Vérités et mensonges de la théorie monétariste
Commentaire déposé sur le Blog de Paul Jorion.
Structure juridique de la finance
Merci Valérie de votre mise au point qui permet de renouer un dialogue nécessaire. Je suis tout à fait d’accord avec vous sur le constat du phénomène en cours de dévoiement du Droit. Remettre le Droit au service de l’homme est la priorité pour sortir de la crise de civilisation dans laquelle nous sombrons. Vous doutez à juste titre que la démocratie existe encore pour discuter le Droit, l’appliquer et rendre justice à tous les citoyens. L’une des causes du démantèlement en cours de la démocratie est la mondialisation économique et le libre échange. Il faut expliquer ce phénomène pour constater l’imbrication réciproque de l’économie dans l’État de droit et concevoir les moyens de rétablissement de la force du Droit à protéger la valeur humaine dans les limites objectives de la rareté économique.
La mondialisation disperse dans le monde les causes de production économique de la valeur finale pour le consommateur. Le libre échange passe sous silence que tout objet échangé contient le travail et la vie des gens qui l’on produit. En négociant sans contrôle les objets de consommation d’un espace juridique à l’autre, on met en concurrence les droits inégaux entre des États inégalement mûrs à protéger la valeur de la personne humaine. Le libre-échangisme argue d’un état juridique de fait qui n’aurait pas de signification économique pour passer outre en proclamant que les pauvres sans droit peuvent au moins vendre leur travail à des riches protégés par leur système de droits. La crise actuelle montre l’inanité de ce raisonnement et la destruction de valeur auquel il conduit.
La destruction économique de l’État de droit et de la valeur humaine sous-jacente au Droit passe passe par la monnaie et la fiscalité. L’État de droit a un coût économique qui est le prix de toutes les institutions nécessaires à la discussion de la Loi, à son application et à la justice. Je pose l’hypothèse que la monnaie est l’unité de compte des objets économiques en droit ; hypothèse implicitement commune quand la monnaie est présentée comme attribut de la souveraineté des nations sur leur droit et l’économie qui en résulte. A partir de cette hypothèse, la fiscalité peut se définir en langage financier comme prime de légalité souveraine des ressortissants d’un État de droit sur l’économie qu’ils développent par leur respect d’une loi commune.
Vous avez bien compris que je cherche à construire une relation entre État de droit et économie par la finance. Vous semblez également réaliser que la subordination que j’évoque de l’État de droit à l’économie est strictement matérielle (d’où la fiscalité) et qu’elle dépend de la subordination finale de l’économie à l’État de droit. Je cherche à montrer que l’économie disparaît purement et simplement (ce qui est en train de se réaliser actuellement) si elle n’est pas structurée par le Droit qui place l’homme comme fin de l’activité économique. J’ai bien conscience que mon expression n’est pas toujours transparente quant à l’objectif que je poursuis. Voudriez-vous proposer une reformulation juridique rigoureuse de mes propositions si vous en approuvez le but ?