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14 novembre 2013 4 14 /11 /novembre /2013 10:52

Dans "Normes de profit et fiscalité", Michel Leis exhume les rapports de force réels que les propagandes politiques et financières s'attachent à dissimuler. Dans la démonstration, une phrase doit être creusée si l'on veut éradiquer le mal :

Dans ces chaînes de valeurs complexes, le profit total réalisé augmente, par la conjugaison de l'augmentation de valeur et de la diminution relative des coûts de production. Seules quelques entreprises hautement spécialisées et les entreprises dominantes sont à même de capter la marge, entraînant un phénomène de concentration accélérée des profits.

Pas de valeur sans complexité

Nous avons effectivement des chaînes de valeur complexes que des entreprises spécialisées font fonctionner à leur profit. Mais interrogeons-nous sur la nature de cette spécialité. Elle est véritablement financière et spéculative donc anti-réelle ; comment : par la falsification de la valeur. La valeur ajoutée vient du travail qui contient en soi une capacité combinatoire collective par laquelle on invente et on fabrique à plusieurs ce qu'il est impossible de produire tout seul.

A l'origine, le travail sous toute ses formes n'a pas de prix, qu'il suffise au consommateur de débourser pour acquérir le bénéfice de ce qu'il n'a pas personnellement produit. La spécialité des grandes organisations commerciales hors-sol est d'organiser des marchés de prix entre le travail créateur et le consommateur qui dépense le pouvoir d'achat acquis par son travail.

La seule "valeur" produite par les grandes entreprises est un mécanisme de prix qui permette l'échange du travail contre monnaie et profit. La monnaie répartit les coûts de production entre les contributeurs reconnus à la "valeur". Le profit est la réserve de "valeur" mise de coté pour entretenir et développer le cycle de production. C'est sur la transformation du profit en monnaie que le capitalisme financier improductif réalise l'entourloupe de la valeur formelle qui n'a pas de valeur réelle.

Pas de valeur sans prix réalisable par le marché

En tenant un marché tout entier, les entreprises hors-sol ne résidant dans aucun pays, sont capables d'imposer une clé de répartition non discutable de la valeur ajoutée. Le prix d'équilibre entre l'offre et la demande est apparemment libre et concurrentiel au niveau du produit final mais les prix de la chaîne de valeur en amont sont fixés pour que la marge arbitrairement calculée soit versée aux dirigeants financiers. Ce qui est appelé "coût de production" est la variable d'ajustement appliquée au prix final, quel que soit son niveau, pour que la marge bénéficiaire soit de 15%.

Quand plusieurs systèmes juridiques et fiscaux sont concurrents dans une même chaîne de valeur, ce qui est en l'espèce le postulat du marché unique européen, la fonction financière est libre de la définition de la valeur. Le mot "valeur" prononcée par un politique, un juriste ou un comptable est le dénominateur d'une position purement spéculative qui ne contient justement aucune autre valeur qu'une commission plancher de 15% pour n'avoir rien dit.

La "valeur" est sans réalité si la spéculation n'est pas interdite. La spéculation n'est pas interdite si des intérêts privés peuvent posséder des marchés pardessus la loi et la souveraineté politique. La souveraineté politique est elle-même une falsification du marché si le travail n'est pas directement mesurable en monnaie par un arbitrage public des prix par la loi. La loi n'a aucune valeur si son prix n'est pas calculable par une monnaie dont la convertibilité incarne une responsabilité politique identifiée et spécifique.

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25 mars 2013 1 25 /03 /mars /2013 14:42

Résumons le compte-rendu de François Leclerc dans le Blog de Paul Jorion sur les négociations bruxelloises à propos de Chypre. Un paradis fiscal a été démasqué et mis à mort au sein de la zone euro. Concrètement les déposants inconnus qui se faisaient grassement rémunérés pour blanchir leurs capitaux en euro perdent officiellement leurs avoirs au-dessus de 100 000 €.

Comme l'annulation des dépôts en euro ne suffit pas à éponger les pertes des banques chypriotes, la Troika accorde à l’État chypriote un méga-crédit pour porter les pertes bancaires directement dans le budget public. Évidemment, on ne dit pas que le bouclage de ce plan de restructuration des banques chypriotes est financé par un « déficit budgétaire » chypriote de 60% du PIB : pas 0,6%, ni 6% mais bien 60%.

La « bad bank » est un habillage comptable pour ne pas afficher la réalité des comptes publics chypriotes : au lieu de dire 60% de déficit en 2013, on va dire 6% de déficit supplémentaire pendant 10 ans ou 0,6% pendant 100 ans. Un déficit qui s'ajoute à l'explosion du déficit primaire qui résulte de la disparition de la première activité économique de l'île de Chypre : le blanchiment des capitaux « off shore » en « légalité » de l'euro.

La restructuration du capitalisme financier à Chypre, c'est pour le moment le transfert des actifs toxiques qui valent 0 des comptes bancaires vers les comptes publics. Comme l'explosion de la dette publique chypriote est pur bavardage financier sans contrepartie économique réelle, c'est bien la BCE et le FMI qui reprennent la perte chypriote dans leurs comptes. Mais cette belle construction financière ne trompe que ceux qui veulent être trompés : peut-être quelques responsables politiques...

L'essentiel est bien sûr ailleurs : le capitalisme financier global a commencé à s'euthanasier. L'accumulation d'actifs toxiques dans le système financier mondial hors sol est tel qu'il faut désormais annuler les dépôts des riches pour maintenir un semblant de liquidité bancaire. Toute la ploutocratie mondiale est en train de réaliser qu'il va être impossible d'échapper à la faillite sans séparer l'économie réelle de la spéculation monétaire.

Avant que la réalité ne devienne trop visible et pendant que les « autorités monétaires internationales » discutent leur « story telling », les banques chypriotes mettent à l'abri les avoirs de leurs meilleurs clients dans les banques en euro qui ne sont pas domiciliées à Chypre. Ces transferts de fonds sont absolument indétectables puisqu'ils consistent à réécrire des contrats de dépôt non écrits où le compte est géré par un ordinateur qui n'est plus à Chypre mais à Paris ou Francfort. Alors qu'en réalité l'ordinateur est à Bangalore, à Singapour ou sur... mars !

La globalisation financière qui privatise toute réalité économique par la « libre circulation des capitaux » est morte. Soit les banquiers vont récupérer l'intégralité du pouvoir politique et il n'y aura plus d'économie réelle pour fournir une contrepartie à l'économie financière. Soit les États nationaux et internationaux vont être rétablis et le capital va être à nouveau soumis à la loi et à la fiscalité.

La balle revient dans le camp des peuples et des citoyens. La richesse est potentiellement à nouveau la récompense du travail et de la citoyenneté, donc de la délibération politique du droit et de l'application économique de la Loi. Que vont faire les citoyens de leur nouveau pouvoir ?

La réponse est dans l'économie politique de la monnaie. Si les citoyens veulent juger de ce qu'ils font et négocier entre eux le prix des biens qui en résulte, ils exigeront de leurs institutions publiques et de leurs gouvernements que la monnaie soit l'outil de leur souveraineté.

La monnaie sera constitutionnellement définie comme unité de compte du capital financier des gouvernements ; capital défini comme responsabilité personnelle agrégée des titulaires de charges publiques ; capital dont l'objet sera l'application économique de la loi aux territoires et au marché régulés par la citoyenneté.

Si les citoyens ne s'intéressent qu'à leur compte en banque, ils seront réduits en esclavage par les entrepreneurs financiers qui leur diront ce qu'il faut faire ou ne pas faire pour avoir droit à son salaire de subsistance.

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23 décembre 2011 5 23 /12 /décembre /2011 16:40

Quelle équivalence s'établit entre les nouvelles allocations de liquidités la BCE et le prix réel des collatéraux pris en pension ? Comme le dollar et la livre sterling, l'euro est délié de la réalité économique. Les sources de richesse réelle, le travail et les entreprise, ne sont plus identifiables dans la demande de crédit et ne sont donc plus financées. L'économie réelle devient invisible tout au fond de l'océan des liquidités. La BCE alloue ses crédits au système bancaire qui les réalloue à ses principaux débiteurs indépendamment de leur solvabilité réelle, c'est à dire indépendamment de la capacité réelle des emprunteurs à produire des richesses qui remboursent les dettes.

La conséquence de l'irréalité monétaire en dollar, livre sterling et euro est malheureusement simple. Toute la production réelle va fuir dans les pays où la monnaie est allouée au travail, à l'entreprise et à l'investissement. Les économies domestiques en dollar, livre et euro vont sombrer dans la désindustrialisation absolue et la désintégration sociale et politique. A moins qu'un sursaut politique européen ne refonde l'euro comme unité de compte en crédit de la réalité économique ; à moins que les Européens ne ré-indexent leurs monnaies sur le prix réel des collatéraux ; à moins donc qu'un marché européen des collatéraux ne soit organisé indépendamment du marché du crédit, du marché de l'investissement, du marché de l'assurance et du marché des changes.

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15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 17:06
L'Europe à l'épreuve d'une nouvelle vérité économique

Dans sa conférence du premier décembre 2011 au petit-déjeuner du Centre des Professions Financières, Michel Aglietta montre les dysfonctionnements de la zone euro au regard des buts qui avaient justifié sa création. Le surendettement privé en euro révélé par le choc des subprimes n'a pas été résorbé. La dette publique a pris le relai de la dette privée afin que la liquidité des échanges soit préservée dans la zone. Les disparités de régulation du crédit entre les États membres ont débouché sur la crise des dettes publiques.

Le choc des subprimes venu des Etats-Unis a cristallisé l'hétérogénéité des cultures financières européennes. La politique monétaire unifiée en euro s'est adossée à des politiques publiques divergentes de solvabilité publique et privée. L'ajustement économique par les parités monétaires étant par construction exclu, l'accumulation de dettes intra-européennes a servi à différer les restructurations dans les pays en déficit de financement intérieur et extérieur.

De fait les excès de dette en dollar se sont mécaniquement transformés dans la zone en excès de dette en euro. Le phénomène débouche au minimum sur le défaut d'un pays entier comme la Grèce. Il n'est plus possible d'envisager la résolution du défaut grec à l'intérieur des lois et des principes qui ont fondé la zone euro.

La fin du dogme de la neutralité monétaire

Michel Aglietta juge le rétablissement de la drachme inévitable afin de produire un ajustement des prix grecs face à la dette en euro. Le redémarrage de l'économie grecque par la baisse des achats en euro et la hausse des ventes en drachme devient la seule voie de possibilité d'un remboursement des dettes publiques et privées. A la dévaluation de la monnaie grecque, il faut ajouter des investissements européens pour soutenir la transition économique de la Grèce à l'intérieur de l'ensemble européen.

La renationalisation de monnaies à l'intérieur de la zone euro peut se concevoir comme un outil collectif européen d'ajustement économique. Aglietta réhabilite les deux dimensions politique et économique de la monnaie. La politique monétaire unifiée par l'euro peut se révéler défaillante à signifier l'efficacité économique de la coopération européenne. Il faut donc s'interroger sur l'impact d'une spécification monétaire de la Grèce dans le cadre de la zone euro.

Le défaut de la Grèce dans la zone euro est-il structurel ou conjoncturel ? La zone euro est-elle organisée et outillée pour traiter les divergences économiques et politiques qui justifient une dévaluation spécifique à la Grèce ? Le rétablissement de la drachme pose la question de la soutenabilité de la monnaie unique pour les autres partenaires de l'euro.

Une régulation publique de la finance à construire

Aglietta plaide pour de nouveaux instruments de politique économique dans la zone euro. Le budget et les investissements communautaires doivent être renforcés par rapport aux budgets nationaux. Le pouvoir politique communautaire doit avoir une capacité propre d'émission de dette dont les Européens soient solidairement responsables indépendamment de leur nationalité.

Le nouvel instrument est donc la dette spécifiquement européenne. Les eurobonds constitueraient un nouveau collatéral solide pour la politique de liquidité de la BCE ; laquelle obtiendrait davantage de liberté à émettre de la monnaie surtout dans le contexte déflationniste actuel. La dette publique européenne serait adossée à une titrisation financière des responsabilités proprement communautaires comme l'environnement et le cadre de vie.

En amont de la nouvelle gouvernance européenne, les fiscalités peuvent être harmonisées ; des recettes sont pré-affectées au budget européen. En aval de la gouvernance, le système bancaire européen revient dans un cadre spécifiquement européen où les paradis fiscaux ne sont plus librement accessibles et où les mouvements de capitaux avec l'extérieur de la zone sont contrôlés.

La zone euro devient donc clairement un espace de réglementation financière. La possible mobilisation des ressources fiscales pour compenser les pertes éventuelles du système bancaire implique la séparation des activités de dépôt garanties par le crédit public et les activités d'investissement. La banque d'affaire doit assumer seule ses risques et pouvoir être mise en faillite si ses pertes sont insuffisamment anticipées.

Reprise politique de la définition de la monnaie

Aglietta rompt trois dogmes dans ses propositions de transformation de l'Europe. Une politique d'unification européenne doit passer par des chemins autres que la seule monnaie unique. Le libre-échange doit avoir des limites politiques qui établissent la raison d'être économique de l'unité européenne. La finance utilisant les liquidités de la BCE ne peut pas échapper à une régulation publique faisant intervenir directement les institutions politiques communautaires.

La rupture avec les principes de politique économique à l'origine de la crise actuelle a pour Aglietta une traduction concrète : la parité de change de l'euro dans les monnaies non-européennes doit pouvoir évoluer dans l'intérêt explicite des Européens ; lequel n'est pas nécessairement contradictoire avec l'intérêt général mondial. L'Union doit se doter des instruments d'une politique de change.

Le problème posé est finalement celui de la politique de change de l'euro. En confiant leur politique monétaire à une BCE autonome, les membres de la zone euro ont posé leur monnaie comme un outil politiquement neutre obéissant à sa propre logique indépendante du débat sur le vivre ensemble euro-européen. La définition de l'euro ne doit plus être détachable de la délibération politique nationales et communautaire.

Le postulat de la neutralité monétaire de l'euro a impliqué l'absence de position politique délibérée sur le taux de change avec les autres monnaies de l'Union et avec les grandes monnaies internationales dont le dollar et le yuan. La convertibilité internationale de l'euro est restée sous la responsabilité des intérêts particuliers des banques. La solvabilité des États européens à l'origine de la valeur d'échange de l'euro est restée sous la seule appréciation des banques et des marchés internationaux.

Défaillance mondiale de la régulation du crédit

De fait, le système financier européen n'a pas été outillé pour mesurer le risque de la liquidité en dollar. Les banques empruntant à la BCE utilisent librement la liquidité en dollar dont les conditions sont concurrentes de l'euro. De fait, les euro-États ont emprunté la loi du dollar pour ne pas discuter de la loi du crédit en euro. De fait, la politique monétaire de la BCE n'a pas porté sur une régulation de la masse et de la répartition des crédits en euro.

Le maniement central des taux d'intérêt n'a pas établi les normes européennes commune de solvabilité applicables à tous les emprunteurs. L'effondrement actuel de l'économie réelle mondiale sous le poids de la dette met en cause le statut de la monnaie dans le crédit ; dans la zone euro comme dans le reste du monde.

La cause première du dérapage de la dette mondiale est l'endettement illimité du Trésor Étatsunien en dollar. La cause seconde est la monétisation illimitée des dettes en dollar par la Fed. La zone euro s'est imbriquée dans la monétisation libre de la dette en dollar sans fixer de loi de régulation de la liquidité du crédit.

Les propositions d'Aglietta ajoutent une finalité à l'euro que le dollar n'a pas. L'euro doit être un instrument non neutre de régulation du vivre ensemble politique et économique européen. Cela signifie que la valeur intrinsèque de l'euro doit refléter l'intérêt des Européens différencié des pays qui ne partagent pas les mêmes conceptions politiques et économiques.

Si les Européens s'engagent sur les mêmes normes communes de crédit, l'euro ne doit pas masquer les disparités objectives entre Européens. L'euro doit être un instrument de responsabilité financière pour les institutions de l'Union, pour chaque État, pour chaque banque bénéficiaire de la liquidité de la BCE et donc pour tout emprunteur face à ses prêteurs. En d'autres termes, l'euro doit être un outil d'indexation matériel et juridique du crédit sur l'économie réelle du vivre ensemble européen.

Synthétiser la monnaie dans l'équilibre du crédit

Que pense alors Aglietta d'un système d'euro-monnaies nationales exclusivement convertibles en euro ? Un système de compensation centralisé garanti par une juridiction publique européenne ; une chambre de compensation publique indépendante des opérateurs, auto-financée et garantie par une fiscalité sur les transactions de marché ; des transactions intégralement soumises à l'actuelle réglementation européenne.

Le système des euro-monnaies adosserait la politique de liquidité de la BCE à des transactions financières garanties ; structurellement garanties par une solidarité de marché transparente en euro. Les euro-monnaies compensées et convertibles en euro actualisent la responsabilité propre à chaque pays. La zone euro explicite et mesure les responsabilités nationales de maîtrise des finances publiques et de régulation des banques.

La parité de l'euro-monnaie nationale compensée en euro évalue en droit européen contre de l'épargne en euro le prix de chaque politique économique, budgétaire et financière nationale. Les pertes de solvabilité en euro sont sanctionnées par la dévaluation. Les excédents nationaux d'épargne entraînent la réévaluation de l'euro-parité.

Les investissements européens et le budget commun sont libellés en euro. Les coûts et bénéfices de chaque contribution nationale aux actions communes sont mesurés en euro-monnaie nationale ; laquelle s'évalue en euro par des bénéfices de valeur supérieure aux coûts et se dévalue dans le cas contraire. Les monnaies européennes s'évaluent en unité du temps efficace : l'euro-parité varie pour que tout engagement à terme puisse être tenu.

L'euro étalon de financement du bien commun de l'Europe

L'euro monnaie unique a été fondée comme le dollar sur l'absence de responsabilité financière des emprunteurs et prêteurs systémiques. Le statut de personne publique ou d'entreprise financière multinationale dispense de fournir une comptabilité vérifiable des engagements actifs et passifs. L'euro monnaie commune devient un étalon universel du crédit : l'effort du crédit véridique est objectivement partagé entre le prêteur, l'investisseur et l'emprunteur.

Dans une compensation publique en euro, la puissance publique nationale et communautaire est garante de la démocratie dans le long terme. Elle protège les personnes physiques par l'application du droit et de la solidarité économique. Elle finance les investissements dont les bénéfices sont généraux et dont le coût n'est pas raisonnablement imputable à des contribuables particuliers.

La compensation adosse l'euro à un équilibre européen de la démocratie économique. Les primes de change des euro-monnaies sont compensées en euro par les primes de capital des banques de crédit et les primes de crédit des débiteurs en droit européen. N'est-il pas temps que l'Europe récuse la neutralité politique et économique de la monnaie ? N'est-il pas temps que l'euro matérialise une volonté européenne de démocratie et d'économie humaines ?

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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 16:13

Inflation de monnaie, déflation du crédit, asservir la finance au droit du travail

Comment la mutation de l'euro en étalon de crédit européen peut rétablir la prospérité économique de l'Union Européenne des démocraties. Application du principe keynésien de compensation internationale des parités de change nationales à la refondation de l'euro dans une zone de stabilité et de croissance.

La monnaie définie comme crédit forcé par la loi

La tension croissante sur les taux d'intérêt des dettes publiques dans la zone euro exacerbe le débat sur la réalité d'une menace inflationniste. Les Allemands sont réputés s'opposer à la monétisation des dettes publiques par la banque centrale. Les pays les plus endettés de la zone euro ne voient pas eux de risque d'inflation dans un contexte d'effondrement de la croissance économique.

Pour échapper à la croissance exponentielle de leurs charges d'intérêt sur les emprunts à venir, les pays surendettés souhaitent déconnecter les taux d'intérêt d'une appréciation de leur solvabilité par le marché. L'Europe germanique créancière nette en euro du reste de la zone veut éviter la dépréciation de la monnaie de compte de l'épargne.

Depuis la première guerre mondiale, les banques centrales ont la faculté d'émettre de la monnaie par des crédits dont le remboursement ne peut pas être légalement mis en doute. Le cours forcé par la loi de la monnaie a été inventé pour matérialiser la solidarité d'un pays dans les investissements d'intérêt national ; en l'occurrence la victoire sur les ennemis extérieurs lors de la première guerre mondiale.

Le pouvoir libératoire de la monnaie définit la monnaie comme unité de compte du crédit indubitable de la banque centrale. Depuis un siècle, les lois monétaires nationales interdisent dans tous les pays de considérer un risque de non-remboursement des crédits consentis par la banque centrale. En vertu du pouvoir libératoire de toute monnaie centrale, les pays sur-endettés réclament aujourd'hui de la BCE des crédits à taux préférentiel ; un taux qui les exonère du prix de leur défaut possible.

Monétisation des dettes et partage du risque de perte

La monétisation des dettes publiques par la BCE peut se faire par deux canaux. Le canal déjà utilisé est celui du rachat des titres publics sur le marché secondaire. Les détenteurs de titres ayant déjà prêté aux États les revendent à la BCE. Les titres achetés par la BCE sont réglés en monnaie créditée sur le compte de dépôt des banques intermédiaires ; la BCE devient créancière directe des États.

Le taux d'intérêt réglé par tout emprunteur évalue l'incertitude encourue par les créanciers sur la capacité du débiteur à produire à terme toute la richesse anticipée dans le crédit. Les dettes rachetées par la banque centrale mutualisent les pertes possibles des prêteurs. Si les débiteurs font défaut sur tout ou partie de leurs dettes, les pertes sont prise en charge par la collectivité. Pour une même unité monétaire, chaque créancier a potentiellement moins de pouvoir d'achat réel.

Par nature, le crédit accordé par une banque centrale répartit sur les détenteurs de monnaie les non-remboursements de tout débiteur. La liquidité des dettes publiques sans concentration du risque de perte sur les seuls porteurs de titre les rend plus enclins à accorder des taux modérés sur les nouveaux emprunts publics. Le bénéfice en intérêts de la monétisation des dettes publiques est partagé entre État et créanciers futurs aux dépens des créanciers passés.

L'autre canal de monétisation des dettes publiques consiste à dispenser les États de se présenter sur le marché. Le taux d'intérêt de la liquidité allouée directement aux États est administré par des contrats politiques. Les banques et fonds d'investissement ne prennent plus aucun risque sur le remboursement des dettes publiques ; donc ne bénéficient plus des taux d'intérêt élevés qui dédommagent par avance du coût de l'insolvabilité potentielle des États.

Économie du possible par la transformation financière

Si la BCE attribue directement ses émissions de monnaie aux États, il revient au seul banquier central européen de mesurer le crédit qu'elle consent indépendamment des taux d'intérêt. Le montant des crédits aux États devient indépendant du jugement que les épargnants portent directement ou indirectement sur la capacité des autorités publiques à conserver dans la durée l'équilibre emploi-ressource des budgets publics.

Avant les conséquences potentiellement inflationnistes, l'opposition allemande aux deux formes de monétisation des dettes publiques est justifiée par le principe financier de la démocratie. L'émission monétaire de la banque centrale est contrôlée par la liberté responsable des épargnants. Si le taux d'intérêt des emprunts publics n'est pas fixé par le marché, alors la limitation de l'émission monétaire par l'épargne effectivement constituée par les citoyens disparaît.

La question est posée de ce que deviendra la monnaie émise par la BCE au-delà des limites demandées par le marché de l'épargne en taux d'intérêt. Le rôle des banques et fonds de transformation de l'épargne est justement de collecter les revenus épargnés par l'économie réelle pour les ré-affecter à la production publique et privée des biens et services futurs. La fonction du système financier est d'anticiper les besoins des épargnants et le prix réel de leur satisfaction future.

Les erreurs financières d'anticipation rendent l'épargne sans contrepartie réelle au moment de la dépense. Si une banque centrale émet plus de monnaie que ce que permet une anticipation prudente par l'épargne des besoins futurs de l'économie, les intermédiaires financiers recherchent quoiqu'il en soit des emplois sûrs et rentables à la ressource dont ils disposent ; rentables pour rémunérer leur travail d'anticipation et sûrs pour justifier la confiance des épargnants et déposants.

Les prix internationaux déconnectés du travail de production

Dans le passé, toutes les expériences d'émission monétaire au-delà de l'épargne librement constituée par le marché ont débouché sur une hausse générale des prix. Plus les encaisses augmentent, plus les gens ont tendance à dépenser alors que l'offre de biens et services n'a pas réellement augmenté. Or depuis les années 80, l'inflation monétaire n'entraîne plus le glissement général des prix. La libéralisation des échanges internationaux dilue les conséquences des politiques monétaires locales.

La surabondance monétaire dans un pays est absorbée par une capacité de production de l'économie mondialisée. Mais la libéralisation du commerce international s'est accompagnée de la dérégulation financière. Les années 80 ont abandonné aux réseaux bancaires privés toute la circulation internationale des capitaux. La puissance publique a renoncé à vérifier le droit dans l'espace international.

Tout excédent local de liquidité issu de la politique monétaire est exporté dans les pays où les capacités de production sont sous-employées ; ou sous-développées au regard du niveau d'éducation de la population. La circulation internationale privée du capital financier exclut toute appréciation publique de la prise en compte de l'intérêt général par les intérêts privés. Les taux de change sont fixés selon l'offre et la demande de monnaie des opérateurs privés ; ils définissent le prix relatif des juridictions nationales par la conversion du capital d'une monnaie à l'autre.

Tous les prix sont négociés dans la limite des bénéfices privés tirés des échanges de biens et services réglés en crédit et en capital international. Or le régime du libre échange des biens réels, du crédit et du capital ne contient aucune norme de droit du travail commune à un espace de civilisation. Les droits du travail, la protection sociale publique et l'équilibre de négociation des salaires sont réduits à des coûts entre les pays.

Les prix des transactions commerciales et financières internationales n'établissent aucune primauté du travail dans le prix des biens et services échangés. La finalité humaine de l'échange est matérialisée dans les monnaies nationales par l'intérêt général formellement représenté par la politique monétaire. La conversion privée des monnaies fait disparaître la rémunération du travail en droit dans le prix international réglé par les exportateurs d'une monnaie et par les importateurs de biens et services.

Les monnaies qui ne sont plus la réalité du droit

L'évaluation en droit du travail contenu dans les échanges internationaux est exclue de la négociation internationale des prix, du crédit et du capital. Les opérateurs internationaux privés négocient exclusivement sur la plus-value de leurs opérations. Ils fixent les taux de change pour que la plus-value soit toujours excédentaire en faveur de l'investisseur ou du prêteur.

La négociation privée des changes est rationnellement portée à surévaluer le prix comptant des monnaies contenant un droit protecteur pour le travail. En revanche, le prix de conversion des monnaies dont le droit est moins favorable à la rémunération du travail doit être sous-évalué à terme. Cette asymétrie est en pure logique financière nécessaire à la protection des épargnants : les emprunteurs doivent dégager sur le prix du travail qu'ils achètent la plus-value qui garantit le crédit et attire de nouveaux épargnants prêteurs.

Dans les transactions internationales privatisées, un salaire est un coût sur la solvabilité immédiate de l'emprunteur même s'il est le revenu qui financera la consommation future. En l'absence de règle internationale d'intégration du prix du droit du travail dans les prix, les liquidités supplémentaires produites par les banques centrales sont investies dans la croissance de la production là où le travail est sous-rémunéré ; soit en droit dans les pays sous-développés soit en monnaie dans les pays développés.

La mondialisation privée des échanges économiques ne contient pas de norme de protection des revenus du travail ; elle élimine de fait la hausse des prix à la consommation. En revanche, les excédents d'émission monétaire sont investis dans des actifs financiers et des biens durables. L'inflation se manifeste par l'appréciation des placements financiers indépendante de la production réelle effectivement financée.

Guerre civile mondiale contre les privilèges financiers

La capitalisation des entreprises cotées, les matières premières, la terre et l'immobilier augmentent indépendamment des perspectives réelles de bénéfice. Dans l'économie internationale non régulée par les droits du travail, l'inflation monétaire induit des bulles de spéculation financière et la volatilité des capitaux entre les monnaies. La masse mondiale des crédits peut croître beaucoup plus que la production réelle sans augmentation des prix à la consommation.

L'éclatement des bulles de plus en plus nombreuses et fréquentes impute les pertes de crédit aux épargnants financiers ; mais accroît aussi les dettes publiques des États qui protègent leurs épargnants. La supposée phobie des Allemands pour l'inflation est en fait une condamnation morale de la spéculation libre par le crédit. L'Europe germanique a une culture de la monnaie fondée sur le contrôle politique de la finance.

Si la BCE continue d'émettre de la monnaie au-delà des revenus effectivement épargnés par les Européens, il n'y aura pas d'inflation comme sous la République de Weimar mais une révolution comme sous la France de 1790 submergée d'assignats. La finance internationale s'est constituée en état virtuel de droit hors du commun de la démocratie politique.

Les définitions légales de la monnaie, spécialement aux États-Unis et dans la zone euro, accorde au système financier le privilège d'imposer des prix selon des intérêts particuliers exclusivement privés. Il en résulte un déséquilibre général des échanges désormais évident du marché mondial. L'intérêt public au plein emploi du travail selon les besoins de consommation exprimés, calculés et garantis ne peut pas être pris en compte dans les politiques monétaires asservies à la plus-value financière.

L'économie mondiale détruite par les monnaies non régulées

Depuis 1976, les accords internationaux de la Jamaïque ont entériné les changes internationaux flottant en dollar. Les déséquilibres de paiement des échanges de biens et services entre États de droit sont comblés par un crédit illimité en dollar. Il n'existe plus aucun critère de droit dans la fixation des parités internationales de change. L'inflation du crédit ruine les épargnants et les salariés mais ne provoque plus de hausse des prix à la consommation.

L'augmentation exponentielle de l'endettement public a masqué provisoirement le démantèlement international des droits du travail. La dette publique a soutenu des dépenses de consommation d'une production importée dont le prix ne rémunère pas les besoins humains qui la motivent. La monétisation des dettes publiques est l'ultime étape de désintégration de la monnaie non indexée sur les besoins humains vitaux.

La persistance est virtuelle du système actuel d'émission de la monnaie déconnectée de la réalité humaine. Les monnaies n'ont aucun pouvoir d'achat réel mesurable garanti au-delà des quelques jours de crédibilité que leur accorde les acteurs économiques. L'anticipation de la production s'effondre et sa représentation par l'épargne. Sans étalon international de crédit, le calcul économique détruit le travail qui rend les emprunteurs solvables.

L'étalon international de crédit signifie l'impossibilité de négocier le prix international des monnaies sans intégrer la rémunération du travail qui produira la contrepartie des dettes. Une telle impossibilité est effectivement réalisée par la convertibilité publique des monnaies qui soit distincte de la négociation des crédits internationaux. L'équilibre international des changes doit être négocié par des garants publics du droit indépendants des garants publics du crédit.

La monnaie empruntée aux étrangers ne doit pas être celle qui rémunère le travail. En distinguant un instrument de règlement exclusivement international de la monnaie de règlement national, les dettes publiques garantissent les droits du travail mais ne peuvent plus être limitées par la solvabilité internationale de la monnaie nationale. L'application nationale du droit est en équilibre nécessaire avec l'économie internationale par la parité de change nationale garantie par la prime de change en monnaie internationnale.

Ré-indexation de l'euro sur le prix réel du travail

La monnaie de crédit international dissociée de la monnaie nationale de rémunération du travail indexe le crédit sur les revenus réels du travail et non sur la plus-value financière qui le garantit. Dans le système international des monnaies préconisé par Keynes dès 1944, la compensation internationale des changes dans une monnaie internationale fixe un équilibre des parités monétaires sur le potentiel de production réel des économies nationales.

Les monnaies nationales se dévaluent ou se réévaluent en monnaie internationale selon l'efficacité du travail domestique à produire la contrepartie des emprunts de monnaie. Si l'Union Européenne convertit l'euro en monnaie commune des démocraties européennes, alors la BCE ne monétise les dettes publiques en monnaie nationale que dans la limite de solvabilité du travail des Européens dans leur monnaie nationale.

La fonction économique fondamentale des autorités publiques nationales redevient la promotion du travail domestique par l'application des lois, par l'investissement public, par l'assurance de l'équité et par la régulation du crédit domestique. Les préjudices infligés à la rémunération du travail par les défaillances de la régulation domestique du crédit sont sanctionnés par la dévaluation des monnaies en euro. La restauration du crédit de l'euro rétablit le droit de la démocratie.

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16 novembre 2011 3 16 /11 /novembre /2011 22:21

Paradigme européen de démocratie financière

Les négociations franco-allemandes sur la constitution de la Facilité Européenne de Stabilité Financière ont opposé deux conceptions de la régulation monétaire. Les Allemands sont attachés à une stricte proportionnalité entre l'émission monétaire par la banque centrale et les anticipations de la croissance réelle. La croissance allemande se décide et se construit au sein de la société par le fonctionnement de la démocratie.

Les Français ont avancé une vision plus volontariste de la monnaie. La monnaie est un instrument du pouvoir politique pour stimuler ou soutenir l'économie. Si la société ne parvient pas à trouver par elle-même les leviers de son développement économique, le risque de l'inflation monétaire mérite d'être courru. Entre visions germanique et latine de la monnaie, l'euro reste pour le moment officiellement du coté de la neutralité politique de la monnaie.

La monnaie outil démocratique du développement de l'économie

La question reste en suspens : existe-t-il un système monétaire qui puisse concilier la rigueur démocratique et la politique active de la monnaie ? Est-il possible de garantir la liquidité des finances publiques par la création monétaire centrale ? Y a-t-il un accord possible entre les conceptions monétaires des Français et des Allemands ?

La conception germanique de la monnaie indexée sur le marché et la conception latine de la monnaie outil de compensation des transactions peuvent se réconcilier dans un système commun de monnaies : euro monnaie commune de politiques monétaires nationales. L'euro est la monnaie de négociation européenne des monnaies nationales coordonnées par une politique européenne de développement.

Les monnaies du système commun européen sont émises comme conséquence d’un marché européen de compensation internationale des échanges économiques et politiques. En l’occurrence, les Européens restaurent des monnaies nationales convertibles uniquement en euro afin de construire la politique monétaire de développement commun.

Le pouvoir libératoire de l’euro serait strictement limité aux transactions interbancaires et inter-étatiques à l’intérieur de la zone euro. Dans tous les États de l’Union Européenne, le pouvoir libératoire des monnaies dans les transactions courantes est alors réservé aux monnaies émises par les banques centrales nationales (éventuellement associées entre pays économiquement et juridiquement homogènes).

L'euro monnaie de régulation financière

A l’intérieur de la zone euro, les États s’interdisent des crédits et des règlements internationaux autrement qu’en euro. Les dettes publiques sont converties en monnaie nationale mais garanties en euro par un marché officiel public de CDS en euro. La conséquence fondamentale de la compensation en euro des monnaies nationales de la zone euro est la couverture de toutes les dettes publiques et privées, bancaires ou non bancaires par les parités de change en euro.

Toute économie nationale surendettée pour une quelconque raison se dévalue en euro. La dévaluation est limitée par la compensation de la prime de change nationale contre les primes de crédit des débiteurs nationaux. Les parités de change internes à la zone euro sont intrinsèquement équilibrées par la solvabilité à terme et la liquidité instantanée. La liquidité résulte de l’ajustement des prix intérieurs à la production effective de biens et services.

La parité en euro est nécessairement déterminée par le crédit intérieur et extérieur alloué à l’offre nationale en réponse à la demande nationale et extérieure. De même la parité à terme compensée en euro est nécessairement en phase avec la solvabilité des agents économiques nationaux. Le prix des erreurs d’anticipation économique des créanciers est imputé sur les primes de crédit en euro souscrites par les garants des débiteurs. Tout débiteur garanti en euro doit rendre des comptes sur son activité réelle afin d’éviter l’effondrement de sa prime sous laquelle il peut emprunter.

L’euro monnaie commune indexée sur un marché européen de garanties de crédit en monnaies nationales non convertibles satisfait les Allemands. Il est impossible d’émettre de la monnaie hors d’un marché de légalité. Elle satisfait également les Français. Les budgets publics sont intégralement garantis : la parité monétaire nationale compensée en euro assure quoiqu’il arrive la liquidité domestique.

Equilibrer les monnaies par la logique

La dévaluation compétitive est sans intérêt puisqu’elle provoque une augmentation des primes de crédit en euro et le tarissement des crédits internationaux et intra-européens. La fuite des capitaux nécessaire à la dévaluation compétitive est légalement impossible à l’intérieur de la zone euro puisque toutes les sorties de capitaux sont tracées dans la compensation en euro. Non seulement les sorties de capitaux sont fiscalisées mais elles obligent à vendre la monnaie nationale contre euro et donc à rembourser les primes de crédit des créanciers extérieurs.

La compensation en euro interdit la dévaluation par des exportations clandestines de capitaux. Les capitaux libellés en monnaies nationales européennes sont inexportables par l’inconvertibilité des monnaies nationales dans la zone euro comme actuellement le yuan en dollar. Les créances des non-résidents sur l'Union n'ont de valeur juridique que libellées en euro. L’euro monnaie commune de monnaies nationales inconvertibles a pour effet de « re-symétriser » tout le système monétaire international.

L’Union Européenne n’utilise plus le dollar à l’intérieur de sa zone monétaire. Les banques de l’Union n’ont plus accès aux liquidités à la banque centrale nationale ou à la BCE si elles utilisent des dollars. La négociation financière en dollar à l’intérieur de la zone euro est inconvertible dans une quelconque monnaie de l’Union sans passer par la compensation commune et par la cotation du dollar en euro selon les règles de droit de l’Union.

La parité de l’euro en dollar est dé-privatisée. La parité du dollar en euro dépend des souscriptions de primes de crédit compensées en euro sur les débiteurs en dollar. Si les débiteurs en dollar sont plus solvables que les débiteurs en euro, le dollar se réévalue. Dans le cas contraire, l’insolvabilité des débiteurs dollar sur des créanciers couverts en euro provoque la dévaluation du dollar. Les mouvements du dollar face à l’euro sont sans impact sur la compétitivité internationale des Européens qui est mesurée par les parités nationales en euro.

Reposer sur le Droit le système mondial des monnaies

L’euro monnaie commune de compensation internationale en droit européen est de fait un étalon mondial de stabilité de la monnaie et du crédit. La Chine peut vendre l’intégralité de ses réserves de change en dollar pour les racheter en primes de crédit euro. Toutes ces réserves sont réinvesties par le système bancaire euro travaillant exclusivement en euro sans relations avec les systèmes bancaires nationaux européens autrement que par la compensation des changes et du crédit en euro.

Les banques en euro investissent dans les monnaies de leur choix mais en droit européen ; c'est-à-dire en se garantissant elles-mêmes par l’émission de prime de crédit sur leur propre capital et sur l’ensemble de leurs dettes. L’investissement par l’euro dans n’importe quelle monnaie produit une information transparente du créancier sur la nature des risques pris.

Les investisseurs chinois disposent en euro de la cotation du CDS sur le Trésor étatsunien comme de tous les Trésors nationaux de la zone euro. Ils disposent également de la cotation de la prime de change de toutes les monnaies du monde en fonction de la transparence en euro des débiteurs.

Le shadow banking et les paradis fiscaux sont privés de liquidités par la compensation publique en euro. La compensation européenne en monnaie commune est par construction un système de transparence comptable et juridique. Tout épargnant ou investisseur international en monnaie non compensée s’expose à l’illiquidité de son dépositaire ou de son débiteur. L’illiquidité d’une monnaie est visible en temps réel par la parité comptant en euro. Toute monnaie n’inspirant plus confiance est instantanément vendue en euro.

Marché mondial de transparence financière

La compensation fait monter la prime de crédit en euro de tous les débiteurs de la monnaie illiquide tandis que la parité comptant s’effondre. L’opacité financière est instantanément sanctionnée en euro par le retrait des créanciers et déposants internationaux de la monnaie opaque. La masse monétaire en euro est la mesure permanente totalement élastique de la transparence financière mondiale.

La hausse des primes de change et de crédit dans une monnaie est sans impact sur les autres monnaies puisque les mouvements sur les actifs réels sont observables séparément des mouvements financiers. L’euro monnaie commune d’un système européen de garantie du crédit opère la séparation entre finance et économie réelle. Séparation inexistante dans le non-système actuel fondé sur le dollar.

Dans le non-système dollar livre sterling, la spéculation financière n’est pas différentiable de la spéculation sur la réalité future incertaine. Dans la compensation en euro germano-latin, il n’est possible de souscrire ou de vendre des primes que sur des transactions portant sur le réel présent ou anticipé. Il est impossible de jouer avec des prix futurs sans s’exposer à payer le prix de ses erreurs d’anticipation. Les monnaies nationales sont alors la cotation en euro de la capacité anticipative réelle des système juridiques nationaux. L’économie financière est de nouveau strictement asservie à l’économie réelle.

Restaurer le paradigme de la démocratie

L’Union Européenne peut annoncer aujourd’hui-même la réforme de l’euro. Elle tue instantanément la spéculation financière ; resolvabilise les États par les dévaluations à venir des monnaies nationales ; et recapitalise ses banques par la réévaluation en euro des portefeuilles d’actifs réels et la dévaluation en monnaie nationale des portefeuilles de créances et de dettes.

Ce programme de refondation de la démocratie européenne doit être mis en œuvre par des gouvernements d’union nationale engagés dans la restauration des pouvoirs politiques au service des peuples. Une fois la démocratie restaurée, les débats politiques plus classiques pourront reprendre sur la meilleure politique sociale, économique, fiscale et budgétaire. Mais le contexte aura radicalement changé par la restauration de la responsabilité politique publique entre des nations différenciées par leur monnaie propre mais solidaires par l’euro.

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10 novembre 2011 4 10 /11 /novembre /2011 16:24

La monétisation des dettes publiques est de plus en plus évoquée comme solution provisoire voire définitive à la crise de l'euro. De quoi s'agit-il ? En temps normal, donc avant 2007, la Banque Centrale Européenne (BCE) émet de la liquidité en euro contre le dépôt de titres de dette publique. Pour 100 de monnaie émise, la BCE réclamait aux banques à qui elle prêtait environ 115 de « collatéral » en dette de la meilleure qualité ; 115 d'une dette qui selon les marchés et selon les agences de notations vaudrait effectivement 115 à l'échéance après paiement du principal et des intérêts contractés à l'origine.

Perte de la monnaie sûre

Adossement de la monnaie au crédit

A partir de la crise des subprimes, la BCE doit faire face à une crise de liquidité du marché inter-bancaire européen. Certaines banques n'inspirent plus confiance du fait de l'accumulation non clairement mesurée d'actifs toxiques dans leurs comptes. La BCE devient alors moins exigeante pour ses allocations de liquidité. Elle abaisse le rapport de couverture de ses émissions par le prix des titres qu'elle prend en garantie.

Depuis 2007, le prix de marché total des titres de dette déposés à la BCE contre le montant des euros prêtés aux banques n'a cessé de baisser. Le prix de marché du collatéral déposé à  la BCE est nettement en dessous de la liquidité détenues par les banques dans leurs comptes de dépôt centraux. Le taux de couverture de l'euro par la dette en euro reste néanmoins au-dessus des taux correspondant pour le dollar ou la livre sterling.

La politique de « quantitative easing » (QE) de la Fed et de la Bank of England a explicitement consisté à racheter sur le marché financier secondaire des titres de dette décotés. Pour 100 de monnaie émise, la Fed et la BoE ont récupéré des titres cotant par exemple 80 pour un nominal de 100. Le QE consiste à émettre plus de monnaie que la valeur probable de remboursement des titres de crédit à l'échéance.

Monnaie de droit incertain

Dans le QE, le critère quantitatif d'émission de la monnaie par la banque centrale n'est plus le crédit certain mais le crédit incertain ; le crédit dont le prix de marché est inférieur au prix nominal remboursable à l'échéance. Depuis le début de la crise des dettes publiques dans la zone euro, la BCE s'est mise au QE par nécessité. Elle rachète des titres publics en dessous de leur valeur nominale pour empêcher le taux d'intérêt propre à l'émetteur de monter ; et pour ne pas enregistrer des pertes dans ses comptes.

Quand un titre vaut sur le marché moins que la monnaie récupérée par son émetteur, cela signifie que les acheteurs potentiels du titre anticipent que la monnaie en général va perdre du pouvoir d'achat ou que l'emprunteur en particulier ne pourra pas rembourser toutes les unités monétaires empruntées. Le taux d'intérêt de marché d'un titre estime à la fois la contrevaleur de la monnaie à l'échéance et le crédit de l'emprunteur.

Le rachat aux institutions financières de dettes publiques de la Grèce, de l'Espagne, de l'Italie et du Portugal par la BCE en dessous du prix nominal des titres en monnaie fait prévaloir la définition juridique de la monnaie sur la valeur empirique de marché. En l'occurrence, l'inexistence juridique du défaut d'un État dans la zone euro autorise la banque centrale à acheter des titres publics comme s'il était impossible qu'ils ne puissent pas être intégralement remboursés.

Monétisation des dettes publiques, quelle finalité ?

Spéculations juridiques et financières

La monétisation de la dette publique est l'affirmation par la banque centrale qu'une unité de compte du prix de la dette publique ne peut pas avoir moins de valeur qu'une unité de monnaie. Autrement dit, les marchés sont réputés se tromper s'ils anticipent une perte de valeur de la monnaie par l'achat de titres publics nettement en dessous de leur prix nominal.

La monétisation des dettes publiques en dollar, euro et livre sterling est un pari sur le fait que le marché n'aura pas le dernier mot quant à la vraie valeur de la monnaie en crédit public. Ce pari affirme que l'utilisation de la monnaie par l'emprunt public est nécessairement efficace ; que la dépense publique ne peut pas produire moins de richesses qu'elle en distribue en monnaie ; qu'il est impossible que l'Etat ne rembourse pas l'intégralité de la richesse qu'il a promise et empruntée.

Du point de vue empirique du marché, la monétisation des dettes publiques permet de jouer avec la parole publique qui dit et applique la Loi. Ceux qui ne croient pas à la capacité réelle des États à respecter leurs promesses vendent des assurances sur le crédit public. Plus la parole publique apparaît douteuse quelles qu'en soient les raisons, plus les vendeurs du crédit public s'enrichissent par l'augmentation des primes de crédit ; primes que les véritables prêteurs achètent quand ils perdent confiance dans la parole publique.

Contradictions et négations

Les partisans de la monétisation des dettes publiques font valoir qu'un privilège d'accès public à la liquidité centrale diminue le taux d'intérêt et par conséquent la charge d'intérêt pesant sur le contribuable et l'économie réelle. Mais l'argument factuellement vérifié cache deux positions contradictoires quant à la logique de régulation des marchés financiers par la régulation de la monnaie.

La première position ne veut pas ou ne sait pas réguler les marchés. Elle affirme qu'il faut réserver l'appréciation du crédit public à la banque centrale qui fournit directement aux États la liquidité correspondante. Mais cela signifie soit que les États déterminent la politique des banques centrales quel que soit l'équilibre final des finances publiques, soit que les banques centrales contrôlent les budgets au-dessus des parlements.

La deuxième position pose une hypothèse de direction publique des marchés. Comme les intérêts particuliers ne sont pas efficients à déterminer un équilibre général des prix comptant et à terme, la puissance publique détermine sa propre capacité d'emprunt en fixant les principaux prix ; c'est à dire en dirigeant l'économie. Les États étant divisés, les marchés doivent être cloisonnés et les prix internationaux fixés par des accords politiques internationaux.

L'économie en conflit avec la politique

Le mode « libéral » de monétisation des dettes publiques soumet la stabilité monétaire à la discipline budgétaire du pouvoir politique exempté de contrainte économique au présent ; ou bien à la planification économique par la banque centrale exemptée du contrôle de la démocratie. La finance non régulée par l'intérêt général continue de faire des plus-values sur les erreurs politiques de la banque centrale ou sur les erreurs économiques du pouvoir politique.

Le mode autoritaire de monétisation de la dette publique casse la spéculation financière en supprimant la libre négociation des prix de l'investissement et du crédit. Comme en Chine, les banques deviennent des administrations publiques. Elles déterminent les prix et la distribution des richesses par l'octroi de crédit selon les priorités et les préférences du pouvoir en place.

Autoritaire ou libérale, la monétisation de la dette publique fusionne le pouvoir politique et le pouvoir financier. Elle supprime la responsabilité financière personnelle du crédit : de celui qui prête, à assumer la possible incapacité de l'emprunteur à tout rembourser ; de celui qui emprunte, à fournir une comptabilité réaliste de sa capacité à rembourser. L'irresponsabilité financière dissocie la parole de la réalité ; elle rejette le coût de l'incertitude et de la démagogie sur les faibles non initiés aux arcanes de la finance.

Système de réconciliation

Compensation publique des primes d'assurance

L'alternative à la monétisation des dettes publiques est la multinationalisation des assurances de crédit ; donc la régulation financière par la compensation publique des primes d'assurance du crédit des États, des banques centrales et des banques. La compensation internationale est déjà pratiquée hors de tout contrôle public à l'intérieur de la gestion comptable des opérateurs financiers multinationaux.

La compensation privée actuellement en vigueur peut être simplement doublée par une compensation publique dans un étalon de crédit multinational ; par exemple l'euro transformé en monnaie commune ou le panier de monnaies du Droit de Tirage Spécial (DTS) muté en monnaie émise par le FMI. Les monnaies libellant les dettes sont alors cotées par les primes de crédit des banques centrales.

Dans une compensation générale des primes de crédit où la monnaie étalon est émise à proportion de l'équilibre des achats et ventes de prime, la parité de change des monnaies en étalon multinational s'ajuste en fonction de la solvabilité de l'ensemble des emprunteurs. Si un État se trompe dans ses anticipations budgétaires ; si une banque centrale se trompe dans l'évaluation de la qualité générale des crédits consentis dans sa monnaie ; ou si les banques se trompent dans l'évaluation de la solvabilité de leurs débiteurs, la monnaie mal gérée est automatiquement dévaluée.

Restructuration permanente des dettes par le réel anticipé

Les ventes de prime dans la compensation multinationale publique indiquent une émission effective de dette ; ou la défiance avérée dans un émetteur de dette ; ou le calcul de la part non remboursable d'une dette à l'échéance. Les trois causes de vente du crédit d'un débiteur ont trois conséquences. Elles informent le débiteur des doutes qu'il inspire avant qu'il n'emprunte davantage. Elles informent le marché de sa capacité à assumer les pertes des débiteurs. Elles informent l'économie des limites présentes de l'anticipation du futur.

Le principe d'assurance efficiente du crédit dans la compensation générale en monnaie multinationale est l'achat réel des pertes de crédit potentielles de tout emprunteur. Dès qu'un emprunteur public ou privé, bancaire ou non, voit sa prime de crédit tomber à zéro, toutes les primes de crédit antérieurement achetées pour garantir le débiteur vont réduire la dette par remboursement anticipé des créanciers.

Les garants d'une dette en monnaie multinationale sont appelés en compensation jusqu'à ce que la réduction de la dette soit suffisante pour que de nouveaux acheteurs de la prime se présentent pour garantir l'encours résiduel. Comme toutes les primes sont compensées sur un même marché, les garants des États limitent leurs risques en vendant la prime des banques centrales et des banques. De même les garants des banques se protègent en vendant la prime des banques centrales et des États ; et donc en faisant baisser la parité de change en monnaie multinationale.

La réalité financière humainement lisible

La compensation en monnaie multinationale crée financièrement trois réalités indépendantes et ajustables là où il n'en existe que deux actuellement en conflit irrémédiable. La réalité de la finance est vouée par l'étalon de crédit multinational à rechercher en permanence l'équilibre entre la réalité de l’État de droit financée par les dettes publiques et la réalité de l'économie des échanges financée par le capital des agents économiques.

Dans l'actuelle organisation financière du monde, les acteurs financiers publics et privés sont autorisés à mélanger la mesure du capital et la mesure du crédit. Les banques et les États dissimulent leur solvabilité réelle en décidant par eux-mêmes ce qui est dans leurs comptes, capital ou crédit. Les banques centrales sont donc aveugles pour émettre de la monnaie contre du crédit vraiment garanti par du capital.

Avec un étalon de crédit multinational compensé infongible dans les monnaies nationales, les souverainetés nationales sont évaluées par la parité monétaire en monnaie multinationale. Les pays maîtrisant leurs finances publiques, régulant leur système financier et exportant des richesses réelles attirent des primes de crédit dans leur monnaie. Alors la finance devient la construction du réel par les droits de l'homme.

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4 septembre 2011 7 04 /09 /septembre /2011 19:24

Sous le paradigme de la monnaie d’option, l’actuel conflit entre les États et les marchés financiers sur l’évaluation des dettes publiques s’analyse par l’absence de principe international commun de régulation du crédit. Les systèmes politiques rivaux restent financièrement non coordonnés y compris à l’intérieur de la zone euro. Cette analyse résulte de la théorie keynésienne de la monnaie qui a été interprétée en dehors du principe de compensation internationale qu’elle contient et qui la fonde.

Le système financier émet de la liquidité internationale sans règle de crédit international. Le dollar couvre sans limite les déficits publics et commerciaux des États-Unis. L’ensemble du monde porte un risque de crédit réel non calculé sur l’économie des États-Unis ; ainsi que sur les autres économies émettant des monnaies de réserve. La dévaluation latente du dollar par le risque de crédit induit une contraction potentielle de la liquidité internationale entrainant une pression déflationniste ; le portage de pertes de crédit latentes sur les emprunteurs en dollar induit la défiance générale dans les anticipations de prix.

La prédation financière analysée

Les produits dérivés, notamment les CDS, sont négociés hors de toute compensation internationale transparente des prix, des primes et des engagements. La spéculation internationale fait varier le prix des primes de crédit et des primes de change des emprunteurs potentiellement insolvables. La masse mondiale de crédits déconnectée des capacités à terme de remboursement de l’économie mondiale crée l’évidence d’emprunteurs surendettés sans qu’ils soient formellement identifiables. L’absence de comptes transparents et mondialement consolidables des relations entre emprunteurs systémiques comme les États, les banques et les firmes multinationales rend l’insolvabilité arbitraire.

La spéculation sur les primes de CDS utilise l’insolvabilité probable mais non avérée des emprunteurs systémiques pour réaliser des plus-values sans contrepartie. Le coût de la liquidité assumé par l’économie réelle est artificiellement majoré. Plus la masse mondiale des crédits diverge de la solvabilité réelle des emprunteurs, plus la spéculation financière est rentable. Les plus-values financières assèchent la liquidité mondiale. La dissipation de la liquidité appelle un endettement qui aggrave la probabilité d’insolvabilité générale ; les primes de crédit montent à la discrétion des banques sans probabilité objective.

L’absence de monnaie juridiquement internationale interdit l’adossement de la liquidité internationale à des actifs vraiment internationalisés. Les opérateurs financiers font circuler les capitaux d’une zone monétaire à l’autre afin de montrer leur potentiel de nuisance sur la liquidité des économies domestiques. Ils attisent les rivalités nationales par des comparaisons de performance sur les différentiels de rendement dont ils maîtrisent l’affichage. Les États surendettés se battent pour la liquidité et renoncent à toute régulation internationale du crédit.

Responsabilité des États

La neutralisation du pouvoir régulatoire des États repose sur l’idéologie de la monnaie objective gérée par des experts réputés omniscients. Les banques centrales déclarées indépendantes sont leurrées à partir des paradis fiscaux où sont dissimulés les liquidités et les risques qu’elles doivent pourtant mesurer pour calibrer leurs crédits au système bancaire. Les institutions financières acheteuses de liquidité centrale interprètent sans risque de contradiction les contrats et règles comptables qui mesurent leurs risques.

L’arbitrage réglementaire et la délocalisation financière (shadow banking) permettent la domiciliation des engagements financiers là où le prix nominal apparaît le plus favorable. L’absence de compensation internationale publique et transparente rend impossible la vérification du droit. L’adossement réel des ventes aux achats n’est pas exhaustif. Le calcul des pertes éventuelles de crédit n’est pas vraiment objectif. La circulation non vérifiable des capitaux flottants induit une croissance du crédit non compensable par l’économie réelle. L’explosion des dettes publiques après la crise des subprimes rend l’imputation des pertes de crédit indispensable entre les États, les banques et les emprunteurs réels ; faute de quoi, la confiance des prêteurs ne pourra plus trouver de fondement.

Pour localiser les pertes de crédit et restaurer indubitablement la liquidité, il faut identifier les emprunteurs et les prêteurs véritables ; mesurer les vraies dettes et les vrais potentiels de remboursement sous-jacents. Toutes ces mesures existent déjà à l’intérieur des comptes publics et privés mais ne sont pas couvertes par des fonds propres suffisants. Sans compensation internationale dans une même unité de compte juridique, les pertes internationales restent cachées. Le système financier se fige dans la falsification des prix réels par les prix nominaux.

Mécanique financière de la compensation des primes

La restauration de la liquidité internationale requiert une compensation des pertes de crédit par le potentiel réel de production de biens et services des emprunteurs et des investisseurs. Elle implique une chambre de compensation multinationale des primes des crédits engagés dans les monnaies actuelles. Primes de crédit des États, des banques et de tout opérateur réel emprunteur ou investisseur international. L’équilibre de la première compensation effective des primes de crédit et primes de change définit un étalon monétaire international ; une unité d’intelligibilité commune des prix cotés en valeur réelle internationale stable dans le temps.

Le but de la compensation est de rendre transparente l’option du prix réel par le prix nominal dans n’importe quelle monnaie. Au lieu d’opérer cette compensation à l’intérieur des bilans financiers internationaux selon des règles hétérogènes, interprétables et finalement opaques, un marché officiel international transparent affiche les prix nominaux par le prix des primes du prix réel à terme. Le prix nominal international passe par une double conversion des monnaies nationales ; d’abord par la prime de change puis par la prime de crédit de l’emprunteur.

La monnaie commune est émise par les appels de marge entre acheteurs et vendeurs primaires issus de la compensation. La compensation porte à la fois sur l’équivalence des droits entre engagements, secondement sur le prix nominal équilibrant les offres d’achat et les offres de vente et enfin sur les primes garantissant les offres d’achat et les offres de vente. Le compensateur de chaque nature d’engagement est acheteur primaire auprès des vendeurs réels, du risque juridique d’erreur sur l’équivalence des engagements compensés.

Le compensateur est garant du droit de l’acheteur final. L’acheteur primaire est garant du prix livré à l’acheteur final. Le vendeur primaire est garant du crédit du prix livrable à l’acheteur final. L’acheteur primaire du crédit est garant du vendeur primaire ; lequel est garant du vendeur nominal emprunteur du crédit.

Le principe de réalité de la compensation internationale est l’interdiction des primes négatives sur des prix nominaux cotés. L’interdiction s’applique au prix à terme d’un objet de crédit et au prix réel comptant à l’échéance de l’objet. L’acheteur à terme est certain du prix réel qu’il paie et le vendeur à terme du crédit perçu sur la vente anticipée par la compensation.

Si une prime apparaît négative sur un prix nominal compensé, alors le vendeur primaire en touche le prix des acheteurs primaires. L’acheteur primaire est investisseur débiteur potentiel en monnaie des pertes possibles à terme au vendeur engagé dans le prix nominal. La prime de crédit négative est une présomption de perte nette sur le crédit : elle est immédiatement imputée sur le garant du crédit. Le prêteur qui n’est pas acheteur de risque de crédit éprouve la certitude visible du prix à terme de son épargne.

Si d’une compensation à l’autre une prime de crédit baisse sur l’échéance d’un même sous-jacent, les acheteurs primaires sont crédités de la variation ; ils assument concrètement le prix du bénéfice de crédit de l’emprunteur aux dépens provisoires des vendeurs primaires qui portent le prix du risque de crédit. Si la prime d’un crédit monte d’une compensation à la suivante, les vendeurs primaires qui avaient perçu le crédit de la prime, reversent la variation de la prime aux acheteurs primaires du crédit. Les acheteurs primaires du crédit augmentent leur débit potentiel à terme.

Stabilisation réciproque des monnaies par le crédit

Acheteurs et vendeurs primaires sont garants les premiers du prix à terme réglé par l’acheteur nominal et les seconds du prix à terme réglé par le vendeur nominal à ses créanciers. Les acheteurs primaires off shore n’ont aujourd’hui aucune obligation formelle vis-à-vis des porteurs du risque réel acheté on shore en monnaie. Dans la chambre de compensation internationale, ils sont soumis à des appels de marge au fur et à mesure d’une dégradation du risque réel. La stabilité absolue des crédits engagés en monnaie internationale implique que la masse monétaire se proportionne aux primes de crédit nécessaires pour couvrir les prix à terme.

La compensation internationale des primes crée la possibilité d’un lien de solidarité réelle entre les vendeurs de risque de crédit (vendeurs de Credit Default Swaps) et les propriétaires de capital garants de la gouvernance des prix en droit de l’économie réelle. La chambre de compensation internationale crée l’intérêt du vendeur de CDS à acheter du capital de l’emprunteur afin de modérer l’endettement selon son appréciation de ce qui peut être effectivement produit. Le vendeur de CDS prudent est obligé de couvrir son risque en effort d’appréciation de la solvabilité réelle de l’emprunteur dont il possède le prix par la prime de CDS.

Dans le cas des États, l’intérêt du vendeur de CDS pour la régulation de la dette de l’emprunteur vendu se manifeste par l’achat de la prime de change de la dette publique. Une prime de change est une prime de crédit sur la base monétaire émise par la banque centrale. L’État garant d’une banque centrale est porteur du risque mesuré par la prime de change.

En faisant coter sa prime de crédit en monnaie internationale, un État oblige les opérateurs financiers vendeurs de son crédit en monnaie internationale à couvrir leur risque par l’achat de la parité internationale de change. Faute de quoi, la perte de crédit international d’un État provoquant la hausse simultanée de la prime de crédit et la prime de change, le vendeur de CDS de crédit public subit un double appel de marge.

L’incapacité d’un État à assumer par son crédit le risque de crédit de l’émission monétaire centrale entraîne des pertes pour les vendeurs effectifs du crédit public et de la parité. La logique de la compensation implique de soutenir la banque centrale qui tient compte du surendettement éventuel des États qui en sont actionnaires ou de soutenir le crédit des États actionnaires d’une banque centrale exposée au risque de dépréciation de son émission monétaire.

La compensation internationale publique transparente des primes de crédit et des primes de change crée un échange de véridicité des comptes des emprunteurs publics et bancaires contre la liquidité internationale fournie par les acheteurs primaires du crédit et du change. La véridicité des comptes publics et bancaires est alors la prime du risque de transparence comptable en droit. La compensation internationale rend la définition du risque et du crédit opposable à égalité aux résidents et aux non-résidents.

L’engagement international de tout investisseur primaire dans le crédit des États et des banques est attractive pour les détenteurs de réserves de change. Ils mesurent en temps réel le risque de crédit sur les emprunteurs et sur les monnaies dans lesquelles ils se placent. Ils ont également la faculté d’acheter les primes pour se couvrir selon leur perception active des risques réels.

Rétablissement de la rationalité économique

La mise en œuvre d’une compensation internationale des risques de change et de crédit et la restauration des monnaies nationales des pays en défaut de paiement sur leur dette publique restaure instantanément la solvabilité des États et des monnaies. Le dollar, l’euro, la drachme et la peseta se dévaluent en monnaie internationale à la parité de change qui rétablit la solvabilité à long terme des États et de tout emprunteur. Les Chinois et autres créanciers nets du monde retrouvent le prix réel de leurs réserves de change par la maîtrise de leur parité en monnaie internationale et la réévaluation marchande de leur parité dans les monnaies surendettées.

Par la compensation internationale des risques, l’Union Européenne est en mesure de restructurer ses budgets, ses dettes et ses monnaies sans détruire la croissance réelle. Les salariés devenus non compétitifs à cause de la parité artificielle de l’euro sont remis au travail. L’euro n’est plus une monnaie de réserve internationale ni la monnaie commune de pays qui divergent quant à la discipline budgétaire et aux garanties sociales du travail et des personnes. Les solidarités juridiques et financières qui découlent de l’Union politique ont un coût et un résultat calculable. Les budgets publics nationaux et communautaire affichent la réalité des primes de crédit public et des primes de change cotées sur un marché international régulé.

La compensation est enfin un moteur de régulation financière. Les budgets publics cessent de racheter les pertes indéfinies du système bancaire. Ils obligent les opérateurs financiers à émettre une prime de CDS sur leur passif afin d’acheter des liquidités aux banques centrales. Toute institution financière souhaitant s’autoréguler n’a plus accès aux banques centrales mais se procure de la liquidité exclusivement par des ventes d’actifs sur les marchés de son choix. Tout créancier d’un opérateur financier non coté en compensation internationale assume sur son seul patrimoine son risque de contrepartie.

La chambre de compensation internationale peut résulter de la réforme du FMI ou être créée de toute pièce par l’Union Européenne ou toute autre coalition multinationale. Elle constitue pour ses pays fondateurs un engagement de responsabilité publique d’un bien commun national et international. Tout pays ou personne allergique à la responsabilité financière devient clairement identifiable. Les épargnants apprécient leur intérêt en toute liberté par les primes auxquelles ils souscrivent.

La démocratie responsable de la finance

Les gouvernements et les partis politiques de l’Union Européenne ont par la compensation en monnaie internationale l’opportunité d’engager les États dans la transparence financière de leurs comptes et de leurs décisions. Les opinions publiques gagnent un critère objectif d’appréciation des intentions réelles de leurs élites politiques. Les efforts demandés aux citoyens pour redresser l’économie de leur démocratie sont vérifiables dans les comptes des banques et des États et partageables avec les élites dirigeantes.

L’illiquidité actuelle du système monétaire et financier international tient à l’inexistence d’une rationalité vérifiable du prix par le droit. L’espace international autorise la finance à se soustraire de toute autorité publique ; son illiquidité est imminente par l’épuisement du potentiel de garantie publique.

La compensation internationale des primes de crédit et de change restaure un espace international de droit négociable par la monnaie. Sans rationalisation internationale du crédit et de la convertibilité des monnaies, l’État de droit disparaîtra par la décomposition des solidarités nationales et internationales. Les démocraties réclament les comptes de la justice : la compensation internationale en est l’outil.

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3 juillet 2011 7 03 /07 /juillet /2011 22:28
Conséquences du processus de numérisation de la création monétaire ; condition d'une responsabilité numérique du prix

La numérisation du savoir a fait émergé une finance déconnectée de toute réalité observable. Une nouvelle étape se franchit où la numérisation totale de la monnaie détache l'économie du prix de toute qualification de bien commun. La raison d'être des sociétés politiques disparaît. La contreparite de l'émission monétaire échappe à toute loi publique. La valorisation des objets d'échange devient entiièrement privée. Les États de droit ne peuvent plus être financés. La finance n'est plus possible que dans la mystification.

La numérisation du savoir est utilisée comme dissimulation du sujet de la responsabilité du prix. Les prix sont réputés entièrement déterminés par un système échappant à toute décision humaine. Toute humanité est asservie à l'intelligence subjective d'une finance privée opaque au raisonnement objectif. Cette forme d'intelligibilité du monde exclut toute société de légalité libre de l'échange.

Le sens de la numérisation peut s'inverser en reconstituant le marché qui rende visible les objets et les sujets dans un même espace d'intelligibilité. Il suffit de numériser l’existence de l'État de droit en vérifiant le nom des personnes physiques à l'origine de toute transaction. La monnaie est alors recréée comme relation publique stable quantifiée entre un sujet responsable et un objet quelconque promis par un prix. L'adoption publique de cette réforme déjà empiriquement engagée met immédiatement fin au démantèlement financier de la civilisation humaine.

1 Monétisation de la métaphysique ; 2 Monnaie totalement numérique ; 3 Déshumanisation du prix ; 4 Subversion du droit par la monnaie ; 5 Le chaos numérique ; 6 Les droits de l'homme effacé ; 7 Politique de la finance d’annihilation ; 8 La réalité détruite par le prix ; 9 Le suicide de l'Europe ; 10 Structure marchande de la liberté ; 11 La liberté du nom ; 12 Responsabilité libre du nombre ; 13 Substantification numérique du droit ; 14 Option numérisée de la réalité du prix ; 15 Le travail formellement inaliénable ; 16 Équilibre humain de marché ; 17 Représentation numérique du crédit ; 18 Prix de la nationalité du droit ; 19 Garantie numérique de la plus-value d'humanité ; 20 Couverture numérique de la valeur du réel ; 21 Système de garantie des monnaies ; 22 Responsabilité nominale de la valeur

Monétisation de la métaphysique

La mondialisation et l'informatisation de la connaissance humaine ont des conséquences très concrètes sur la monnaie et la finance. La monnaie est une matière métaphysique ; elle peut exister hors de toute visibilité dans la réalité physique. C'est une matière virtuelle ; une représentation de la matière physique des objets de valeur, de droit et de prix entre les hommes. Monnaie, valeur, droit et prix sont les formes que le sujet humain d'intelligence accorde aux objets qu'il choisit d'échanger. Le Droit délimite les fins humaines que la société admet comme facteur de valeur. Le Droit confirme la valeur des objets échangés par des prix matérialisés en monnaie.

Régler un achat en monnaie dans une société civilisée signifie que le vendeur cède un objet concret dont le prix représente une valeur reconnue licite. La licéité signifie la finalité admise par la société donnée par le vendeur à l'objet investi par la finalité de l'acheteur. Il n'est aucune nécessité qu'un paiement en monnaie soit physiquement matérialisé pour qu'il remplisse une finalité en droit. Il suffit qu'il soit inscrit quelque part dans les comptes d'un intermédiaire. Cet intermédiaire est dépositaire du prix limité de toute chose. Le transfert au vendeur de la matérialité de tout prix le rend créancier du dépositaire à la place de l'acheteur.

Monnaie totalement numérique

La mondialisation et l'informatisation du traçage des crédits fait que l'intermédiaire de paiement en monnaie peut être totalement délocalisé par rapport à l'échange de l'objet concret. La téléphonie mobile et les cartes à puce permettent d'anonymiser totalement la relation entre les intermédiaires financiers et les utilisateurs de la monnaie. Un prix de règlement peut désormais être associé à des objets hors de toute question de droit, c'est à dire de jugement sur la finalité humaine de l'échange.

Le téléphone mobile est un porte monnaie électronique associé à un numéro de téléphone. N'importe quelle banque dépositaire de monnaie peut verser de l'argent sur le numéro de téléphone sans connaître l'utilisateur du téléphone. Les paiements se font par messages désignant le numéro de téléphone récepteur du transfert de monnaie. La carte à puce transporte la monnaie électronique d'un numéro de téléphone dans la réalité physique visible. Le lecteur de carte connecté au réseau téléphonique et à l'internet permet des paiements d'achats réels avec les terminaux connectés au système interbancaire officiel.

Déshumanisation du prix

A la différence des anciennes formes de monnaie électronique, la monnaie téléphonique est totalement numérisée et délocalisée. Les paiements se font entre des comptes bancaires totalement numériques dans des systèmes juridiques qui n'exigent pas l'identification nominative de la détention de monnaie ; c'est à dire l'attribution du crédit bancaire à une personne physiquement reconnue ou à une personne identifiée par son nom d'état civil.

La monnaie totalement numérique accorde des droits d'achat totalement anonymes à des personnes physiquement invisibles donc totalement irresponsables en droit positif. L'émission monétaire devient totalement privée, totalement dématérialisée et parfaitement insaisissable même dans les pays de droit où la puissance publique assume ses responsabilités de police et de justice. L'économie hors la loi peut fonctionner en absolue liberté financière sans laisser aucune trace.

Subversion du droit par la monnaie

Un même espace économique avec un même système de prix objectif réunit des zombies juridiquement irresponsables avec des citoyens qui respectent la loi et paient leurs impôts. Or la fiscalité prélevée sur les prix est le prix de l'application de la loi et de la justice. La fiscalité finance normalement la définition concrète de la propriété des objets ; elle a pour finalité de protéger l'intégrité des sujets entre eux par rapport aux objets.

La monnaie totalement numérique confond dans une même économie les activités légales fiscalisées et les activités déloyales invisibles et non localisables. La base fiscale des États de droit se réduit aux salaires versés en monnaie publique et à l'économie officielle physiquement dépendante de la protection publique. Le maintien des services publics de police, de justice, de protection sociale et de développement des personnes se trouve contraint par la diminution des ressources publiques. La privatisation de la monnaie rend l'état de droit non rentable.

Le chaos numérique

La dévalorisation monétaire de l'état de droit lui retire toute légitimité. Il devient économiquement absurde de payer des impôts et de financer le bien commun de l'intérêt général. La disparition de l'intérêt général abolit l'intérêt particulier au bien commun. Le citoyen disparaît dans l'individualité ; l'individu impersonnel est totalement déterminé par des hiérarchies de prix en monnaie numérique.

La cause des hiérarchies de prix en monnaie numérique est inintelligible : elle ne renvoie à aucun sujet responsable, à aucun choix de valeur dans l'infinité des objets représentés. Il n'existe plus qu'une liberté de la matière métaphysique sans finalité. La matière physique n'est plus régulée que par le nombre. La matière n'a plus de propriété : la propriété juridique disparaît. L'homme retourne à l'état matériel de la nature sans forme ni fin. Il n'a plus aucune spécificité dans l'état matérialiste du monde.

Les droits de l'homme effacé

La monnaie totalement numérique fait advenir le monde pythagoricien totalement numérique. Un monde sans sujet, sans personne, sans valeur, sans état de droit, sans propriété et donc sans finance. L'abolition formelle de la volonté d'un acheteur et d'un vendeur dans un paiement totalement numérique engage la destruction de l'homme. Toute finalité est effacée ; non visible par la société. La responsabilité personnelle dans une relation d'égalité de droit avec les autres citoyens ne peut plus exister.

Le marché est le lieu d'existence de la démocratie dans la mesure où il rend visible en même temps la matérialité, la formalité et la finalité des échanges. La monnaie totalement numérisée dissocie absolument la matérialité de la formalité. La matérialité physique ne peut plus être vue en même temps que la matérialité métaphysique de la monnaie. Il devient absolument impossible d'identifier le moindre droit donc la moindre finalité dans un prix. La responsabilité de la fin des choses échangées n'existe plus.

Politique de la finance d’annihilation

L'invisibilité de l’État de droit induit sa destruction matérielle donc la destruction de la vie sociale. Ce processus est engagé en Grèce par la logique financière débarrassée de toute considération de finalité humaine. A l'origine, la finance est une activité métaphysique de quantification des limites du monde physique dans l'espace et le temps. La quantification monétaire vise à servir la réalisation des fins humaines par leur hiérarchisation selon leur degré de possibilité dans la matérialité physique et leur degré de valeur dans la métaphysique de la finalité humaine.

Avec la numérisation totale de la monnaie, toute finalité disparaît dans l'abstraction formelle de la réalité physique. La dette publique grecque non remboursable à hauteur de 30 à 50% de son prix nominal doit néanmoins être remboursée à 100%. Pour extraire de la réalité grecque le prix financier d'une valeur qui n'existe pas, l'empire européen mandataire de l'autocratie financière mondiale déstructure la démocratie grecque.

La réalité détruite par le prix

Le prix de l’État de droit grec est arbitrairement réduit afin d'accroître le prix virtuel d'une valeur privatisable saisissable par les créanciers numériques de la Grèce. La négation financière de l’État de droit en Grèce entraîne sa décrédibilisation financière mais surtout politique. L'activité économique des Grecs bascule dans l'invisibilité numérique. Les recettes fiscales grecques vont disparaître à proportion de la diminution des services publics.

La monnaie numérique accorde aux individus la totale maîtrise de la valeur sous-jacente au crédit. Le crédit est dissocié de toute citoyenneté dans un système de droit quelconque. La valeur légale de la monnaie officielle provient du crédit nominal enregistré dans les comptes financiers régulés. La numérisation totale de la monnaie détruit toute régulation du crédit par la réalité visible. Le crédit n'a plus de valeur collective ; la loi commune n'a plus de valeur et plus de prix.

Le suicide de l'Europe

La faillite financière de la démocratie grecque est donc la faillite politique de toute démocratie. Les États de droit ne sont plus financés par des sociétés de citoyens mais par la monnaie numérique d'individus sans bien commun. Toute autorité politique est systémiquement illégitime dès lors que l'intérêt général n'est plus matérialisable.

La destruction par les institutions européennes de l'obligation de financement de l'intérêt général en Grèce détruit la garantie publique de l'intérêt particulier dans l'Europe entière. Il n'existe plus en Europe d'intérêt rationnel particulier à financer une légalité publique. La matérialité métaphysique de la monnaie n'est plus déterminée par la réalité physique du bien commun. La démocratie européenne se suicide en Grèce. Elle va entraîné toute notion humaine de légalité dans le néant de la finance numérique. Les États-Unis et la Chine sont au comble de l'inquiétude.

Structure marchande de la liberté

La démocratie européenne qui existe par la régulation publique du marché se suicide par la virtualisation numérique des règles de l'échange. La civilisation européenne sait que le sens de la règle vient du sujet et non de l'objet. Mais ne croyant pas pouvoir échapper aux logiques de domination inter-subjectives, elle pense résoudre ses problèmes en abolissant le sujet comme dans l'empire chinois. La loi n'est plus délibérée, n'est plus applicable et n'est donc plus financée.

Si les européens reviennent à la réalité grecque des conditions de fondation de leur civilisation, il n'est pas impossible de redécouvrir le marché comme origine matérielle de la démocratie. Si la démocratie est formellement l'égale valeur des finalités individuelles dans la société humaine, alors elle se réalise par une agora ou tout citoyen est physiquement admis à l'égal des autres à échanger la matière nommée de ses idées libres.

La liberté du nom

La numérisation de la relation humaine peut servir l'objectivité comme la subjectivité. La numérisation supprime les limites formelles de la subjectivité et matérialise ses limites finales par la possibilité de tout nommer n'importe où, n'importe comment. Si le sujet est numériquement nommé par sa reconnaissance physique réelle, alors il est rendu présent à n'importe quelle proposition formulée sur le marché numérique universel de l'internet.

La présence numérique de la personne physique sur le marché mondial des idées et des images rend objectifs les droits du sujet humain. Le nom d'un citoyen s'interpose dans tout échange entre la personne physique et l'objet numérisé. Le physique de la personne ne peut plus être l'objet d'un autre. Le consentement est explicité par le traçage informatique d'une conversation préalable. La numérisation de la relation humaine instaure un espace physique entre tous sujets. L'espace physique numérisé médiatise la négociation du bien commun. Le bien commun des personnes les introduit verbalement dans la rencontre physique.

Responsabilité libre du nombre

L'espace physique du marché impose la publicité des relations interpersonnelles. La société présente sur le marché physique est témoin du bien commun des échanges bilatéraux entre personnes physiques. En interconnectant le marché physique avec le marché numérique par le nom des personnes physiques, tout échange bilatéral est introduit par la métaphysique. L'informatique porte la loi négociée et négociable du bien commun.

La protection numérique des droits de la personne physique impose la numérisation publique centralisée de l'état civil. Toute personne physique reçoit dans une carte à puce la numérisation de son identité qui la nomme sur l'internet. L'authentification de la personne négociant sur le marché numérique s'opère par la lecture de la carte et la signature numérique cryptée du titulaire de la carte. La liberté est responsable et reconnue par le nombre.

Substantification numérique du droit

Au numéro d'identité d'une personne physique est associée toute l'information numérisée utile à la protection publique des droits de la personne. La quantification matérialise les droits et l'engagement des droits dans des transactions de finalité et de formalité transformable dans la réalité physique. Toute transaction est engagée par voie numérique avant d'être physiquement matérialisée par des soins, par des biens et par des services réels. Le crédit et le débit du prix n'est plus détachable de son objet ni de tous les sujets personnels qui doivent régler ou livrer la réalité de la valeur.

Le prix de quoique ce soit ne peut plus exister sans la volonté engagée et négociée. Toutes les parties doivent exprimer leur volonté de l'objet physique à produire. La volonté est justifiée par la métaphysique publique des droits de la personne. Par le marché réel numérisé, la finance redevient la réalisation de la démocratie. La démocratie n'est plus la fermeture abstraite des finalités dans la matérialité monétaire ni la virtualisation des réalités matérielles dans une mécanique de prix.

Option numérisée de la réalité du prix

Aucune option de prix de nominal numérisé ne peut exister sans l'authentification de l'engagement entre un acheteur et un vendeur. L'authenticité de l'engagement relie des personnes physiques par un objet reconnu réalisable. La réalité physique quantifiée par le prix exprime la valeur positive pour l'ensemble des parties. Aucun prix nominal ne peut être engagé sans livraison réelle future d'une valeur effective. L'achat nominal réalisable dans le marché physique authentifie la prime d'option du prix.

L'investisseur du prix nominal garantit la valeur. Le prix final de l'objet livré à l'acheteur ne peut pas être inférieur au prix qu'il règle selon le contrat d'origine. La numérisation de la présence personnelle sur le marché change radicalement les conditions de transformation du prix en réalité. Le prix ne peut plus être négocié hors du droit. Tous les sujets de réalisation effective d'un même objet sont convoqués.

Le travail formellement inaliénable

Dans le marché nominatif, le prix n'est pas négociable sans l'anticipation de la production de l'objet à livrer. L'anticipation numérisée contient l'identification et la quantification de la matière physique ; l'identité et la quantité du travail qui la transforme ; du crédit qui justifie le prix de vente ; et de la prime qui garantit la valeur réelle. La plus-value est réputée potentielle jusqu'à réalisation effective de la valeur au prix anticipé.

Le vendeur de travail contre salaire n'est plus candidat à la reconnaissance de la valeur d'échange de sa personne mais à la réalisation d'un projet professionnel collectif. Le contrat de travail est préparé par la représentation anticipée et garantie de l'objet à produire. L'acheteur de travail achète des compétences professionnelles à un travailleur représenté. L'équilibre de marché se fait sur des noms, des compétences et des emplois et non sur la subordination des personnes physiques.

Équilibre humain de marché

Le vendeur de travail vend ses compétences pour leur valeur réelle soit sous forme de quantité monétaire garantie soit sous forme de garantie de la qualité ; contre un salaire ou contre le paiement d'une prime de compétence professionnelle. Le travail est temps d'intelligence humaine nécessaire à la réalisation de la valeur finale à livrer. Le travail est rémunéré sur la valeur finale et non sur le temps.

La numérisation du marché égalise les conditions de négociation entre tout les contributeurs nommés au procès de transformation de la valeur. L’État de droit protège les personnes ; l’État est une entreprise de providence sociale. Il assure l'intégrité physique, mentale et spirituelle des personnes. L'investisseur achète les primes de garantie de la valeur des objets. L'épargnant achète le crédit du prix à terme des objets. L'entrepreneur vend des procès de transformation de la valeur. Le travailleur vend la transformation de la matière physique et métaphysique.

Représentation numérique du crédit

La numérisation du marché produit la monnaie en fonction de l'option du prix nominal de la démocratie. L'option d'une nation constituée délimite l'application d'un même système juridique à un ensemble d'objets communs. Le système des droits transforme la réalité des citoyens en valeur. La monnaie est l'unité de compte des crédits qu'engendre l'application d'un certain droit. Les crédits sont les prix à terme évalués par le même système de droits.

La masse monétaire est émise selon la variation des primes qui garantissent le remboursement réel des crédits. Des crédits comptabilisés publiquement et en transparence du prix des objets sous-jacents sur le marché numérique. La monnaie numérique se proportionne en temps réel aux investissements à consentir pour réaliser la valeur à livrer au présent et la contrevaleur des crédits garantis à l'échéance.

Prix de la nationalité du droit

Deux système juridiques différents induisent logiquement deux monnaies différentes sur le marché numérisé. Les décisions politiques publiques ne produisent pas les mêmes résultats réels. Les budgets publics et la réalisation de valeur des services publics n'ont pas le même prix d'origine ni le même rendement final. Des droits formulés différemment induisent des fiscalités différentes pour un résultat économique final différent.

Si les monnaies ne sont pas différentes, une compensation cachée s'opère du budget fiscalement le plus rentable au moins rentable : le prix du service public du droit ne peut pas être évalué selon la réalité effective. Le prix de la solidarité internationale ne peut pas être évalué sans différenciation des monnaies. La prime de change du prix d'une monnaie dans une autre est le seul moyen véritable d'évaluer la justesse effective d'un état de droit par rapport à un autre.

Garantie numérique de la plus-value d'humanité

La monnaie numérique nominalisée inscrit le marché dans le droit des personnes physiques. Les budgets publics financent par la fiscalité et la dépense l'égalité générale des droits, l'intégrité juridique de la négociation des prix et l'équilibre humain de tous les facteurs de la valeur. L'intégrité du travail à produire la valeur des objets de consommation librement demandés impose l'achat public d'une prime de légalité marchande.

Seule la ressource fiscale nationale peut financer la prime de contrôle du marché par l'intérêt général soustrait à tout intérêt particulier. La neutralité du marché dans l'économie juridique des prix impose la séparation des données informatisées des prix et des algorithmes de rapprochement des offres et demandes. La réalité est distincte du prix qui est distinct du crédit qui est distinct de la plus-value possible du prix de droit.

Couverture numérique de la valeur du réel

La compensation des prix structurés par les options se décompose : premièrement en vérification de l'équivalence des droits entre acheteur et vendeur ; deuxièmement en compensation des dates de règlement par les dates de livraison ; enfin troisièmement, en appel de marge auprès des acheteurs primaires. Les pertes potentielles des vendeurs du réel sur leur prix nominaux garantis sont comblées en temps réel afin de vérifier la création effective de valeur.

La numérisation du prix synchronise la valeur avec le temps. La production d'information dans le temps est intégralement traçable par l'informatique selon les objets auxquels elle se rapporte et selon le nom de l'auteur identifié par son intérêt primaire ou nominal au prix. L'information positive de la valeur par le temps réduit la prime des positions vendeuses. L'information appréciée négativement par le marché ampute la prime des positions acheteuses du réel et vendeuses du crédit.

Système de garantie des monnaies

La monnaie numérique garantie par le droit nominal change de valeur dans le temps selon l'efficacité des systèmes juridiques. La décomposition d'un prix en objets produits sous différentes monnaies implique une variabilité de la valeur finale selon l'anticipation du prix relatif des monnaies à l'échéance négociée d'une livraison. La variabilité probable d'un prix dans une monnaie en convertibilité d'une autre monnaie est une prime de change.

Pour que le prix en monnaie étrangère d'un objet international soit garanti à l'origine pour les parties de toute nationalité, il n'est pas d'autre solution que de négocier les primes de change dans une unité de compte qui ait une valeur indépendante de la variabilité relative des systèmes juridiques. L'étalon monétaire d'une transaction internationale est le prix nominal sous-jacent à la valeur garantie par toute justice nationale. Une prime de change doit avoir un prix convertible en toute monnaie à tout instant.

Responsabilité nominale de la valeur

La stabilité d'un prix international doit être garantie par n'importe quel droit national demandé par le vendeur réglé en monnaie. Le prix de cette stabilité en n'importe quelle monnaie définit un étalon monétaire international. Cette exigence est déjà réalisée par l'unification internationale des réseaux informatiques de financement. Mais la compensation des primes est éclatée en plusieurs monnaies nationales dont la convertibilité en droit n'est pas évaluée par rapport à des objets internationalement garantis.

La seule condition non encore remplie à l'instauration de l'étalon monétaire international est la responsabilité internationale nominative des émetteurs de dette publique, bancaire ou privée. Si les États, les banques et les entreprises multinationales n'adoptent pas l'étalon multinational de responsabilité financière, ils sont voués à disparaître en tant qu'acteurs publics capables de solliciter la confiance des épargnants et d'emprunter la liquidité internationale. La civilisation humaine mondialisée est aujourd'hui devant un choix extraordinairement clair et simple : poursuivre la course au chaos ou instaurer la responsabilité nominale universelle.

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30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 18:52

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Vers le marché mondial de l'option monétaire

Le central banking après la crise

Le dernier rapport du Conseil d'Analyse Économique fait un état des lieux du rôle et de l'efficacité des banques centrales dans la stabilité financière et monétaire mise à mal dans la dernière crise. La régulation centrale du crédit et de la monnaie n'a plus d'effet sur les comportements individuels des opérateurs financiers. La doctrine économique est en recherche d'un théorème de réconciliation de la politique macro-prudentielle avec la régulation micro-prudentielle. La solution est disponible dans l'actualisation de la proposition keynésienne d'étalon monétaire international par un marché commun mondial d'option. Une compensation internationale consolidée de primes et de prix nominaux libellés dans les monnaies actuelles peut générer un méta-système de régulation du crédit par le risque. L'impossibilité d'un modèle international uniforme d'évaluation et de régulation du risque de crédit est surmonté par la garantie de marché international en bancor de tout système national de régulation financière. Les primes de change en bancor capitalisent et couvrent la valeur de la régulation autonome dans chaque zone monétaire.

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Pierre Sarton du Jonchay
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Le Blog de Paul Jorion

 

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