeu ; la multiplication des ventes de prix mélange les réalités vraies et les réalités illusoires ou fausses. La réalité numérique est le lieu de la subjectivité passive ; le lieu de la puissance qui ne passe pas à l'acte ; l'espace des objets qui ne sont pas concrets.

La prolifération du virtuel détruit le réel en captant toute l'attention du sujet. Le virtuel distrait l'acteur inattentif à la vie et au temps réel. La transformation de l'objet virtuel en objet réel exige le travail du sujet ; un travail actif d'information de la matière ; de transformation de la réalité physique par le choix de ses fins. Le passage de la réalité virtuelle à la réalité physique s'accomplit par l'activité financière d'indexation : le prix anticipé par le sujet d'un objet virtuel est transporté par une chaîne de sujets jusqu'au produit réel livré au consommateur final.

L'effondrement en cours du système financier vient directement de la discontinuité de la chaine d'indexation des objets dans la transformation du virtuel en réel. Conscients de la non-vérification de la continuité de l'index monétaire de l'objet conçu dans la virtualité à l'objet livré dans la réalité physique, les spéculateurs émettent des prix en crédit accumulé et jamais remboursé. Le marché financier non régulé n'indexe pas tous les emprunts sur les emprunteurs ni sur des objets effectivement produits et livrés à un acheteur final.

Quand des emprunteurs ne sont pas objectivement tenus de déclarer ce qu'ils transforment ni l'échéance de livraison de l'objet réel non marqué par l'objet virtuel promis, il est impossible d'identifier les crédits qui ne seront pas remboursés. Il est juste possible de constater la contraction relative de la réalité physique des objets de certains sujets par rapport à la réalité virtuelle annoncée dans la masse des crédits. Pour ramener la masse des crédits dans une proportion raisonnable des réalités accessibles par un prix, la facilité est de prélever sur le revenu monétaire des acteurs économiques trop faibles pour négocier le prix de ce qui leur est dû.

Différenciation numérique objective et subjective de la matière et de la forme

L'avènement de l'Internet des objets repose sur les nouvelles technologies de marquage et de mesure des objets physiques. La transmission locale sans fil et les puces d'identification par radio fréquence (RFID) transfèrent des informations par l'Internet avec une faible consommation d'énergie. L'indexation des objets est désormais possible d'un bout à l'autre de la chaine financière du producteur au consommateur des biens et services. Il n'y plus aucune raison valable de disjoindre la virtualité financière objective de la réalité physique subjective.

L'indexation des objets physiques par des puces RFID transmet les propriétés des objets physiques par des capteurs connectés à l'Internet. La représentation des objets effectifs dans l'espace numérique peut être automatisée. Deux dimensions de l'objectivité non fongibles l'une dans l'autre sont mises en évidence : celle de la réalité sensible et la nouvelle dimension de la représentation numérique des objets. Le nombre informatique fait exister les représentations de qualité et de numération en prix des objets indépendamment de l'action du sujet qui parle, regarde ou lit.

Une nouvelle source de donnée jaillit dans l'Internet directement issue des objets sans que le sujet utilisateur performatif de l'Internet n'ait à travailler ni à décider la production de la donnée. La création des données numériques relatives aux objets remonte donc aux concepteurs des modèles de données et aux propriétaires des puces RFID et des capteurs. Un nouveau pouvoir émerge à l'insu potentiel des utilisateurs des objets ; ils peuvent devenir les sujets inconscients et passifs de leur objectivité numérique.

Une mutation s'opère par l'Internet des objets où la production de données n'est plus asservie à l'initiative de tout sujet individuel mais à celle de quelques-uns. Le gisement d'informations numérisées va croître sans que tous les sujets qui font la matière d'origine des objets numériques soient conscients de leur existence ni de leur utilisation potentielle. Le contrôle de l'information numérisée par les sujets est entièrement décidable selon la responsabilité que les sujets veulent assumer les uns des autres. L'arbitrage politique se pose sur les trois axes du sujet, de l'objet et du langage reliant les sujets par les objets.

Langage de la propriété objective, réelle et humaine

Le réductionnisme objectiviste limite la problématique de la connaissance à la description des sujets et des objets sans considérer la complexité de la relation entre les sujets. La complexité de la relation est contenue et exprimée par le langage. Ou bien le langage est transparent et transforme la complexité en bénéfice commun ; ou alors le langage cherche la complication afin de livrer le réel au rhéteur. La spéculation trompe le sujet en retranchant le particulier de sa connaissance ; l'objet réel est masqué par la généralité numérique abstraite. L'oblitération de la finalité du langage à restituer et faire connaître la réalité humaine livre le contrôle de la réalité à des minorités d'initiés.

Les experts du langage dans les différents domaines de la connaissance sont toujours tentés de prendre le contrôle des sujets non initiés ; il veulent être sûrs d'exister par la privatisation de leur domaine de pouvoir. Le langage n'est plus un outil d'échange et de don entre les sujets mais un artifice de possession. La politique professionnelle, la finance et l'informatique en donnent une illustration dont tout sujet conscient de lui-même sait en ressentir les effets.

Pour évoluer dans la réalité vraie, les hommes utilisent le langage. Ils délibèrent entre eux pour nommer les objets sensibles ; partager le sens des réalités qui les mette en relation objective réciproque. Nommer de la même façon un même objet aboutit à la réalisation possible des finalités de chaque sujet. Le nom commun de tout objet permet de demander ou de proposer à l'autre. Le langage est la liberté du sujet de donner et de recevoir les réalités objectives. Mais cette liberté-même contient la possibilité de sa propre négation par le sujet technocratique.

Par le langage chacun choisit de reconnaître l'autre ou de le posséder ; la liberté est accordée ou refusée. La parole désignant une réalité partageable est une information. Les sujets sont propriétaires de l'information par la possession des objets physiques qui en sont la source. Ils sont propriétaires par les décisions qu'ils prennent à partir de l'information détenue sur les objets ; mais aussi par la définition des informations qui qualifient l'objectivation des réalités. La décision n'est pas libre sans la liberté de qualifier l'objet décidable.

Droit du langage de l'émancipation et d'interdiction de l'aliénation

La propriété des objets par laquelle la réalité concrète est utile au sujet se connaît par les trois dimensions de la matérialité, de la conceptualité et de la finalité. La finalité et la conceptualité sont intégralement numérisables alors que la matérialité se divise entre le physique sensible et le virtuel numérique. L'Internet des objets est une menace si quelques sujets captent à l'insu de tous la finalité des objets ; s'ils ont la maîtrise exclusive et opaque de la conception. La modélisation numérique des formes de l'objectivité peut être de fait captée par des intérêts particuliers étrangers à l'intérêt général. Il y a bien un enjeu à définir l'intérêt général dans la numérisation des objets.

En créant un marché unique et un espace juridique commun, les Européens ont créé les conditions d'un intérêt général à des objets communs malgré la diversité et la nationalité des langages. L'Internet des objets motive une production réglementaire qui doit former des conditions de définition d'une finalité des objets numérisés. Poser les finalités possibles dans une loi commune de réalité respecte la subjectivité des langages. Mais la démarche est piégée si la règle porte sur l'objet physique et non sur l'objet formel qui doit rester négociable dans une pluralité de langues et d'intérêts.

Le droit européen est inefficient si la protection des sujets de l'information numérique est focalisée sur les artifices physiques : détruire ou neutraliser les capteurs numériques d'indexation de la réalité. Cette représentation de l'objectivité par la physique laisse de coté le problème de l'éthique numérique : préserver la liberté individuelle du sujet à délibérer, définir, investir et réaliser ses propres finalités dans les objets. La délimitation physique de l'usage des index numériques de réalité ne crée pas une liberté numérique de choix, de conception et d'utilisation des indexations possibles du réel. La réglementation des artifices technologique ne protège pas les sujets de la captation de leurs finalités, donc de la prédation des sujets par les sujets.

L'Internet des objets porte les dangers de ses potentialités : qu'en font ses sujets ? Les réseaux sociaux numériques révèlent les profondes inégalités dans l'accès aux réalités réticulaires. Pendant que certains produisent de nouvelles réalités collectives, d'autres sont absorbés dans des réalités dont la forme leur reste inconsciente et sur quoi ils n'exercent aucun esprit critique. Il suffit de constater les addictions de consommation physique et virtuelle où le sujet reste totalement incapable de formuler ce qu'il cherche et obtient vraiment pour lui-même. Sans structuration préalable de la subjectivité sur la considération de soi dans la relation à l'autre différent de soi, l'univers numérique produit l'aliénation du sujet dans l'objectivité produite par les autres.

Responsabilité du donné derrière la propriété objective des sujets

Le sujet possédé par son image numérisée est au cœur de la crise systémique en cours. La numérisation du réel humain accentue les possessions intersubjectives de la réalité physique. La finance est depuis l'origine des civilisations l'anticipation du réel par le nombre ; elle a montré comment l'informatisation offre l'intégralité du réel au sujet financier déclaré crédible sans preuve visible. En se présentant comme activité objective sans représentation explicite du sujet dans ses droits et obligations, la finance est parvenue à imposer un crédit exclusivement issu de la quantité sans nécessité d'une qualification réelle. La monnaie est devenue pur nombre indépendant de toute loi entre des sujets identifiables et reconnus dans leurs intérêts propres.

Le passage en cours de l'Internet des sujets à l'Internet des objets sans différenciation visible des sujets par les objets numériques accentue les pouvoirs d'auto-aliénation des sujets. Or l'Internet offre au sujet un espace ouvert de dépôt de ses finalités. Les finalités numérisées dans la mémoire virtuelle collective sont libres de production, libres d'accès et libre d'élection par le sujet qui ne les a pas proposées. Toutefois, la liberté des finalités n'est pas formée par la propriété des données qui les expriment : l'auteur vivant d'une finalité choisie par un autre dans l'Internet n'est pas responsable de l'humanité transformée dans la réalité ; le prix humain des finalités vécues n'est donc pas systématique ; et le producteur d'une finalité effectivement vivable n'est pas récompensé. La reconnaissance sociale ne suffit pas à subvenir aux besoins humains de tous les producteurs de finalités efficaces.

L'absence de propriété publique des données numériques produit l'irresponsabilité sociale, collective et politique. N'importe quelle finalité peut être vendue par un prix invérifiable dans la réalité physique d'un sujet. Le phénomène s'affiche dramatiquement dans le traitement de la crise de surendettement grec : les marchés financiers produisent une mesure de la solvabilité grecque absolument déconnectée des engagements effectivement pris par les sujets de l'économie grecque. Les pouvoirs politiques cherchent une réconciliation de la virtualité financière avec la réalité économique par-dessus les sujets propriétaires des finalités poursuivies. Le chômage s'installe dans les pays endettés faute de transformation des objectifs financiers en travail humain réel objectif.

Le réel est détruit par le défaut d'appropriation des finalités par les sujets ; la destruction du réel par le virtuel vient de la non-propriété des données imposant des finalités incompréhensibles. Les informaticiens savent les conditions d'efficacité de la propriété des données : identification infalsifiable du sujet par la biométrie, détermination de l'accessibilité d'une donnée par son propriétaire, transparence de la relation de propriété, responsabilité personnelle du propriétaire sur la réalité exprimée par la donnée.

Bancariser la responsabilité des droits par le nombre

La propriété virtuelle de la donnée numérisée détermine une structure d'organisation politique de l'Internet : l'indexation des objets physiques doit être confiée aux sociétés constituées pour les produire ; l'indexation des objets numériques doit être confiée aux sociétés constituées pour identifier des finalités transformables ; l'indexation des finalités compatibles avec les droits de l'homme dans son environnement physique doit être confiée aux sociétés financières ; l'indexation des fins réalisées et réalisables par des prix d'échange en monnaie entre sujets de droit doit être confiée à des sociétés politiques.

Pour remplir la finalité d'indexation du réel humain sur le droit de liberté du sujet, toute société d'appropriation du donné procède de la démocratie au sens étymologique : autonomie des sujets, égalité de condition des sujets, liberté finale du sujet individuel et solidarité des sujets par la réalité physique. La démocratie numérique est l'articulation du réel économique à la démocratie politique par la démocratie financière. En révélant ses dévoiements, l'espace de numérisation financière de l'interaction des sujets sur les objets crée une opportunité de démocratiser l'économie réelle ; c'est à dire de garantir réellement le financement de la démocratie.

La démocratie numérique revient à bancariser l'Internet sous la loi de la finalité responsable. La banque de compensation de l'économie humaine (BCEH) consiste à sanctuariser l'identité numérique des sujets afin que les corps humains physiques soient maîtres de leurs propriétés objectivées dans l'économie des prix. La bancarisation des données numérisées établit la propriété des données objectives par la loi d'association des sujets dans leurs finalités partagées. L'individuation est libre et solidaire dans une réalité rendue commune par les fins échangées.

La destruction des sujets et des objets dans la réalité physique devient insensée dès lors que l'autorité financière dédiée à l'application de la loi s'oblige par la finalité numérique objective. Tout objet réel est contrôlé par son propriétaire responsabilisé par la propriété numérique publique sous responsabilité bancaire. La conséquence financière et monétaire de la responsabilité numérique est l'impossibilité du prix sans propriétaire, sans objet réel ou sans loi de finalité partageable.

Réhabilitation numérique du travail de reconnaissance humaine

La banque de donnée dépositaire des propriétés du sujet réalise la justice de la loi sous le pouvoir judiciaire autonome de la démocratie. Elle réalise la justice du prix en formant les échanges par égalité de droit entre sujets. Elle réalise la justice de la monnaie en attribuant la propriété numérique du crédit aux vendeurs effectifs d'objets réels répondant à la finalité des acheteurs. L'appropriation numérique bancarisée de la donnée reliant le sujet à l'objet fonde un espace de connaissance universelle.

Les acteurs financiers de l'assurance, de l'investissement et du crédit deviennent objectivement distincts et complémentaires au service du sujet, de la réalité de l'objet et de la fiabilité du prix dans le temps. La spéculation est strictement limitée par le capital exposé au futur effectivement indéterminable. La puissance publique est strictement limitée à l'intérêt général délibéré dans la loi, à l'assurance de la protection des sujets par la séparation des pouvoirs et à la maîtrise d'ouvrage des investissements et dépenses collectifs.

La comptabilité des prix en monnaie est strictement limitée par l'application d'une même loi à des sociétés politiques constituées sous un État commun. La réglementation des techniques est strictement limitée par la prise en charge des risques normatifs par les scientifiques. La science et la recherche sont rémunérées par les primes d'assurance que les techniciens versent aux propriétaires des données scientifiques. La science qui garantit l'innocuité des applications techniques ne peut plus se désintéresser de l'appropriation du savoir par le sujet.

L'objectivation de tout réel est connue par la donnée numérique déposée ; l'attribution en propriété de l'objet numérique restaure le travail d'invention véritable comme source de toute valeur. Le sujet ne peut plus prétendre à une quelconque propriété sans travailler à une finalité physiquement transformable en objet réel. Tout prix inscrit au débit d'un sujet correspond au crédit d'un autre sujet par une relation objective identifiable dans une demande, un investissement, un travail et une offre assurée de réalité à terme livrable. Tout prix nominal mesure un droit dont la réalité est engagée par un travail garanti par une prime.

Urgence de la démocratie numérique en résolution du chaos

La prime acquise par un acheteur primaire identifié par une banque de données est un objet distinct du prix nominal établi entre acheteur et vendeur nominaux. La prime comptabilisée en monnaie associée à l'objet numérique assure le crédit d'une livraison effective à l'échéance du vendeur de l'objet nominal réalisable. La financiarisation de la donnée objective numérisée crée une relation de solidarité objective entre le crédit du sujet qui travaille et le crédit du sujet qui garantit le prix de vente de l'objet travaillé.

L'Internet structuré par les sujets, les objets, les lois du vivre ensemble et la réalité physique numérisée est potentiellement un marché universel de la connaissance humaine ; une connaissance transformable par le travail en économie de la satisfaction libre. Si une communauté politique valide l'efficience morale de bien commun numérisé négociable, alors l'économie numérique de la connaissance peut être réellement formée par l'Internet ; alors les investissements monétaires sont mineurs pour :

1. convertir la zone euro en système monétaire international de liquidité du crédit

2. organiser la convertibilité économique des systèmes juridiques de protection des sujets

3. constituer un marché mondial de justification du prix des théories scientifiques

4. coordonner la régulation financière internationale des prix, du crédit, du capital et de l'assurance

5. financer l'éducation et le partage humain des connaissances philosophiques et scientifiques

6. créer un marché du travail assurant la satisfaction des besoins humains librement négociables

7. construire l'indexation des monnaies sur le travail et le financement des États dédiés à la protection des sujets du travail

Un important travail de sensibilisation et de formulation est à accomplir. L'efficience de l'économie numérique doit être démontrée par l'expérimentation locale visible : sociétés d'échange local de travail garanti, marchés de normes professionnelles, systèmes d'assurance de service public, plateforme de formation scientifique et professionnelle...

Le temps qui paraît nécessaire à l'exploitation des nouvelles technologies numériques n'est pas réellement disponible dans la crise systémique en cours. D'une part, les transformations techniques sont très rapides et d'autre part les capacités d'action collective publique sont en désagrégation accélérée. Les processus enclenchés dans les pays endettés détruisent la paix civile. Les solutions possibles doivent être discutées avant que la décrédibilisation du pouvoir politique ne débouche sur le chaos général.

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commentaires

M
Internet banking has simplified the entire banking process. Earlier, it used to take hours and even days to get a transaction done. But today, popular internet banking services enable us to do the transaction within seconds from the convenience of our homes.
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C
<br /> LA QUANTIFICATION QUANTIQUE.fermaton.over-blog.com<br />
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P
<br /> <br /> Merci Clovis,<br /> <br /> <br /> Qu'est-ce qui vous fait mettre en relation la monnaie humaine dans l'internet des objets avec la quantification quantique ?<br /> <br /> <br /> Que pensez-vous de : monétiser la relativité générale du<br /> physique ?<br /> <br /> <br /> <br />

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Pierre Sarton du Jonchay
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Le Blog de Paul Jorion

 

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