Quelle équivalence s'établit entre les nouvelles allocations de liquidités la BCE et le prix réel des collatéraux pris en pension ? Comme le dollar et la livre sterling, l'euro est délié de la réalité économique. Les sources de richesse réelle, le travail et les entreprise, ne sont plus identifiables dans la demande de crédit et ne sont donc plus financées. L'économie réelle devient invisible tout au fond de l'océan des liquidités. La BCE alloue ses crédits au système bancaire qui les réalloue à ses principaux débiteurs indépendamment de leur solvabilité réelle, c'est à dire indépendamment de la capacité réelle des emprunteurs à produire des richesses qui remboursent les dettes.
La conséquence de l'irréalité monétaire en dollar, livre sterling et euro est malheureusement simple. Toute la production réelle va fuir dans les pays où la monnaie est allouée au travail, à l'entreprise et à l'investissement. Les économies domestiques en dollar, livre et euro vont sombrer dans la désindustrialisation absolue et la désintégration sociale et politique. A moins qu'un sursaut politique européen ne refonde l'euro comme unité de compte en crédit de la réalité économique ; à moins que les Européens ne ré-indexent leurs monnaies sur le prix réel des collatéraux ; à moins donc qu'un marché européen des collatéraux ne soit organisé indépendamment du marché du crédit, du marché de l'investissement, du marché de l'assurance et du marché des changes.