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La crise économique actuelle a ses racines dans la civilisation. La compréhension des phénomènes en cours exige une redéfinition de la monnaie, du crédit, du risque, du marché et de la responsabilité publique. La discussion est ouverte.

A quelle paix nous conduira la guerre du dollar ?

La guerre civile mondiale est déclarée par la monnaie

Commentaire déposé sur le Blog de Paul Jorion suite au billet ci-dessus de l'auteur de ce blog.


La valeur de l’homme, c’est sa vie. Mais pas une simple existence dans le temps entre une date de naissance et une date de décès. La marque de la vie humaine est la transformation du monde vivant. A la mort physique d’une personne, le monde aura changé parce que cette personne aura vécu. Il en est de même pour tous les individus : ils vivent parce qu’ils veulent apporter leur transformation personnelle à l’état (le résultat d’être) du monde. Cela signifie que l’homme vivant travaille. Pas seulement pour changer l’état de la matière mais pour informer la matière de sa personne. Par le travail, la matière a acquiert une forme qui crée un objet de valeur.

La forme est métaphysique : la matière physique reste la matière physique, même quantité, même composition, après transformation en objet. Le travail de la matière en objet imprime la marque de son sujet. Le travail est donc source de la valeur en différenciant la matière entre l’objet et le sujet. La valeur est bien la transformation du monde par la personne humaine qui travaille. Mais toutes les transformations ne se valent pas. Le changement de forme qui vaut l’homme répond à la fin de l’homme ; à la fin de celui qui travaille pour la fin de celui qui consomme. La valeur du travail passe par l’échange dans le temps : d’abord une discussion des fins des personnes qui travaillent pour consommer, ensuite une négociation de la transformation de la fin du travailleur en fin du consommateur et enfin les transferts de matière qu’implique la transformation négociée.

La vie humaine de travail est valeur de transformation de la matière terrestre par les fins humaines. On découvre ici la dimension capitale (oui capitale) de la valeur humaine. La fin est la réalité métaphysique de délimitation et d’identification de la personne. La personne est la fin pour laquelle l’individu humain vit. Les personnes ne sont pas interchangeables ; parce qu’elles ont leurs fins propres qui les caractérisent, qui les rend uniques. La liberté est la spécificité de la vie humaine personnelle. L’homme subit les déterminations de la matière, se soumet à la logique des formes qu’il reçoit mais choisit ses fins. Même au fond de l’esclavage, il est libre de ses fins. La personne reste éternellement la personne unique et libre de toute autre personne. Le travail qui dépense l’énergie dans la transformation matérielle est plus fondamentalement découverte des fins de l’autre. Ne pas reconnaître dans le travail la quête des fins de l’autre conduit à détruire la possibilité de la valeur (là est la crise actuelle).

La liberté de la vie humaine pose la question de l’autre. La matière est aussi la relation de fait qui réunit les sujets par une même existence physique. Le sujet humain unique est semblable à son prochain par la même matière dont il est fait. L’appartenance à un même monde physique oblige à la négociation d’une communauté métaphysique. Chaque homme a ses fins propres qu’il impose aux autres ou qu’il fait entrer dans les fins d’autrui. L’effet de la valeur est donc non seulement la matière informée par des fins humaines mais la conciliation des fins humaines par le vivre ensemble. Il suffit d’un seul refus du vivre ensemble pour détruire la valeur que l’humanité produit. C’est exactement ce que font le gouvernement et la réserve fédérale étatsuniens par la relance du quantitative easing. La planche à billet n’est pas destruction de la valeur par sa matérialité mais par sa causalité dans la transformation des fins humaines en réalité physique.

L’État de droit étatsunien pousse le plus loin possible la logique actuelle du monde des fins non discutables. La valeur y est conçue sans régulation par les fins humaines. Les fins sont absorbées dans la matière. La valeur n’est que quantité et la vie n’est rien d’autre que l’augmentation des quantités. La monnaie, qui exprime la quantité de toute chose indépendamment de la diversité des propriétés matérielles de l’existence physique, est l’outil universel de création de la quantité. Les autorités étatsuniennes qui expriment la conception publique de la valeur mondiale s’adonnent au pur capitalisme quantitatif : elles créent du signe sans valeur probable, sans échange de fins pour former la réalité de la valeur. Un nouvel univers conceptuel advient où le bien commun est objet de spéculation. Une poignée d’individus s’essaie à absorber dans sa métaphysique particulière la réalité physique universelle.

Les États-Unis vainqueurs de la deuxième guerre mondiale ont cru que leur loi politique était la meilleure possible pour définir la valeur de l’humanité. Leur unité de compte de la valeur s’est imposée dans toutes les transactions internationales. Le dollar est devenu l’étalon monétaire de la valeur produite dans le monde. Le système étatsunien de conciliation des fins humaines a fait croire que la vie pouvait se limiter à transformer la matière. La société humaine mondiale ne s’est pas rendue compte que des fins individuelles prenaient le pas sur le principe de soumission réciproque d’une offre à une demande de valeur collectives. Les fins individuelles des intermédiaires financiers dominent les fins individuelles des responsables politiques, qui dominent les fins individuelles des états nationaux, qui dominent un monde sans valeur commune. Les personnes n’existent plus ni individuellement ni collectivement. La monnaie enfle d’une mesure de la réalité qui ne veut connaître aucune fin.

L’inflation monétaire dissout la mesure des liens sociaux. Il devient impossible de donner un prix à la demande de l’autre ; impossible de définir une offre qui la satisfasse dans les limites de la réalité matérielle ; impossible d’accumuler le capital métaphysique de formes propres à répondre aux fins humaines. La planche à billet force le crédit d’une réalité dont le futur n’est plus échangé. La masse des crédits s’accroît provisoirement sur une réalité à laquelle la monnaie ne donne aucun prix crédible. Le travail perd le sens de la valeur, renonce à réclamer l’évaluation en monnaie qui lui revient. Le travail renonce à projeter dans le futur ce qu’il peut se demander à lui-même. A l’inflation de monnaie par le crédit répond la déflation de la réalité humaine du travail. Les pays émergents répondent à la demande des pays développés qui s’endettent de ne plus travailler. La prise de conscience brutale d’une réalité très en dessous de la valeur que les monnaies lui donnent entraînera la guerre civile ou la reconstruction mondiale de la démocratie.

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