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14 novembre 2013 4 14 /11 /novembre /2013 10:52

Dans "Normes de profit et fiscalité", Michel Leis exhume les rapports de force réels que les propagandes politiques et financières s'attachent à dissimuler. Dans la démonstration, une phrase doit être creusée si l'on veut éradiquer le mal :

Dans ces chaînes de valeurs complexes, le profit total réalisé augmente, par la conjugaison de l'augmentation de valeur et de la diminution relative des coûts de production. Seules quelques entreprises hautement spécialisées et les entreprises dominantes sont à même de capter la marge, entraînant un phénomène de concentration accélérée des profits.

Pas de valeur sans complexité

Nous avons effectivement des chaînes de valeur complexes que des entreprises spécialisées font fonctionner à leur profit. Mais interrogeons-nous sur la nature de cette spécialité. Elle est véritablement financière et spéculative donc anti-réelle ; comment : par la falsification de la valeur. La valeur ajoutée vient du travail qui contient en soi une capacité combinatoire collective par laquelle on invente et on fabrique à plusieurs ce qu'il est impossible de produire tout seul.

A l'origine, le travail sous toute ses formes n'a pas de prix, qu'il suffise au consommateur de débourser pour acquérir le bénéfice de ce qu'il n'a pas personnellement produit. La spécialité des grandes organisations commerciales hors-sol est d'organiser des marchés de prix entre le travail créateur et le consommateur qui dépense le pouvoir d'achat acquis par son travail.

La seule "valeur" produite par les grandes entreprises est un mécanisme de prix qui permette l'échange du travail contre monnaie et profit. La monnaie répartit les coûts de production entre les contributeurs reconnus à la "valeur". Le profit est la réserve de "valeur" mise de coté pour entretenir et développer le cycle de production. C'est sur la transformation du profit en monnaie que le capitalisme financier improductif réalise l'entourloupe de la valeur formelle qui n'a pas de valeur réelle.

Pas de valeur sans prix réalisable par le marché

En tenant un marché tout entier, les entreprises hors-sol ne résidant dans aucun pays, sont capables d'imposer une clé de répartition non discutable de la valeur ajoutée. Le prix d'équilibre entre l'offre et la demande est apparemment libre et concurrentiel au niveau du produit final mais les prix de la chaîne de valeur en amont sont fixés pour que la marge arbitrairement calculée soit versée aux dirigeants financiers. Ce qui est appelé "coût de production" est la variable d'ajustement appliquée au prix final, quel que soit son niveau, pour que la marge bénéficiaire soit de 15%.

Quand plusieurs systèmes juridiques et fiscaux sont concurrents dans une même chaîne de valeur, ce qui est en l'espèce le postulat du marché unique européen, la fonction financière est libre de la définition de la valeur. Le mot "valeur" prononcée par un politique, un juriste ou un comptable est le dénominateur d'une position purement spéculative qui ne contient justement aucune autre valeur qu'une commission plancher de 15% pour n'avoir rien dit.

La "valeur" est sans réalité si la spéculation n'est pas interdite. La spéculation n'est pas interdite si des intérêts privés peuvent posséder des marchés pardessus la loi et la souveraineté politique. La souveraineté politique est elle-même une falsification du marché si le travail n'est pas directement mesurable en monnaie par un arbitrage public des prix par la loi. La loi n'a aucune valeur si son prix n'est pas calculable par une monnaie dont la convertibilité incarne une responsabilité politique identifiée et spécifique.

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Pierre Sarton du Jonchay
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