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La crise économique actuelle a ses racines dans la civilisation. La compréhension des phénomènes en cours exige une redéfinition de la monnaie, du crédit, du risque, du marché et de la responsabilité publique. La discussion est ouverte.

L'école grecque de régulation


Ce post fait écho aux réflexions de François Lenglet sur la position financière des Etats de la zone euro face à la Grèce et aux marchés financiers.

Les États sont-ils réguliers ?

Oui, la finalité des marchés est de scruter la réalité pour lui donner un prix. Une réalité financière à deux faces : d'un coté la probabilité que les dettes soient effectivement remboursées dans le futur, que la production de valeur s'accroisse, que les entreprises fassent des bénéfices et que les hommes travaillent selon leur demande ; de l'autre les modèles de raisonnement et d'analyse pour anticiper les équilibres économiques qui n'ont de prix que par les outils créés à cette fin par l'intelligence humaine.

Qui veut mettre la Grèce en faillite ? Personne ; et c'est d'ailleurs impossible en droit. La faillite ne peut être que morale. Soit les Grecs proclament à un moment donné qu'ils ne paieront pas ce qu'ils avaient promis ; soit les marchés financiers affirment dans les prix qu'ils produisent que la probabilité de remboursement de la dette grecque est nulle, impossible dans leur modèle de rationalité. Ils ne s'agit que de jugements que les uns ou les autres peuvent commettre par rapport à une réalité économique future qui n'existe pas encore ; des jugements qui auront sûrement un impact sur cette réalité, un impact qu'en réalité personne ne connaît encore.

Là est l'évidence que la crise grecque fait surgir. Le jugement humain précède la réalité tout en faisant partie de l'anticipation financière qui la détermine. Le débat porte donc sur le jugement à tenir et le modèle de rationalité appliqué à la réalité. Et l'on arrive au cœur de la grande crise : qui impose et selon quelle légitimité le modèle d'analyse de la réalité financière qui détermine la réalité économique ? Les opérateurs financiers privilégient par fonction la plus-value ; c'est à dire le gain à terme sur la valeur prêtée. Leur raison d'être est la mesure de la volatilité des crédits : plus la mesure du crédit est instable meilleure est leur performance. Le jugement financier est comme tout jugement dicté par sa raison d'être.

Si la finance n'avait pas le choix de sa raison d'être il faudrait qu'elle lui soi imposée par un autre : l'État de droit qui définit la raison d'être des sociétés et de leur jeu économique. A quoi servent donc l'État grec, les États européens et tous les États du monde dans le problème grec ? S'ils choisissent que la raison d'être de chacun est le problème de chacun, alors les opérateurs financiers font ce qu'ils veulent et chaque État est en concurrence avec tous les autres. Tous les coups sont permis pour tous. Et la faillite de la Grèce éclaircira le paysage et les spéculateurs internationaux ont beaucoup d'argent à gagner sur le prix du risque grec.

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