Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 13:48

Refondation du capitalisme

Commentaire déposé sur le Blog de Jean Peyrelevade.


Calculer le risque objectif de la subjectivité des modèles

Les échanges fouillés sur les chiffres et les concepts exposés dans cette discussion révèlent que l’analyse de la crise et de ses solutions patine sur l’incertitude des théories et des modèles économiques. La financiarisation de l’économie s’est accompagnée d’une illusion cognitive où nos modèles d’analyse se confondent à la réalité que nous croyons voir. La discussion des chiffres par les concepts et réciproquement nous interdit de mesurer la réalité qui nous échappe par la réduction conceptuelle que nous lui appliquons.

Par exemple, en opposant travail et capital comme sources de revenu de nature productive équivalente, on passe complètement sur l’impossibilité de faire fructifier le capital sans le travail et sur le fait que la rémunération du capital est nécessaire pour immobiliser le capital investi dans le financement du processus de travail. Les concepts économiques auxquels nous croyons donner le même sens dans nos discussions sont en fait des approximations de la réalité objective qui existe indépendamment de nos décisions et de la réalité subjective qui résulte de nos décisions.

La crise actuelle déclenchée par la manipulation cognitive des subprimes s’est construite sur une confusion totale de l’objectivité et de la subjectivité des prix dans les modèles financiers. Les fonds propres du système financier mondial ont été siphonnés par le versement de dividendes et de plus-values fictifs simulés par des modèles. Les États ont été contraints d’affirmer contre toute réalité objective et subjective la validité des modèles afin de ne pas déclarer la faillite du système et sa nécessaire reconstruction.

La manipulation de la réalité par les modèles financiers se poursuit sur les finances publiques à propos de la dette et de la fiscalité. Les États sont déclarés surendettés du fait qu’ils garantissent par un capital public non comptabilisé la solvabilité de leur système bancaire. Les contribuables sont mis à contribution par l’abandon de prestations publiques de protection et de redistribution qui n’ont pas de prix calculé affiché. Comme les modèles économiques et financiers s’écartent de la réalité, on contraint la réalité à confirmer les modèles.

Les idéologues font cause commune avec les spéculateurs. Pour sortir la réalité du piège idéologique de la virtualisation par la finance, il faut réintégrer explicitement la réalité objective et la réalité subjective dans les modèles. L’analyse de l’économie doit redevenir un exercice politique de confrontation de points de vue subjectifs conciliés par la finalité du vivre ensemble. Cela signifie que les modèles deviennent des objets économiques soumis à la négociation et validés par les résultats tangibles qu’on peut leur attribuer.

Le moyen concret de rendre les modèles politiques et financiers négociables en transparence est un marché d’options financières commun aux États de droit qui reconnaissent la primauté de l’homme sur ses raisonnements spéculatifs. Dans un tel marché, les opérateurs de toute nationalité publics ou privés sont mis à égalité de droit dans une confrontation de l’offre et de la demande des primes de change et des primes de crédit. Tout écart entre un modèle nommé dans le sous-jacent d’une option et la réalité livrée à terme comme sa conséquence est donc mesuré par une prime. L’Union Européenne si elle a encore une consistance politique a tous les moyens de réintégrer la finance dans la réalité. Voici comment.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Retrouver

Pierre Sarton du Jonchay
chez

Le Blog de Paul Jorion

 

Pierre Sarton du Jonchay

CapitalCreditMonnaieCouverture.jpg

Catégories

Pierre Sarton du Jonchay

Atlantico.fr

LinkedIn

Viadeo