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4 septembre 2011 7 04 /09 /septembre /2011 19:24

Sous le paradigme de la monnaie d’option, l’actuel conflit entre les États et les marchés financiers sur l’évaluation des dettes publiques s’analyse par l’absence de principe international commun de régulation du crédit. Les systèmes politiques rivaux restent financièrement non coordonnés y compris à l’intérieur de la zone euro. Cette analyse résulte de la théorie keynésienne de la monnaie qui a été interprétée en dehors du principe de compensation internationale qu’elle contient et qui la fonde.

Le système financier émet de la liquidité internationale sans règle de crédit international. Le dollar couvre sans limite les déficits publics et commerciaux des États-Unis. L’ensemble du monde porte un risque de crédit réel non calculé sur l’économie des États-Unis ; ainsi que sur les autres économies émettant des monnaies de réserve. La dévaluation latente du dollar par le risque de crédit induit une contraction potentielle de la liquidité internationale entrainant une pression déflationniste ; le portage de pertes de crédit latentes sur les emprunteurs en dollar induit la défiance générale dans les anticipations de prix.

La prédation financière analysée

Les produits dérivés, notamment les CDS, sont négociés hors de toute compensation internationale transparente des prix, des primes et des engagements. La spéculation internationale fait varier le prix des primes de crédit et des primes de change des emprunteurs potentiellement insolvables. La masse mondiale de crédits déconnectée des capacités à terme de remboursement de l’économie mondiale crée l’évidence d’emprunteurs surendettés sans qu’ils soient formellement identifiables. L’absence de comptes transparents et mondialement consolidables des relations entre emprunteurs systémiques comme les États, les banques et les firmes multinationales rend l’insolvabilité arbitraire.

La spéculation sur les primes de CDS utilise l’insolvabilité probable mais non avérée des emprunteurs systémiques pour réaliser des plus-values sans contrepartie. Le coût de la liquidité assumé par l’économie réelle est artificiellement majoré. Plus la masse mondiale des crédits diverge de la solvabilité réelle des emprunteurs, plus la spéculation financière est rentable. Les plus-values financières assèchent la liquidité mondiale. La dissipation de la liquidité appelle un endettement qui aggrave la probabilité d’insolvabilité générale ; les primes de crédit montent à la discrétion des banques sans probabilité objective.

L’absence de monnaie juridiquement internationale interdit l’adossement de la liquidité internationale à des actifs vraiment internationalisés. Les opérateurs financiers font circuler les capitaux d’une zone monétaire à l’autre afin de montrer leur potentiel de nuisance sur la liquidité des économies domestiques. Ils attisent les rivalités nationales par des comparaisons de performance sur les différentiels de rendement dont ils maîtrisent l’affichage. Les États surendettés se battent pour la liquidité et renoncent à toute régulation internationale du crédit.

Responsabilité des États

La neutralisation du pouvoir régulatoire des États repose sur l’idéologie de la monnaie objective gérée par des experts réputés omniscients. Les banques centrales déclarées indépendantes sont leurrées à partir des paradis fiscaux où sont dissimulés les liquidités et les risques qu’elles doivent pourtant mesurer pour calibrer leurs crédits au système bancaire. Les institutions financières acheteuses de liquidité centrale interprètent sans risque de contradiction les contrats et règles comptables qui mesurent leurs risques.

L’arbitrage réglementaire et la délocalisation financière (shadow banking) permettent la domiciliation des engagements financiers là où le prix nominal apparaît le plus favorable. L’absence de compensation internationale publique et transparente rend impossible la vérification du droit. L’adossement réel des ventes aux achats n’est pas exhaustif. Le calcul des pertes éventuelles de crédit n’est pas vraiment objectif. La circulation non vérifiable des capitaux flottants induit une croissance du crédit non compensable par l’économie réelle. L’explosion des dettes publiques après la crise des subprimes rend l’imputation des pertes de crédit indispensable entre les États, les banques et les emprunteurs réels ; faute de quoi, la confiance des prêteurs ne pourra plus trouver de fondement.

Pour localiser les pertes de crédit et restaurer indubitablement la liquidité, il faut identifier les emprunteurs et les prêteurs véritables ; mesurer les vraies dettes et les vrais potentiels de remboursement sous-jacents. Toutes ces mesures existent déjà à l’intérieur des comptes publics et privés mais ne sont pas couvertes par des fonds propres suffisants. Sans compensation internationale dans une même unité de compte juridique, les pertes internationales restent cachées. Le système financier se fige dans la falsification des prix réels par les prix nominaux.

Mécanique financière de la compensation des primes

La restauration de la liquidité internationale requiert une compensation des pertes de crédit par le potentiel réel de production de biens et services des emprunteurs et des investisseurs. Elle implique une chambre de compensation multinationale des primes des crédits engagés dans les monnaies actuelles. Primes de crédit des États, des banques et de tout opérateur réel emprunteur ou investisseur international. L’équilibre de la première compensation effective des primes de crédit et primes de change définit un étalon monétaire international ; une unité d’intelligibilité commune des prix cotés en valeur réelle internationale stable dans le temps.

Le but de la compensation est de rendre transparente l’option du prix réel par le prix nominal dans n’importe quelle monnaie. Au lieu d’opérer cette compensation à l’intérieur des bilans financiers internationaux selon des règles hétérogènes, interprétables et finalement opaques, un marché officiel international transparent affiche les prix nominaux par le prix des primes du prix réel à terme. Le prix nominal international passe par une double conversion des monnaies nationales ; d’abord par la prime de change puis par la prime de crédit de l’emprunteur.

La monnaie commune est émise par les appels de marge entre acheteurs et vendeurs primaires issus de la compensation. La compensation porte à la fois sur l’équivalence des droits entre engagements, secondement sur le prix nominal équilibrant les offres d’achat et les offres de vente et enfin sur les primes garantissant les offres d’achat et les offres de vente. Le compensateur de chaque nature d’engagement est acheteur primaire auprès des vendeurs réels, du risque juridique d’erreur sur l’équivalence des engagements compensés.

Le compensateur est garant du droit de l’acheteur final. L’acheteur primaire est garant du prix livré à l’acheteur final. Le vendeur primaire est garant du crédit du prix livrable à l’acheteur final. L’acheteur primaire du crédit est garant du vendeur primaire ; lequel est garant du vendeur nominal emprunteur du crédit.

Le principe de réalité de la compensation internationale est l’interdiction des primes négatives sur des prix nominaux cotés. L’interdiction s’applique au prix à terme d’un objet de crédit et au prix réel comptant à l’échéance de l’objet. L’acheteur à terme est certain du prix réel qu’il paie et le vendeur à terme du crédit perçu sur la vente anticipée par la compensation.

Si une prime apparaît négative sur un prix nominal compensé, alors le vendeur primaire en touche le prix des acheteurs primaires. L’acheteur primaire est investisseur débiteur potentiel en monnaie des pertes possibles à terme au vendeur engagé dans le prix nominal. La prime de crédit négative est une présomption de perte nette sur le crédit : elle est immédiatement imputée sur le garant du crédit. Le prêteur qui n’est pas acheteur de risque de crédit éprouve la certitude visible du prix à terme de son épargne.

Si d’une compensation à l’autre une prime de crédit baisse sur l’échéance d’un même sous-jacent, les acheteurs primaires sont crédités de la variation ; ils assument concrètement le prix du bénéfice de crédit de l’emprunteur aux dépens provisoires des vendeurs primaires qui portent le prix du risque de crédit. Si la prime d’un crédit monte d’une compensation à la suivante, les vendeurs primaires qui avaient perçu le crédit de la prime, reversent la variation de la prime aux acheteurs primaires du crédit. Les acheteurs primaires du crédit augmentent leur débit potentiel à terme.

Stabilisation réciproque des monnaies par le crédit

Acheteurs et vendeurs primaires sont garants les premiers du prix à terme réglé par l’acheteur nominal et les seconds du prix à terme réglé par le vendeur nominal à ses créanciers. Les acheteurs primaires off shore n’ont aujourd’hui aucune obligation formelle vis-à-vis des porteurs du risque réel acheté on shore en monnaie. Dans la chambre de compensation internationale, ils sont soumis à des appels de marge au fur et à mesure d’une dégradation du risque réel. La stabilité absolue des crédits engagés en monnaie internationale implique que la masse monétaire se proportionne aux primes de crédit nécessaires pour couvrir les prix à terme.

La compensation internationale des primes crée la possibilité d’un lien de solidarité réelle entre les vendeurs de risque de crédit (vendeurs de Credit Default Swaps) et les propriétaires de capital garants de la gouvernance des prix en droit de l’économie réelle. La chambre de compensation internationale crée l’intérêt du vendeur de CDS à acheter du capital de l’emprunteur afin de modérer l’endettement selon son appréciation de ce qui peut être effectivement produit. Le vendeur de CDS prudent est obligé de couvrir son risque en effort d’appréciation de la solvabilité réelle de l’emprunteur dont il possède le prix par la prime de CDS.

Dans le cas des États, l’intérêt du vendeur de CDS pour la régulation de la dette de l’emprunteur vendu se manifeste par l’achat de la prime de change de la dette publique. Une prime de change est une prime de crédit sur la base monétaire émise par la banque centrale. L’État garant d’une banque centrale est porteur du risque mesuré par la prime de change.

En faisant coter sa prime de crédit en monnaie internationale, un État oblige les opérateurs financiers vendeurs de son crédit en monnaie internationale à couvrir leur risque par l’achat de la parité internationale de change. Faute de quoi, la perte de crédit international d’un État provoquant la hausse simultanée de la prime de crédit et la prime de change, le vendeur de CDS de crédit public subit un double appel de marge.

L’incapacité d’un État à assumer par son crédit le risque de crédit de l’émission monétaire centrale entraîne des pertes pour les vendeurs effectifs du crédit public et de la parité. La logique de la compensation implique de soutenir la banque centrale qui tient compte du surendettement éventuel des États qui en sont actionnaires ou de soutenir le crédit des États actionnaires d’une banque centrale exposée au risque de dépréciation de son émission monétaire.

La compensation internationale publique transparente des primes de crédit et des primes de change crée un échange de véridicité des comptes des emprunteurs publics et bancaires contre la liquidité internationale fournie par les acheteurs primaires du crédit et du change. La véridicité des comptes publics et bancaires est alors la prime du risque de transparence comptable en droit. La compensation internationale rend la définition du risque et du crédit opposable à égalité aux résidents et aux non-résidents.

L’engagement international de tout investisseur primaire dans le crédit des États et des banques est attractive pour les détenteurs de réserves de change. Ils mesurent en temps réel le risque de crédit sur les emprunteurs et sur les monnaies dans lesquelles ils se placent. Ils ont également la faculté d’acheter les primes pour se couvrir selon leur perception active des risques réels.

Rétablissement de la rationalité économique

La mise en œuvre d’une compensation internationale des risques de change et de crédit et la restauration des monnaies nationales des pays en défaut de paiement sur leur dette publique restaure instantanément la solvabilité des États et des monnaies. Le dollar, l’euro, la drachme et la peseta se dévaluent en monnaie internationale à la parité de change qui rétablit la solvabilité à long terme des États et de tout emprunteur. Les Chinois et autres créanciers nets du monde retrouvent le prix réel de leurs réserves de change par la maîtrise de leur parité en monnaie internationale et la réévaluation marchande de leur parité dans les monnaies surendettées.

Par la compensation internationale des risques, l’Union Européenne est en mesure de restructurer ses budgets, ses dettes et ses monnaies sans détruire la croissance réelle. Les salariés devenus non compétitifs à cause de la parité artificielle de l’euro sont remis au travail. L’euro n’est plus une monnaie de réserve internationale ni la monnaie commune de pays qui divergent quant à la discipline budgétaire et aux garanties sociales du travail et des personnes. Les solidarités juridiques et financières qui découlent de l’Union politique ont un coût et un résultat calculable. Les budgets publics nationaux et communautaire affichent la réalité des primes de crédit public et des primes de change cotées sur un marché international régulé.

La compensation est enfin un moteur de régulation financière. Les budgets publics cessent de racheter les pertes indéfinies du système bancaire. Ils obligent les opérateurs financiers à émettre une prime de CDS sur leur passif afin d’acheter des liquidités aux banques centrales. Toute institution financière souhaitant s’autoréguler n’a plus accès aux banques centrales mais se procure de la liquidité exclusivement par des ventes d’actifs sur les marchés de son choix. Tout créancier d’un opérateur financier non coté en compensation internationale assume sur son seul patrimoine son risque de contrepartie.

La chambre de compensation internationale peut résulter de la réforme du FMI ou être créée de toute pièce par l’Union Européenne ou toute autre coalition multinationale. Elle constitue pour ses pays fondateurs un engagement de responsabilité publique d’un bien commun national et international. Tout pays ou personne allergique à la responsabilité financière devient clairement identifiable. Les épargnants apprécient leur intérêt en toute liberté par les primes auxquelles ils souscrivent.

La démocratie responsable de la finance

Les gouvernements et les partis politiques de l’Union Européenne ont par la compensation en monnaie internationale l’opportunité d’engager les États dans la transparence financière de leurs comptes et de leurs décisions. Les opinions publiques gagnent un critère objectif d’appréciation des intentions réelles de leurs élites politiques. Les efforts demandés aux citoyens pour redresser l’économie de leur démocratie sont vérifiables dans les comptes des banques et des États et partageables avec les élites dirigeantes.

L’illiquidité actuelle du système monétaire et financier international tient à l’inexistence d’une rationalité vérifiable du prix par le droit. L’espace international autorise la finance à se soustraire de toute autorité publique ; son illiquidité est imminente par l’épuisement du potentiel de garantie publique.

La compensation internationale des primes de crédit et de change restaure un espace international de droit négociable par la monnaie. Sans rationalisation internationale du crédit et de la convertibilité des monnaies, l’État de droit disparaîtra par la décomposition des solidarités nationales et internationales. Les démocraties réclament les comptes de la justice : la compensation internationale en est l’outil.

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Pierre Sarton du Jonchay
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