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La crise économique actuelle a ses racines dans la civilisation. La compréhension des phénomènes en cours exige une redéfinition de la monnaie, du crédit, du risque, du marché et de la responsabilité publique. La discussion est ouverte.

La monnaie au service de la croissance humaine, l'exemple chinois

La décision privée emboitée dans la responsabilité publique

Une réalité n’est jamais mentionnée à propos de la capabilité chinoise à mettre en œuvre une politique nécessaire et nominalement profitable à toute une société comptant 19% des 7,2 milliards d’humains. La monnaie des Chinois compte et représente exclusivement les intérêts matériels de la société nationale chinoise. Les Chinois sont effectivement capables d’interpréter rationnellement les politiques qu’ils mettent en œuvre par la masse comptable des crédits en monnaie déposés au nom de chaque centre de décision et d’action économiques. L’émission des signes monétaires est exclusivement contrôlée par le pouvoir politique de l’État chinois à travers la cascade des crédits prenant sa source dans les budgets publics de l’état central puis des collectivités publiques locales et irrigant ensuite toute la micro-économie des entreprises et des personnes physiques privées.

Tout paiement, toute dépense et tout crédit s’inscrit en Chine dans un emboitement des décisions privées particulières dans des politiques et des cadres explicitement intégrés dans un état central unique régi par un même corps de lois, règlements et intérêts. La tutelle nominale du Parti Communiste Chinois sur la société et l’économie pose un cadre unique commun d’interprétation et d’évaluation de toutes les dépenses engagées dans la monnaie commune entre les particuliers et l’état central. Tous les prix s’inscrivent dans un même référentiel de souveraineté où chaque engagement de dépense est associé à un nom d’institution publique et à l’individu qui l’incarne par les écritures bancaires. La représentation des acteurs économiques par des personnes physiques identifiées exclusivement responsables par la monnaie utilisée devant la république des Chinois, fait que le gouvernement est obligé d’assumer effectivement son rôle de régulateur économique et ne peut pas ne pas en rendre compte à son opinion publique.

En-dehors et en-dedans de la souveraineté monétaire

La circulation du capital par la liquidité monétaire entre l’en-dedans et l’en-dehors de la souveraineté chinoise est sous le contrôle des pouvoirs publics, donc de la responsabilité politique par ses instruments monétaires d’arbitrage public. La convertibilité de la monnaie donc des prix chinois entre l’intérieur et l’extérieur de la Chine n’est pas fixée par un marché « auto-régulé » d’intérêts privés mais dans un marché public régi par des banques publiques inféodées au pouvoir politique. La monnaie chinoise a explicitement deux figures : intérieure nommée « yuan » et extérieure nommée « renminbi ». Payer en yuan signifie se conformer à la loi et à l’ordre économico-politique chinois. Payer en renminbi signifie se conformer aux rapports de force et à la concurrence internationaux pour fixer le prix de ses engagements et de ses créances et en obtenir la liquidité. La parité entre yuan et renminbi n’est ni unique, ni universelle : elle est fixée au cas par cas par la puissance publique bancaire chinoise en fonction des individus et des institutions concernés.

Techniquement, la distinction juridique et pratique entre yuan intérieur et renminbi extérieur crée la réalité d’une politique de change chinoise dans l’intérêt explicitable de l’État et de la société chinois. Les primes de change captées par les banques entre les dépôts à terme en yuan et les dépôts à terme en renminbi sont juridiquement des éléments de fiscalité qui alimentent les budgets publics, donc la dépense commune des Chinois intérieurs. Le système financier chinois est isolé de la finance globale anonyme hors sol de sorte que les Chinois gardent quoiqu’il arrive la maîtrise de la mesure, selon leur propre système politique et juridique, de leurs dettes, créances et prix dans leur réalité économique différentiable et séparable du reste du monde. La réalité chinoise peut être pensée, appréciée et activée dans une relative autonomie par rapport au reste du monde ; les intérêts économiques, politiques et culturels chinois sont différentiables des intérêts non chinois.

Monnaie de responsabilité économique contre monnaie de cupidité spéculative

Le système monétaire chinois, qui était aussi celui de l’Occident avant la révolution industrielle libérale des deux derniers siècles, instaure la condition de possibilité d’une réalité objective circonscrite par une subjectivité incarnée, identifiable donc matériellement responsable. La transformation du réel désirable ou constaté n’est donc pas le fait comme en Occident de forces surnaturelles virtuelles seulement décryptables par des génies ou des sur-hommes mais une chose commune portée par une société physiquement constituée qui élabore son gouvernement réel dans l’espace et la durée. Les Chinois parlent et délibèrent moins que les Occidentaux mais ils se gardent la faculté de transformer leurs décisions en actes effectifs sur une réalité subjectivement circonscrite. La monnaie occidentale politiquement et socialement neutre fabrique le chaos individualiste ; la monnaie chinoise instaure une société et une politique qui fait une subjectivité chinoise agissante.

Reste en Chine la question non résolue de la liberté individuelle à avoir un jugement complexe propre, un rôle spécifique complémentaire et une participation négociable à l’œuvre commune du monde réel partagé. Sur ce sujet, les Chinois dépendent de la notion et de l’expérience occidentales de la personne. La personne est l’unicité de l’individu à la fois subjective et objective qui est, qui existe et qui agit par relation avec autrui distinct de soi dans d’autres personnes de même nature et de même statut avec qui la personne fait sociétés pour rendre les réalités transformables à son bénéfice collectif. L’existence effective de la personne physique et morale rend la réalité discutable, donc intelligible, donc transformable, donc adaptable à la vie de toutes les personnes dans les sociétés. La survie de l’espèce humaine exige désormais que le travail de recherche, d’intelligence, de décision et d’action mobilise toute la diversité des personnes dans une même direction acceptable par tous aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières monétaires de la Chine.

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